samedi 20 juin 2015

SYRAH, RESERVA, 2011, ELQUI, VINA MAYU



À quelques reprises sur ce blogue j'ai réclamé l'arrivée sur les tablettes de la SAQ de la Syrah, Reserva de Vina Falernia. Voilà que mon vœux est finalement exaucé, en quelque sorte, car à défaut d'un vin étiqueté Falernia, voilà que la Syrah, Reserva, de Vina Mayu vient de faire son apparition sur les tablettes de notre monopole. Pour comprendre ma satisfaction il faut savoir que Vina Mayu est la compagnie sœur de Vina Falernia et que les deux compagnies partagent les mêmes installations, le même terroir et le même savoir-faire car l'œnologue italien Giorgio Flessati supervise les deux opérations. Le cousin chilien de Flessati, Mauro Olivier est propriétaire de Mayu et de Falernia. J'ignore pourquoi on a créé deux compagnies distinctes, car finalement il y a peu de différences entre les deux, question de commercialisation peut-être?  Petit vidéo intéressant pour découvrir un peu Mayu et Elqui. Pour ce qui est du vin, il est issu de raisins venant de deux vignobles, un de climat frais situé à 17 km de la côte, et d'un autre plus tempéré, situé plus à l'intérieur des terres. J'ignore les proportions de chacun. J'ai trouvé peu de détails sur l'élaboration, sinon que 45% du vin a été élevé en barriques neuves de chêne français. Le vin titre à 14% d'alcool selon l'étiquette et le site de la SAQ, le site du monopole spécifie aussi que le taux de sucres résiduels est de 3.7 g/L. Détail anodin, j'aime bien l'étiquette de ce vin. La sobriété Nouveau-Monde ça ressemble à ça. Qu'en est-il du vin?

La robe est sombre et parfaitement opaque. Dès le premier abord l'empreinte olfactive typique de la Syrah de Falernia se révèle avec intensité et délice. La parenté avec le profil Rhône nord propre est toujours aussi évidente. Ça sent bon la cerise, la mûre, la fumée de bois brûlé, la violette, le poivre noir, l'olive noire et le chocolat noir. Une série noire à laquelle s'ajoute une touche vanillée qui se confond avec l'aspect bois brûlé. Un nez vraiment intense, complexe et enchanteur avec une qualité d'arômes incroyable. Le contentement se poursuit une bouche où le vin se montre intense et simplement délicieux. Pour un jeune vin démonstratif l'équilibre est excellent, ça en met plein les papilles, mais sans impression de lourdeur ni grand volume. Ceci dit, ce jus fermenté est très intense. Le vin est sur l'exubérance de la jeunesse, mais les saveurs sont d'une telle qualité et si bien agencées que cela ajoute au plaisir juvénile qu'offre cet exotique extrait de Syrah. Les tanins sont soyeux, le vin glisse bien, dangereusement même, il faut se retenir pour éviter les premiers symptômes de l'ivresse, même si le vin procure une autre forme d'ivresse tellement il est délicieux. La finale est à la hauteur de l'appel, très intense, harmonieuse et très longue.

Il y a longtemps que je n'ai pas été aussi enthousiaste à propos d'un vin. Il faut dire que j'adore le profil aromatique que peu donner la Syrah dans le Rhône nord, lorsqu'il n'y a pas d'interférences microbiologiques pour voiler le vin. Avec cette Syrah de Vina Mayu on retrouve cette parenté aromatique, mais avec une intensité que je n'ai jamais rencontrée dans le haut-lieu français du cépage. Certains diraient que le vin est sur les stéroïdes, je ne dirais pas ça, mais une choses est claire, il n'est clairement pas sur la retenue. Au-delà de ça, je vois dans ce vin un protentiel de garde extraordinaire. Le genre de vin qui en jettera plusieurs sur le cul dans 10-15 ans par le niveau de raffinement qu'il aura su atteindre. Avec la promotion à moins 10 % de la fin de semaine, j'en ai profité pour en en acheter 15 bouteilles à 19$ l'unité. Le RQP de ce vin est tout simplement hors norme. J'en boirais tous les jours tellement c'est bon et tellement la qualité est incroyable au vu du prix. Si vous aimez la Syrah et n'avez pas peur des jeunes vins intenses, ou si vous avez la patience et la foi nécessaires pour mettre des bouteilles de ce vin de côté, vous ne pouvez simplement pas le laisser passer. Peut-être qu'après cela votre vision du Chili ne sera plus la même.

