samedi 27 février 2010

SYRAH, AMAYNA, 2008, LEYDA, VINA GARCES SILVA


Triste journée pour parler d’un vin du Chili avec le tremblement de terre de la nuit passée. Mais d’un autre côté, même si ça peut paraître futile, c’est une façon d’avoir une pensée spéciale pour les Chiliens et de leur souhaiter bon courage dans cette épreuve.

Le vin dont il est question, vient d’un producteur qui n’a plus besoin de présentation ici, tellement j’ai vanté ses mérites. Cette Syrah est un ajout récent à la gamme Amayna, ce 2008 n’étant que le deuxième millésime produit. Il fut élaboré à partir de 2.3 hectares de vignes plantées en 2003. Toutefois, les résultats ont été si impressionnants dès le premier millésime, qu’en 2008, 10 hectares supplémentaires on été plantés. Ce qui fait maintenant de la Syrah le cépage le plus planté de la propriété, juste devant le Sauvignon Blanc. Ces nouvelles vignes ne sont bien sûr pas encore en production, ce qui fait que la production demeure très limitée. À preuve, cette cuvée 2008 ne compte que 760 caisses. En plus de la faible superficie plantée, le rendement limité à 30 hl/ha contribue à la faiblesse actuelle de la production, mais aussi, du moins on le souhaite, à la qualité du vin. La vendange est effectuée manuellement, suivie d’un égrappage complet et d’une période de macération à froid de 10 jours, avant la FA. Le vin est ensuite élevé pendant un an en barriques de chêne français, neuves pour les deux tiers et de second usage pour le reste. Le vin titre à 14.5% d’alcool, pour un pH de 3.53.

La robe est d’encre, d’une opacité parfaite. Le nez est explosif, rien de moins, et exprime clairement l’identité du cépage, avec ses doux arômes de cerise, de poivre noir, de violette, de lavande, de bacon, de goudron et de fumée. À cela s’ajoute un aspect d’épices douces, comme la vanille, qui semble provenir de l’élevage en barrique. C’est le nez de rouge le plus séducteur qu’il m’ait été donné de croiser depuis un bon bout de temps. C’est à la fois très jeune et complexe, mais déjà abordable. Le caractère très expressif s’atténue graduellement dans l’heure suivant l’ouverture. Un passage en carafe pourra calmer l’exubérance si vous préférez cela. Le mieux étant de le suivre sur une longue période pour pouvoir apprécier l’évolution. Potentiel énorme. La bouche suit, avec la même verve. Le vin s’y montre éclatant, doux, intense, riche et complexe. C’est le type de vin qui va vers le dégustateur, mais sans agression, il se donne tout en douceur et en séduction. J’entends déjà le “G word” qui sortirait de la bouche de certains puritains québécois de la bouteille. Oubliez ce que pourraient en dire ces curés préférant le vin de messe!!! Le plaisir est là, à prendre, et ce n’est pas péché du tout, croyez-moi!!! Le milieu de bouche montre une matière vibrante et concentrée. Le volume demeure étonnamment modéré, compte tenu du style, et les tanins sont d’une finesse exquise. Ce vin coule facilement, trop facilement, compte tenu de son 14.5% d’alcool. Il faut se retenir pour éviter l’ivresse, même si le plaisir que donne ce vin en procure une d’un autre genre. La finale est harmonieuse, les saveurs s’y fondent admirablement, avec un sursaut d’intensité, avant un long déclin aux rémanences de chocolat noir.

Quel superbe vin!!! Une Syrah de très fort calibre pouvant rivaliser avec ce que ce pays fait de mieux. J’ai eu la chance de me procurer ce vin pour 29$, et à ce prix c’est un RQP de haut niveau. La qualité du vin pourrait facilement justifier le double. C’est bien entendu très jeune, mais déjà abordable, avec un profil très démonstratif à l’ouverture, qui se calme par la suite, et qui en aucun moment ne verse dans la caricature. Il faut juger un vin pour ce qu’il est, en fonction de son âge, et comme je l’ai déjà écrit, à ce stade, pas besoin de se casser la tête, tout est là, offert au dégustateur. Le vin possède une telle richesse de matière, que je suis convaincu de son fort potentiel de garde. Une dizaine d'années de pourrait le transformer en quelque chose de tout aussi bon, mais à la fois de bien différent. Quand on pense que ce vin est issu de vignes qui n'avaient que 5 ans d’âge, ça en dit beaucoup sur le potentiel de la Syrah dans la région de Leyda. Une chose est sûre, la grande qualité de ce vin ne fait que renforcer dans mon esprit le statut élite de Garces Silva parmi les producteurs chiliens. Je rappelle pour ceux au Québec qui pourraient être intéressés par Garcès Silva, que trois vins de marque Amayna, le Chardonnay, 2007 (24.75$), le Sauvignon Blanc, 2008, non-boisé (24.25$), et le Pinot Noir 2007 (32$), sont disponibles actuellement à la SAQ. J'ai déjà parlé du Chardonnay 2007. Je parlerai des deux autres dans les semaines à venir.


