mardi 27 avril 2010

SHIRAZ, 2006, WESTERN CAPE, LA MOTTE

Ce vin sud-africain a été élaboré selon une pratique d’assemblage de terroirs. Cette pratique est assez courante dans les pays du Nouveau-Monde. Il est issu de plusieurs vignobles de la grande région du Cap aux caractéristiques de sol et de climat différents. En fait, 40% des fruits proviennent de la sous-région de Walker Bay, 22% de Franschoek, 19% de Darling, 12% de Paarl et 7% de Wellington. En plus, différents clones du cépage sont plantés dans cette variété de vignobles. L’idée derrière une telle pratique est d’obtenir le meilleur vin possible à chaque année, et non pas d’être l’interprétation du cépage à un endroit précis. La complexité au vignoble trouve sa contrepartie dans l’usage de la barrique, avec un élevage de 16 mois en barrique de chêne où 10% de celle-ci étaient neuves, la moitié de second usage, et le reste de troisième usage. Ces barriques étaient aussi d’origines diverses, françaises à 85%, américaines 10% et hongroises pour 5%. Le vin montre un titre alcoolique modéré de 13.85%, pour un pH inquiétant de 3.87. La deuxième demie de la bouteille a été bue trois jours après l'ouverture, et la vin a parfaitement tenu la route.

La robe est très sombre et d’une opacité sans faille. Le nez est d’expression modérée, avec une touche d’acidité volatile au départ, qui se dissipe un peu par la suite pour laisser la place à des arômes de fruits noirs et rouges, complétés par des notes de champignons, de fumée, de bacon, et d’épices douces. Ce nez me paraît assez sévère et réservé pour l’instant, mais semble assez profond pour pouvoir bien évoluer. En bouche, l’attaque est franche, équilibrée et ample, déployant un fruité noir dense et de belle qualité, soutenu par une bonne dose d’amertume, et amalgamé à des notes finement épicées. Le niveau de concentration est très bon, sur une structure solide et assez compacte. Les tanins sont bien présents, mais d’une belle texture veloutée. La finale est intense, avec un beau fondu de saveurs où l’amertume gagne un peu en importance, sur une bonne persistance aromatique.

J’ai bien apprécié ce vin. La qualité est sans reproche, et contrairement à ce que le pH élevé pouvait laisser présager, le vin ne montre pas de mollesse ou de déviance aromatique post F-A. Le vin est bon et bien équilibré, avec une richesse de matière fidèle au prix demandé (25$). Au niveau stylistique, il se situe quelque part entre la Syrah et le Shiraz. Ce n’est pas une grosse bombe de fruits confits et vanillés, mais d’un autre côté, il ne correspond pas non plus au profil général d’une Syrah du Rhône Nord. Je suppose que la philosophie derrière l’élaboration du vin explique le résultat, c’est-à-dire un vin de belle qualité, mais sans identité claire. Un vin intéressant pour qui veut déguster un rouge de belle qualité, mais qui ne comblera pas celui qui recherche en plus un vin correspondant à un archétype de ce que peut donner ce versatile cépage. À noter aussi que ce vin me semble avoir un bon potentiel de garde (5 à 10 ans). Ce n'est toutefois que mon impression, je n'ai pas assez d'expérience avec les rouges sud-africains pour être certain de cela, si tant est qu'on puisse être certains de quoi que ce soit lorsqu'il est question de la garde du vin.

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dimanche 25 avril 2010

SAUVIGNON BLANC, EQ, 2007, SAN ANTONIO, MATETIC VINEYARDS


Matetic est une des vedettes de ce que j’appelle le Nouveau Chili. Un producteur totalement axé sur la qualité, qui cultive ses vignes en biodynamie dans la fraîche région côtière de San Antonio. J’ai parlé plus tôt cette année sur ce blogue d’une très belle Syrah de ce producteur. Cette fois-ci, il s’agit d’un Sauvignon Blanc. J’ai profité de la promo du week-end à la SAQ sur les vins bios pour faire le plein de ce vin au prix fantastique de 17.95$.