Finalement, j'en profite pour réclamer à la SAQ les vins de Vina Leyda, et d'offrir au moins un Riesling chilien. Ma suggestion? La cuvée Neblina de Vina Leyda, ou bien la cuvée "Single Vineyard" de Vina Cono Sur. Deux vins qui devraient se vendre autour de 20$ selon les normes de la SAQ et qui seraient de superbes RQP.

samedi 13 juin 2015

STELLA AUREA, 2001, MAIPO ALTO, CLOS QUEBRADA DE MACUL



Clos Quebrada de Macul est un de mes producteurs chiliens favoris. Sa cuvée Domus Aurea est un des meilleurs vins de ce pays qu'il m'ait été donné de goûter. Ici nous avons sa petite sœur, je dis petite sœur car le producteur dit qu'il s'agit d'une version plus féminine du Domus. Toujours est-il que les deux vins viennent du même vignoble de la région de Macul, au nord de Santiago, aux pieds des Andes. Ce vignoble en pente a été planté au début des années 70. Je n'ai pu retrouver d'informations sur l'élaboration de ce vin, mais il est fortement composé de Cabernet Sauvignon et normalement complété par un peu de Merlot et de Cabernet Franc. Selon l'étiquette, il titre à 14% d'alcool.

La robe montre de clairs signes d'évolution par son aspect translucide et sa teinte légèrement orangée au pourtour du disque. Le nez enchaîne en dévoilant lui aussi un aspect évolué qui teinte l'ensemble de la palette aromatique marquée par des arômes de petits fruits, noirs et rouges, de camphre, de terre humide, de bois brûlé, d'épices douces et de fines herbes. Superbe nez, fin et très complexe, un peu difficile à décrire avec un quelconque sentiment de justesse car on semble y découvrir un nouvel arôme presqu'à chaque abord. Le ravissement se poursuit en bouche on l'on retrouve un vin raffiné et admirablement équilibré. Rien n'accroche, tous les angles sont arrondis et le vin glisse sans effort avec son cortège de saveurs, à la fois délicates et intenses. En milieu de bouche c'est encore l'impression d'équilibre et de finesse qui s'impose. Le vin est facile à boire, mais tellement bon qu'on veut prendre son temps pour bien l'apprécier. La finale confirme, harmonieuse, soyeuse et longue.

Que puis-je ajouter, sinon que la patience paie? J'ai acheté ce vin il y 10 ou 11 ans et il donne clairement aujourd'hui un résultat bien différent de ce qu'il offrait en jeunesse. Ce qu'il a perdu en puissance, en intensité, en solidité et en volume, il l'a récupéré en finesse, en souplesse, en impression d'équilibre et en complexité aromatique. Le monde du vin en est un où on aime bien la distinction et la rareté. Le Chili est rarement associé au mot distinction, mais en pure aveugle ce vin changerait bien des perceptions. Pour ce qui est de la rareté, et bien pour avoir des vins chiliens de ce type et de cet âge il faut les acheter jeunes, être convaincu de leur potentiel et avoir la patience de les garder. Rares sont ces vins aujourd'hui car rares sont les convaincus. Pas besoin d'aller faire la file à la Signature et payer de fortes sommes pour avoir des vins rares et distinctifs. Ce Stella Aurea en est la preuve, payé 20$ dans le temps, il ne déparerait pas une vague de vins de type bordelais de très bon niveau, et quand je dis très bon niveau, je veux vraiment dire très bon niveau...