jeudi 30 décembre 2010

PINOT NOIR, RESERVA ESPECIAL, 2008, LIMARI, VINA TABALI


Un autre vin de la vallée de Limari. Cette fois le Pinot Noir d’un producteur qu’on connaît ici au Québec pour son Chardonnay de la même gamme, et pour sa Syrah Reserva. Ce Pinot provient de trois parcelles sélectionnées d’un vignoble aux sols calcaires situé à 29 km de l’océan Pacifique. Dans un message précédant, je joignais un lien vers un vidéo montrant le nouveau vignoble Talinay de Vina Tabali. Celui-ci est plus frais car situé à seulement 12 km de la côte du Pacifique. Les premiers résultats en Pinot issus de ce vignoble seraient des plus prometteurs selon l’expert britannique en vins chiliens Peter Richards. Pour revenir au Reserva Especial dont il est question ici. Le vin a été élevé pendant 12 mois en barriques de chêne français. Il titre à 13.5% d’alcool pour un pH de 3.51 et 3.1 g/L de sucres résiduels.

La robe est d’une belle teinte rubis passablement translucide. Le nez est bien calibré et dégage de jolis arômes de fraise et de cerise, complétés par une touche épicée évoquant la muscade et la cannelle, ainsi que par une légère touche torréfiée. Assez simple comme nez, mais propre, et fidèle à l’idée que je me fais de ce cépage dans une bonne version Nouveau-Monde. En bouche, l’attaque est équilibrée, avec une bonne souplesse et de l’amplitude. Les saveurs sont franches et intenses, mais sans excès, ce qui donne un vin facile à boire. Le milieu de bouche montre une bonne concentration, sur une texture tannique raffinée. La finale est fondue et persistante avec des notes épicées qui ressortent à la toute fin.

C’est le troisième millésime de ce vin que j’essaie, et ma persévérance est finalement récompensée. Les millésimes 2006 et 2007 de ce vin ne m’avaient pas convaincus. Les vins n’étaient pas mauvais, mais n’avaient rien pour séduire non plus. Ce 2008 marque donc un clair pas en avant. Une preuve que les producteurs chiliens sont toujours en processus d’apprentissage avec ce cépage exigeant. Avec ce vin on obtient un Pinot de profil Nouveau-Monde, dans le meilleur sens du terme. Selon mon expérience, c’est un vin qui peut se comparer à de bons exemples de Californie ou de Nouvelle-Zélande dans l’intervalle de prix 30-40$. Donc, pour les 19.95$ payés, il s’agit d’un excellent RQP. Selon mes lectures, le 2009 serait encore meilleur. C’est donc une histoire à suivre.

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mardi 28 décembre 2010

Le bon goût peut-il être subjectif?

Je suis tombé sur un petit texte intéressant aujourd’hui sur le blogue de Jaimie Goode (voir lien), à propos du caractère subjectif ou objectif de la dégustation de vin. Quand on débute dans le monde du vin, le conseil donné par à peu près tous les experts est de faire confiance à son goût. Qu’il n’y a pas de vérité absolue en matière de vin. Que notre palais est le seul qui compte vraiment. Mais au fur et à mesure que l’on progresse dans le domaine, on se rend bien compte que ce discours est d’une grande hypocrisie. Les amateurs passionnés autant que les critiques renommés ne croient pas un instant à ce concept de goût personnel. Au contraire, ils adhèrent à des canons esthétiques traditionnels, à ce que de manière générale on appelle le bon goût, et que personnellement j’aime bien appeler le “vrai goût”. Car hors de ce “vrai goût” il n’y a pas de crédibilité possible. Bien sûr, à l’intérieur de ce goût légitime, chacun pourra avoir ses préférences, mais pour conserver sa crédibilité, il vaudra mieux ne pas rejeter certaines choses. Vous n’aimez pas les vins qui sentent l’écurie, le poulailler, la sueur, le crottin de cheval et autres odeurs ordinairement désobligeantes, lorsque rencontrées ailleurs que dans un verre de vin? Ne le dite pas trop fort. C’est que vous n’avez pas encore apprivoisé une partie du “vrai goût”. Même chose pour les vins blancs tirant sur l’oxydation, ce n’est pas un défaut, non. Ça fait partie du style du producteur.

