dimanche 31 janvier 2010

SYRAH/CABERNET SAUVIGNON, NINQUÉN, 2006, COLCHAGUA, MONTGRAS PROPERTIES



J’avais raté ce vin lors du premier arrivage de l’automne dernier à la SAQ. Cela m’avait déçu, car il avait été un de mes favoris parmi les vins goûtés lors de la dégustation organisée l’automne dernier par Vins du Chili. Ce 2006 est marqué par un changement majeur par rapport trois premiers millésimes de ce vin. La Syrah entre en force dans la composition de celui-ci, qui était auparavant fortement dominé par le Cabernet Sauvignon. En fait, sur certains millésimes, c’était un pur Cabernet. Celui-ci est maintenant relégué à un rôle de soutien, et la Syrah tient l’avant-scène avec les deux tiers de l’assemblage. Encore une fois, la recette Paul Hobbs est appliquée à ce vin, de longues macérations, avant et après la FA, et un élevage ambitieux de 21 mois en barriques de chêne (80% français, 20% américain, 80% neuves, 20% de deuxième usage). Le vin n’est pas collé ni filtré, et titre à 14% d’alcool selon l’étiquette, mais à 14.8% selon la fiche technique. Qui dit vrai? Redoutant la jeunesse de ce vin, je l’ai passé en carafe 30 minutes, et remis en bouteille pour service le lendemain.

Sans surprise, la robe foncée est impénétrable. Le nez montre une belle classe dès le premier abord, avec des arômes de cerises et de cassis, de bois de cèdre, d’encens et d’épices douces. Superbe nez, pas le plus complexe à ce stade hâtif, mais la qualité du fruit et du boisé est évidente. Fort potentiel. L’aspect raffiné de ce jeune vin est aussi facilement perceptible en bouche. L’attaque est équilibrée et d’une belle amplitude, mais sans débordements. Comme au nez, la qualité du fruit et de l’aspect boisé est notable, et le mariage entre les deux est très réussi. Une bonne dose d’amertume supporte l’ensemble. Le milieu de bouche montre un vin bien concentré, solide, à la matière dense et aux tanins qui savent allier finesse et poigne. La finale est intense et longue, avec des relents amers de chocolat noir et des tanins qui se resserrent.

Un autre rouge chilien qui confirme la force de ce pays dans la gamme de prix entre 20$ et 30$. Difficile de battre ce vin en terme de qualité pour le prix auquel il est offert (26.45$). Il serait californien qu’on en demanderait au moins le double. Soyez certain que si Paul Hobbs produisait ce vin dans Napa, il ne serait pas vendu à ce prix. Bon. Au-delà de ces considérations, j’ai trouvé, sans surprise, que ce vin était encore sur un profil très jeune. Il ne montre aucune trace d’évolution. Ceci dit, pour qui aime ses vins sur ce type de profil, avec le boisé encore bien présent, ou pour qui n’a pas la patience ou la possibilité de garder du vin. Un passage en carafe et une remise en bouteille pour le lendemain permettent de déjà bien jouir de ce vin, même si ça demeure un peu d’un bloc. Aussi, malgré le passage majoritaire à la Syrah dans l’assemblage, j’ai trouvé que le vin faisait tout de même Cabernet. Je n’y ai pas trouvé de caractéristiques évoquant clairement la Syrah. Peut-être parce que je bois de plus en plus de vins de ce cépage venant de climats frais, ce qui n’est pas le cas de ce vin qui vient du coeur de la chaude vallée de Colchagua. Ceci dit, ce Ninquén ne pêche pas par lourdeur, ni par surmaturité et douceur excessive de son fruit. C’est un très bel achat, et il est facile de comprendre les éloges qu’il s’est attiré jusqu’à maintenant. Ce deuxième arrivage ne devrait pas trop traîner sur les tablettes lui non plus.

vendredi 29 janvier 2010

TEMPRANILLO, Q, 2006, MENDOZA, FAMILIA ZUCCARDI


Familia Zuccardi, c’est le producteur de la fameuse gamme de vins à bas prix “Fuzion”. Pas du grand nectar, bien sûr, des vins dont les snobinards de la bouteille aiment rire, mais qui se vendent, et demeurent, quoi qu’on en dise, une histoire à succès inégalée à la SAQ. Si Zuccardi arrivent à faire des vins potables pour si peu, on pourrait penser que pour plus cher (19.60$), ils pourraient produire de bien belles choses. Selon mon expérience, avec la gamme “Q”, ils y arrivent très bien. J’ai donc décidé de vérifier si c’est toujours vrai avec ce pur Tempranillo issu de vignes de plus de 30 ans et élevé pendant 12 mois en barriques neuves de chêne américain. Le vin titre à 14% d’alcool, et le producteur parle d’un potentiel de garde de 10 ans pour celui-ci. Nouvelle étiquette pour ce vin, qui à mon goût a changé pour le pire. J'espère que ce ne sera pas le cas pour ce qui est du contenu de la bouteille.