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mardi 23 février 2010

CABERNET SAUVIGNON, CUVÉE ALEXANDRE, 1998, COLCHAGUA, CASA LAPOSTOLLE


Depuis quelques années, j’empile les bouteilles de rouges chiliens pour la garde. Mon expérience m’ayant clairement montré que ce sont de très bons vins de garde, à prix souvent imbattables. J’adore les rouges entre deux âges qui ont poli leurs angles, affiner leur profil, avec un fruit moins primaire, et ayant gagné des notes d’évolution. Je rêve du jour où je pourrai ouvrir ce genre de vin sur une base très régulière. Entre-temps, je dois me contenter d’une bouteille à l’occasion. Chaque fois, j’espère que la bouteille choisie validera ma démarche. Le cauchemar serait de me retrouver dans quelques années avec une cave remplie de vins décevants, n’ayant pas évolué comme je l’espérais. Donc, à chaque nouvelle bouteille, j’ai une légère angoisse. Cette fois, j’ai choisi un vin d’un producteur renommé, mais du pire millésime de l’histoire moderne du Chili. 1998, c’est l’année où le phénomène “El Niño” a frappé le plus fort au Chili. Une année très fraîche et pluvieuse, selon les standards chiliens. Toutefois, un peu de pluie, et un peu de fraîcheur dans la chaude vallée de Colchagua, ce n’est pas nécessairement un désastre. Là comme ailleurs, les décisions humaines peuvent faire la différence en bout de ligne. Ce vin est issu de vignes de 60 ans d’âge, non irriguées, et a été élevé pendant un an en barriques de chêne français. Il titre à un très raisonnable 13.8% d’alcool.

La robe est encore foncée au centre, mais passablement translucide, avec un pourtour orangé. Le nez module ses arômes avec modération, montrant un beau mélange de fruit évolué, de la cerise et des raisins secs, du bois de cèdre, du sous-bois, et des épices douces donnant une impression d’exotisme. Beau nez de vin à mi-course de son évolution, complexe et transformé par le temps. En bouche, le vin est d’une richesse surprenante. Il remplit la bouche dès l’attaque, avec un volume étonnant pour un vin de cet âge. Le mélange évolué perçu au nez se répercute en bouche, mais avec une intensité rehaussée, et encadré par une trame tannique à la fois bien solide et raffinée. Ce vin possède encore beaucoup de présence et toute la structure souhaitée. Le milieu de bouche permet de jouir de son très bel équilibre, avec encore un fort niveau de matière et de concentration de saveurs. La finale n’est pas en reste et conclue dans l’harmonie le parcours exquis de ce nectar, sur une persistance de bon calibre.

Comblé et rassuré. Voilà mes sentiments face à ce vin. Il est toujours plaisant, peu importe l’origine du vin, d’ouvrir une fiole que l’on a patiemment gardée, et qui répond en tout point à nos attentes. C’est ce que j’ai obtenu avec cet excellent vin. On goûte ce vin, et ne peut que rire des notes de 85 (WE) et 87 (WS) qu’il a obtenu à l’époque. Une autre preuve, s’il en fallait, de l’absurdité et de la courte vue de cet exercice. Les vins de Merlot et Cabernet de la gamme “Cuvée Alexandre” étaient parmi les premiers vins chiliens que j’ai mis en cave. Cette bouteille me prouve que c’était une bonne décision. Casa Lapostolle est, sans l’ombre d’un doute, un producteur de grande qualité. Toutefois, depuis le millésime 2002 j’ai cessé d’acheter ces vins. Le Chili a beaucoup évolué depuis, et j’ai depuis découvert des vins de producteurs chiliens moins connus et réputés, mais d’aussi bonne qualité, sinon meilleurs, et vendus ici au Canada pour bien moins cher. Il faut dire que les vins de la gamme “Cuvée Alexandre” sont vendus beaucoup trop chers au Canada, par rapport aux États-Unis. J’ignore pourquoi. Ce vin se vend autour de 20$ aux États-Unis, et ici on en exige 35$. Le vin vaut les 35$ demandés si on compare avec des vins de qualité similaires, d’autres origines. Cette bouteille de 1998 en est un bel exemple, mais c’est une question de compétition. Il est frustrant de devoir payer beaucoup plus cher qu’ailleurs, surtout lorsqu’il y a des producteurs chiliens qui ne prennent pas les Canadiens pour des valises. Continuez de me lire pour connaître les vins chiliens avantageux qu’il faut acheter aujourd’hui. Il faut se rappeler qu’en 1998, des régions comme Elqui, Limari, San Antonio/Leyda, Bio Bio, n’existaient même pas sur la carte vinicole du Chili, tout comme bon nombre de très bons nouveaux producteurs de la nouvelle vague. Ceci sans compter les anciens qui élevé leur niveau. Alors chapeau à Casa Lapostolle pour avoir tracé la voie de du vin de qualité au Chili, mais à moins d’une baisse de prix, je continuerai d’aller voir ailleurs.

