vendredi 23 septembre 2011

Déficit d'image: le problème non résolu du Chili

Document intéressant consacré au Chili par le magazine britannique "Drink Business". On y parle des développements viticoles récents dans ce pays, de la qualité et de la variété croissante, mais comme ce magazine s'intéresse surtout à l'aspect commercial du monde du vin, on tente de déterminer le chemin à suivre par ce pays et ses vins pour se sortir du créneau d'entrée de gamme auquel il est fortement identifié. À la lecture des différents articles, on se rend compte qu'il est très difficile de briser des stéréotypes et que souvent, la qualité des vins n'est pas en cause. En matière de vin, la perception tient lieu de réalité, et cette perception est conditionnée par les préjugés. Le défi principal du Chili est de convaincre le consomateur de payer plus pour ses meilleurs vins. Le problème, c'est que généralement le client qui est prêt à payer plus pour une bouteille ne veut pas seulement acheter un meilleur vin. Il veut aussi que la bouteille et son étiquette projette l'idée et l'image d'un vin de meilleure qualité. Malheureusement, malgré tous les progrès qualitatifs du Chili au cours des dernières années, l'image des vins de ce pays est toujours associée au vin d'entrée de gamme. Le vin chilien, même celui de très haute qualité, n'est pas celui qu'on sort pour impressionner les convives. Il y a zéro effet prestige avec les vins de ce pays. Je dirais même qu'il y a un effet prestige négatif. Ce qui est pire que ne pas avoir de prestige. Il faut dire que le Chili, malgré la beauté saisissante de ses paysages, n'est pas le pays des châteaux. Ce n'est pas non plus le pays du petit producteur artisan, même si la situation évolue de ce côté. Dans ces conditions, et la lecture du document de "Drink Business" le montre bien. Il n'est pas facile pour les chiliens de choisir la bonne stratégie pour perçer dans le marché du vin de gammes de prix supérieures. Le déficit d'image est un boulet dont il semble impossible de se défaire. Le pays semble condamner à toujours offrir sa qualité à prix d'aubaine. Bien sûr, il y a ces vins dits icônes qui tentent de briser cette barrière en affichant des prix démesurés. Mais cette catégorie représente un très faible pourcentage de la production chilienne. Ces vins sont plus un énoncé de principe par rapport aux ambitions du pays, qu'une catégorie commercialement significative. En ce sens, ces vins très chers ont leur raison d'être. Ils sont un pied de nez à tous ceux qui pensent que les vins chiliens ne devraient être que bon marché.

Bien sûr, la situation que je vins de décrire est regrettable pour les producteurs de ce pays, mais c'est ce qui m'a attiré vers les vins de ce pays en premier lieu, et même si aujourd'hui mon intérêt pour ce pays va bien au-delà de cette situation avantageuse pour le consommateur. Ça demeure un élément important de mon attrait pour ce pays. En terminant, parmi toutes les avenues envisagées dans le document de "Drink Business" pour aider le Chili à briser son déficit d'image, la mise en valeur du potentiel de garde des vins rouges n'est pas mentionnée parmi les pistes de solution. Je suis peut-être le seul à penser cela, mais il s'agit d'une omission déplorable. Je dirais même plus, c'est un faute grave. C'est grave car c'est l'initiative la plus simple et la moins côuteuse que les producteurs de ce pays pourrait prendre pour créer une toute nouvelle catégorie de vins aux profils distinctifs. Une initiative qui donnerait une toute nouvelle perspective sur les vins rouges de ce pays. Ça ne briserait peut-être pas totalement l'image négative assiociée aux vins chiliens, mais ce serait un facteur important pour y arriver.


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