Le robe est sombre et opaque. Le nez est bien dosé, avec des effluves de fruits noirs, de vanille et autres épices douces, de caramel et de torréfaction. L’aspect boisé est bien présent, mais ça ne masque pas le fruit qui tient tout de même le premier rôle. En bouche, le vin est surprenant de droiture et de compacité, compte tenu de son origine. On y retrouve un reflet fidèle de ce qui était perçu au nez, mais avec une bonne dose d’acidité, et une légère amertume qui vient balancer un doux et intense fruité. Le milieu de bouche confirme la droiture déjà évoquée, cette impression étant confortée par l’aspect resserré de la trame tannique, qui se montre par ailleurs d’une belle finesse. La finale est solide et intense, sur une longueur de bon calibre.

Comme quoi il ne faut jamais se fier aux étiquettes, et juger par soi-même. Beau vin argentin qui avec son boisé américain vanillé, et bien sûr son cépage, n’est pas sans évoquer un peu l’Espagne, tout en demeurant argentin. C’est le genre de vin évitant l’excès et qui va à l’essentiel dans son style, privilégiant la qualité aromatique et les justes proportions, à la concentration à tout prix, au gros volume et au boisé dominant. Il est déjà agréable, mais quelques années de bouteille devraient le rendre encore meilleur. Avec Catena, O. Fournier et Weinert, les vins de la gamme “Q” de Zuccardi sont parmi les rouges argentins que je n’hésite pas à mettre en cave. Je sais d’expérience que ça évolue bien. Du beau vin à prix abordable.

*

mardi 26 janvier 2010

SYRAH, RESERVE, 2007, MAIPO COSTA, VINA CHOCALAN




Vina Chocalan est un nom encore peu connu au Québec, même si son meilleur vin rouge, l’assemblage, Gran Reserva, a été offert en faible quantité lors de ses trois premiers millésimes, commençant avec le 2004. Le 2006 vient de disparaître des succursales Signature de la SAQ en un rien de temps. J’ai pu me procurer ce vin de Syrah, par le biais de l’importation privée. C’est un 100% Syrah, issu de vignes de 11 ans d’âge dont le rendement est limité à environ 40 hl/ha. Les vendanges sont manuelles avec égrappage et macération à froid pendant 5 jours. Il n’y a pas de pompage, tous les transferts se font par gravité. La FML et un élevage de 12 mois ont lieu en barriques de chêne, divisées à parts égales entre le bois français et américain, et dont la moitié sont neuves et l’autre moitié de second usage. Le vin est collé et filtré et titre à 14% d’alcool pour un pH de 3.75.

La robe est dense, sombre et opaque. Le nez est frais et bien calibré. Il dégage de beaux arômes de fruits rouges et noirs, de poivre noir, d’herbes aromatiques et d’épices douces, l’ensemble étant complété par une touche de fumée et un aspect floral évoquant la lavande. Très beau nez, fidèle à l’idée que je me fais de ce cépage lorsqu’il est appelé Syrah. En bouche, l’attaque est souple et équilibrée, avec une bonne matière fruitée, appuyée sur une amertume assez marquée qui donne au vin un air un peu sévère. Les tanins très souples en attaque, gagnent du mordant en milieu de bouche, où on peut aussi constater un bon niveau de concentration, sur une structure assez compacte et assez ferme. L’équilibre se perd un peu en finale, avec l’amertume qui gagne un cran encore en intensité, sur une bonne longueur.

Beau jeune vin de Syrah, montrant un profil typique du cépage, et une bonne matière, bien qu’il soit un peu austère à ce stade initial de son évolution, surtout en fin de bouche. Les tanins ont besoin de s’assagir et le bois de mieux s’intégrer, mais le fruit de qualité est là pour pouvoir absorber tout cela avec le temps. Il me reste sept bouteilles. J’aurai donc tout le loisir de suivre son évolution. J'ai confiance. À 19.30$ la bouteille, c'est un bon achat.

*

dimanche 24 janvier 2010

Le vin ennuyant.

Mon titre est ma traduction libre de l’expression anglaise “boring wine”. En français, cette notion n’existe pas de façon aussi claire et répandue. L’approche semble plus tranchée, le vin est bon ou mauvais, et l’ennui est considéré comme une mauvaise chose. Ce qui se rapproche le plus du “boring wine” est le fameux “vin sans vice ni vertu”. On peut aussi aborder la chose en se disant que si un vin n’est pas perçu comme excitant, c’est déjà qu’il est un peu ennuyant.

