samedi 5 mars 2016

Obsession de la feuille de tomate: particularité québécoise

Je reviens encore sur ce sujet que j'ai pourtant bien exploré avec quatre textes assez substantiels. Si j'y reviens maintenant, c'est que je suis tombé sur un exemple écrit de ce que j'ai expérimenté plusieurs fois lors de dégustations de groupe. Ça montre comment il est facile de transmettre une idée préconçue. J'ai trouvé cet exemple sur le forum LPEL et on y voit comment le concept d'arôme de plant de tomate est introduit dans l'esprit d'un amateur qui n'en percevait rien jusque là. J'ai constaté ce phénomène de mes yeux tellement de fois. Voici le CR écrit par un participant à propos d'un vin chilien réputé, soit le Cabernet Sauvignon, Don Melchor, 1997:

Concha y Toro, Cabernet Sauvignon Private Reserve, Don Melchor, 1997

Wow. Quel nez ! On sent que c’est la même famille du vin précédent, mais en 4K, alors que l’autre est plus flat screen bon marché du genre Seiki. On est encore sur la menthe fraîche, mais à l’agitation apparaissent le basilic et le chocolat. Ensuite, quelqu’un du groupe mentionne que ça lui rappelle un plan de tomate l’été. Maudit. Dès qu’il a mentionné ça, on dirait que je me suis mis à focuser constamment là-dessus et je sentais rien d’autre ! N’ayant aucune expérience (mais là, aucune !) avec les vins chiliens…l’association n’était pas encore programmée dans mon cerveau. En parcourant le forum le lendemain…je me suis rendu compte que plan de tomate = Chili.  Là où je vais peut-être étonner…est que ce fût pour moi aucunement un élément négatif. En fait, en bouche, le vin était magnifique. C’est rond, velouté sur des notes de fruits cuits, mais aucunement lourd. Quelle longueur sur des notes finales de chocolat noir rappelant le After Eight. Le vin de la soirée pour moi…je suis sur le cul ! Excellent

Voilà. Tout est là. Le phénomène de la propagation du plant de tomate chilien, unique au Québec, est expliqué dans ce texte. L'association est faite, le mot se passe entre amateurs, et l'idée s'incruste. À noter que l'amateur ne parle jamais d'arôme de cassis frais dans sa description du vin, alors qu'il s'agit de la caractéristique le plus commune dans les vins de Cabernet chiliens. Encore une fois, il y a une grande méconnaissance de l'arôme de cassis frais au Québec, on lit parfois le descriptif cassis dans des notes de dégustation, mais ça me semble être souvent par acquis de conscience plutôt que tiré d'une expérience réelle, le cassis frais demeurant un fruit difficile à trouver dans notre province. Au moins l'amateur qui a écrit ce texte a adoré le vin, mais je serais curieux de voir si son amour pour ce genre de vin va durer. Si il veut devenir un véritable amateur il devra se conformer aux diktats du bon goût ou bien renoncer

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