Donc, la prochaine fois que vous lirez un expert qui dira qu’il faut découvrir son palais, et que celui-ci ne peut pas se tromper. N’en croyez rien. En matière de vin, il y a des goûts acceptables et reconnus par les gens sérieux et expérimentés. Des goûts qu’il faut apprivoiser si on veut être pris au sérieux comme amateur, et il y a les goûts déviants, comme aimer les vins rouges sur la douceur. Je lisais mes amis de FDV cette semaine à propos d’un vin rouge californien très populaire à la SAQ, et apparemment d’une douceur intolérable. La condescendance de plusieurs illustrait bien mon propos sur l’existence d’un “vrai goût” (voir lien). D’ailleurs, l’utilisation courante au Québec du terme “guidoune” (fille facile, prostituée) pour décrire ce type de vin est assez révélateur. Notre vieux fond catholique ressort alors, avec le goût respectable d’un côté, qu’on pourrait associer à l’épouse légitime, et le goût pervers et inacceptable de l’autre, associé à l’image de la fille de joie.

On entend souvent dire que la dégustation est un processus qui inclut une part d’apprentissage. C’est vrai. Il est aussi vrai que l’on peut développer des goûts à l’usage. Mais il est aussi vrai, je pense, que l’apprentissage inclut souvent un processus de correction, où l’on enseigne ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas. Cela n’a rien à voir avec les sensations réelles et leur appréciation. Dans ces conditions, on ne développe pas le goût, mais plutôt l’idée de ce qu’il devrait être.

http://www.wineanorak.com/wineblog/uncategorized/so-is-wine-tasting-subjective-or-objective

http://www.fouduvin.ca/viewtopic.php?f=2&t=17187

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samedi 25 décembre 2010

NINQUÉN, 2002, COLCHAGUA, VINA MONTGRAS



Je profite de ce message pour souhaiter un Joyeux Noël à tous. Merci de me suivre. Après avoir goûté la très jeune cuvée 2007 de ce vin, à dominante Syrah. J’ai eu envie d’ouvrir une bouteille de la cuvée 2002 pour voir comment ce vin évolue après cinq ans de garde. Ce 2002 est à forte dominante de Cabernet Sauvignon, complété par un faible 5% de Malbec. La Syrah ne faisait alors pas partie de l’assemblage et n’est apparue dans celui-ci qu’avec le millésime 2006. Ce Ninquén, 2002 a été produit à partir de vignes qui n’avaient que cinq ans d’âge à l’époque, et comme pour les versions subséquentes, l’élevage en barriques est ambitieux, avec 18 mois passés en barriques neuves de chêne français. J’ai décidé d’ouvrir cette bouteille pour voir comment s’intègre le boisé dans ce vin avec le temps.

La robe est toujours assez foncée, même si légèrement translucide. Le nez est simplement superbe, d’une juste intensité, et exhale d’envoûtants parfums de fruits noirs et rouges (cerises), d’épices douces exquises, de bois de cèdre et d’encens, complétés par un soupçon de terre humide et une très légère touche chocolatée. L’apport boisé est encore présent, mais heureusement, le temps a commencé à faire son oeuvre. Le type de nez auquel on revient sans cesse et qui vaut le coup presqu’à lui seul. La bouche est toute en délicatesse, caressante, avec une trame tannique veloutée qui sert d’écrin à des saveurs de grande qualité reflétant fidèlement le profil olfactif. Le milieu de bouche permet de constater que le vin a encore beaucoup de matière et que c’est l’équilibre des divers composants de celle-ci qui procure la sensation de raffinement qui se dégage de l’ensemble. Le vin est un pur délice qui remplit bien la bouche, et qui coule sans efforts. La finale poursuit en droite ligne, sous le signe de l’harmonie, avec des saveurs qui se fondent à merveille et persistent un très long moment sur de fines rémanences de chocolat noir.