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dimanche 21 février 2010

SAUVIGNON BLANC, AMAYNA, BARREL FERMENTED, 2007, LEYDA, VINA GARCES SILVA


Vina Garces Silva est à mon avis un des meilleurs producteurs du Chili. Un producteur emblématique de ce nouveau Chili vinicole axé sur la production de vins distinctifs et de grande qualité. J’étais donc très intéressé de découvrir ce que leur Sauvignon Blanc de Leyda pouvait donner lorsqu’élevé en barriques de chêne, une pratique encore très rare au Chili. On sait que la plupart des arômes variétaux de ce cépage sont dûs à des molécules soufrées, et que l’oxydation du soufre de ces molécules les rendent inodores. D’ailleurs, les Sauvignons non boisés sont souvent élaborés sous la protection d’un gaz inerte, justement pour préserver ces molécules aromatiques soufrées de l’oxydation. L’élevage en barrique de chêne produit l’effet inverse, par sa légère porosité qui permet une très lente oxydation du vin qu’elle contient. Je m’attends donc à retrouver un vin au profil passablement différent de celui de la version non boisée. Le vin est issus de vignes situées à une douzaine de kilomètres du Pacifique, et dont le rendement est faible, à seulement 30 hl/ha. Le vin est fermenté et élevé pendant un an en barriques neuves de chêne français. Le vin titre à 14.5% d’alcool, pour un pH de 3.25.

La robe est d’une jolie teinte dorée. Le nez est d’une intensité justement dosée et dégage un affriolant mélange d’arômes de fruits tropicaux et d’herbes doucement aromatiques, complété par des notes noix, de miel, de vanille et un aspect légèrement salin. En bouche, le vin est tellement voluptueux qu’il est impossible de parler d’attaque à propos de celui-ci. Le terme caresse est beaucoup plus approprié, et celle-ci est ample et langoureuse. La présence doucement fruitée de ce vin est simplement superbe, c’est riche, c’est rond, c’est gras, ça coule sans effort et c’est d’une superbe qualité. Comme au nez, le profil fruité est sur les fruits tropicaux intenses, aromatisés aux herbes douces, auquel un subtil aspect boisé vient s’ajouter. Le niveau de concentration est clairement supérieur, sur une texture quasi onctueuse. La finale fait penser à une grosse vague bien roulée qui viendrait s’échouer sur une plage de sable fin, et prenant un long moment pour se retirer.

Désolé pour le style métaphorique que ce vin m’a inspiré. Vous comprendrez que c’est sous l’inspiration du moment, et qu’en ce sens, ça demeure probablement très subjectif. Une chose est sûre toutefois, ce vin a solidement frappé une corde sensible chez moi. Je dirais qu’avec le Sauvignon Blanc, Cipreses Vineyard, 2005, de Casa Marin, mais dans un style diamétralement opposé, ce vin est le meilleur blanc du Chili qu’il m’ait été donné de goûter jusqu’à maintenant. Je ne suis pas un adepte du WOW!!! Peut-être parce que je bois trop de vins ordinaires!!... Mais dès le premier abord de ce vin, j’ai vraiment été impressionné. Impressionné par la qualité, bien sûr, mais aussi par le style, et par la nouveauté. Impressionné en tant qu’amateur de vin chilien en me disant: Le Chili est maintenant capable de faire ça! Impressionné par le progrès donc. Ce vin, pour moi, est clairement le symbole d’un pas en avant pour ce pays. Comme je l’ai dit plus tôt, il est tellement différent d’un Sauvignon non boisé et tranchant comme le Cipreses, mais en même temps, il est issu du même cépage et de la même région, et cette différence ne repose pas que sur l’usage de la barrique. C’est l’idée même derrière le vin qui est différente. Donc, pour moi, ça représente un pas en avant dans la qualité, mais aussi, et surtout, dans la diversification stylistique. Ce vin vaut amplement chacun des 29$ demandés, et conforte la haute opinion que j’ai de ce producteur élite. Après le Chardonnay, 2007, déjà disponible, leur Pinot Noir du même millésime fera bientôt sont apparition sur les tablettes de la SAQ.


