mardi 30 novembre 2010

Importation privée de vins chiliens

Comme on me l’a demandé il y a quelque temps. Voici les références que je possède en ce qui concerne l’achat de vins chiliens au Québec par le biais de l’importation privée. Si vous en possédez d'autres, faites-les moi parvenir. Je les ajouterai à la liste. Bien sûr, l'importation privée ajoute à l'offre de vins chiliens disponibles au Québec, mais il faut acheter à la caisse de 12 pour la majorité des vins offerts à prix abordables, ou de 6 pour certains vins plus coûteux. Cela n'est bien sûr pas très pratique, et on doit être assez sûr d'aimer le vin qu'on achetera de cette façon. Aussi, il est bon de savoir que le prix de ces vins est généralement plus cher que s'ils étaient offerts en succursales avec un plus large volume.


Italvine: Vina Anakena

LBV International: Vina Casa Silva

Authentic vins et spiritueux: Vina Cono Sur

Vins Balthazard: Vina De Martino

Trialto Wine Group: Geo Wines: (Chono), Antiyal, Kuyen

Vin Etc: Vina J. Bouchon, Vina Neyen de Apalta

Société de vins fins: Montgras Properties (Ninquén, Amaral)

LCC vins: Vina Chocalan

Select Wines: Vina Maipo

Charton Hobbs: Vina Perez Cruz

Vignome: Vina Santa Alicia

Univin: Vina Ventisquero

Les Vins La Rochelle: Vina Emiliana

Le marchand de vin: Vina Viu Manent

Maison Invino: Vina Casa Tamaya


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samedi 27 novembre 2010

Et si le phylloxéra disparaissait demain...

Il existe un courant de pensée à la mode en ce moment dans le monde du vin fin voulant que ce qui est naturel est meilleur. Ce serait le terroir qui ferait le vin de haute qualité, en autant que l’homme interfère le moins possible dans les processus vertueux de la nature bienveillante. Certains incluent même le cosmos dans cet ordre naturel à respecter, si on veut atteindre le summum de la qualité au travers de vins dits authentiques.

J’ai toujours pensé que cette vision des choses relevait surtout de l’idéologie. En même temps, c’est un bel outil de marketing pour vendre des bouteilles à ceux qui veulent du rêve dans leur verre, en plus du vin. Ceci dit, pour moi le tendon d’Achille de tous les défenseurs de ce type de vision naturaliste est l’usage des porte-greffes imposé un peu partout au monde depuis environ un siècle par le phylloxéra. Je me demande ce qui se passerait aujourd’hui si le phylloxéra n’existait pas. Si toutes les vignes Vitis vinifera étaient toujours plantées sur leurs propres racines et que quelqu’un suggérerait d’adopter la technique de greffage sur des racines d’une autre espèce de vigne dans le but d’obtenir, dans bien des cas, de meilleurs vins. J’imagine déjà les arguments enflammés de nos amants du naturel. On pousserait les hauts cris en dénonçant une violation pure et simple du sacro-saint terroir, de l’odre naturel seul garant de la qualité réelle. Des vins issus de vignes greffées ne sauraient être meilleurs que ce que la nature a voulu, et surtout, ils ne seraient pas authentiques. On y verrait un traficotage inacceptable, une dérive scientifique!!!

C’est drôle, car en tant qu’amateur de vins chiliens. Je devrais être un de ceux qui chante les vertus des vignes franches de pied. Le vignoble chilien est non greffé à plus de 90%. Je pourrais prôner la supériorité des vins chiliens en vantant leur naturel et leur authenticité. Ce n’est pourtant pas le cas. En tant qu’amateur de vins du Chili, l’influence de l’absence de greffage m’a toujours intéressé. Je me suis toujours demandé si la fameuse “typicité” chilienne n’était pas due en partie à l’absence de greffage de la plupart des vignes. J’ai déjà traité de cette question sur ce blogue, et je suis tombé récemment sur un article intéressant sur le sujet (voir liens). Plus je lis à ce propos, et plus je suis convaincu que le greffage est en général un apport positif à la viticulture. Un apport survenu par la force des choses, par une nature qui a montré qu’elle n’est pas toujours bonne, mais un apport qui au bout du compte aura permis le développement d’une viticulture plus flexible. Une viticulture ayant une plus grande capacité d’adaptation aux conditions de culture (nature des sols, climat). J’en suis aussi venu à penser que l’absence de greffage représentait, de manière générale, un handicap pour la viticulture chilienne. Le Chili est un pays aux nombreux atouts en matière de culture de la vigne, mais ceux-ci étaient vraiment mal exploités. On plantait franc de pied, du matériel végétal de qualité souvent douteuse, parfois mal identifié (Carmenère-Merlot, Sauvignon Vert-Sauvignon Blanc), sur des terroirs rarement appropriés, et avec un système racinaire souvent inadapté. Les vignes plantées sur leur propres racines sont plus vigoureuses, que les vignes plantées sur un porte-greffe adapté. Quand on pense qu’au Chili on a longtemps planté la majorité des vignes sur le plancher très fertile de la chaude vallée centrale, on comprend mieux la réputation de verdeur qui encore aujourd’hui est associée aux vins de ce pays. Vignes vigoureuses, sols fertiles et hauts rendements sont la recette idéale pour l’obtention de mauvais vins au caractère végétal vert marqué. Heureusement, depuis environ une quinzaine d’années, le Chili a entrepris un virage drastique pour corriger ce qui nuisait à sa viticulture. On a vu l’émergence de nombreux terroirs aux climats plus frais et aux sols beaucoup moins fertiles. On plante maintenant les bons cépages aux bons endroits. On a aussi importé du matériel végétal de meilleure qualité. De nombreux producteurs plantent maintenant leurs vignes sur des porte-greffes adaptés au cépage et aux conditions de culture du lieu. Toutefois, de nombreux producteurs continuent de croire que les vignes franches de pied sont supérieures et plus authentiques. Le mouvement vers le greffage est donc incomplet. C’est peut-être une bonne chose dans certains cas. Je ne suis pas viticulteur, mais j’aurais tendance à croire que quand le mariage est parfait avec le sol et le climat, la vigne franche de pied bien conduite est encore ce qu’il y a de mieux et de plus souhaitable et durable. Mais pour quelques mariages bien réussis, combien d’autres seront boiteux? Difficile à dire.