L’année s’achève. Une année au cours de laquelle j’ai eu la chance de goûter plusieurs très bons vins. Mais ce Ninquén, 2002, fait assurément partie des quelques meilleurs. Ces cinq années de garde ont su l’assagir et lui donner cet équilibre si particulier que seul le temps passé en bouteille peut donner. Ce n’est pas un vin au profil très évolué. Il est juste au début de son processus de transformation. Mais ces quelques années passées à l'ombre transparaissent déjà dans ce qu’il donne. J’accumule présentement les bouteilles de cuvées chiliennes supérieures toujours offertes à des prix abordables, et un vin comme ce Ninquén me réconforte dans ma conviction de faire la bonne chose. Ce vin peut rivaliser avec des Cabernets de classe mondiale vendus bien plus chers. En fait, il est tellement bon, que j’en viens à penser qu’il est regrettable qu’il n’existe désormais plus sous cette forme presque purement Cabernet. La Syrah donne de si bon résultats au Chili, que je n’ai pas de doute que la nouvelle mouture, qui a pris le relais avec le millésime 2006, sera aussi de haut niveau après quelques années passées en bouteille. Mais quand même, la qualité de ce vin aurait justifié qu’il survive dans sa forme Cabernet, car à mon avis il aurait pu rivaliser avec les meilleurs du pays. Il faut se rappeler, comme je le mentionne en introduction, que ce vin est issu de vignes qui n’avaient que cinq ans d’âge. L’autre constat que je tire de la dégustation de ce vin, c’est que des vins chiliens peuvent être élaborés avec un usage ambitieux du bois de chêne. Il faut juste les boire quand c’est le temps. Si on aime le boisé de jeunesse très appuyé, pas nécessaire d’attendre, mais j’ai l’impression que pour une majorité de dégustateurs, la garde de ce type de vins est essentielle pour en tirer le plein potentiel. Le problème de cette cuvée Ninquén, c’est qu’on associe souvent chez les amateurs garde et prix élevé. Au prix d’aubaine demandé pour ce vin (26$), combien d'acheteurs auront le réflexe de le mettre à l’ombre pour au moins cinq ans? Vous connaissez la réponse à cette question aussi bien que moi. Ceci sans compter la grande majorité d’acheteurs qui ne gardent jamais de bouteilles. Ils achètent et consomment dans les jours qui suivent. Cela nous ramène à un des problèmes non résolus du Chili, soit celui de la mise en marché trop hâtive de vins qui mériteraient mieux qu’une ouverture nettement trop précoce. Ce problème n’est pas l’apanage des producteurs chiliens, ailleurs aussi on met beaucoup de vins en marché bien trop tôt. Mais comme les vins chiliens ne sont pas encore reconnus à leur juste valeur pour la garde, et qu’ils se vendent généralement à des prix d'aubaine, le phénomène d’ouverture prématurée est sûrement massif. C’est bien dommage. Pour ma part, il me reste trois autres fioles de ce délicieux nectar. Il serait tentant de les ouvrir dans l'année qui vient, tellement le vin est bon. Mais je vais me montrer patient et continuer d'enrichir mon expérience dans la garde de ces bijoux négilgés.


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vendredi 24 décembre 2010

L'Angleterre: Le tremplin du Chili vers la reconnaissance

Dernièrement sur ce blogue je me suis montré optimiste sur le futur du Chili vinicole. J'ai vraiment l'impression que ce pays est à un tournant de son histoire en la matière, et que ce moment charnière de son évolution se joue en Angleterre. Les Chiliens investissent beaucoup dans ce pays très ouvert en matière de vin, et où plusieurs voix différentes forgent l'opinion. La stratégie est à mon sens brillante car ce pays a beaucoup d'influence dans le monde du vin. C'est un carrefour où les vins du monde se rencontrent, dans un pays qui a une tradition de consommation de vins étrangers. Donc, percer sur ce marché, c'est percer sur un terrain relativement neutre, mais qui est en mesure d'établir des comparaisons. Si le Chili change de statut sur ce marché, il y aura propagation du phénomène. La première cible qui est visée pour conquérir ce marché ouvert est bien sûr la presse. Les producteurs chiliens investissent beaucoup pour faire venir au pays des journalistes britanniques influents, avec pour but de leurs montrer les derniers développements qui ont lieu dans le pays.

