dimanche 15 février 2015

Les bretts et l'uniformisation



J'ouvre en ce dimanche un Faugères, Château des Estanilles, 1998. Un vin qui date du temps où j'achetais régulièrement du vin français... Toujours est-il que ce vin était très tannique en jeunesse et sans charme particulier, mais il montrait un profil aromatique intègre. Le vin ne m'avait donc pas vraiment plu, et cette deuxième bouteille a survécu une quinzaine d'années en cave passive. Ayant envie de faire changement, et curieux de voir ce que ce vin de prix abordable pourrait donner après tout ce temps, je me suis enfin décidé à l'ouvrir. Comme je le craignais, dès la première effluve la brett a montré son hideux visage phénolé. Je dis hideux, mais le vin dans ce cas-ci n'est pas ruiné totalement. Derrière le phénol on peut entre percevoir un beau vin évolué, aux tanins assagis, et avec encore une belle matière. Malheureusement il y a ce masque phénolé, cette épice ubiquitaire du monde du vin pour venir uniformiser le tout.

Je n'ai pu retrouver l'encépagement de ce vin, mais c'est probablement composé de Syrah, Grenache et Mourvèdre. Malheureusement, avec le phénol présent, il est très difficile de jouir de l'identité propre de ce vin. Avec son côté bretté il m'a plutôt rappelé le dernier vin de ce type que j'ai frappé, soit le Sena, 1997, Aconcagua, même si l'aspect phénolé est plus marqué dans le Château des Estanilles. C'est quand même fort, le Sena est un assemblage de type bordelais du Chili, mais avec ce qu'ajoute cette foutue levure, un assemblage méditerranéen d'à peu près le même âge lui ressemble. Vous avez dit uniformisation? Comme pour le Sena, on peut percevoir un très bon vin derrière ce masque phénolé, mais même si ça ne détruit pas entièrement le vin, ça demeure pour moi très agaçant. Les deux vins auraient été tellement meilleurs et typiques sans ça. Très dommage.


2 commentaires:

  1. Bonne nouvelle pour le Château des Estanilles. Il a un nouveau propriétaire depuis 2009, et celui-ci dit vouloir mettre l'emphase sur l'hygiène de son chai pour éviter les problèmes de Brettanomyces. Voilà qui est bien, même si l'idée d'utiliser le minimum de sulfites n'est pas la meilleure pour s'assurer d'atteindre cet objectif. Au moins, il est conscient du problème.

    Claude


    http://www.yapp.co.uk/producer/julien-seydoux---chateau-des-estanilles/


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  2. Retour sur ce vin 24 heures plus tard. Le "cuir" a gagné du terrain et domine le vin, masquant tout le reste, au nez comme en bouche. Dites-vous bien que lorsqu'on lit cuir dans la description d'un vin, c'est très souvent une façon ignorante ou moins compromettante de nommer le 4-ethylphénol. D'ailleurs, le descripteur cuir se retrouve utilisé pour des vins de toutes origines, ce qui concorde avec l'aspect universel des bretts.

    Claude

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