Les producteurs chiliens font face à un dilemme que n’ont pas la grande majorité des producteurs d’ailleurs dans le monde. Il ont la possibilité de planter franc de pied ou de greffer. Ils ont le choix d’y aller avec la solution la plus naturelle, la plus facile et la plus économique, ou bien d’y aller avec le greffage plus compliqué et plus coûteux et non naturel. Dans ces conditions choisir le greffage semble contre intuitif. Mais si le greffage était vraiment la meilleure solution? Une chose est sûre, cette question, seuls les chiliens peuvent actuellement se la poser. J’aimerais toutefois voir ce qui se passerait dans le reste du monde vinicole si demain matin on trouvait une façon d’éradiquer le phylloxéra. Verrait-on un large mouvement de replantation pour passer à des vignes franches de pied? Je pense que nos amants de la nature auraient de la difficulté à résister.

http://www.sommelierjournal.com/articles/article.aspx?year=2010&month=6&articlenum=61

http://levinauxantipodes.blogspot.com/2010/08/vins-issus-de-vignes-greffees-et-non.html



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mardi 23 novembre 2010

GRAN RESERVA BLEND, 2007, MAIPO COSTA, VINA CHOCALAN


Ce 2007 n’est que le quatrième millésime de cette cuvée, et pour avoir goûté les trois premiers, il s’agit déjà d’un de mes rouges chiliens favoris. Ceci dit, lors de la dégustation “Vins du Chili”, tenue en septembre dernier. J’avais pu goûter à ce vin, et il m’avait alors laissé perplexe. En fait, il avait plutôt mal paru en me laissant une impression de verdeur inquiétante en bouche. J’ai donc décidé d’en acheter une seule bouteille pour me faire une meilleure idée de sa qualité et pour savoir si ce serait une bonne idée d’en acheter plusieurs autres. Encore une fois avec ce 2007, le vin est un assemblage dans toute la force du terme. Il est composé de pas moins de six cépages où la Syrah (21%) vient d’une certaine façon remplacer le Merlot dans ce mélange comprenant tout le reste de l’arsenal bordelais: Cabernet Franc (22%), Cabernet Sauvignon (20%), Malbec (20%), Carmenère (11%) et Petit Verdot (6%). Il est intéressant de noter l’ordre dans lequel ces différents cépages ont été vendangés. D’abord le Malbec au début d’avril, suivi de la Syrah, du Cabernet Sauvignon, du Cabernet Franc, du Carmenère dans la deuxième semaine de mai, et finalement le Petit Verdot. L’élevage a lieu en barriques de chêne français et américain pendant 16 mois. Le titre alcoolique est sous contrôle à 14%, pour un faible pH de 3.53.

La robe est d’encre, d’une parfaite opacité. Le nez est marqué de l’empreinte de jeunesse d’un fruité aux notes végétales fraîches (cassis, groseille, menthol). À cela s’ajoute de la cerise, des épices douces, de la violette, du tabac, ainsi qu’une légère touche de poivron vert et un brin de torréfaction. Très beau nez de très jeune vin, complexe, avec une superbe qualité d’arômes. En bouche, on retrouve un vin très intense, aux saveurs fruitées vives, à la structure ferme et assez compacte. Un trait d’amertume sous-jacent parvient à absorber un peu de l’intensité fruitée. Le boisé de jeunesse est bien présent et un peu appuyé à ce stade précoce de développement. En milieu de bouche, la puissance des saveurs ne se dément pas, le niveau de concentration est élevé, mais le tout ne paraît jamais lourd. Les tanins sont denses, et gagnent en poigne à mesure qu’on se rapproche de la finale longue et explosive.

