mardi 6 septembre 2016

Vin et étiquette: Un débat intarissable

Plus de trois mois sans publication sur ce blogue. La passion s'étiole-t-elle? Pas vraiment, mais ce n'est plus aussi intense. L'impression d'avoir fait le tour, d'avoir répété ad nauseam le même message sur la possibilité de très bien boire à une fraction du prix, par rapport au parcours de l'amateur qui veut embrasser la totalité du monde du vin. De l'amateur non seulement passionné par le vin de qualité, mais par toute la mystique qui y est associée, les grands noms, la tradition, le prestige, les vins cultes et un certain goût à acquérir... L'impression donc de tourner en rond en solitaire. Ceci dit, je continue de lire sur le vin et cette semaine j'ai pu m'apercevoir que les choses ne changent pas. D'un côté mon lancinant message sur le potentiel incroyable de vins rouges chiliens de prix modiques refait surface dans The Gazette, avec l'éloge d'un Cab chilien que j'avais présenté en 2009, à l'aveugle, au chroniqueur-vin du quotidien Bill Zacharkiw et quelques sommeliers. L'histoire est résumée sur le forum Fouduvin, même si les articles de 2009 ont depuis disparu du site de The Gazette. D'un autre côté, des articles de Andrew Jefford de Decanter, et de Jean Aubry du Devoir ramènent le découragement des amateurs classiques face à la montée folle des prix des vins cultes, prestigieux ou renommés. Les deux se disent découragés face à ce phénomène et abdiquent. Ils renoncent à suivre et se rabattront sur des vins moins connus qui ne sont pas encore touchés gravement par cette inflation qui vient avec la reconnaissance.

En un sens, les deux lancent un appel à plus de curiosité de la part de l'amateur en l'appelant à découvrir par lui-même de très bons vins dont les prix sont encore accessibles. C'est un appel indirect à l'indépendance d'esprit et à la capacité de juger un vin pour le contenu de la bouteille sans l'aide d'une étiquette réconfortante. Ça rejoint sur le fond ce que j'ai toujours prôné ici, même si j'ai toujours convenu du caractère restrictif de mon obsession chilienne. Le sujet a provoqué un débat sur le forum LPEL, le rendez-vous virtuel des amateurs québécois de vins haut de gamme. Bien sûr, certains intervenants acceptent mal le constat et on se croirait revenu aux années du forum Crus & Saveurs (2003-2006) où ce débat faisait déjà rage. Ceci dit, je comprends que quand on a une cave patiemment montée et remplis de flacons renommés et chers, on ne soit pas enclin à reconnaître qu'il y a une voie alternative possible, moins chère, moins prestigieuse, mais qui peut apporter autant de satisfaction à l'amateur ayant la prédisposition mentale appropriée. Ce nouvel épisode ne mettra pas fin au débat qui implique vin et perception, vin et émotion, vin et étiquette. Je pense que chaque approche est respectable, il faut juste s'assumer.