vendredi 17 juillet 2015

Pauvre Chili!

Non, ce n'est pas la réaction du pape en prenant connaissance d'un des secrets de Fatima! C'est plutôt ma réaction un lisant aujourd'hui un article de Karyne Duplessis Piché dans La Presse. Le Chili n'est vraiment pas sorti de l'auberge pour arriver à faire comprendre ses vins. Madame Duplessis nous parle d'un vin de Pinot Noir de la maison Errazuriz où le producteur a pris soin de mettre le nom de la région dans le nom du vin: ACONCAGUA COSTA. Malgré cela, la journaliste nous dit dans son article que le vin vient de la région de Casablanca. A-t-elle vraiment goûté le vin et lu l'étiquette, ou bien si elle s'est juste fait prendre par le site de la SAQ qui commet aussi l'énorme boulette de référencer ce vin comme venant de Casablanca? C'est vraiment désespérant. Imaginez un acheteur potentiel se pointant dans une succursale. Quelle chance a-t-il de se faire parler de la nouvelle et fraîche région côtière d'Aconcagua Costa? Le producteur fait tout pour mettre l'accent sur un nouveau terroir prometteur dans lequel il a beaucoup investi et il se retrouve avec ce genre d'article. Que peut-il faire de plus?

Loin d'aider son cas à mes yeux, madame Duplessis y va du même souffle d'un petit plaidoyer sur le "naturel" dans le vin et sa propagation aux géants du Chili. Ah les vilains géants... Je n'ai rien contre l'utilisation de levures indigènes, si le vin est quand même bien fait, stable et bon. Quand c'est bien fait ça fonctionne très bien. Ceci dit, comme à chaque fois que je lis ce genre de choses à l'encontre des levures sélectionnées, j'ai envie de dire à ceux qui se laissent séduire par ces balivernes qu'ils devraient aussi éviter les vins issus de vignes sélectionnées, taillées et cultivées et ne boire que du vin issu de vignes sauvages. Ils ne devraient pas non plus boire de vins issus de vignes greffées, car il y a de méchants êtres humains qui ont aussi sélectionné un porte-greffe et qui ont procédé au greffage. Ce n'est vraiment pas naturel ça le greffage.

Tout ça pour dire que je n'en peux plus de lire et d'entendre ces conneries "naturalisantes". Le phylloxera est tout ce qu'il y a de naturel et il a détruit le vignoble mondial il y a un siècle, sauf celui du Chili. La bonne nature a donc forcé le mauvais homme à intervenir...  Il faudrait arrêter avec la nature bienveillante et toute cette idéologie ignorante de conte de fée. Faire du bon vin sans excès ça demande du savoir-faire, du jugement et du goût. Rien de plus. Pour écrire un bon article sur le vin, il faut faire un minimum de recherche et savoir lire une carte géographique... Misère....

dimanche 5 juillet 2015

SYRAH, RESERVA, 2010, ELQUI, VINA FALERNIA



Après la Syrah de Vina Mayu, je me suis dit pourquoi ne pas goûter de suite la Syrah de la compagnie sœur, Vina Falernia, achetée récemment en Ontario au prix de 18.95$, soit sensiblement le même prix que la Syrah, Mayu. achetée lors d'une promotion moins 10% à la SAQ. J'ai déjà commenté les millésimes 2007 et 2009 de cette cuvée sur ce blogue. Honnêtement, il est difficile de percevoir de mémoire des différences précises entre les millésimes de Falernia ou le vin de Mayu. Pour moi tous ces vins offrent un style très similaire et en même temps très distinctif par rapport au reste de l'offre chilienne de Syrah. Les bons vins de Syrah de la région de Casablanca, ou de San Antonio offrent des profils de climats frais, mais ce n'est pas aussi exacerbé que dans les vins de Falernia/Mayu de Giorgio Flessati.

Cette version 2010 du vin combine une certaine légèreté de structure avec une forte intensité des saveurs. Le vin a beaucoup de présence en bouche et une texture soyeuse. Le côté floral est très présent (violette, lavande), tellement qu'on pourrait presque faire une analogie en disant que c'est une sorte de Gewurztraminer rouge. Je ne dis pas ça pour l'identité des arômes, mais pour le côté exacerbé de l'aromatique, en particulier la composante florale. Pour certains ce vin serait probablement trop démonstratif à ce stade encore précoce de son évolution. Ceci dit, la qualité d'ensemble est indéniable et cette exubérance ne pourra qu'être apprivoisée par le temps en bouteille. Au-delà des préférences possibles sur l'intensité de la modulation aromatique, ce vin est une autre preuve que la zone côtière de Elqui est un match parfait avec la Syrah. Que des vins de ce style et de cette qualité puissent être achetés pour moins de 20$ la bouteille montre comment cette région demeure méconnue. C'est un peu normal quand on sait que Falernia/Mayu est le seul producteur qui a une production importante dans cette région. Si vous aimez les vins du Rhône nord vous devez au moins essayer ces vins en tentant d'oublier qu'ils viennent du Chili. De toute façon, ces vins n'ont rien à voir avec les vins d'inspiration bordelaise issus de la vallée centrale. Il faut cesser de voir le Chili comme un tout uniforme. La variété de terroir est très grande dans ce pays, et Elqui est sûrement le terroir qui selon mon expérience se distingue le plus du reste du pays. Cela se goûte, dans le verre, pas dans la tête.