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samedi 20 février 2010

Début de hiérarchie en Nouvelle-Zélande

Deux journalistes, un britannique et un australien se sont lancés dans une classification des producteurs de Pinot Noir de Nouvelle-Zélande. Le titre évoquant des grands Pinots est toutefois trompeur, puisque que le classement est basé sur les "Estate Wine", les vins de domaine, et non pas les plus grandes cuvées. Toutefois, il est logique de penser que si les cuvées régulières sont bonnes, cela devrait se répercuter plus haut, alors que l'inverse est moins vrai. La tentation de produire un gros vin impressionnant est grande, mais les vrais bons producteurs sont ceux qui ont un souci de qualité à tous les niveaux. Bien sûr, ce n'est qu'un classement, mais il semble que classement et vin vont de pair. On aime les hiérarchies, les notes, on aime parler de petit, de grand, et de très grand. Les bordelais ont tracé la voie depuis longtemps, et cela les a bien servis. Parker a établi son succès sur le même principe. Il faut en prendre et en laisser, mais quand même, ça peut aider à guider les premiers pas de quelqu'un voulant mieux connaître les Pinots de ce pays.

http://www.decanter.com/news/news.php?id=295122



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jeudi 18 février 2010

Syrah, Montes Alpha, 2007 au banc d'essai du magazine CELLIER de la SAQ

C'est avec un sourire en coin que j'ai pris connaissance aujourd'hui, dans le magazine CELLIER de la SAQ (voir lien), des résultats d'un banc d'essai sur les Syrahs du monde. Une dégustation à l'aveugle de 30 vins de Syrah, dont la moitié étaient françaises, et de toutes les catégories de prix. C'est le genre de dégustation que j'adore, tous prix et origines confondus. Je félicite les dégustateurs qui ont eu l'humilité de se prêter à cet exercice. Le sourire en coin m'est bien sûr venu lorsque j'ai vu que la Syrah, Alpha, 2007, Colchagua, Vina Montes, avait obtenu le deuxième rang, face à plusieurs vins beaucoup plus renommés et souvent beaucoup plus chers. Ce résultat a été obtenu avec un panel de dégustateurs francophiles, ce qui ajoute au mérite.

Bien sûr, l'écart entre les vins de tête est faible, et personne ne devrait prendre ce classement comme une vérité absolue. Car contrairement à l'adage, la vérité n'est pas dans le vin. Toutefois, cela montre bien, à mon avis, et encore une fois, que lorsque l'étiquette est cahée, les idées reçues en prennent pour leur rhume. Ça me conforte aussi dans mon approche face au vin, où je tente de faire abstraction du prix et de la renommée des vins que j'achète. J'entends déjà les partisans d'une vision traditionnelle et hiérarchique du vin nous dire que "les grands" étaient défavorisés et que le temps leur rendera justice. Dans certains cas, peut-être, mais personnellement, j'ai souvenir d'une dégustation en pure aveugle où une Syrah chilienne, 1997, de prix modique, qui avait dix ans de bouteille au compteur, avait devancé une Côte-Rotie, 1999, vendue 5 fois plus cher. Tout cela pour dire que les bonnes Syrah chiliennes pourront elles aussi s'affiner avec l'âge et que cet argument n'est pas à sens unique. J'ai d'ailleurs de la Syrah, Alpha en cave, et je compte bien valider cela par l'expérience.

Pour avoir goûté beaucoup de vins de Syrah du Chili dernièrement. Je continue de croire que ce cépage possède un brillant avenir dans ce pays, où il peut être élaboré dans une grande variété de styles. Je parle du futur, mais le présent, malgré le jeune âge des vignes, peut déjà être renversant lorsqu'on arrive à mettre la main sur ce qui se fait de mieux. J'ai goûté une Syrah chilienne de climat frais dernièrement qui m'a fortement impressionné. J'attends d'en ouvrir une deuxième bouteille avant d'en parler ici. Juste pour être sûr que je n'ai pas rêvé tellement c'était bon. Du gros calibre à très bon prix.