Bien sûr, l’excitabilité dépend de la sensibilité du sujet exposé. Au fil de mes lectures, j’ai remarqué que cette notion de “boring wine” est surtout présente chez les professionnels du vin, et chez les amateurs passionnés. Cela est un peu compréhensible, ces gens sont exposés à beaucoup de vins assez rares, souvent onéreux et de grande renommée. Des vins qui sont aussi souvent de très grande qualité. Quand il est ensuite question de déguster des vins plus courants, il est un peu normal qu’ils soient plus difficilement impressionnables. Malgré toute la bonne volonté possible, l’état d’esprit n’est forcément pas le même. Aussi, il suffit d’avoir participé à des dégustations intensives pour savoir que l’effet de saturation joue un rôle. Après le dixième vin du même cépage, en quelques minutes, il est difficile de percevoir des nuances et encore plus d’être vraiment excité. Au-delà de ces considérations, pour certains chroniqueurs et amateurs, il y a aussi l’aspect philosophique derrière l’élaboration et l’origine, qui peuvent confiner certains vins à la catégorie ennuyante. Un vin venant d’un gros producteur qu’on pourrait qualifier d’industriel, mais de très belle qualité, au profil propre, passera à la trappe, alors que le vin à la limite du défectueux, d’un point de vue oenologique strict, mais venant d’un petit producteur qui parle de vérité du terroir à toutes les deux phrases sera considéré par ceux-ci comme intéressant.

Comprenez-moi bien. Le mauvais vin existe, et l’ennuyant aussi. Il est vrai que plus on progresse dans le monde du vin, plus on est susceptible à l’ennui face à certaines bouteilles. Toutefois, à mon avis, il faut se méfier du piège de la condescendance. Il faut tenter de se rappeler les débuts de notre relation avec ce liquide captivant pour bien mettre les choses en perspective. Il faut se rappeler que les vins qu’on pourraient peut-être regarder de haut aujourd’hui, sont souvent du niveau de ceux qui ont suscité notre intérêt pour le vin au départ. Si c’est le cas, c’est qu’ils devaient bien avoir une ou deux qualités. L’idée ne pas de dire que tout est bon et excitant, simplement se souvenir que l’ennui peut souvent venir du dégustateur, plutôt que du vin.

*

samedi 23 janvier 2010

QUATRO, 2007, COLCHAGUA, VINA MONTGRAS



Le goupe Montgras est installé dans la vallée de Colchagua, mais a des activités plus vastes sous d’autres étiquettes au Chili, soit Ninquén, aussi dans Colchagua, Amaral sur la côte, dans San Antonio, et Intriga pour un rouge unique dans Maipo. L’étiquette de base Montgras regroupe les vins de prix plus abordables du groupe, et cette cuvée Quatro, malgré son faible prix, trône au somment de la hiérarchie. Le nom de ce vin pointe vers son assemblage assez inorthodoxe, composé de quatre cépages, soit le Cabernet Sauvignon (30%), le Malbec (30%), le Carmenère (25%), et la Syrah (15%). Malgré l’appellation Colchagua, le Carmenère provient de Maipo. Les raisins entrant dans ce vin sont issus de jeunes vignes de 7 à 9 ans d’âge. 70 % du vin a été élevé pour 12 mois en barriques de chêne, 90% français et 10% américain. 82% de ces barriques étaient neuves, le reste de second usage. Le vin titre à 14.5% d’alcool sur un pH de 3.50.

La robe est bien sombre et opaque. Le nez est assez retenu, mais d’une élégance surprenante, exhalant des arômes fruités mêlant le rouge et le noir. De ce mélange exquis, la cerise est facilement identifiable. Pour compléter l’aspect fruité dominant, on retrouve des notes de sous-bois étonnantes dans un vin si jeune, un peu d’épices douces, et un très léger côté torréfié. En bouche, l’équilibre se révèle dès l’attaque, sur une matière à la fois généreuse et assez compacte. Ce qui était perçu au nez se reflète assez fidèlement en bouche, où une bonne dose d’amertume vient équilibrer l’intensité du fruit. Le milieu de bouche est bien concentré, avec une bonne présence, sur une trame tannique souple qui se fait bien sentir. La finale est riche et fondue, les saveurs y gagnent un cran en intensité, sur une persistance de bon niveau.