J'ai relaté ici dernièrement les commentaires très positifs de "winewriters" britanniques. Et bien une autre voix s'ajoute, celle de Tim Atkins, un "Master of Wine" qui collabore à de nombreuses publications britanniques, dont la revue Decanter. Il revient lui aussi d'un voyage au Chili, et ses commentaires sont des plus positifs sur l'évolution du pays, même s'il prétend que le pays n'a pour le moment atteint que 30% de son vrai potentiel. Nul besoin de dire qu'il entrevoit l'avenir de ce pays avec enthousiasme. D'ailleurs, un des textes de M. Atkins s'intitule "Vers un nouveau Chili". Pour ma part, il y a déjà quelques années que je parle du "Nouveau Chili". Faut croire que j'étais en avance sur mon temps. Même aujourd'hui, surtout ici au Québec, j'ai l'impression d'être un prophète qui prêche dans le désert!!! J'ai écrit ici récemment que le Chili était en train de se transformer en un grand pays vinicole. Plus je lis sur le sujet, et surtout, plus je goûte les nouveaux vins de ce pays, du moins ceux que j'arrive à trouver, et bien, plus je suis convaincu de la justesse de ma prédiction.

http://blog.timatkin.com/


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mercredi 22 décembre 2010

CHARDONNAY, MEDALLA REAL, 2008, LIMARI, VINA SANTA RITA


Pour rester dans le thème du message précédant. Après le Tabali, Reserva Especial, et le Marques de Casa Concha, j’ai pu mettre la patte sur un troisième Chardonnay, 2008, de la région de Limari. Comme dans le cas du Marques de Casa qui était auparavant originaire de Maipo, Santa Rita a aussi fait migrer sa production pour cette cuvée, dans ce cas de Casablanca vers Limari. Cette région semble vraiment être tenue en haute estime pour la production de vins de ce cépage. En fait, dans le cas de ce Medalla Real, 85% des raisins entrant dans sa composition proviennent de Limari, le reste venant de Leyda, une autre nouvelle région fraîche du Chili. Le vin a été fermenté et élevé sur lies en barriques de chêne français (20% neuves) pendant huit mois. Il titre à 14.5% d’alcool, pour un pH de 3.30, et est bien sec avec 1.77g/L de sucres résiduels.

La robe montre une teinte légèrement dorée. Le nez est discret, mais on peut quand même y percevoir des arômes de citron, de pêche, d’orange, et de noix, complétés par une légère touche beurrée. En bouche, l’attaque est équilibrée, avec une bonne amplitude et une texture légèrement onctueuse. Contrairement à la retenue olfactive, les saveurs s’expriment avec vigueur et intensité. Le vin est d’une bonne densité, mais évite de tomber dans l’excès. Cela lui permet de montrer une certaine élégance généreuse. Le milieu de bouche montre un bon niveau de concentration sur un volume bien ajusté. La finale est harmonieuse, avec une bonne persistance des saveurs sur de très légers relents d’amertume.

Ce troisième Chardonnay de Limari en assez peu de temps semble me confirmer une certaine “typicité” propre à la région, avec des profils se rapprochant plus de l’expression bourguignonne du cépage. C’est moins tropical, plus élégant, et on ne retrouve pas les arômes de maïs en grains qui sont assez fréquents dans les vins de ce cépage issus de Casablanca. Pour ce qui est de la fameuse “minéralité” qu’on dit propre aux vins de cette région. Ça demeure une notion vague et difficilement saisissable pour moi. Un espèce de qualificatif que personne ne comprend exactement de la même façon. D’ailleurs, je serais curieux de voir les résultats en pure aveugle d’une dégustation où les participants devraient juger les vins seulement sur l’aspect possiblement minéral de ceux-ci. Je pense que les résultats pointeraient dans toutes les directions. Pour en revenir à ce Medalla Real, minéral ou pas, il s’agit d’un beau vin offrant un RQP avantageux au prix demandé (17.95$).