Finalement. Je joins le lien vers le troisième et dernier article de Bill Zacharkiw du journal "The Gazette" sur le Chili et ses vins. Celui-ci s'interroge sur la place du Cabernet Sauvignon dans ce pays. Une place, à mon avis, trop grande actuellement, mais une place essentielle, car un bon Cab chilien, comme peuvent l'être ceux de l'Alto Maipo, c'est une véritable force pour l'offre de ce pays.

http://publications.saq.com/doc/MagazineCellier/cellier_printemps2010_fr/2010021501/

http://www.montrealgazette.com/life/food-wine/Chile+cabernet+sauvignon+answer/2582076/story.html


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mercredi 17 février 2010

TORRONTES, 2008, PATAGONIE, INFINITUS


Je n’ai trouvé aucune information sur ce vin élaboré par le même groupe qui produit les vins Fabre Montmayou dans Mendoza. Celui provient de la région du Rio Negro en Patagonie.

La robe est d’une légère teinte or. Le nez est très expressif, exhalant un affriolant mélange d’arômes fruités et floraux, avec entre autres de l’orange, de l’ananas, de la pêche et de la rose. À cela s’ajoute une fine touche miellée et un caractère doucement épicé. Un nez très séduisant, et complexe, ce qui le rend assez difficile à rendre avec justesse en mots. En bouche, le vin montre sa souplesse dès l’attaque. Par la suite, c’est la richesse et la douceur des saveurs qui retiennent l’attention. Un trait d’amertume évoquant le zeste d’agrume tempère un brin les choses, mais le vin reste doux et gras, avec toujours le fruité intense qui domine. Le milieu de bouche continue sur la voie de la rondeur fruitée, avec une bonne concentration de saveurs et du volume. La finale est harmonieuse et d’une longueur très surprenante.

La Patagonie est supposée être une région argentine plus fraîche, mais ce vin prend le contre-pied de cette idée, avec un style riche, rond, aux saveurs fruitées mûres, intenses et douces. Je ne boirais pas ce style de blanc sur la douceur de façon régulière. Mais le premier verre est vraiment très agréable, une véritable friandise. Par la suite, à moins d’aimer la sensation sucrée, il y a un risque de saturation. Toutefois, au-delà du style, la qualité est indéniable, et au prix demandé de 15.75$, ça représente un bel achat. Recommandé si vous appréciez des vins comme les Gewurztraminer alsacien contenant une dose de sucres résiduels.

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dimanche 14 février 2010

SYRAH, RESERVA, 2008, LIMARI, VINA CASA TAMAYA


La vallée de Limari est une région fraîche paradoxalement située au nord du Chili. Cette fraîcheur provient de son exposition directe au Pacifique, en l’absence de cordillère côtière dans cette partie du pays. J’ai dit que Limari était une région fraîche, en fait, le degré de fraîcheur est dépendant de la distance qui sépare les vignobles de la côte. Très à l’intérieur des terres, le climat peut-être aussi chaud que celui de la vallée centrale. Donc, au Chili comme ailleurs, la spécificité géographique est importante. Dans le cas de Tamaya, les vignobles sont situés à environ 20 km de la côte, comparativement à environ 30 km pour Tabali, un autre producteur de Limari, dont la Syrah est offerte au Québec. Donc, Tamaya jouirait en principe de conditions plus fraîches que Tabali. Mais un autre facteur très important dans Limari est la nature du sol. Certaines parcelles peuvent contenir de fortes teneur en calcaire. Pour ce qui est du vin, c’est en fait un assemblage comprenant 5% de Viognier. Il est issu de vignes de 11 ans d’âge, dont le rendement est limité à environ 45 hl/ha. La vendange est manuelle et a lieu tard, selon les standards chiliens, soit lors des deuxième et troisième semaines de Mai. À titre de comparaison, dans la vallée centrale on récolte la Syrah vers la mi-Avril. Ce vin est élevé pendant 9 mois en barriques de chêne, pour la moitié. L’autre moitié est demeurée en inox jusqu’à l’assemblage final. Le vin titre à 13.5% d’alcool et a été collé et filtré.

La robe est bien foncée et très légèrement translucide. Le nez est dégourdi et dégage des arômes de fruits noirs et rouges, évoquant la mûre et la cerise. Cet aspect fruité est complété par des notes de poivre noir, d’épices douces dans le registre du clou de girofle et de lavande. La bouche est ronde, avec un fruité doux et très intense, qui comme au nez est amalgamé à un aspect épicé bien présent. Un trait d’amertume arrive à tempérer quelque peu l’intensité et la douceur du fruit. En milieu de bouche, l’explosion de saveurs fruitées et poivrées se poursuit, avec toute la concentration voulue et un bon volume. Le vin est relativement peu extrait au niveau tannique, et les tanins présents sont doux et veloutés. La finale poursuit dans la voie tracée, et en remet même une couche, avec encore plus d’intensité, et une très bonne allonge.

