dimanche 3 juin 2012

ALBIS, 2005, ALTO MAIPO, HARAS DE PIRQUE


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La famille chilienne Matte a acquis les terres qui forment le vignoble de Haras de Pirque en 1991 et les premières vignes y furent plantées en 1992 et 1993. Pirque est la région de l'Alto Maipo située à la plus haute altitude. Les raisins ayant servis à l'élaboration de ce vin proviennent de parcelles situées à flancs de montagne. C'est un assemblage composé de 80% de Cabernet Sauvignon, le cépage emblématique de la région, et de 20% de Carménère, le cépage oublié de Bordeaux qui est maintenant devenu une spécialité chilienne et qui convient bien aux assemblages. Le vin a été fermenté en petits lots dans des cuves de chêne français Taransaud. Il a ensuite été élevé pendant 18 mois en barriques de chêne français neuves. Il titre à 14.8% d'alcool. Cette cuvée a été crée en 2002 pour marquer l'association de la famille Matte avec la réputée famille italienne Antinori. L'oenologue d'Antinori, Renzo Cotarella, collabore à l'élaboration de ce vin avec sa collègue chilienne Cecilia Guzman.

La robe est sombre. Le nez est très typique des bons vins de Cabernet de l'Alto Maipo, avec des arômes de cassis, de cerise, de menthol, d'herbes aromatiques, de bois de cèdre, de terre, d'épices douces et de chocolat noir. Superbe, riche et profond, bien ouvert et toujours dans sa phase de jeunesse. Le ravissement se poursuit en bouche où le vin se montre équilibré sur le mode dense et concentré, avec beaucoup d'intensité aromatique. Le profil complexe de saveurs reflète bien ce qui était perçu au nez. Le fruité domine, mais les aspects mineurs contribuent à créer ce mélange unique qui caractérisent les bons rouges de cette région trop peu reconnue. Le milieu de bouche persiste dans la veine dense et concentrée, avec du sérieux et une belle présence. La finesse des tanins est digne de la grande classe qu'affiche ce vin, alors que la finale est harmonieuse et d'une très grande longueur.

Je déteste les comparaisons où on utilise des exemples classiques pour dire ce qu'un vin n'est pas. Ce superbe Albis n'est pas un bordeaux. Non. Mais il y a un air de parenté indéniable quelque part dans ce vin. Le croisement des cépages bordelais (même délaissé) avec un grand terroir étranger donne ici une sorte de bordeaux exotique de grand calibre. Un vin qui à la fois fait dire c'est ça et c'est pas ça! Comme un enfant issu d'un même père, mais d'une mère différente. Ici la mère, la terre nourricière, c'est l'Alto Maipo. Même que plus précisément c'est Pirque car même au Chili on commence à définir des terroirs plus limités, là où l'expérience le justifie. Ne me demandez pas pourquoi, mais certains comparent Pirque et son voisin Puente Alto à Pauillac. C'est bien sûr une analogie, car les deux endroits on peu en commun, sinon de faire des merveilles distinctes avec le Cabernet Sauvignon. Cette cuvée Albis en est un exemple probant. C'est un vin encore bien jeune, mais qui a de la classe. C'est aussi un vin élaboré dans la mentalité classique du grand vin, avec le surplus de concentration et de longueur généralement associé à ce concept aristocratique où généralement plus égale mieux. Je ne partage pas entièrement cette conception, mais quand le vin est bon, quand l'équilibre est présent, inutile de s’embarrasser avec des idées. Le vin suffit pour couper court au superflu et nous ramène immanquablement vers l'essentiel. Le plaisir que procure le liquide présent dans le verre. J'ai acheté ce vin car j'avais déjà bien apprécier la version 2003, et qu'il est bon de fréquenter, de temps en temps, certains des vins les plus ambitieux d'un pays ou d'une région. Ça donne de la perspective. La beauté avec cet Albis, 2005, c'est qu'il est offert à un prix stable et somme toute raisonnable (50$). Compte tenu qu'il a déjà un peu d'âge et qu'il est facile de l'obtenir à 10% de rabais à la SAQ, pour les 45$ payés, je considère que c'est un superbe achat. Ceci dit, ce vin est encore en phase de jeunesse et il lui faudra au minimum cinq autres années en bouteille pour commencer à montrer des signes d'évolution. Dans dix à quinze ans il aura perdu son côté exotique et pourra se comparer directement avec des bordeaux beaucoup plus chers. Un vin qui vous donne le choix entre l'exotisme et le classicisme en autant que vous ayez la patience requise.

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