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lundi 20 décembre 2010

Cap au nord: Limari et Elqui

Peter Richards est un grand connaisseur du Chili et de ses vins. Son livre publié en 2006, "The wines of Chile", m'a permis d'en apprendre beaucoup sur les vins de ce pays. Celui-ci continue de s'intéresser au sujet comme le montre cet intéressant article de Decanter où il décrit les développements récents dans les vallées de Elqui et de Limari. Les Chiliens ne font que commencer à se rendre compte du potentiel de leur pays en matière de vins fins.

http://www.winesofchile.org/wp/wp-content/uploads/2010/12/chile-hot-spots-elqui-limari-p-richards-decanter-jan2011.pdf

Le même Peter Richards revient lui aussi d'un voyage au Chili où il accompagnait Jaimie Goode et Chris Losh auxquels je référais dans des messages précédants. Richards y va à son tour de ses impressions sur ce qu'il a pu voir et goûter au cours de ce voyage l'ayant mené de Bio Bio à Elqui. Je joins aussi un lien vers un vidéo tourné par Jaimie Goode montrant le nouveau vignoble Talinay de Vina Tabali, dans Limari, planté sur un sol calcaire à seulement 12 km de la côte.

http://winchesterwineschool.com/on-the-road-chile-2010/

http://www.youtube.com/watch?v=gpsvTtWnEvI


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samedi 18 décembre 2010

NINQUÉN, 2007, COLCHAGUA, MONTGRAS PROPERTIES



Après le Quinta Generacion de Casa Silva, je continue avec un autre assemblage de Colchagua qui a maintenant bien installé sa réputation au Québec. Le Ninquén est lui aussi un vin avec de hautes ambitions qualitatives, mais qui heureusement est toujours offert à prix plus que raisonnable. Le 2007 continue le virage entrepris avec le 2006, qui a vu la Syrah prendre le dessus à hauteur des deux tiers dans l’assemblage de ce vin, complété par du Cabernet Sauvignon. Comme toujours avec ce vin, élaboré sous l’influence du consultant Paul Hobbs, l’élevage sous bois est substantiel, avec 19 mois passés en barriques de chêne (85% français, 15% américain, 80% neuves, 20% deuxième usage). Même si c’est beaucoup, c’est quand même moins que pour le 2004 où on était allé jusqu’à 24 mois. Le vin titre à 14.5% d’alcool pour un pH de 3.40, ce qui indique une acidité élevée pour ce type de vin.

La robe est parfaitement opaque et très foncée. Le nez exhale avec modération des arômes de fruits rouges et noirs, de bois de cèdre, de vanille, de pâtisserie, de poivron rouge et de torréfaction. Un nez dense et profond où la qualité est évidente, tout comme l’empreinte boisée. En bouche, on peut aussi parler de densité, de profondeur et de boisé. C’est un vin avec beaucoup de matière, un fruité riche, une amertume solide et des tanins serrés et fins. La finale est intense et généreuse, avec les tanins du bois qui montrent leur poigne, le tout sur une bonne persistance.