Voici une Syrah chilienne qui m’a fait penser à une argentine. Ce vin montre un profil général qui, tant au niveau aromatique, que de la structure, me rappelle la Syrah/Bonarda, Crios, de Susana Balbo, qui vient de la région de Mendoza en Argentine. Le style est plutôt du côté Nouveau Monde du spectre stylistique, surtout à cause de l’intensité du fruit, mais certaines caractéristiques du cépage sont bien présentes, comme le caractère poivré. C’est un vin qui offre beaucoup de matière et de concentration, ainsi qu’une longueur franchement renversante pour un vin de ce prix (13.95$). Bien sûr, c’est un vin encore très jeune, mais il possède une matière tellement généreuse, que je suis convaincu qu’il a ce qu’il faut pour une garde d’au moins cinq à sept ans. Une garde qui pourrait selon moi donner des résultats surprenants. J’ai souvent vu des petites bombes chiliennes du genre se métamorphoser avec quelques années en bouteille. Je pense que ce vin est un bon candidat pour réaliser ce type d’exploit. Dans un cas comme celui-ci, il faut simplement oublier le prix, car il est carrément trompeur. Je sais que j’ai l’air d’un vieux disque vinyle où l’aiguille est restée accrochée, mais si ce vin était d’une origine plus reconnue et prestigieuse, il pourrait facilement se vendre le double. Très bel achat.

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vendredi 12 février 2010

Bill Zacharkiw sur le Chili: la suite + Chardonnay, 2007, Amayna


Je joins le lien vers la deuxième partie de la série de trois articles sur le vin au Chili, de la part de Bill Zacharkiw.

http://www.montrealgazette.com/life/food-wine/Understanding+regions+Chile+choosing+right+wines/2556919/story.html


Bill continue de montrer qu'il est le meilleur chroniqueur-vin au Québec. Il aborde un large éventail de sujets, à propos desquels il sait bien vulgariser, tout en ne se contentant pas de rester strictement à la suface de la matière abordée. De plus, au travers de tout cela, il arrive à transmettre sa vision personnelle des choses. Il faut dire que pour moi,  lire un article dans un quotidien québécois qui parle du "Nouveau Chili", et de plusieurs de ces nouveaux producteurs, que je m'évertue à tenter de faire découvrir, fait chaud au coeur. Espérons que quelqu'un à la SAQ lira attentivement ces articles, et que la perception des vins de ce pays évoluera. C'est déjà commencé, la SAQ offre quelques perles, de temps en temps. À titre d'exemple, un des vins que cite Bill, le Chardonnay, Amayna, 2007, Leyda, Vina Garces Silva, est actuellement offert à la SAQ. Bill dit que c'est peut-être le meilleur Chardonnay chilien qu'il ait goûté lors de son voyage. J'ignore si c'est le meilleur Chardonnay du Chili, il y a trop de vins intéressants que je n'ai jamais pu goûter, mais c'est assurément un vin de haute qualité, au profil original, un vin de terroir en fait. Ce vin montre un profil distinctif, et un style propre à la maison. Ça goûte le Amayna. Pour qui n'y a jamais goûté, je sais que ça ne veux rien dire, mais il y dans ce vin quelque chose qui transcande le cépage, quelque chose qui reflète son origine, et la façon dont il a été élaboré. Cette combinaison donne quelque chose d'original. Je viens de boire une bouteille du 2007, et il est fidèle à l'idée que les millésimes 2004 et 2006 m'ont donné de ce vin. Je joins le lien vers mon compte rendu à propos du 2006. Si cela vous inspire, vous retrouverez sensiblement la même chose avec le 2007.

http://levinauxantipodes.blogspot.com/2009/12/chardonnay-amayna-2006-leyda-san.html


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mercredi 10 février 2010

Bill Zacharkiw de retour du Chili

Voici le lien vers le premier article de Bill sur le Chili vinicole, la deuxième partie suivra. L'article est très intéressant et soulève un point majeur à propos du Chili, soit l'importance qu'accorde ce pays à la perception de ses vins dans ses marchés d'exportation. Cette préoccupation constante, étant donné que la grande majorité des vins produits sont exportés, peut être un frein à l'originalité et à la diversité. L'importance des gros scores et des médailles est décuplé, car il n'y a pas de prestige ou de grande tradition pour cautionner ce qui est offert. Si cetains producteurs de Bordeaux sentent le besoin de plaire à des critiques comme Robert Parker, alors imaginez le producteur chilien qui voudrait augmenter ses ventes et le prix de ses vins. La tentation de la recette est encore plus forte. Mais le Chili change, et il pourra changer d'autant plus si la perception à son égard change. Plus il y aura de reconnaissance pour les vins originaux de ce pays, plus les producteurs voudront en produire. Ce mouvement est déjà fermement engagé, et avec toutes ces nouvelles régions et ces très jeunes vignobles, le meilleur est encore à venir.