Superbe jeune vin où je n’ai pas retrouvé de caractère vert affirmé. Honnêtement, je ne vois pas ce que ce vin a à envier aux gros noms chiliens décorés de grosses notes des revues américaines et vendus trois à quatre fois son prix. Pour bien juger ce vin, il faut tenter d’oublier qu’il est vendu pour seulement 26.75$. Il faut aussi tenter de s’imaginer ce qu’il sera dans 10 ans. Je pense en connaître un peu sur le potentiel d’évolution des rouges chiliens, et celui-ci me semble rempli des plus belles promesses. Un candidat de premier plan à la métamorphose gracieuse. J’ai donc profité de la promo “carte cadeau” du week-end dernier pour en acheter une bonne quantité. Toutefois, ce ne fut pas sans mal. À la première succursale visitée, les 12 bouteilles en inventaire étaient toutes réservées. C’est là une pratique très frustrante. J’ai tenté ma chance dans une autre succursale, pour finalement me rendre compte que le conseiller gardait le vin dans l’arrière-boutique. Il ne semblait d’ailleurs pas très content que je décime son inventaire. Pourquoi ce jeu de cachette lors d’une promo?



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vendredi 19 novembre 2010

MALBEC/SYRAH, LAS LOMAS, 2007, CAUQUENES, MAULE, VINA LOMAS DE CAUQUENES



Lomas de Cauquenes est un producteur qui opère selon un modèle rare au Chili, soit celui de la coopérative. Il s’agit donc d’un regroupement de 246 petits vignerons qui n’ont généralement pas que la viticulture comme activité agricole. La région de Cauquenes est située au sud-ouest de la large vallée de Maule, à 35 km de l’océan Pacifique dont elle est séparée par la cordillère côtière. Les précipitations annuelles dans cette région sont suffisantes pour éviter l’irrigation. Les raisins ayant servis à l’élaboration de ce vin sont certifiés comme issus de l’agriculture biologique et proviennent de vignes de 5 à 20 ans d’âges. Le vin est aussi certifié comme conforme aux pratiques du commerce équitable. Il s’agit d’un assemblage à parts égales de Syrah et de Malbec. Le titre alcoolique est modéré à 13.5%.

La robe est foncée et très légèrement translucide. Le nez est bien dégourdi et exhale un heureux mélange d’arômes, avec les fruits rouges à l’avant-plan, complétés par des notes de poivre noir d’anis étoilée, d’épices douces et d’herbes aromatique. Le caractère épicé est vraiment complexe et agréable et se marie très bien au fruit. En bouche, l’attaque est fraîche, la structure assez ferme, et le fruité d’un bel éclat. C’est un vin de corps moyen, montrant un bon niveau de concentration, et des tanins fins, biens présents. Le mariage entre le fruité et l’aspect épicé est une réelle réussite et le vin est facile à boire. La finale est harmonieuse, avec le côté épicé qui gagne du terrain et qui s’allie à un léger trait d’amertume chocolatée. Bonne longueur.

Ce vin est vraiment de très belle qualité, mais en le dégustant, l’adjectif qui me venait en tête était vertueux. Vertueux à cause bien sûr qu’il s’agit d’un vin biologique et de commerce équitable, mais je le trouvais aussi vertueux du strict point de vue vinicole, car il est vraiment très différent du rouge chilien moyen dans cette gamme de prix. Et pour moi, l’originalité, lorsqu’alliée à la qualité, est une vertu. En pure aveugle, j’aurais assurément opté pour un vin du sud de l’Europe à dominante Syrah. Le caractère Syrah du vin domine vraiment le côté Malbec, ce qui me semble logique, car la Syrah de climat frais m’est toujours apparue comme plus démonstrative au niveau aromatique que le Malbec. Pour moi, ce vin est une autre preuve de la diversité grandissante de l’offre chilienne. Je donne d’ailleurs crédit à la SAQ d’offrir un tel vin à si bon prix (15.50$), ce qui en fait une réelle aubaine et fait penser qu’en un sens il n’est pas si équitable car le consommateur me semble sortir gagnant de la transaction. Ceci dit, un si beau vin est un rappel de l’absence déplorable sur les tablettes de la SAQ de certains des meilleurs vins de la vallée de Maule. Il existe un réel renouveau dans cette région où l’on redécouvre un riche patrimoine de vieilles vignes de Carignan, de Malbec, de Carmenère et de Païs. J’ai pu goûter certains de ces vins lors de la dégustation “Vins du Chili” à la fin septembre, en particulier ceux de De Martino, et ces vins étaient vraiment distinctifs et de très belle qualité. Pour ce qui est du Las Lomas, tant au point de vue des valeurs que de la valeur, c’est un vin que je recommande fortement. Une façon abordable de découvrir un autre visage du Chili.


