samedi 25 décembre 2010

NINQUÉN, 2002, COLCHAGUA, VINA MONTGRAS



Je profite de ce message pour souhaiter un Joyeux Noël à tous. Merci de me suivre. Après avoir goûté la très jeune cuvée 2007 de ce vin, à dominante Syrah. J’ai eu envie d’ouvrir une bouteille de la cuvée 2002 pour voir comment ce vin évolue après cinq ans de garde. Ce 2002 est à forte dominante de Cabernet Sauvignon, complété par un faible 5% de Malbec. La Syrah ne faisait alors pas partie de l’assemblage et n’est apparue dans celui-ci qu’avec le millésime 2006. Ce Ninquén, 2002 a été produit à partir de vignes qui n’avaient que cinq ans d’âge à l’époque, et comme pour les versions subséquentes, l’élevage en barriques est ambitieux, avec 18 mois passés en barriques neuves de chêne français. J’ai décidé d’ouvrir cette bouteille pour voir comment s’intègre le boisé dans ce vin avec le temps.

La robe est toujours assez foncée, même si légèrement translucide. Le nez est simplement superbe, d’une juste intensité, et exhale d’envoûtants parfums de fruits noirs et rouges (cerises), d’épices douces exquises, de bois de cèdre et d’encens, complétés par un soupçon de terre humide et une très légère touche chocolatée. L’apport boisé est encore présent, mais heureusement, le temps a commencé à faire son oeuvre. Le type de nez auquel on revient sans cesse et qui vaut le coup presqu’à lui seul. La bouche est toute en délicatesse, caressante, avec une trame tannique veloutée qui sert d’écrin à des saveurs de grande qualité reflétant fidèlement le profil olfactif. Le milieu de bouche permet de constater que le vin a encore beaucoup de matière et que c’est l’équilibre des divers composants de celle-ci qui procure la sensation de raffinement qui se dégage de l’ensemble. Le vin est un pur délice qui remplit bien la bouche, et qui coule sans efforts. La finale poursuit en droite ligne, sous le signe de l’harmonie, avec des saveurs qui se fondent à merveille et persistent un très long moment sur de fines rémanences de chocolat noir.

L’année s’achève. Une année au cours de laquelle j’ai eu la chance de goûter plusieurs très bons vins. Mais ce Ninquén, 2002, fait assurément partie des quelques meilleurs. Ces cinq années de garde ont su l’assagir et lui donner cet équilibre si particulier que seul le temps passé en bouteille peut donner. Ce n’est pas un vin au profil très évolué. Il est juste au début de son processus de transformation. Mais ces quelques années passées à l'ombre transparaissent déjà dans ce qu’il donne. J’accumule présentement les bouteilles de cuvées chiliennes supérieures toujours offertes à des prix abordables, et un vin comme ce Ninquén me réconforte dans ma conviction de faire la bonne chose. Ce vin peut rivaliser avec des Cabernets de classe mondiale vendus bien plus chers. En fait, il est tellement bon, que j’en viens à penser qu’il est regrettable qu’il n’existe désormais plus sous cette forme presque purement Cabernet. La Syrah donne de si bon résultats au Chili, que je n’ai pas de doute que la nouvelle mouture, qui a pris le relais avec le millésime 2006, sera aussi de haut niveau après quelques années passées en bouteille. Mais quand même, la qualité de ce vin aurait justifié qu’il survive dans sa forme Cabernet, car à mon avis il aurait pu rivaliser avec les meilleurs du pays. Il faut se rappeler, comme je le mentionne en introduction, que ce vin est issu de vignes qui n’avaient que cinq ans d’âge. L’autre constat que je tire de la dégustation de ce vin, c’est que des vins chiliens peuvent être élaborés avec un usage ambitieux du bois de chêne. Il faut juste les boire quand c’est le temps. Si on aime le boisé de jeunesse très appuyé, pas nécessaire d’attendre, mais j’ai l’impression que pour une majorité de dégustateurs, la garde de ce type de vins est essentielle pour en tirer le plein potentiel. Le problème de cette cuvée Ninquén, c’est qu’on associe souvent chez les amateurs garde et prix élevé. Au prix d’aubaine demandé pour ce vin (26$), combien d'acheteurs auront le réflexe de le mettre à l’ombre pour au moins cinq ans? Vous connaissez la réponse à cette question aussi bien que moi. Ceci sans compter la grande majorité d’acheteurs qui ne gardent jamais de bouteilles. Ils achètent et consomment dans les jours qui suivent. Cela nous ramène à un des problèmes non résolus du Chili, soit celui de la mise en marché trop hâtive de vins qui mériteraient mieux qu’une ouverture nettement trop précoce. Ce problème n’est pas l’apanage des producteurs chiliens, ailleurs aussi on met beaucoup de vins en marché bien trop tôt. Mais comme les vins chiliens ne sont pas encore reconnus à leur juste valeur pour la garde, et qu’ils se vendent généralement à des prix d'aubaine, le phénomène d’ouverture prématurée est sûrement massif. C’est bien dommage. Pour ma part, il me reste trois autres fioles de ce délicieux nectar. Il serait tentant de les ouvrir dans l'année qui vient, tellement le vin est bon. Mais je vais me montrer patient et continuer d'enrichir mon expérience dans la garde de ces bijoux négilgés.


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1 commentaire:

  1. Claude,

    Un peu tard pour te souhaiter un joyeux noel, mais on t'offre nos voeux pour une très bonne année. Tu n'as pas à nous remercier de te suivre, c'est plutôt à nous de te remercier de nous informer sur tes découvertes de bons RQP chiliens.

    Pour ce qui est du Ninquen, nous avions goûté le 2007 au salon des vins chiliens, mais le millésime disponible à la SAQ était le 2006. Nous en avons acheté quelques bouteilles qui feront un petit dodo en cave.

    Pierrette et Jules

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