http://www.montrealgazette.com/life/food-wine/Will+real+Chile+allowed+stand/2530676/story.html


En complément d'information, je joins aussi le lien vers une série de trois articles du britannique Tom Cannavan, abordant le Chili vinicole de Elqui au nord, jusqu'à Bio Bio au sud. Très informatif, avec beaucoup de notes de dégustion.

http://www.wine-pages.com/features/chile-north-to-south.htm


Finalement, un autre lien vers un article de Tony Aspler, un autre membre du jury canadien qui s'est rendu au Chili en janvier dernier. Beaucoup de notes de dégustation là aussi.

http://www.tonyaspler.com/pub/articleview.asp?id=2010&s=5


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mardi 9 février 2010

CABERNET SAUVIGNON, RESERVA, 2006, COLCHAGUA, VINA LAURA HARTWIG


Vina Laura Hartwig est une “boutique winery” familiale, établie au coeur de la vallée de Colchagua, dont la production se limite à 300,000 bouteilles par année. J’ai eu la chance de goûter des vins de ce producteur lors d’une dégustation Californie-Chili pour le journal “The Gazette”. J’avais alors bien apprécié les deux vins de ce producteur, à l’aveugle. Ce Cabernet Sauvignon est issu de vignes de 27 ans d’âge vendangées manuellement. Le vin est élevé pendant 14 mois en barriques de chêne, au trois quart français, le dernier quart étant américain. Le vin est légèrement collé et filtré. La production se limite à 5450 caisses.

La robe est d’une belle teinte rubis foncé, légèrement translucide. Le nez est expressif, dominé par de beaux arômes fruités, desquels la cerise émerge avec clarté. En support on retrouve du bois de cèdre, de l’humus, des épices douces, un soupçon de poivron rouge, et un léger aspect torréfié. Beau nez bien calibré, d’une complexité étonnante, et offrant beaucoup de plaisir. La bouche montre une attaque tout en équilibre, une impression suave se dégage. Le vin est à la fois ample et frais. Les saveurs fruitées, entremêlées d’épices, sont intenses et de très belle qualité, bien supportée par une juste dose d’amertume. Le milieu de bouche montre un surprenant mélange de concentration et de légèreté, le vin est facile à boire et coule sans efforts, aidé en cela par son aspect peu extrait. Les tanins sont discrets et fins. La finale quant à elle ne dévie pas du cap, et conclue de façon intense et harmonieuse, sur une bonne persistance des saveurs aux légers relents chocolatés.

Ce vin a été pour moi une superbe surprise. Le profil aromatique est d’une surprenante qualité, l’équilibre est très bon, et le style peu extrait offre une “buvabilité” de premier ordre. C’est un style de vin que je recherche de plus en plus, sans lourdeur, mais ne manquant de rien. Un vin aux justes proportions, qui se laisse boire. À 13.95$, il s’agissait d’un RQP de haut vol, l’un des meilleurs cabs chiliens que je connaisse à ce prix. Le genre de vin dont on regrette de ne pas avoir acheté une caisse, si ce n’est pas deux. De plus, même s’il est délectable dès maintenant, il possède tout ce qu’il faut pour une moyenne garde positive. Si jamais vous croisez ce vin, n’hésitez pas.

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dimanche 7 février 2010

SAUVIGNON BLANC, SÉLECTION LIMITÉE, 2008, LEYDA, VINA MONTES


Vina Montes est identifié de par ses vins rouges à la vallée Colchagua, mais comme beaucoup de producteurs de la vallée centrale, lorsqu’il est question de vins blanc, il faut migrer vers les nouvelles régions plus fraîches. En ce sens, ce Sauvignon Blanc provient de la fraîche région côtière de Leyda, mais pas d’un vignoble appartenant à Vina Montes. Les raisins sont plutôt achetés, et selon mes lectures, ils proviendraient probablement de Vina Garces Silva, que l’on connaît pour sa gamme d’excellents vins sous étiquette Amayna. Si ce vin est aussi bon qu’un Sauvignon de Amayna, il doit être très bon. Celui-ci est élaboré en inox, sans FML. Il titre à 13.5% d’alcool, sous capsule à vis.