Ce vin fut pour moi une agréable surprise. J’avais des attentes modérées à son sujet, et il les a facilement dépassées. J’ai bu la deuxième moitié de la bouteille, gardée en demie bouteille pleine, quatre jours après l’ouverture, et c’est à ce moment que le vin était à son meilleur, mieux intégré, plus fondu, sans traces d’oxydation. Selon mon expérience, c’est le type de rouge chilien de prix modeste qui pourrait donner des résultats très favorables pour une garde d’environ 5 ans. Au prix de 15.95$, il s’agit d’un très bon RQP. Le bon Jay Miller de Wine Advocate a octroyé une note de 89+ à ce vin. À un poil du “Outstanding”!!! Voilà le genre de chose qui devrait interpeller ceux qui s’ébaubissent devant la Chocalan, Gran Reserva Blend, 2006, qui n’a obtenu qu’un 90 de ce même critique. C’est soit la preuve que ce Quatro est purement extraordinaire pour son prix, ou bien ça démontre les limites d’un dégustateur qui applique le système de notation sur 100. Je goûterai le Chocalan bientôt. J’ai bien hâte de voir par moi-même de quoi il en retourne. Restez branchés ici pour la suite!!!

*

mercredi 20 janvier 2010

SAUVIGNON BLANC, MIRADOR SELECTION, 2008, CASABLANCA, WILLIAM COLE





Ce vin est le petit frère du Sauvignon Blanc, Alto Vuelo, de William Cole, le vin ayant en quelque sorte provoqué la création de ce blogue. J’en profite pour saluer et remercier tous les lecteurs. Sans vous j’aurais déjà mis un terme à l’aventure. Je reprends donc ici la petite intro que je faisais alors de ce producteur. William Cole, originaire du Wyoming, a fait fortune avec une entreprise de logiciel au Colorado et est maintenant producteur de vin dans Napa en Californie et dans Casablanca au Chili. Un grand vignoble de 130 hectares a été planté en 1998 dans le coeur de la région de Casablanca, mais plusieurs erreurs furent commises en cours de route, comme planter du Carmenère, cépage à maturation tardive, dans une région trop fraîche pour celui-ci. Depuis, du Sauvignon Blanc a été greffé sur les pieds de Carmenère, tout comme de meilleurs clones de Pinot Noir. Finalement, dix ans plus tard, les bons résultats commencent à arriver pour William Cole, qui produit aussi des vins provenant de d’autres régions du Chili, élaborés avec des raisins achetés. Toutefois, le focus principal est sur l’exploitation de Casablanca, avec le Sauvignon Blanc, le Chardonnay et le Pinot Noir, comme point de mire. Dans le cas de cette cuvée Mirador, il s’agit du Sauvignon Blanc d’entrée de gamme de la maison. Les clones 107 et 242 sont utilisés, avec vendange manuelle et des rendements assez élevés de 70 hl/ha. La fermentation a lieu en inox, et le vin ne voit pas le bois. Il titre à 13% d’alcool.

La robe est d’une teinte jaune pâle aux reflets verdâtres. Le nez est bien dégourdi, exprimant des arômes de citron, complétés par un peu de pamplemousse et un caractère végétal évoquant l’herbe coupée. Simple, mais de belle qualité. Ça se poursuit en bouche sur une attaque équilibrée, montrant une bonne vivacité. Le citron domine, avec une bonne intensité, bien agencé avec un léger caractère végétal, et un trait d’amertume évoquant le zeste d’agrume. Le milieu de bouche est sans faille, le vin est de bonne tenue, avec un niveau de concentration plus que décent. La finale garde le cap sans problème, sur une longueur étonnante.

Le style citronné de l’Alto Vuelo se retrouve dans ce Sauvignon Blanc de William Cole. C’est un vin sans grande prétention, mais il livre tout ce qu’on peut espérer d’un vin de ce cépage offert à ce prix (13.95$), et même plus. Le style de la maison penche définitivement vers l’archétype ligérien plutôt que le néo-zélandais. J’aimerais bien goûter la cuvée phare de la maison, appelée simplement “Bill”, et élevée en barriques de chêne. Je n’ai encore goûté aucun Sauvignon Blanc chilien élevé en barrique. Il y en a un qui s’en vient ici pour bientôt.

*

mardi 19 janvier 2010

SYRAH, CORRALILLO, 2007, SAN ANTONIO, MATETIC




Matetic est un de ces producteurs totalement axés sur la qualité, installés dans de nouvelles régions, et qui sont en train de redéfinir l’identité du Chili vinicole. Dans le cas de Matetic, on a vraiment la totale, région côtière fraîche, biodynamie, chai de vinification à flot gravitationnel. Pour ce qui est de cette Syrah, Corralillo, deuxième étiquette de la maison, elle est issue de raisins de jeunes vignes, provenant de trois parcelles au caractéristiques de sol et expositions distinctes. Les rendements ne dépassent pas le kilo par plant de vigne, et les vendanges manuelles ont eu lieu tard, dans les deuxième et troisième semaines de mai. Le vin passe un an en barriques de chêne français où s’effectue la FML. Le vin titre à 14% d’alcool pour un pH de 3.50.