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mardi 16 novembre 2010

MALBEC, ÉDITION LIMITÉE, 2007, COLCHAGUA, VINA KANKURA


Vina Kankura est un domaine situé près de Palmilla au coeur de la vallée de Colchagua. Le vignoble compte pour le moment 73 hectares, comprenant du Chardonnay, du Cabernet Sauvignon, de la Syrah et seulement 4.5 hectares du Malbec qui entre dans la composition du vin dont il est question ici. Kankura dit être le premier producteur à avoir planté de la Syrah au Chili, en 1990. Jusqu’à maintenant, j’avais toujours pensé que Errazuriz avait été les premiers à planter ce cépage en 1993. J’ai peu d’information sur le Malbec dont il est question ici, sinon que la gamme “Édition Limitée”, selon le producteur, est conçue pour la garde. Les moyens mis en oeuvre semblent confirmer cette ambition, puisque le rendement des vignes pour cette cuvée est minuscule, à seulement 15 hl/ha, et que le vin est élevé 10 mois en barriques de chêne français neuves, avant un embouteillage sans filtration. La production est limitée à seulement 9000 bouteilles. Le faible rendement des vignes pour ce vin est comparable à certaines des plus grandes cuvées de Malbec au monde comme celles de vignobles uniques d’Achaval Ferrer à Mendoza, ou de la cuvée “Le Pigeonnier” du Château Lagrezette à Cahors. L’ambition semble être au rendez-vous, voyons ce que ça donne à ce stade au niveau du résultat.

La robe est d’une teinte violacée très intense et parfaitement opaque. Je n’ai pas souvenir d’avoir vu un vin d’une teinte aussi dense et violacée. Ça tache le verre. Au nez, on se croirait devant un Malbec argentin de très fort calibre. C’est profond et riche, avec des arômes de cerises, de figues séchées, de muscade et de terre humide, complétés par un aspect floral et une très légère touche torréfiée. Superbe nez de très jeune vin où la qualité supérieure est évidente. En bouche, le vin est ferme et droit au niveau de la structure, alors que la texture tannique est imposante, mais à la fois fine et serrée. Le fruit noir très intense domine la palette des saveurs, bien appuyé sur une solide base d’amertume. Je n’irais pas jusqu’à dire que ce vin est austère, mais il montre assurément un profil sérieux et viril. Le niveau de concentration est digne d’un grand vin, tout comme la persistance en finale.

Je disais en introduction qu’on semblait avoir affaire à un vin ambitieux conçu pour la garde, et bien je confirme que c’est bel et bien la cas. Je pense connaître assez bien les vins chiliens, mais ce pays arrive encore à me surprendre. En pure aveugle avec ce vin, je n’aurais jamais misé sur le Chili, et encore moins sur le coeur de la vallée de Colchagua. J’aurais plutôt penser à un vin argentin très sérieux et ambitieux. Je savais déjà que le Malbec pouvait donner de très beaux vins au Chili, avec des producteurs comme Loma Larga, Chocalan, Perez Cruz et Viu Manent. Je savais aussi que c’est un cépage qui y est sous-exploité. Mais avec un vin comme celui-ci, je me dis que le Chili devrait oublier sa rivalité trans-andine et adopter de manière plus large le Malbec. Il faut dire que le cas de cette cuvée, avec les conditions d’élaboration décrites en introduction, on a affaire à quelque chose de vraiment très ambitieux. J’ai payé ce vin 25.95$, et à ce prix c’est un RQP tout simplement formidable, voire incroyable. Je l’ai dit, et je le répète, le Chili compte beaucoup de nouveaux producteurs vraiment dédiés à la qualité, mais qui sont encore mal connus, tout comme leurs vins. Des vins qui n’ont pas encore reçu de très grosses notes des magazines américains, et que l’on peut encore se procurer à des prix défiant toute compétition. Franchement, je ne vois pas ce que ce vin a à envier aux top cuvées argentines vendues trois à quatre fois son prix. Ceci dit, il est clair que ce vin n’est absolument pas prêt à boire. Le seul intérêt à ouvrir une bouteille maintenant est de satisfaire sa curiosité et de voir à quoi ressemble le point de départ. Quand même, pour un tant soit peu apprécier ce vin en ce moment, un très long passage en carafe est recommandé. Il était à son meilleur 12 heures après l’ouverture de la bouteille. C’est donc un vin très jeune, trop jeune, mais avec un très fort potentiel de garde et offert à un prix ridiculement bas.


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dimanche 14 novembre 2010

GRANDE RÉSERVE, 2008, COLCHAGUA, VINA LOS VASCOS



Après le premier vin de la maison, Le Dix de Los Vascos, 2004, offert il y a deux ans à la SAQ. Voilà que celle-ci rapplique avec le deuxième vin de ce producteur appelé “Grande Réserve” ce qui souligne bien l’influence hexagonale sur la maison, puisque celle-ci est propriété de la firme “Les Barons de Rothschild” qui possède, entre autres, la Château Lafite-Rothschild à Bordeaux. Je n’ai pu trouver la composition précise de ce 2008, mais il est généralement dominé par le Cabernet Sauvignon (75 à 80%), complété par du Carmenère, de la Syrah et du Malbec. Le vin est élevé en barriques de chêne français dont la moitié sont neuves. Le vin titre à 14% d’alcool, et est bien sûr très jeune. L’aération lui a d’ailleurs fait le plus grand bien. La note de dégustation qui suit est basée sur mes perceptions environ huit heures après l’ouverture.

