samedi 4 septembre 2010

Match comparatif de la revue CELLIER sur les bordeaux 2006

J’ai lu avec intérêt les résultats d’un autre match comparatif de la revue CELLIER de la SAQ. Comme c’est toujours le cas dans ce type d’exercice, pensez au GJE, les résultats semblent surprenants. Je dis que ça semble surprenant, car au fond, ces résultats sont au contraire prévisibles. Ils concordent avec ce qu’on sait sur l’inexactitude du sens olfactif laissé à lui-même en l’absence ou en déficit de repères. Dans le cas de cette dégustation, en plus, on était même pas en pure aveugle. Imaginez. Le terrain était balisé, et chaque dégustateur se doutait bien que quelques “petits” vins, côtoieraient des grands noms très coûteux. Il n’est donc pas étonnant de voir les résultats avec un classement très serré au niveau des notes. Pour moi, c’est une autre preuve, si besoin était, que les notes précises à la Parker sont une fumisterie. Ce système de notation est intimement lié à l’identité des vins, et il tomberait comme un château de carte sans celle-ci. N’importe quel dégustateur professionnel qui publierait des notes données en pure aveugle aurait tôt fait de se couvrir de ridicule et de perdre toute crédibilité. Encore une fois, ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de différences qualitatives entre les vins. Ça veut juste dire que nos capacités à distinguer de façon sûre ces différences sont limitées, et que l’aspect mental joue pour beaucoup dans ce processus. L’appréciation du vin dépend autant de ce qu’on en attend, de notre disposition mentale face à celui-ci, que de ce qu’il a vraiment à offrir. Ironiquement, il y a donc un effet de renforcement positif avec le système de Parker. Ceux qui croient dans la validité de ses notes sont mieux disposés à apprécier les vins auxquels il en a donné des grosses. Surtout que la grosse note fait aussi grimper le prix. Ce qui renforce encore plus le préjugé favorable, effet Veblen.

Personnellement, je suis convaincu de l’invalidité du système de Parker et j’ai un préjugé favorable pour les vins moins chers. Pas que je pense que moins cher égale meilleur. Ce serait stupide de penser cela. J’ai un préjugé pour les vins moins chers que je pense avoir bien choisis et qui correspondent à mes goûts. Je suis convaincu que les critères généralement utilisés pour fixer le prix des vins (origine, renommée, notation, style) rendent le système peu efficace. Ce qui en retour génère un bon nombre d’aubaines qu’il faut pouvoir repérer. Il y a moyen de très bien boire à prix raisonnable. Je suis convaincu de cela. Il faut juste essayer de s’en tenir au vin lui-même en tentant d’oublier les facteurs pouvant nuire à notre perception et au plaisir qui peut en découler.
 
  http://publications.saq.com/doc/MagazineCellier/cellier_automne_fr/2010082401/

 
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