mercredi 9 juin 2010

CABERNET SAUVIGNON, FELINO, 2007, MENDOZA, VINA COBOS


Si mon intérêt pour les vins du Chili ne se dément pas, probablement à cause du progrès en cours dans ce pays, allié à la diversification croissante de l’offre en terme de cépages et de terroirs. Mon intérêt pour l’Argentine décroît. Quand j’ai le goût d’un bon rouge généreux, offert à prix avantageux, je considère que c’est encore une adresse fiable. Mais je trouve que les vins rouges issus de ce pays se ressemblent trop, peu importe le cépage. Pour ce qui est des blancs, j’adore le Torrontès qui produit de beaux vins floraux à prix très abordables. Sinon, l’offre en blanc demeure très limitée. Un autre point qui justifie ma relative perte d’intérêt pour les vins rouges argentins, est le fait que j’ai eu autant d’expériences heureuses que malheureuses avec la garde de ces vins. J’ai ma courte liste de producteurs fiables pour la garde, avec en tête de liste Catena, Weinert et Zuccardi, mais pour les producteurs que je ne connais pas ou mal, c’est un peu pile ou face. Ayant le goût pour un jeune rouge généreux, comme ce pays sait si bien en produire. J’ai donc décidé d’y aller pour un vin de Vina Cobos, l’opération du californien Paul Hobbs en Argentine. Ce vin est en réalité un assemblage comprenant 86% de Cabernet Sauvignon, complété pour le reste par un mélange de Merlot, Malbec, Petit Verdot et Syrah.

La robe est sombre et opaque. Dès le premier contact, le ne révèle son origine “mendozienne” par un aspect que je n’arrive pas à nommer clairement, mais qui pour moi correspond à un rouge de Mendoza. Au-delà de ce caractère, on retrouve un profil au fruité mature et au boisé bien présent, avec des arômes de cerises et de fruits noirs, de chocolat noir, de vanille et autres épices douces. En bouche, le vin se montre sous un jour ample et souple, avec un doux fruité bien mûr, allié à des arômes doucement épicés, auxquels un trait d’amertume s’ajoute pour venir un peu équilibrer cette douceur. En milieu de bouche, la douceur et la souplesse de l’ensemble persistent, ce qui n’est pas un mal, sur un bon niveau de concentration et avec une présence tannique assez légère. On retrouve donc un vin qui coule facilement malgré la bonne densité de sa matière. La finale poursuit en droite ligne de ce qui était déjà entamé, avec une touche de chocolat au lait qui s’ajoute sur une persistance de bon niveau.

Un vin que j’ai bien aimé, malgré le fait qu’il ferait hurler les puristes qui ont le néologisme “sucrosité” aux lèvres dès qu’ils détectent un vin montrant ce profil. La réalité est que ce vin est très bien fait dans son style. On peut décider de ne pas aimer ce style. Ce n’est d’ailleurs pas mon style de vin favori, mais il m’arrive d’avoir le goût pour ce genre de vin, et je serais alors bien fou de bouder mon plaisir pour une stupide question de principe. Pour ajouter une raison de l’éviter à ceux qui aiment haïr ce genre de vin. L’éminent Jay Miller lui a octroyé un ronflant 91. Les notes précises demeurent pour moi absurdes, mais celle-ci montre une certaine cohérence avec la philosophie générale de Parker, qui privilégie la maturité du fruit, et ne rechigne pas sur les arômes boisés. Pour ce qui est de la garde de ce vin, c’est un pari que je n’oserais pas prendre, ce qui ne veut pas dire qu’il ne pourrait pas être gagné.


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