La robe est d’une teinte verdâtre assez pâle. Le nez est d’intensité moyenne et dégage un beau mélange d’arômes citronnés et tropicaux, auquel s’ajoute une légère touche végétale et un caractère de miel surprenant pour un vin de ce cépage. Un nez original, mêlant des caractéristiques classiques du cépage à des aspects plus inédits. En bouche, l’attaque est fraîche et vive, avec une bonne amplitude et une palette de saveurs reflétant bien ce qui était perçu au nez. Le vin montre une belle tenue en milieu de bouche, avec un peu de gras et un bon volume, sur des saveurs concentrées. L’ensemble atteint un bel équilibre entre générosité de la matière et fraîcheur, de même qu’entre le fruité qui tient le rôle principal et l’aspect végétal qui vient en complément. La finale est harmonieuse sur une longueur digne d’un vin de catégorie supérieure.

Quel superbe vin de Sauvignon Blanc. Un vin qui montre bien tout le sérieux du Chili avec ce cépage. Au-delà de sa qualité évidente, c’est un vin qui de par la taille, la philosophie et le sérieux de son producteur aurait dû attirer l’attention des amateurs pointus recherchant les vins de producteurs de ce genre. Malheureusement, il est passé sous le radar, soit par ignorance ou par indifférence. Pourtant, c’est un vin qui à l’aveugle rivaliserait facilement avec des Sancerres vendus bien plus chers. Une haute qualité offerte à un prix incroyable, ce qui illustre bien le dilemme des producteurs chiliens. Heureusement, il y a de plus en plus de producteurs comme Matetic au Chili qui ont décidé d’aller de l’avant avec le pari de la qualité pour tenter de changer la perception des vins de ce pays. Le Québec est sûrement un des marchés où ils ont le plus de préjugés à combattre.


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dimanche 18 avril 2010

Vin et économie (suite)

Par l'intermédiaire de Vin Québec, je suis tombé sur le site français du webzine Slate, où il y a un article que j'ai trouvé très en lien avec mon texte précédant sur le rôle prépondérant de l'économie dans le monde vinicole. Cet article de Mike Steinberger dépeint parfaitement le goût du rêve de certains amateurs et leur dégoût face à la maximisation des profits par les producteurs, même s'ils sont tout de même prêts à allonger de fortes sommes pour s'offrir les bouteilles dont ils rêvent. Il y a là un paradoxe. On dénonce un état de fait, mais en même temps, on en est en partie la cause en continuant d’acheter à des prix qu’on trouve prohibitifs. Bien sûr, dans cet article on a encore droit aux clichés habituels sur les vilains et cupides bordelais, et les bons et presque désintéressés bourguignons. Moi je ne blâme ni les uns ni les autres de jouer la carte de l'offre et de la demande. Ils possèdent une image de marque très forte, et si un jour ils doivent baisser leurs prix, la plupart de ceux qui les auront délaissés reviendront au bercail. Bien sûr, comme amateur passionné, on peut déplorer que la demande soit si forte pour les meilleurs vins de ces régions, mais sans cette image de marque, et sans ce côté exclusif, je ne suis pas sûr que l'aura qui entoure ces vins tiendrait si bien. Ils perdraient peut-être une partie du cachet particulier qui les rend si attrayants aux yeux de plusieurs, même ceux qui se disent intéressés seulement par le contenu de la bouteille. Ici, nous ne sommes plus sur le terrain strictement vinicole, mais sur le terrain du produit de luxe où l'image offerte compte tout autant que la qualité intrinsèque du produit offert.

http://www.slate.fr/story/20009/bourgogne-bordeaux-la-grande-guerre-du-vin-francais


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samedi 17 avril 2010

Vin et économie

Le monde du vin en est un où on aime vendre du rêve. On aime l’image idyllique du vigneron qui travaille ses vignes et élabore ses vins avec respect et amour. On aime se faire parler de terroir, d’appellation prestigieuse, de tradition, de noblesse. On aime penser que la seule motivation du vigneron est de produire le meilleur vin possible. Tellement, que plusieurs amateurs rêvent de se lancer eux-mêmes, sur un bon terroir, pour produire du vin et vivre cette vie merveilleuse.