La robe est bien sombre et ne se laisse pas traverser par la lumière intense. Le nez module de façon bien dosée des arômes de fruits rouges et noirs, auxquels s’amalgament des notes de poivre noir, de fumée, de viande, de lavande et d’épices douces. Beau nez bien agréable et typique de ce que donne généralement ce cépage en climat frais. La bouche montre une attaque fraîche et bien équilibrée. Le vin est de structure assez compacte et le fruit éclatant est relevé par une acidité bien perceptible. Un caractère épicé et viandé, ainsi qu’une touche fumée viennent enrichir la palette des saveurs. Belle tenue en milieu de bouche, c’est bien droit, concentré à souhait, avec toujours cette fraîcheur qui ajoute de l’intensité et de l’éclat au fruit. La trame tannique est fine et veloutée, mais gagne tout de même un peu de poigne en fin de bouche, où l’allonge est de très bon niveau.

Voici un superbe vin de Syrah, frais et expressif, qui malgré son jeune âge procure déjà beaucoup de plaisir. J’ai vraiment adoré ce vin dont la qualité était évidente à chaque gorgée. Le vin rend une expression pure du cépage. Ici, on n’a pas joué avec les fermentations pour se rendre intéressant. Le vin est propre, les saveurs et les arômes intenses et éclatants, fidèles reflets, à mon sens, de ce que le raisin, et le terroir dont il est issu, avaient à donner. Du beau travail, bien fait. Même si ce vin est actuellement délectable dans ses habits de jeunesse, je ne doute pas que le temps puisse le faire évoluer de façon intéressante. Pour le prix payé de 23$ la bouteille, il s'agit d'un superbe achat, et une façon abordable de découvrir le visage changeant du vin chilien.

*

dimanche 17 janvier 2010

CHARDONNAY, SWAN BAY, 2008, VICTORIA, SCOTCHMANS HILL



Ce vin est le Chardonnay d’entrée de gamme de ce très bon producteur australien axé sur la production de vins de climat frais. Ce vin est un assemblage élaboré avec des fruits provenant de différents vignobles de la région de Victoria. Je n’ai pas les détails précis pour le millésime 2008, mais 70% des raisins entrant dans cette cuvée sont habituellement fermentés et élevés pour 6 mois en barriques de chêne français, le reste demeurant en inox jusqu’à l’assemblage final.

La robe est d’une légère teinte dorée. Le nez exhale avec modération des arômes de citron, de pêche, complétés par un peu de poire, une touche de vanille, du miel et des noix. En bouche, le vin se révèle équilibré, avec une bonne amplitude. La matière est savoureuse et d’une bonne richesse. Le vin rempli bien la bouche, avec un bon niveau de concentration. Ça coule bien, c’est agréable à boire et la finale est harmonieuse, longue et de bonne intensité.

J’ai bien aimé ce vin. Oubliez le cliché tropical souvent associé aux Chardos australiens. Dans ce cas-ci, c’est à la fois frais, typique du cépage, mais avec quand même une bonne richesse et une bonne présence en bouche. Beau vin d’entrée de gamme pour Scotchmans Hill, offert à un bon prix (19.05$). J’ai l’ai trouvé d’un niveau similaire au Chardonnay d’entrée de gamme de Coldstream Hills, dont j’ai déjà parlé sur ce blogue, mais il est vendu 9$ de moins, ce qui en fait un bon RQP.

*

samedi 16 janvier 2010

CABERNET FRANC, 2007, CASABLANCA, LOMA LARGA



Après le Malbec et l’assemblage à dominante Syrah, Rapsodia, je complète mon trio de vins de Loma Larga issus de l’excellent millésime 2007. Comme pour les deux vins précédents, je m’attends à découvrir un vin bien trop jeune, mais la curiosité l’emporte. Le producteur lui-même recommande une garde minimale de trois ans pour ce vin, mais même si je sais que le plaisir ne sera pas optimal, j’aime bien aborder un vin destiné à la gade à ce stade précoce, ça m’aidera à mieux en comprendre l’évolution. C’est de l’expérience importante pour quelqu’un qui s’intéresse à la garde du vin, et ça en constitue un des plaisirs, même si celui-ci est plus intellectuel que sensuel. Pour ce qui est de ce Cabernet Franc, il est produit en petite quantité (1100 caisses). Il est issu de vignes plantées en 2001, dont le rendement a été maintenu à environ 40 hl/ha. La vendange fut très tardive, ayant été effectuée du 15 au 30 mai. Cela est sûrement un des facteurs expliquant la très bonne maturité des fruits obtenus, et le taux d’alcool de 14.8% qui en découle. Vendange manuelle, triage strict des fruits, égrappage et macération à froid font partie du processus d’élaboration pré-fermentaire. Le vin a été élevé en barriques de chêne français (60% neuves), le reste étant de deuxième usage, pendant 14 mois, avec un usage modéré de sulfites. Le vin montrait un très fort dépôt pour un vin si jeune, ce qui me laisse croire qu’il n’a pas été collé, ni filtré. J’ai bu le vin à parts égales sur deux jours, en gardant la deuxième moitié en demie bouteille pleine.