Il a été intéressant pour moi de goûter ce vin après le Quinta Generacion de Casa Silva. Je disais de celui-ci qu’il évitait les écueils de la très forte concentration, de l’extraction indue et du boisé très appuyé. Et bien c’est en plein les pièges dans lesquels tombe ce Ninquén. Je ne dis pas pour autant que c’est un mauvais vin, mais une chose est sûre, à cause de ces choix d’élaboration, il n’est pas aussi abordable à ce stade précoce. Peut-être que sur une plus longue période il trouvera l’harmonie, mais ce n’est pas le cas présentement. En un sens le vin est impressionnant, car il a beaucoup de tout et il en met plein la gueule, comme on dit. Mais en ce moment, cela nuit à l’équilibre général. Un autre point qui me laisse perplexe, et cela concorde probablement avec le reste, c’est que je n’ai pas reconnu les cépages dans ce vin, en particulier la Syrah. En pure aveugle, j’aurais été bien embêté de dire avec quel(s) cépage(s) ce vin avait été élaboré. Peut-être cela ressortira-t-il dans quelques années, si le boisé arrive à s’intégrer. Je l’espère, car j’ai six autres bouteilles bien emballées dans une belle caisse en bois. Il n’y a pas à dire, avec cette cuvée, Montgras cherche vraiment à créer un super-premium et suit la recette pour y arriver. Tout ce qui manque, ce sont les très grosses notes (95+) des revues américaines. Pour le moment, il n’ont pu dépasser le 92, ce qui explique le prix toujours abordable de ce vin. C’est donc une façon de goûter ce genre de vin sans ce ruiner. Aussi, ça permet de constater que lorsqu’on achète des vins élaborés de cette façon, il faut avoir la foi et de la patience. À 26.45$, je suis prêt à exercer ces vertus, ne serait-ce que pour apprendre. Pour ce qui est du plaisir harmonieux et immédiat, vaut mieux se tourner vers autre chose. Cela me fait penser que j’ai quelques bouteilles de 2002 qui dorment au cellier. Je pense que je suis dû pour vérifier ce que ça donne.


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mercredi 15 décembre 2010

L'exemple britannique, encore.

Pour me consoler des inepties qu'on peut parfois lire ici au Québec sur le Chili et ses vins. Quoi de mieux que de retourner vers un pays plus ouvert, dans tous les sens, le Royaume-Uni. Je joins le lien vers un article de Chris Losh qui revient juste d'un voyage au Chili qu'il a parcouru de Bio Bio au sud, jusqu'à Elqui au nord. Son constat est bien différent de celui de M. Langlois. C'est normal, M. Losh sait de quoi il parle... Il voit le Chili comme le pays vinicole le plus excitant sur la planète en ce moment. Un pays en évolution rapide qui est en train de se redéfinir totalement. À lire.

http://imbibe.com/blogs/imbibe-editor/2010-12/where-condors-dare


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lundi 13 décembre 2010

En matière de vin, le Québec est-il vraiment francocentriste? (Part II)

Dans mon premier texte sur ce sujet, publié en novembre dernier, j’y étais allé de cette affirmation:

“Cette offre de produits totalement débalancée est en lien direct avec le discours et la mentalité francocentristes des professionnels du vin au Québec, que ce soit les journalistes, les sommeliers, ou les conseillers de la SAQ. Pour eux, de façon générale, la France est le centre du monde vinicole, le point de vue à partir duquel tout est analysé. Cela ne veut pas dire que l’on ne boira que du vin français, mais même lorsque l’on boit autre chose, on l’analyse par rapport aux références françaises.”

Certains ont pu penser que j’y allais fort dans mes propos, et pourtant... Cette semaine, avec pas mal de retard, j’ai commencé à lire la dernière édition de la revue CELLIER de la SAQ. Dans celle-ci, il y a y une entrevue avec le chroniqueur vin Claude Langlois du Journal de Montréal. J’étais curieux de lire ce qu’il avait à dire sur son métier et le monde du vin en général. Ce que j’ai pu lire m’a totalement consterné. Si quelqu’un doutait de mes propos ci-haut, il n’a qu’à lire ça. Il y a peu de choses ne venant pas de l’Hexagone, en matière de vin, qui trouvent grâce aux yeux de M. Langlois. Pour l’avoir lu jadis, je le savais très axé sur la France, mais à ce point. J’avoue avoir été surpris. Toutefois, là où le gars s’est totalement discrédité, c’est dans ses propos sur les arômes de Brettanomyces et sur le Chili. Il dit détester les “bretts”, sauf dans le bourgogne. Plus tard en réponse à savoir quel pays l’avait le plus déçu, il y va d’une diatribe surréaliste contre le Chili. Je cite:

“Le Chili, parti en peur au début des années 90. Je trouve ça plate à dire, mais 9 fois sur 10, ça sent la sueur et la selle de cheval, la brett- même qu’ils font de moins bons vins aujourd’hui qu’à l’époque- je dis une énormité, je sais. C’est probablement juste mon goût qui a changé.”

