jeudi 8 novembre 2012

Repas-Dégustation : Vins chiliens de climat frais

 

Pour la deuxième année consécutive j'ai été invité à un repas-dégustation par l'organisme promotionnel Vins du Chili. L'an passé le thème était les vins de Syrah, cette année c'était sur les vins de climat frais. Dans les deux cas c'était un bel événement bien organisé, bien mené et agréable, dans le magnifique cadre des terrasses Bonsecours. Après Élyse Lambert l'an passé, c'était au tour de Jessica Harnois d'être en charge de la mise en contexte des vins.

Encore une fois j'ai pu me rendre compte du fossé qui existe entre l'intérêt que je porte aux vins du Chili et le niveau atteint par ceux-ci dans le marché québécois. Comme l'événement était destiné au marché québécois, Jessica Harnois s'en est tenu aux notions de base et je me sentais un peu comme le petit premier de classe qui connaît d'avance toutes les réponses. De plus, les vins présentés n'excédaient pas la barre des 20$ à la SAQ. Je suis un défenseur des vins de prix abordables. Il est possible de trouver des perles chiliennes sous la barre des 20$, mais en même temps, avec une telle limite on se prive de très bons vins offerts à la SAQ. Ceci dit, onze vins furent dégustés et servis sur un menu élaboré et préparé par le chef Martin Juneau:



SAUVIGNON BLANC

  1. Arboleda, 2010, Aconcagua Costa : Un vin décevant pour moi car il était affecté par un défaut. Il sentait l'acide isovalérique. Ce produit est un métabolite des levures Brettanomyces et d'infimes traces de celui-ci gâchent pour moi les vins blancs.
  1. Santa Rita, Reserva, 2011, Casablanca : J'ai déjà traité de ce vin ici. Cette fois-ci il m'a semblé un cran en-dessous.
  1. Concha y Toro, TRIO, 2011, Casablanca/Rapel/Limari : Assemblage de terroirs. Le vin le moins généreux du lot, le plus discret au nez et le plus acide et fluide en bouche.
  1. Amaral, 2011, Leyda : Mon vin favori du lot. Il arbore la robe la plus pâle. Le vin est expressif au nez, riche et gras en bouche avec un bel équilibre entre le fruité et le végétal.
  1. Carmen, Gran Reserva, Fumé Blanc, 2011, Leyda : Mon deuxième favori, pas loin derrière l'Amaral. Lui aussi issu de la région côtière de Leyda. Le vin est appelé Fumé Blanc et une légère influence boisée est perceptible. Le vin est rond, peu acide pour un Sauvignon, le fruité tire sur le tropical, mais l'ensemble est séduisant et a la vertu de présenter le Sauvignon sous un jour quelque peu différent. Pas encore disponible à la SAQ, mais devrait l'être un peu plus tard.

Les deux vins disponibles à la SAQ que j'aurais mis dans cette sélection pour montrer le meilleur du Chili, tout en respectant la limite de 20$ la bouteille :

Casas del Bosque, Reserva, 2011, Casablanca
Chocalan, Malvilla, 2010, San Antonio





PINOT NOIR

  1. Concha y Toro, Casilliero del Diablo, 2011, Casablanca : Un vin conçu pour plaire au plus grand nombre et qui en ce sens atteint sa cible. Tout en en cerise, en rondeur et en douceur, avec des notes épicées pour agrémenter le tout.
  1. Cono Sur, Reserva, 2010, Casablanca : J'avais bu ce vin à la maison cet été et j'avais été très impressionné, compte tenu du prix très modeste demandé. C'est donc deux en deux, car ce fut mon favori de la vague. On demeure dans le registre du Pinot charmeur au doux profil fruité/épicé, mais l'ensemble montre quand même plus de tonus et de sérieux. Je ne connais pas de vin de Pinot Noir qui offre ce niveau de qualité et de matière pour seulement 15.95$.
  1. Montes, Sélection Limitée, 2010, Casablanca : Une vraie découverte pour moi aurait été de déguster le nouveau Pinot Noir de Montes de la gamme appelée "Outer Limits", issu de la région côtière de Zapallar, située directement sur la côte du Pacifique, au nord de Valparaiso. Ceci dit, ce Pinot de Casablanca m'a bien plu. Il montre la robe la plus claire du lot. C'est aussi le plus élancé et le plus élégant du groupe, même s'il ne manque pas de matière et d'intensité.
  1. Errazuriz, Max Reserva, 2010, Casablanca : Fidèle à la marque de commerce de cette gamme, en rouge, avec ses arômes de pâtisserie qui s'entremêlent au doux côté fruité. Le vin est rond et charmeur, mais compte tenu de son prix, et comparé au Cono Sur, il s'est avéré un peu décevant. J'aimerais goûter ce vin après quelques années pour voir s'il a le même potentiel de garde que les autres rouges de cette gamme. Ceci dit, je fais cette expérience, mais avec le Pinot de la gamme « Wild Ferment » du même producteur.