La robe est foncée bien que très légèrement translucide. Le nez est un peu retenu, mais on peut quand même y détecter des arômes de fruits noirs et de terre humide, ainsi qu’un aspect floral et une touche de poivron rouge. De très fines notes doucement épicée et torréfiées viennent compléter cet ensemble raffiné. En bouche, l’attaque est équilibrée, et malgré l’influence bordelaise indéniable, le terroir regagne ses droits avec un fruité doux et éclatant. Ce fruité et l’ensemble demeurent toutefois sous contrôle et on reste loin de la bombe fruitée, expansive. Au contraire, le milieu de bouche permet de découvrir un vin élégant et de belle tenue, aux tanins souples et veloutés, avec un niveau de concentration de très bon niveau. La finale est simplement superbe, avec une fine amertume qui y culmine en se fondant au doux fruité pour produire un effet gustatif des plus réussi. La persistance est digne d’un très bon vin.

Que dire de plus? Sinon que ce vin est simplement excellent. On sent que l’on a pas tenté de faire du Bordeaux au Chili, mais en même temps, on peut sentir l’influence bordelaise dans l’expression que l’on a obtenu du terroir de Colchagua. Ce vin ne semble pas forcé. On y a privilégié l’équilibre et la finesse, tout en ne reniant pas la caractère généreux du terroir. On s’est adapté au lieu, plutôt que l’inverse. Selon mes lectures, il a fallu du temps aux français délégués sur place en vagues successives pour comprendre cela. Ils y sont finalement arrivés en écoutant et en faisant confiance aux chiliens. La combinaison des deux mondes donne vraiment aujourd’hui un résultat des plus heureux. Encore une fois, soyez bien avisés que ce vin a actuellement besoin d’une longue période d’aération pour se présenter à son mieux, même si l’idéal me semble être une garde de cinq à quinze ans. Au prix demandé par la SAQ (19.65$), il s’agit d’un fort RQP, surtout qu’il pourra être acheté pour seulement 17$ le week-end prochain. Je chiale souvent contre la SAQ, mais cette fois je dois saluer la justesse de cet ajout, surtout que dans ce vin, la France et le Chili se rejoignent pour le mieux. Cela devrait donc aussi faire plaisir à nos nombreux francocentristes!!!


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samedi 13 novembre 2010

En matière de vin, le Québec est-il vraiment francocentriste?

J’ai lu cette question ailleurs... et comme j’ai mentionné quelques fois ici sur ce blogue que selon moi le Québec était effectivement francocentriste en matière de vin. J’aimerais clarifier ma pensée sur cette question. Pour moi le caractère francocentriste du Québec n’est pas relié aux chiffres de vente, surtout pas au niveau des produits de prix abordables, disons à moins de 20$. Non. Pour moi, le caractère francocentriste québécois se manifeste au niveau de ce qu’on pourrait appeler de manière large le vin fin et dans l’offre de produits qui y est reliée dans la province (SAQ + I.P.). Cette offre de produits totalement débalancée est en lien direct avec le discours et la mentalité francocentristes des professionnels du vin au Québec, que ce soit les journalistes, les sommeliers, ou les conseillers de la SAQ. Pour eux, de façon générale, la France est le centre du monde vinicole, le point de vue à partir duquel tout est analysé. Cela ne veut pas dire que l’on ne boira que du vin français, mais même lorsque l’on boit autre chose, on l’analyse par rapport aux références françaises.

Pour moi, le problème se situe donc dans la faible capacité au Québec d’aborder le vin avec une grille d’analyse autonome. Se détacher du pôle français, c’est accepter que d’autres canons esthétiques puissent légitimement exister. C’est aborder le vin avec un état d’esprit plus libre. C’est apprécier le vin pour ce qu’il est, et non pour ce qu’il n’est pas ou devrait être. Au-delà de cela, les goûts et préférences personnelles continueront d’exister, mais en abordant le vin d’une manière plus détachée, on peut se permettre d’avoir des goûts plus variés. Des goûts qui pourront s’exprimer selon le contexte et notre état d’esprit. En matière de vin, la France c’est le classicisme, personne ne peut nier cela ni en diminuer la valeur. Toutefois, le classicisme devrait être une base permettant d’élargir ses horizons, plutôt qu’un modèle établi comme forcément supérieur parce qu’il était là en premier et a tracé la voie pour ce qui a suivi.