La robe est très foncée et parfaitement opaque. Le nez est sur la retenu, assez simple à ce stade, mais avec une bonne profondeur. Le fruité rouge et noir de très belle qualité domine avec de la framboise et un peu de cassis. Le tout est agrémenté par un soupçon d’épices douces, un trait d’humus et un aspect boisé non torréfié très délicat. En bouche, l’attaque est pleine, vive et très intense. C’est à la fois volumineux et ferme, avec une présence tannique imposante et robuste. Les saveurs sont littéralement explosives, avec le fruité qui domine à ce stade précoce. Le milieu de bouche révèle un niveau de concentration très élevé, avec une matière très riche et dense et toujours cette masse tannique imposante. La finale est vraiment très intense, sur une longueur de très fort calibre.

Ce vin est une bête sauvage, avec ce que ça peut avoir d’impressionnant, mais ça le rend, bien sûr, difficile d’approche à ce stade. C’est actuellement un vin qui pour moi est difficile à boire, tellement il est intense et chargé en matière. Seul le temps saura peut-être l’apprivoiser. Je suis assez confiant à ce sujet car il possède tout ce qu’il faut. C’est une matière brute qui demande à être polie et affinée. Bien sûr, les amateurs de sensations fortes pourraient y trouver leur compte dès maintenant. Patricio Tapia, du guide chilien Descorchados, a donné une note de 93 à ce vin et le voit parmi les meilleurs rouges du pays. Je comprends pourquoi, car la qualité et le potentiel sont là, mais pour moi, le réel plaisir est encore à venir. Aussi, avec ce troisième vin de Loma Larga, je peux clairement distinguer un style propre à la maison, surtout entre le Malbec et le Cabernet Franc. L’oenologue en chef de la maison est français et cela transparaît dans le style des vins, bien qu’à cause de la richesse, ça me rappelle plus l’Espagne que la France. Pour conclure, simplement dire que ce vin est offert pour seulement 23$ en Ontario. Compte tenu du potentiel, ça m’apparaît comme une superbe aubaine, même si ça reste un pari. En fait, ce qui est particulier, c’est que si ce vin se vendait 60$, il semblerait moins risqué. C’est surtout son faible prix qui suscite le doute. Je ne connais pas de vin de ce prix avec autant de matière de qualité. Comme quoi en matière de vin le prix joue toujours un rôle, qu’on le veuille ou non. Première réponse dans cinq ans.


*

jeudi 14 janvier 2010

VIOGNIER, SINGLE VINEYARD, 2009, RAPEL, ANAKENA


Anakena est un autre de ces nouveaux producteurs chiliens privilégiant la qualité et le terroir. Ils sont installés dans la vallée de Rapel, plus précisément dans l’Alto Cachapoal, mais possèdent aussi deux autres vignobles dans cette région, soit un plus à l’ouest, près de Peumo, aussi dans Cachapoal, et un autre sur la colline de Ninquén dans Colchagua. Pour compléter le tout, ils ont aussi pris le virage côtier avec un vaste vignoble dans Leyda. Ce vin de Viognier a été fermenté et élevé pour le quart en barriques de chêne pendant quatre mois. Les raisins sont récoltés à divers niveaux de maturité dans le but de produire un vin plus complet, à la palette aromatique plus large.

La robe est de teinte pâle, légèrement dorée. Le nez révèle avec une juste intensité des arômes tropicaux d’ananas, de mangue, et de banane, avec aussi un peu de pêche et un trait de pamplemousse. Le tout étant complété par un aspect floral et légèrement épicé. En bouche, l’attaque est équilibrée, avec une bonne acidité pour un vin de ce cépage. C’est donc assez vif et cela contribue à l’intensité de l’expression fruitée. Le milieu de bouche montre une bonne matière et une bonne concentration de saveurs, sur un corps moyen et un volume modéré. Le vin coule agréablement vers une finale intense et harmonieuse, montrant une touche d’amertume et une longueur clairement au-dessus de la moyenne.