Bien sûr, derrière cette part de rêve, on oublie trop souvent que la production de vin est d’abord et avant tout une affaire économique. On oublie trop souvent que pour la majorité des petits producteurs, surtout les nouveaux qui ont dû s’endetter pour partir leur entreprise, la pression est énorme pour joindre les deux bouts. Je lisais hier un article très intéressant sur le blogue américain “Vinography” (voir lien), à propos d’une crise majeure dans le monde vinicole de la Californie et qui entraînerait la faillite d’un très grand nombre de petits et moyens producteurs très endettés, touchés par la chute des prix.

http://www.vinography.com/archives/2010/04/the_coming_carnage_in_the_cali.html


La lecture de cet article permet de constater que le vin est d’abord et avant tout une question de marché et de gros sous. On comprend aussi toute la pression à laquelle sont soumis beaucoup de producteurs. On comprend facilement pourquoi la plupart des vins, même les plus ambitieux, sont mis en marché dès que possible. Bordeaux, avec son système de primeurs, est la quintessence de ce principe... Le producteur doit récupérer l’argent qu’il a investi le plus tôt possible pour se maintenir à flot. Par extension, il est aussi facile de comprendre l’importance de produire des vins pouvant obtenir de gros scores dès leur mise en marché. L’impact sur le prix de vente possible est direct. Bien sûr, le cas de la Californie est un cas particulier. La majorité des vins qui y sont produits sont vendus dans le pays même. Sans diversification importante des marchés, l’impact d’une crise est plus important. Les producteurs sont captifs du marché domestique.

Au-delà de cette crise californienne, cet article m’a rappelé avec acuité que la production de vin est d’abord et avant tout une activité économique, qui doit répondre aux obligations de profit de toute entreprise. La vision idyllique évoquée en introduction est un outil de marketing sûrement efficace auprès d’une certaine clientèle. Il y aussi certainement des producteurs indépendants de fortune, ou qui peuvent vendre leurs vins à des prix tels, qu’ils n’ont pas trop à se préoccuper des contingences économiques. Mais pour la grande majorité, faire du vin est d’abord et avant tout un business qu’il faut arriver à rentabiliser. Pour ce faire, il y a deux voies possibles, réduire les coûts de production, ou obtenir un prix de vente plus élevé. Ces deux voies sont remplies de pièges, et c’est au consommateur à la fin de choisir. Soit la réduction de coûts a compromis la qualité, ou bien le prix a été trop gonflé en regard de la qualité offerte. Pour moi on en revient toujours au fameux rapport qualité/prix. Aussi, il faut se souvenir qu'à cause des obligations économiques, beaucoup de vins sont mis en marché bien trop jeunes. Un amateur averti devrait toujours garder cela en tête, et surtout, trouver un moyen de garder du vin.


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mardi 13 avril 2010

CABERNET SAUVIGNON, GRAN RESERVA, 2006, ALTO MAIPO, NATIVA


Ce vin est un bel exemple du caractère dynamique de la scène vinicole du Chili. Il a été élaboré en 2006 par Vina Carmen, qui possédait alors une gamme de vins biologiques appelée Nativa. Cette gamme de vins bios , la première du Chili, avait été créée en 1995 par un Alvaro Espinoza alors à l’emploi de Vina Carmen. Toutefois, avant la mise en marché de ce 2006, Nativa est devenue une compagnie autonome qui fait maintenant partie du groupe Santa Rita, comme c’est le cas aussi de Vina Carmen. Réorganisation corporative donc, mais qui montre bien l’intérêt croissant pour le bio. Pour ce qui est du vin, ce qui est amusant, c’est qu’il n’y a aucune mention de Carmen sur l’étiquette, mais le bouchon, lui, est bien identifié à ce producteur. Nativa dans sa nouvelle mouture a étendu son offre de vins, et le gamme Gran Reserva est située au haut de la hiérarchie. Il a été élevé en barriques de chêne français pendant 14 à 18 mois, selon les lots. Le vin titre à 14% d’alcool pour un pH de 3.5.

La robe est très sombre, impénétrable. Le nez est bien calibré au niveau de l’intensité et exhale un beau mélange d’arômes, avec le fruit noir à l’avant-plan, mais bien accompagné par des arômes de goudron, de bois de cèdre, de terre humide, de menthol, d’épices douces, ainsi qu’une fugitive touche de noix de coco et un brin de torréfaction. Bien sûr, tous ces arômes ne se présentaient pas en même temps dans ce nez changeant qui a très bien évolué sur une période de 12 heures. En bouche, on retrouve un vin montrant un bel équilibre. La matière est ample, riche et veloutée, et met parfaitement en valeur de belles saveurs de fruits noirs matinées de notes cacaotées et épicées. Le niveau de concentration est clairement supérieur, ce qui donne une belle présence en milieu de bouche, sur un bon volume. Toutefois, même si c’est un vin avec de la matière, celui-ci coule aisément, sans impression de lourdeur. La finale voit l’amertume cacaotée gagner un peu en importance, mais le généreux fruit l’absorbe bien, et ces saveurs fusionnées persistent un très long moment avant de s’éteindre complètement.