Bien sûr, ce que j’évoque plus haut est une généralisation. La France évolue elle aussi et ne fait pas que du vin de facture classique, et le reste du monde tente aussi souvent de suivre le modèle classique français. Ceci dit, peu importe l’origine, du vin reste du vin, et en ce sens, les comparaisons demeureront inévitables. Moi je plaide pour une mise en contexte sans ancrage déterminé des vins, et pour cela il faut pouvoir se coller, au moins un moment, à l’origine de ceux-ci. Avec cette attitude, on sera plus porté à comprendre et apprécier ce que les vins sont, plutôt que relever ce qu’il ne sont pas. Mais en bout de course, je reconnais à quiconque le droit d’être classico-classique, d’être franco-français. Sur le plan individuel tout est permis. Ce que je souhaite, c’est qu’au niveau collectif, surtout dans une province régie par un monopole, le discours général soit plus ouvert, et que cela se reflète dans une offre de vin plus équilibrée et de meilleure qualité de la part de notre fameux monopole.
 
 
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vendredi 12 novembre 2010

Le vin chilien peut-il vieillir?

Je suis tombé aujourd’hui sur un article intéressant dont le titre pose cette même question (voir lien). Ceux qui lisent régulièrement ce blogue connaissent ma réponse à cette question, surtout en ce qui concerne le vin rouge. Pour les blancs, le développement de terroirs appropriés est trop récent pour affirmer quoi que ce soit avec certitude, mais j’ai confiance et j’expérimente. Dans cet article de la revue “Sommelier Journal”, un passage a particulièrement retenu mon attention. Je traduis librement:

“Cependant, aussi impressionnants certains vins (chiliens) puissent-ils être, il y a souvent de la réticence à accepter le Chili comme un égal des régions vinicoles classiques, dont l’histoire et le prestige sont si bien établis que nous pensons naturellement à elles lorsque l’on est à la recherche de vins pouvant bien vieillir...”

L’auteur soulève ensuite le coût généralement abordable des vins chiliens comme un avantage de ceux-ci. Aussi, et avec beaucoup de justesse, il pointe une des grandes faiblesses du Chili, soit la très faible disponibilité sur le marché de vins chiliens ayant de l’âge. Tellement, que l’auteur a dû se rendre chez les producteurs au Chili pour pouvoir goûter des millésimes plus anciens, et là aussi il a eu de la difficulté à en trouver. Il note que plusieurs producteurs chiliens ne gardent même pas leurs vins à titre de référence. Dans ces conditions, il est facile de comprendre pourquoi il est si difficile de trouver des vins chiliens avec un peu d’âge sur le marché. Le Chili fait de grands efforts pour développer de nouveaux terroirs mieux adaptés aux différents cépages, et pour diversifier sa gamme stylistique, mais en même temps il néglige se qui pourrait être une de ses grandes forces, soit le potentiel de garde de ses vins rouges. De plus, cet atout pourrait l’aider à améliorer son image de producteur sérieux. Quiconque à déjà dégusté un bon rouge chilien de 10-15 ans d’âge comprend ce que je veux dire.

http://www.sommelierjournal.com/articles/article.aspx?year=2009&month=6&articlenum=62


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dimanche 7 novembre 2010

Sucre omniprésent dans les vins de Nouvelle-Zélande???

Je suis tombé aujourd'hui sur un article consternant sur le site Rue Frontenac à propos d'une dégustation de vins néo-zélandais. En plein le genre d'article qui me choque à propos des vins du Nouveau-Monde. La fixation de l'auteur à propos du sucre est une vraie farce. Il débute son article avec ça, et en fait son leitmotiv. Je serais très curieux de connaître le nombre de vins dans cette dégustation qui étaient vraiment sucrés. À le lire, on dirait un gars qui s'est pointé là avec une attitude condescendante, la tête remplie de préjugés, et son article le reflète très bien. Ces références aux confrères, en introduction et en conclusion, me rappellent des expériences déjà vécues. Il y en a un du groupe qui y va de commentaires méprisants pour ouvrir le bal, et les autres suivent, et on continue de se convaincre par la suite. Vive les dégustations à l'aveugle comme celles de la revue CELLIER de la SAQ pour remettre les pendules à l'heure. Les vins du Nouveau-Monde font vraiment face à un barrage de préjugés difficile à briser dans notre beau Québec francocentriste. La dégustation en pure aveugle devrait être obligatoire. Ainsi on lirait moins de conneries.


http://www.ruefrontenac.com/detente/vins/29880-bande-des-vins


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vendredi 5 novembre 2010

Le Nouveau-Chili, c'est aussi du vin de plus en plus féminin

Pour décrire les changements rapides qui sont intervenus dans le Chili vinicole des 15 dernières années, j'aime souvent référer à ce que j'appelle le Nouveau-Chili. Toutefois, un aspect moins connu de cette évolution rapide, est le rôle de plus en plus important tenu par les femmes dans ce pays qu'on imagine macho. Cette image, comme bien d'autres négatives à propos de ce pays est de moins en moins vraie, et relève maintenant du cliché. Depuis la chute de Pinochet il y 20 ans, le Chili semble vivre sa révolution tranquille, l'éléction de Michelle Bachelet à la tête du pays en était un bon exemple. La réalité, c'est qu'aujourd'hui au Chili, un tiers des "winemakers" sont des femmes. C'est probablement plus que dans bien d'autres pays. C'est un changement assez récent, mais rapide, comme l'évolution du monde vinicole chilien. Je joins le lien vers un intéressant article de la revue américaine "Wine Enthusiast" sur l'émergence des femmes sur la scène vinicole chilienne,