    Les quatre vins de Pinot Noir sont issus de Casablanca et sous la barre des 20$. Ce n'est évidemment pas la meilleure façon de rendre compte d'où en est ce cépage dans l'ensemble des régions fraîches du Chili. Ceci dit, Casablanca fait de belles choses, mais il y a autre chose aussi. Pour qui veut payer un peu plus cher voici trois suggestions( difficile d'échapper à Casablanca en matière de Pinot chilien offerts à la SAQ):

    Veranda, Oda, 2009, Bio Bio (ne vous fiez pas au site de la SAQ, ce vin n'est pas de Casablanca)
    Errazuriz, Wild Ferment, 2010, Casablanca
    Cono Sur, 20 Barrels, 2008, Casablanca



SYRAH

  1. Arboleda, 2009, Aconcagua : Le problème avec ce vin ce n'est pas sa qualité, c'est qu'il est hors thème, n'étant pas vraiment issu d'un climat frais. Le groupe Errazuriz/Arboleda produit maintenant de la Syrah de climat frais, issue de ses vignobles côtiers de Manzanar et de Chilué, mais cette Syrah de Arboleda ne contient que 15% de fruits provenant de Chilué, la grande majorité des fruits (85%) provient du vignoble Las Vertientes, situé au milieu de la vallée d'Aconcagua, à 40 km de l'océan. Le vin n'a donc pas un profil de climat frais, mais se montre plutôt robuste et généreux, avec un mélange de fruits noirs, de fumée, de poivron vert et d'épices douces. Il est encore très marqué par le boisé et aurait besoin de quelques années de garde pour se présenter au mieux.




ASSEMBLAGE BLANC

  1. Emiliana, Signos de Origen, 2010, Casablanca : Un blanc très généreux et exotique, de belle qualité, qui même s'il est issu de Casablanca ne représente pas vraiment le style associé aux blancs de climats frais que le Chili peut produire. Je reviendrai bientôt sur ce vin dont j'avais déjà dégusté une bouteille.


Ce fut un très bel événement. Pour un novice en matière de vins chiliens il s'agissait d'une belle introduction menée dans un cadre agréable. Pour un amateur averti de la scène chilienne comme moi, avide de découvertes, la grande dégustation annuelle de Vins du Chili est plus intéressante. Elle aura lieu cette année le 26 septembre aux Entrepôts Dominion. Pour ce qui est du développement des vignobles de climat frais au Chili. Sachez que le mouvement se poursuit. J'ai appris récemment que Vina Undurraga allait planter du Pinot Noir, à une échelle commerciale, à 46 degrés de latitude, très loin au sud du Chili. Ce vignoble sera situé bien plus près du Cap Horn que de Santiago et je pense que ce sera le plus méridional de l'hémisphère sud. Il sera situé à rien de moins que 700 km au sud de Malleco qui est actuellement l'appellation la plus méridionale du Chili. Ce n'est là qu'un exemple montrant que le Chili vinicole est loin d'avoir terminé sa migration hors de sa zone de confort traditionnelle. Ça montre aussi qu'il y a encore beaucoup de possibilités inexplorées dans ce pays. Le Chili n'a donc pas fini de captiver l'amateur en moi qui aime suivre et goûter la redéfinition de ce pays vinicole à l'offre de plus en plus variée.


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