Je pense depuis un bon moment déjà que la région du Haut Maipo est la meilleure au monde pour produire des vins de Cabernet Sauvignon de très grande qualité, à prix imbattables, et ce Gran Reserva de Nativa en est une autre preuve éloquente. Ce vin est encore bien jeune, et l’empreinte boisée est encore assez marquée, mais la qualité supérieure est évidente. Personnellement, j’aime bien les jeunes Cabs de ce genre, même si je sais que selon mes goûts, le meilleur reste encore à venir. C’est la beauté des Cabernets de cette région. Ils sont de prix si abordables (19.95$), qu’on peut les suivre sans remords à tous les stades de leur évolution. En prime, avec ce vin, il y a le fait qu’il est élaboré avec des raisins de culture biologique. Je ne suis pas de ceux qui pensent que les vins bios sont nécessairement meilleurs, mais je suis pour ce type de culture quand les conditions le permettent. Le Chili, a la chance d’être une des régions où les conditions sont les plus favorables pour la culture biologique de la vigne. Il devrait continuer de miser sur cet avantage, autant pour les vertus intrinsèques de l’agriculture biologique, que pour améliorer l’image globale de ses vins.


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jeudi 8 avril 2010

SYRAH, CHONO, RESERVA, 2007, ELQUI, GEO WINES


La vallée d’Elqui est la région vinicole la plus septentrionale du Chili. C’est une région qui semble à première vue inusitée pour cultiver la vigne, puisque située aux limites du désert d’Atacama, le plus sec au monde. C’est aussi une des régions au monde possédant le ciel le plus clair, ce qui y a entraîné l’implantation de huit observatoires astronomiques importants. Heureusement, même à cette latitude, la fonte des glaciers des Andes fournit l’eau nécessaire à l’irrigation, et le courant froid Humbolt remontant le Pacifique apporte la fraîcheur. Donc, dans Elqui, comme dans les autres régions côtières du Chili, la proximité des vignobles par rapport au Pacifique influe grandement sur la fraîcheur du climat. Le vignoble d’où est issu ce vin est situé sur les rives de la rivière Elqui, à 30 kms de la côte, ce qui est idéal pour l’obtention d’une Syrah avec un profil de climat frais. Les vendanges sont manuelles, avec des rendements limités à environ 50 hl/ha. Les macérations sont suivies de près pour modérer l’extraction, et seulement 10% du vin est élevé en barriques de chêne, français et américain, pour une courte période 6 mois. Le réputé oenologue Alvaro Espinoza supervise l’élaboration des vins de marque Chono.

La robe est assez foncée et légèrement translucide. Le nez est superbe, exprimant avec intensité un heureux mélange d’arômes de fruits rouges, de poivre noir, de fumée, de violette et d’épices, avec quelque chose évoquant le clou de girofle. Je me répète, superbe nez, parfaitement dosé, montrant une qualité d’arômes impeccable et une bonne complexité. Le plaisir se poursuit en bouche, avec une attaque suave, modèle d’équilibre pour un jeune vin, où tous les éléments sont assortis dans les bonnes proportions. Le fruité est éclatant, aidé en cela par une bonne acidité qui en plus contribue à la ferme tenue du vin. Une fine touche d’amertume vient balancer la relative douceur du fruit, avec en plus le caractère épicé/fumé qui s’intègre à l’ensemble de belle façon. Le milieu de bouche montre un vin de corps moyen aux saveurs intenses et concentrées, mais sans lourdeur aucune. La trame tannique est légère et fine. La combinaison de ces divers éléments donne un vin des plus agréables, et qui coule sans efforts pour mener vers une finale forcément heureuse, où l’équilibre se maintient, sur des saveurs qui se fondent et une bonne allonge.

