dimanche 15 juin 2014

Mes obsessions

Le mot obsession est peut-être un peu fort, mais depuis que je m'intéresse au monde du vin, il y a quelques thèmes qui se sont imposés à moi. Bien sûr il y a le Chili et le potentiel de garde de ses vins rouges. Il y a aussi le tabou des bretts. Mais mon leitmotiv demeure le rapport qualité/prix et l'influence de l'étiquette sur l'appréciation de ce fameux RQP, d'où mon intérêt pour la dégustation à l'aveugle. À ce propos, je suis tombé aujourd'hui sur un texte intéressant et très honnête de la part du blogueur britannique Jamie Goode. Il y traite de la difficulté de bien évaluer des vins très chers et renommés, car ces vins sont très rarement dégustés dans un contexte de dégustation en pure aveugle. Les producteurs de ces vins ne veulent pas voir leurs vins soumis à cet exercice, et les acheteurs de ces vins seront très peu enclins à les boire dans un contexte aveugle. À quoi bon payer très cher pour ces vins si c'est pour ne pas savoir que c'est ce que l'on boit?

Le résultat de ce phénomène c'est que les vins très chers sont presque toujours dégustés dans un contexte où le poids de leur étiquette est là pour les supporter. Les dégustateurs seront forcément sous influence. Difficile de rester psychologiquement neutre face au renforcement positif de l'étiquette et du contexte souvent cérémonial, surtout pour des amateurs passionnés qui rêvent des grands noms et ont rarement accès à de tels vins. En ce qui me concerne, c'est un problème qui m'est passablement étranger, puisque le prestige est un aspect du monde du vin qui ne m'attire pas. Ceci dit, je pense que la logique d'induction psychologique positive qui s'applique aux vins chers et renommés s'étend de manière inversée aux vins sans prestige de prix modérés. À étiquette découverte, certains de ces vins, qui sont très bons, seront sous-évalués car l'étiquette et le prix envoient le message au dégustateur qu'une telle qualité n'est pas possible dans ce contexte. C'est ce que j'appelle l'effet Veblen inversé. D'un côté ou de l'autre, il est très difficile d'échapper à l'influence psychologique du prix et de l'étiquette d'un vin.