dimanche 24 janvier 2010

Le vin ennuyant.

Mon titre est ma traduction libre de l’expression anglaise “boring wine”. En français, cette notion n’existe pas de façon aussi claire et répandue. L’approche semble plus tranchée, le vin est bon ou mauvais, et l’ennui est considéré comme une mauvaise chose. Ce qui se rapproche le plus du “boring wine” est le fameux “vin sans vice ni vertu”. On peut aussi aborder la chose en se disant que si un vin n’est pas perçu comme excitant, c’est déjà qu’il est un peu ennuyant.

Bien sûr, l’excitabilité dépend de la sensibilité du sujet exposé. Au fil de mes lectures, j’ai remarqué que cette notion de “boring wine” est surtout présente chez les professionnels du vin, et chez les amateurs passionnés. Cela est un peu compréhensible, ces gens sont exposés à beaucoup de vins assez rares, souvent onéreux et de grande renommée. Des vins qui sont aussi souvent de très grande qualité. Quand il est ensuite question de déguster des vins plus courants, il est un peu normal qu’ils soient plus difficilement impressionnables. Malgré toute la bonne volonté possible, l’état d’esprit n’est forcément pas le même. Aussi, il suffit d’avoir participé à des dégustations intensives pour savoir que l’effet de saturation joue un rôle. Après le dixième vin du même cépage, en quelques minutes, il est difficile de percevoir des nuances et encore plus d’être vraiment excité. Au-delà de ces considérations, pour certains chroniqueurs et amateurs, il y a aussi l’aspect philosophique derrière l’élaboration et l’origine, qui peuvent confiner certains vins à la catégorie ennuyante. Un vin venant d’un gros producteur qu’on pourrait qualifier d’industriel, mais de très belle qualité, au profil propre, passera à la trappe, alors que le vin à la limite du défectueux, d’un point de vue oenologique strict, mais venant d’un petit producteur qui parle de vérité du terroir à toutes les deux phrases sera considéré par ceux-ci comme intéressant.

Comprenez-moi bien. Le mauvais vin existe, et l’ennuyant aussi. Il est vrai que plus on progresse dans le monde du vin, plus on est susceptible à l’ennui face à certaines bouteilles. Toutefois, à mon avis, il faut se méfier du piège de la condescendance. Il faut tenter de se rappeler les débuts de notre relation avec ce liquide captivant pour bien mettre les choses en perspective. Il faut se rappeler que les vins qu’on pourraient peut-être regarder de haut aujourd’hui, sont souvent du niveau de ceux qui ont suscité notre intérêt pour le vin au départ. Si c’est le cas, c’est qu’ils devaient bien avoir une ou deux qualités. L’idée ne pas de dire que tout est bon et excitant, simplement se souvenir que l’ennui peut souvent venir du dégustateur, plutôt que du vin.

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