Cette bouteille fait la démonstration parfaite qu’en matière de vin l’équilibre est le maître-mot. Ce vin n’a rien en commun avec les vins surfaits qui en mettent plein la gueule. C’est un vin qui me semble conçu pour être apprécié jeune et qui livre la marchandise d’emblée. Tout est axé sur l’expression aromatique du cépage et du terroir surprenant de la vallée d’Elqui. Qui aurait pu croire qu’aux frontières du désert d’Atacama on pourrait produire un vin rendant le caractère de ce cépage avec autant d’acuité? Un vin à peine boisé, peu extrait, où toute la place est laissée à la Syrah. J’avais commandé une caisse de douze bouteilles de ce vin à la fin de l’été passé, il ne m’en reste maintenant que trois. Heureusement, l’importateur de ce nectar (Altovin), qui a totalement vendu le premier arrivage, a reçu une nouvelle commande. J’aime tellement ce vin que j’ ai décidé d’en commander une deuxième caisse. Bouteille après bouteille, c’est un pur ravissement. Un vin de plaisir dans le meilleur sens du terme et dont je ne me lasse pas. Pour les quelques 18 $ qu’on en demande, ça demeure une formidable aubaine. Vivement que la SAQ offre des vins de la vallée d’Elqui.


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vendredi 2 avril 2010

MERLOT, 2007, ACONCAGUA, VINA ARBOLEDA


Dans un précédant message sur le Merlot, 2006, de Tabali. J’avais discuté des raisons expliquant les résultats relativement décevants du Merlot au Chili. Une des raisons invoquées, était la faiblesse du système racinaire du Merlot, lorsqu’il n’est pas greffé, comme c’est la norme au Chili, alors que c’est l’exception ailleurs dans le monde. J’ai été attiré par ce vin d’Arboleda lorsque j’ai lu sur le site du producteur qu’il était élaboré avec du Merlot planté sur porte-greffe, en 1999, dans un nouveau vignoble du nom de Las Vertientes. Ce vignoble est situé à 40 km du Pacifique et planté à flanc de colline. C’est d’ailleurs cet emplacement plus proche du Pacifique, et donc plus frais, qui distingue les rouges d’Arboleda, de ceux d’Errazuriz, qui est en quelque sorte la maison-mère. Toutes deux appartiennent à Eduardo Chadwick et semblent collaborer étroitement. Il est aussi intéressant de noter que ce vin a été choisi meilleur Merlot du Chili par Patricio Tapia dans son guide “Descorchados 2010". Il fut aussi très bien classé par le panel de dégustateurs canadiens lors des septièmes “Wines of Chile Awards” tenus en Janvier dernier au Chili.

La robe est très foncée et parfaitement opaque. Le nez est quelque peu retenu, mais on peut quand même y apprécier un beau mélange d’arômes de fruits rouges et noirs, avec la cerise qui se détache clairement. À cet aspect fruité dominant, s’ajoutent des notes évoquant l’encens et la sauge moulue, le caramel et la vanille, ainsi qu’une légère touche torréfiée. Le lendemain, un aspect viandé s’était ajouté à la palette aromatique. Somme toute, un beau nez de très jeune vin. Toutefois à ce stade précoce, c’est en bouche que l’on peut au mieux apprécier la très belle qualité de ce vin, et tout son potentiel. Celui-ci est étonnamment ferme et droit, avec une bonne acidité et une trame tannique bien serrée. Son fruité de cerise se montre sous un jour éclatant, bien amalgamé aux notes épicées et boisées déjà perçues au nez. Le milieu de bouche permet de confirmer la solidité et la densité de la matière, et d’apprécier la concentration de très bon niveau. La finale est harmonieuse et intense, sur une longueur de très bon calibre.

Les mentions honorables obtenues par ce vin me semble pleinement méritées. C’est un vin sérieux, encore très jeune, et bien différent du stéréotype rattaché aux vins de ce cépage issus de ce pays. C’est le premier vin chilien que je bois en sachant qu’il est issu de vignes greffées. C’est peut-être pour cette raison, mais je l’ai trouvé assez proche d’un vin européen. J’aimerais bien le déguster en pure aveugle pour m’assurer que je n'ai pas été influencé par ce que je savais à son propos. J’aimerais aussi goûter d’autres vins chiliens issus de vignes greffées. J’ai toujours pensé qu’une partie de caractère spécifique des vins chiliens de la vallée centrale pouvait être liée au fait qu’ils sont issus de vignes non greffées. Je ne peux pas dire en me basant sur ce seul vin, bu en toute connaissance de cause, que ça confirme cette hypothèse, mais une chose est sûre, il est loin de l’infirmer. Toujours est-il que pour les 18.95$ demandés, ce vin constitue une véritable aubaine. De plus, il me semble posséder un très bon potentiel de garde.


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