Très beau vin de Viognier dans un style plutôt vif et restreint pour ce cépage généralement assez expansif. C’est un vin qui année après année se mérite des éloges, et ma foi, c’est vraiment bien mérité. Il est offert en Ontario pour aussi peu que 12.95$, ce qui en fait à mon sens un RQP hors de l’ordinaire.

http://online.wsj.com/article/SB10001424052748704017904575409231069472388.html?mod=WSJ_LifeStyle_Lifestyle_6


*

dimanche 10 janvier 2010

SYRAH, RESERVA, LIMITED EDITION, 2003, ALTO MAIPO, VINA PEREZ CRUZ




Après une revue de plusieurs Chardonnays chiliens, j’ouvre ces temps-ci plusieurs vins chiliens à base de Syrah, comme le Rapsodia de Loma Larga dont je traite dans mon message précédant. Tous ces vins sont bien jeunes, donc, pour mettre un peu de perspective dans mon exercice, j’ai ouvert une Syrah de l’Alto Maipo avec un peu d’âge pour voir comment elle se présente à ce stade. Ce vin est en fait un assemblage puisqu’il contient aussi du Carmenère (5.5%) et du Cabernet Sauvignon (4%). Le vin a été élevé 14 mois en barriques de chêne. Ce n’était alors que le deuxième millésime de cette cuvée.

La robe est toujours bien sombre, mais se laisse quelque peu pénétrer par la lumière. Le nez est discret, mais révèle tout de même des arômes de fruits noirs, un brin évolués, un peu de cerises, ainsi qu’un petit côté évoquant les raisins secs. Le tout est complété par un léger aspect terreux, des notes de fumée et un soupçon d’épices douces. En bouche, c’est très beau, équilibré et surprenant de retenu. On goûte le caractère légèrement évolué teintant des saveurs fruitées de très belle qualité, amalgamées à des notes finement épicées et avec toujours ce côté légèrement terreux en arrière-plan. C’est dense, compact et bien concentré, mais sans lourdeur, ni excès. La finale poursuit dans la même veine, avec les saveurs qui se fondent encore un peu plus, sur une bonne persistance révélant un peu plus d’amertume.

Ce vin m’a enchanté en sachant allier la finesse à un bon niveau de concentration. Il m’a aussi fortement surpris, par la rapidité de son évolution. Il s’est montré sous un jour très différent de ce qu’il était en prime jeunesse. À vrai dire, le vin s’est métamorphosé, en perdant de son gras et de son volume, et en voyant sa palette aromatique se transformer du tout au tout. Disparus les arômes primaires de la jeunesse, autant au niveau du fruité que du boisé. Le fruit est toujours bien présent, l’influence boisée aussi, mais dans une moindre mesure, mais la nature de ceux-ci s’est transformée. Ce phénomène est difficile à verbaliser. Lorsque j’évoque les raisins secs et l’aspect terreux, c’est une tentative très imparfaite et incomplète de mettre des mots sur cette sensation d’évolution. J’ai ouvert cette bouteille à un moment heureux, mais franchement, je suis embêté pour ce qui est de la suite. Il me reste quatre bouteilles de ce nectar, et sa courbe d’évolution me semble rapide. Bien sûr, je pourrais me précipiter et les ouvrir toutes très rapidement, pour jouir de sa forme actuelle. Mais en même temps, je suis curieux, et un des plaisirs de la garde réside dans les chances qu’on se donne de connaître la suite. Disons que je vais probablement resserrer l’intervalle d’ouverture des bouteilles à venir et ajuster selon ce que ça donnera alors. Le côté difficilement prévisible de l’évolution du vin ne fait-il pas une partie de son charme?


*

jeudi 7 janvier 2010

RAPSODIA, 2007, CASABLANCA, LOMA LARGA



Loma Larga est un producteur de la nouvelle vague chilienne axée sur la qualité et le terroir. J’ai déjà parlé sur ce blogue de leur excellent Malbec, je parlerai aussi bientôt de leur Cabernet Franc, mais cette fois-ci il est question de leur vin le plus ambitieux, le Rapsodia, un assemblage à forte dominante de Syrah (70%), complété par du Malbec (25%) et un peu de Cabernet Franc (5%). C’est un vin élaboré d’une façon particulière qui illustre bien ce qui se passe chez les producteurs de pointe du Chili. Les lecteurs de FDV se rappellent sûrement du Girolate, un vin d’appellation générique Bordeaux, issu de l’Entre-Deux-Mers, mais vendu à fort prix. Ce Rapsodia est élaboré de façon similaire au Girolate, avec le système de supports pivotants pour barriques “Oxoline”. Toute l’élaboration a lieu en barrique de chêne français neuf de 400L, par gravité, sans pompage. Le remontage a lieu en tournant la barrique sur son support. L’utilisation de barriques de plus fort volume a pour but de limiter l’apport boisé, et les fermentations directes en barriques(alcoolique et malolactique), ont pour but une meilleure intégration de ce même boisé. Le vin titre à un fort 15.2% d’alcool, ce qui est surprenant pour l’appellation Casablanca, et qui laisse supposer que les vignes jouissent d’un micro-climat plus chaud. Je suis curieux de voir de quoi il en retourne avec ce vin intriguant.