La robes est de teinte jaune pâle aux reflets verdâtres. Le nez module ses arômes avec une certaine retenue, mais on peu tout de même facilement dénoter du pamplemousse, et du zeste de pamplemousse, ainsi que de l’ananas et du fruit de la passion. Le tout est amalgamé à des notes végétales d’herbe coupée et de poivron vert. Une touche minérale saline complète l’ensemble. En bouche, l’attaque est équilibrée, avec un léger gras qui surprend un peu, mais à la réflexion, cela concorde avec l’aspect exotique du caractère fruité. L’aspect végétal perçu au nez se reflète aussi en bouche et forme un mariage heureux avec le fruit. Le milieu de bouche offre une belle concentration, sur un bon volume, avec une saine acidité en accord avec le style préconisé. La finale est longue et harmonieuse, avec une légère pointe d’amertume zestée à la toute fin.

Voici un Sauvignon Blanc chilien qui se donne des petits airs de néo-zélandais, avec son caractère de pamplemousse bien affirmé. C’est peut-être pour cela que Wine Spectator lui a attribué une note de 90, eux qui encensent depuis des années un Sauvignon comme le Kim Crawford. Ce Montes ne tombe pas de ce que je considère comme un excès de la part du Crawford, mais c’est un vin clairement de ce côté au niveau stylistique, bien qu’il ait plus de retenue. Cela dit, au-delà du style, la qualité du vin est indéniable. C’est bon, avec une bonne matière, et ça coule avec plaisir, sans efforts. Ce vin est présentement offert à la SAQ pour seulement 16.70$ . À ce prix, je pense qu’il s’agit d’un très bon RQP dans le contexte de l’offre mondiale pour les vins de ce cépage.

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mercredi 3 février 2010

La maturité croissante du Chili

Avec ce blogue, j'entendais traiter des vins de tout l'hémisphère sud, mais il est clair que le Chili est de loin mon pays favori, et que c'est celui dont je traite le plus ici. Je joins le lien vers un récent article de Anthony Gismondi du Vancouver Sun, qui était un des membres du jury canadien invité au Chili en janvier dernier pour les septièmes "Wines of Chile Awards". Son constat sur la maturité croissante du Chili vinicole me semble très juste. La qualité et la variété sont en hausse, tout comme la conscience de l'importance du terroir, mais le pays ne devrait pas trop s'identifier au Carmenère. C'est un élément original et bienvenu dans l'offre du pays, c'est un bon cépage d'assemblage, mais ce n'est pas son meilleur cépage rouge pour tenir le rôle de soliste.

http://www.vancouversun.com/life/Chile+ripening+reputation/2503597/story.html


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mardi 2 février 2010

CABERNET SAUVIGNON, RESERVE, 2007, MAIPO COSTA, VINA CHOCALAN


Après la Syrah, un autre vin de Vina Chocalan, avec cette fois le Cabernet Sauvignon. Ce vin est en fait un assemblage qui contient aussi 10% de Cabernet Franc. Il est issu de vignes de 10 ans d’âge, cultivées sur la pente d’une colline au sol granitique, et dont le rendement est limité à 45 hl/ha. La vendange est manuelle, et le vinification est effectué dans un chai à écoulement par gravité. FML et élevage d’un an en barriques de chêne français. Le vin est légèrement collé et filtré, et montre un titre alcoolique de 14.5% sur un pH de 3.62..

La robe est foncée et opaque. Au niveau olfactif, l’expression est modérée avec des arômes de fruits noirs de très belle qualité, une légère touche florale, un brin d’épices douces et un léger trait torréfié. Un nez au fruité de belle qualité, où l’influence boisée est minimale. En bouche, l’attaque est équilibrée, pleine et solide, avec une présence fruitée très intense et une base d’amertume solide. Bonne concentration en milieu de bouche, avec une bonne acidité et une matière dense. La structure structure est plutôt compacte et assez ferme, avec une poigne tannique qui se resserre en finale. Finale de bonne longueur avec une amertume chocolatée qui gagne en importance à la toute fin.

Un autre très beau et très jeune vin de Vina Chocalan. Il m’est apparu un peu plus abordable que la Syrah à ce stade précoce de son évolution, mais le meilleur est définitivement à venir. Son profil aromatique le distingue clairement de ses contreparties plus connues du reste de la grande région de Maipo. L’effet du terroir différent de Maipo Costa est palpable, en particulier avec l’absence d’arômes de cassis et de menthol que j’associe aux jeunes Cabs des zones plus traditionnelles de Maipo. Beau vin donc, plein de potentiel pour une garde d’au moins 5 à 7 ans, et un bon achat, même au prix IP de 19.30$.

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