http://www.winemag.com/Wine-Enthusiast-Magazine/Web-2010/Women-Winemakers/


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mercredi 3 novembre 2010

CHARDONNAY, MARQUES DE CASA CONCHA, 2008, LIMARI, CONCHA Y TORO



Concha y Toro est un géant. C’est de très loin le plus important producteur de vin au Chili, et un des plus importants producteurs et exportateurs de vin au monde. Dans le petit monde des amateurs passionnés de vin, un tel statut est souvent perçu négativement d’emblée. Tout de suite on pense vin industriel, vin sans identité, vin désincarné. Bien sûr, une telle façon de penser manque de nuance et relève plus de l’idéologie plus que de n’importe quoi d’autre. Concha y Toro produit sans l’ombre d’un doute des vins que l’on peut qualifier d’industriels, mais en même temps, c’est une compagnie hautement innovatrice et une réelle locomotive pour le secteur vinicole chilien. C’est une compagnie qui possède une masse critique incomparable, ce qui permet d’accumuler et de transmettre le savoir-faire d’une façon inaccessible aux petits opérateurs. C’est aussi une compagnie qui de par ses nombreuses gammes de produits, multipliés par un nombre considérable de filiales produit une très grande diversité de vins. Le vin dont il est question ici est à mon sens un bon exemple du souci d’innovation et de la constante quête qualitative de ce géant, et du rôle important qui est laissé aux employés sur le terrain pour être les moteurs de cette quête qualitative.

Marcelo Papa, l’oenologue en charge de la gamme “Marques de Casa Concha” est celui qui au début des années 2000, a poussé très fort au sein de la compagnie pour qu’elle s’intéresse au potentiel de la vallée de Limari. Il a su être convaincant car il y a quatre ans, Concha yToro a décidé de créer une filiale à part entière appelée “Maycas de Limari”, totalement dédiée aux vins de cette région. Ce Marcelo Papa doit être très persuasif, car il a ensuite réussi à faire changer l’origine des raisins pour cette cuvée “Marques de Casa Concha”, de Maipo à Limari. Ce n’est pas rien, car cette cuvée, lorsqu’issue de raisins de Maipo se méritait années après années des gros scores des revues américaines, ce qui en faisait un très bon vendeur. Mais Papa est convaincu de la supériorité de la fraîche Limari pour les vins de Chardonnay, et malgré le succès de l’ancienne cuvée, il a réussi à faire accepter le changement à ses patrons. Ce n’est là qu’un exemple, mais à mon avis, cela montre bien qu’une grosse compagnie ne pense pas nécessairement qu’au profit facile. Les employés passionnés, innovateurs, convaincus et convaincants peuvent y faire entendre leur voix. Tout cela est bien beau, mais qu’en est-il du vin?

La robe est d’une belle teinte dorée. Le nez est assez réservé, mais tout de même assez dégourdi pour qu’on puisse y humer des arômes fruités de citron, de pêche, et de poire, complétés par de fines notes de noix et de fumée. Très beau nez tout en subtilité, où la qualité des arômes est évidente. La bouche pour sa part est plus loquace, et simplement superbe. On y retrouve un vin ample et caressant, alliant élégance et intensité des saveurs fruitées, bien supportées par un apport boisé modéré et de belle qualité. Le vin est bien équilibré et possède un niveau de concentration rare pour un vin de ce prix. Heureusement, cette concentration élevée ne se paie jamais au prix de la lourdeur, comme c’est le cas des vins bien constitués. Le milieu de bouche permet aussi d'apprécier une légère onctuosité, alliée à un bon volume. Cela ajoute à la présence du vin, et lui permet de bien couler vers une finale intense et harmonieuse d'une très bonne longueur.

J’ai écrit cette note de dégustation après ma quatrième bouteille de ce vin. Après deux superbes bouteilles, j’avais décidé d’inclure une bouteille de ce vin dans une dégustation de vins du Chili qu’on m’a demandé d’organiser la semaine passée. À ma grande surprise, ce vin a très mal paru lors de cette dégustation, finissant bon dernier de la soirée. Cela m’avait laissé très perplexe, car j’avais été très impressionné par les deux premières bouteilles qui m’avaient semblé bien meilleures. Et bien cette quatrième bouteille me confirme la grande qualité de ce vin, et il est clair dans mon esprit que la bouteille que j’avais apporté à la dégustation était différente, et passablement en retrait par rapport aux trois autres. Lors de la dégustation des deux premières bouteilles, je trouvais une ressemblance à ce vin avec la cuvée de base de Kumeu River de Nouvelle-Zélande. Je me disais que le niveau qualitatif était similaire, et que cela faisait de ce “Marquès de Casa Concha”, acheté pour 18$, un RQP de haut vol, car le Kumeu représentait déjà pour moi un bon achat à un peu plus de 30$. Je ne tente pas de justifier un vin qui a moins bien performé lors de cette dégustation. J’ai rapidement ouvert une autre bouteille pour vérifier, et si le vin n’avait pas été bon, je n’en aurais simplement pas parlé, comme c’est la cas des mauvais vins qu’il m’arrive de goûter.