La robe est très foncée, imperméable à la lumière. Le nez est frais et intense, dominé par des arômes fruités de cassis et de cerises, auxquels s’ajoutent des notes de fumée et d’épices douces, ainsi qu’un touche florale. En bouche, dès le premier abord on dénote le haut niveau qualitatif. L’attaque est équilibrée, mais en même temps très intense. Le vin est compact et ferme, avec un doux fruité d’une superbe qualité, bien supporté par une juste dose d’amertume, et mâtiné de subtiles notes épicées. Belle tenue en milieu de bouche, où l’on remarque l’apport structurant de l’acidité, la densité de la matière, et le niveau élevé de concentration. La trame tannique est bien serrée et d’une finesse exemplaire. La finale est à la fois intense et harmonieuse, montrant une longueur de très fort calibre.

J’ai été très impressionné par ce vin qui, à n’en pas douter, possède les attributs pour se classer dans l’élite de la production chilienne. Bien sûr, il est encore très jeune. Sûrement bien trop jeune pour donner le meilleur de lui-même, mais déjà on peut constater que tout est là pour l’obtention de quelque chose d’encore mieux dans quelques années. C’est un vin dense, concentré et très long, avec une matière tannique des plus raffinées. L’équilibre est réussi, l’alcool élevé ne ressort en aucun moment. C’est aussi un vin au profil aromatique original. Bien sûr, il y a ce cassis frais et pur qui fait la marque de plusieurs très jeunes vins chiliens, mais il y aussi quelque chose de particulier dans ce vin, et que je n’ai pu verbaliser avec justesse. Encore une fois, ce vin peut à mon avis rivaliser avec ce que le Chili fait de mieux comme vin rouge. Dans ce contexte, son prix de 36.75$ à la LCBO est tout à fait justifié, ça en fait même une aubaine lorsqu’on le compare à d’autres vins ambitieux vendus plus du double.

*

lundi 4 janvier 2010

Wine of Chile Awards



Pour la première fois le jury du "Wines of Chile Awards" sera canadien. Du 11 au 14 janvier 2010, ce sera la septième édition de ce concours où des jurys de journalistes vinicoles étranges sont invités au Chili pour juger une large sélection de vins chiliens vendus à moins de 30$. Deux chroniqueurs du Québec feront partie du jury, Bill Zachariw de "The Gazette" et Nick Hamilton de l'hebdo "Voir". J'ai bien hâte de connaître les résultats et leurs commentaires.

http://www.winesofchile.org/news-press/awards/awoca7/


*

samedi 2 janvier 2010

TORRONTÈS, DON DAVID, RÉSERVE, 2007, CAFAYATE, MICHEL TORINO



Je continue ma petite revue des vins de Torrontès disponibles à la SAQ. J’ai acheté cette bouteille il y a un mois, mais c’est le 2009 qui est actuellement en tablette. C’était probablement une bouteille égarée, vieillie en succursale. Quand même intéressant de goûter ce vin avec un peu de temps en bouteille. Juste pour voir si ça tient la route. Ce vin voit un peu de bois de chêne, mais je ne sais sous quelle forme. Il titre à 13.8% d’alcool.

La robe est de teinte jaune clair. Le nez est est assez intense et typique du cépage, mais rappelle aussi fortement le Gewurztraminer avec ses notes florales et de fruits exotiques, avec, entre autres, du litchi et de l’orange. Boisé imperceptible. Beau nez complexe et surtout très agréable. En bouche, c’est bien équilibré, pas trop exubérant, avec une palette de saveurs reflétant bien ce qui était perçu au nez, mais avec en plus un trait d’amertume évoquant le zeste d’agrume. Le milieu de bouche montre un vin qui a de la présence, avec une bonne matière compacte et assez concentrée. En finale, l'aspect fruité tombe un peu rapidement, avec l’amertume qui gagne en importance et perdure un très long moment.

J’ai bien apprécié ce vin. Pas qu’il soit extraordinaire d’aucune façon. Non. Je l’ai aimé tout simplement parce qu’il donne ce à quoi on s’attend d’un vin de ce cépage. C’est bien typé, avec un bon équilibre, et avec une matière de bon niveau. Pour le prix demandé de 16.10$, il n’y a rien à redire. Ce vin livre la marchandise. Maintenant que les vins blancs prennent plus de place dans mon menu vinicole, je trouve que le Torrontès est une belle option pour diversifier ce que je bois. La clef pour mieux apprécier le vin blanc, selon moi, est de varier les cépages. Si on s’en tient aux Chardonnays et Sauvignon Blanc, on peut rapidement se lasser, car je trouve qu'en général les cépages blancs donnent des vins plus typés, donc plus semblables entre eux. Aussi, avec les cépages blancs, on pratique moins l’assemblage. C'est une autre raison expliquant que les profils obtenus avec ces vins sont en général plus homogènes. De là l’importance de se diversifier, et en ce sens, le Torrontès offre une option distinctive et très abordable.

*