dimanche 26 janvier 2014

SYRAH, RESERVA ESPECIAL, 2008, LIMARI, MAYCAS DE LIMARI



Maycas de Limari est une filiale du géant Concha y Toro dédiée à la production de vin issus du terroir particulier de Limari. Ce vin provient du vignoble San Julian situé au sud de la rivière Limari et qui subit l'influence rafraichissante de l'océan Pacifique. Le vin a été élevé 18 mois en barriques de chêne français et il titre à 14.5% d'alcool. Le producteur évoque un potentiel de garde de 10 ans pour cette cuvée. J'ai acheté six bouteilles de ce vin il y a deux ans et une première bouteille m'avait laissé dubitatif à son sujet. Le bois marquait beaucoup le vin qui semblait un peu lourd et bien loin de la fraîcheur que j'en attendais. Je n'avais alors pas écrit à son sujet, mais cette deuxième bouteille est bien différente. Le temps de repos semble avoir joué en sa faveur.

La robe est d'encre, parfaitement opaque. Le nez révèle un profil typiquement de climat frais pour ce cépage avec des arômes de cerise, de mûre, de poivre noir, de violette, complétés par un aspect fumé/vanillé et une fine touche de chocolat noir. Un nez très séduisant et élégant qui pour moi évoque un souvenir de Côte-Rôtie et où le bois joue maintenant un second rôle. Le charme se poursuit admirablement en bouche où l'on retrouve un vin qui a de la chair, des tanins soyeux et qui offre une palette de saveurs intenses qui reflète très bien en bouche ce qui s'annonçait à l'olfactif. Le milieu de bouche permet de constater le sérieux de ce nectar qui présente une concentration et une densité de matière de fort calibre. Le vin combine à merveille le volume à l'impression de densité, ainsi que l'intensité gustative et la finesse de l'aspect tactile. La finale est à la hauteur du parcours déjà évoqué avec des saveurs qui se fondent en un sursaut d'intensité, avant un long déclin de celles-ci.

Ce vin est un bel exemple du potentiel de la Syrah de climat frais au Chili, Il montre aussi les bénéfices de la garde, même courte. Il montre aussi sans équivoque qu'il n'est point besoin de débourser de fortes sommes pour accéder en provenance du Chili à des vins de haut calibre. J'ai payé la ridicule somme de 20$ pour cette fiole, ce qui en fait une formidable aubaine qui peut rivaliser en termes qualitatifs avec des vins beaucoup plus chers. Ceci sans compter que ce vin offre un profil Rhône nord qu'on retrouve rarement ailleurs. Ceci dit, le Chili offre de plus en plus de vins de ce genre. Pour les trouver il faut privilégier les zones côtières (Elqui, Limari, Casablanca ouest, San Antonio). Malheureusement, les vins de ce type sont rares à la SAQ. Il y a bien la Syrah, Bayo Oscuro, de Kingston Vineyards, mais le prix est passablement plus élevé à 34.75$. Deux vins de Syrah de profils intermédiaires offerts à la SAQ sont très intéressants, soit la Syrah de Polkura et celle de Tabali. Ces vins montrent des traits de fraîcheurs, mais viennent de climats un peu plus chauds. J'ai essayé deux autres vins de Syrah du Chili dernièrement, soit la cuvée côtière « Single Vineyard » de Errazuriz et la cuvée Legado de De Martino. Ces deux vins ont été des déceptions pour moi, particulièrement la Syrah de Errazuriz qui provient de la zone côtière de la vallée de Aconcagua. J'attendais beaucoup de ce vin de climat frais, mais il m'est apparu trop boisé et sans subtilité. Peut-être a-t-on voulu trop en faire chez Errazuriz ou peut-être a-t-il lui aussi besoin de temps pour mieux intégrer son bois. Il y a un autre vin intéressant de Syrah chilienne de climat frais à la SAQ que je n'ai pas encore eu la chance de goûter. Il s'agit de la cuvée Corralillo du réputé producteur Matetic et issu de la région côtière de San Antonio. J'avais adoré la version 2007 de ce vin.

dimanche 12 janvier 2014

Vous avez dit francocentriste?

Toujours pas beaucoup de temps et d'envie pour écrire à propos du vin. L'impression de taper encore et toujours sur le même clou, je suppose. Ceci dit, je continue de lire à propos du vin, en particulier mes amis du forum Fouduvin, et ce soir en sirotant un succulent Carmenère, 2008, d'Errazuriz, je suis tombé sur les résultats d'une autre dégustation/confrontation. Je dois avouer que les résultats des dernières dégustations de Fouduvin ébranlent mes convictions sur le caractère francocentriste du palais des passionnés québécois. Cette fois c'est un jeune Cab de Coonowara qui titre à 15% d'alcool qui a terminé premier, suivi par un Cab de Napa. Lors d'une autre dégustation récente du genre, ce fut un autre vin de Californie (Sonoma) qui a remporté la palme, celui-ci plus âgé. Finalement, l'automne dernier lors d'une dégustation de rêve, c'est un autre australien, le fameux Grange, qui semble avoir impressionné. C'était le millésime 1982. Ça montre que la longue garde n'est pas l'apanage des vins européens.

Donc, il semble bien que je sois dans le champ avec mes histoires de francocentrisme québécois. Du moins, à l'aveugle... Même en état de sous-représentation, les vins du Nouveau-Monde ont été très appréciés dans ces dégustations où l'influence de l'étiquette était absente. Donc, la mentalité québécoise est peut-être francocentriste, mais pas le palais. Malheureusement, la mentalité est ce qu'il y a de plus difficile à changer. Parole de frappeur de clou...


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