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mardi 2 novembre 2010

CABERNET SAUVIGNON, ANTIGUAS RESERVAS, 1989, ALTO MAIPO, COUSINO MACUL



Vendredi soir passé, à l’invitation de mes amis Pierrette et Jules, j’ai participé à une dégustation de vins du Chili tenus avec leur fille et des amis de dégustation de St-Jean-sur-Richelieu. Leur salle de dégustation est un superbe endroit pour déguster, et comme toujours avec eux, tout s’est passé sous le signe du plaisir, de la convivialité et de la simplicité. Je reviendrai plus tard avec mes impressions complètes de cette très belle soirée. Toutefois, j’avais gardé ce qu’il restait des vins après la dégustation, environ le quart des volumes originaux. Depuis vendredi, je revisite ces vins par curiosité, et aujourd’hui, c’était au tour du plus vieux du lot. Je n’avais pas de grandes attentes pour un vin si vieux exposé à l’air au fond d’une bouteille depuis quatre jours. Même si à mon avis ce vin n’avait pas obtenu tout le crédit qu’il méritait vendredi passé, à cause d’une légère composante d’acidité volatile (acide acétique, vinaigre), qui rappelait le ketchup au nez. Mais la bouche pour moi était déjà belle. Toujours est-il que ces jours d’exposition à l’air on fait disparaître cette acidité volatile, et le vin m’est aujourd’hui apparu sous un jour des plus favorable. Cela m’a beaucoup surpris, car j’ai toujours peur de l’effet de l’oxygène sur les vins d’un certain âge. C’est pourquoi j’avais jugé qu’il valait mieux ne pas le passer en carafe avant le service lors de la dégustation officielle, et encore moins l’ouvrir quatre jours avant le service avec une bonne exposition à l’air. Voici donc mes impressions de ce vin en ce bel après-midi d’automne où j’ai la chance d’être en congé après une période intense au travail.

La robe est de couleur encore assez soutenue, même si bien translucide et légèrement tuilée. Le nez est tout en retenue et en finesse, et montre clairement un profil évolué, même si on y retrouve encore une bonne dose de fruit. Ce fruit transformé par le temps est accompagné de notes de thé, de bois de cèdre, et d’épices exotiques. En bouche, l’attaque est encore bien soutenue, harmonieuse et suave, avec un bel équilibre d’ensemble. Le fruit évolué domine la palette des saveurs, bien soutenu par une douce acidité et un fin trait d’amertume. En milieu de bouche le vin est simplement superbe, tout en subtilité et en nuance, mais avec tout de même une belle tenue. C’est un vin fin et délicat, au profil évolué, qui coule sans effort, tout en procurant ce plaisir particulier que seuls les vins qui ont bien vieilli peuvent donner. La finale maintient le cap, avec des saveurs qui s’y fondent à merveille, sur une persistance de bon niveau.

Quand on pense en connaître un peu sur le vin, celui-ci semble toujours trouver un moyen de nous surprendre. Il semble toujours trouver le moyen de défaire nos idées toutes faites, en nous montrant son caractère unique et évolutif. C’est en plein ce que cet “Antiguas Reservas” a réussi à faire pour moi. Dépouillé de son acidité volatile, tout en conservant le reste de son profil. Il s’est révélé à mes sens sous un jour encore meilleur. C’est un très beau vin dans l’absolu, mais quand on pense qu’il a été payé autour de 10$ la bouteille, cette qualité est simplement renversante. D’ailleurs, je remercie ici son propriétaire, un certain Jaco, pour l’offrande qu’il nous a permis d’ouvrir malgré le fait qu’il ne pouvait être présent pour la dégustation. J’ai acheté huit bouteilles de la cuvée 2008 de ce vin lors de la dernière promo 10% sur les vins du Chili. Avec un rabais supplémentaire de 2.50$ au col des bouteilles, j’ai payé un peu moins de 14$ l'unité. Même si le Antiguas d’aujourd’hui n’est pas le même que celui d’il y a 20 ans, j’ai confiance pour la suite des choses. De toute façon, la plupart des vins élaborés aujourd’hui le sont d’une manière différente de ce qui prévalait il a 20 ans. Ceci dit, l’expérience que m’a donné cette bouteille de 1989 me convainc d’être encore patient avec mes deux bouteilles de 1996 que j’avais achetées à mes tout débuts comme amateur de vin un peu plus sérieux. Je dis bien un peu plus sérieux, car encore aujourd’hui je ne suis pas un amateur de vin vraiment sérieux, c’est probablement pourquoi je continue de mettre des “Antiguas Reservas” de côté, malgré tout...



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