Assurément que M. Langlois dit non pas une, mais des énormités. Cette déclaration est d’une ignorance crasse. Je suis d’ailleurs très déçu que l’intervieweur et éditeur de la revue, Marc Chapleau ait publié cela. Ceux qui me connaissent savent comment j’ai en horreur les arômes de Brettanomyces dans le vin. Croyez-moi, si 90% des vins chiliens étaient “brettés”, je ne tiendrais pas un blogue pour tenter de les faire mieux connaître. Pour reprendre l’expression de ce cher M. Langlois, “c’est plate à dire”, mais je pense que celui-ci ne sait pas reconnaître un vin “bretté” tellement son propos est loin de la vérité. Aussi loin de la vérité que de dire que les vins chiliens étaient meilleurs il y a 20 ans. Du pur délire.

Honnêtement, j’ose croire que Claude Langlois n’est pas totalement ce qu’il projette dans cette entrevue. D’ailleurs, Chapleau a pris l’axe fort en gueule pour ce portrait, et peut-être l’a-t-il poussé dans certains travers. Une chose est sûre pour moi toutefois, quelqu’un du statut de Claude Langlois devrait faire preuve de plus de rigueur dans ses propos, et une revue se voulant sérieuse comme CELLIER, et que j’apprécie beaucoup par ailleurs, ne devrait pas publier n’importe quoi. Pour ce qui est du francocentrisme québécois en matière de vin, comme disent les anglos: “I rest my case”.

pages 90-95 
http://publications.saq.com/doc/MagazineCellier/cellier_hiv_2010_fr/2010101401/

http://levinauxantipodes.blogspot.com/2010/11/en-matiere-de-vin-le-quebec-est-il.html

 
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samedi 11 décembre 2010

QUINTA GENERACION, 2007, COLCHAGUA, VINA CASA SILVA



Si Maipo est la région phare du Cabernet Sauvignon au Chili, Colchagua pour sa part est reconnue d’abord et avant tout pour ses vins d’assemblage où le Carmenère, le Cabernet Sauvignon et la Syrah jouent souvent des rôles importants. Parmi les plus connus on compte: Clos Apalta, Neyen, Ge, Coyam, Ninquén, Dona Bernarda, Vertice, A Crux, Clos de Lolol et depuis peu le Primus de Veramonte. À cette liste il faut ajouter le Altura et le Quinta Generacion de Vina Casa Silva. La coûteuse cuvée Altura n’est produite que dans les meilleures années, alors que le Quinta Generacion est l’assemblage de référence de la maison, produit à chaque année. Le but avec cette cuvée est de produire le meilleur vin possible selon les conditions du millésime. Ainsi, la composition des cépages, et les vignobles dont ils sont issus, varie à chaque année. Avec cette cuvée, Casa Silva se targue de produire un vin pouvant rivaliser avec les super premiums du pays, mais pour le tiers du prix. La version 2007 dont il est question ici est composée de raisins provenant de deux vignobles situés aux extrêmes de l’axe est-ouest de la vallée de Colchagua, avec les cépages Carmenère (45%), Cabernet Sauvignon (23%) et Petit Verdot (5%) qui proviennent du vignoble de Los Lingues situé au piedmont des Andes, et de la Syrah (27%) qui provient de la région de Lolol, située près du flanc intérieur de la chaîne côtière de montagnes. Le vin a été élevé pendant 13 mois en barriques neuves de chêne français et titre à 14.5% d’alcool.

La robe est sombre et bien opaque. Le nez s’exprime avec modération sur des arômes de fruits rouges et noirs, de bois de cèdre, de poivron rouge, de poivre noir et d’épices douces, le tout complété par un léger trait chocolaté. Beau nez de jeune vin avec une qualité d’arômes exemplaire. En bouche, le vin se montre équilibré et élégant, évitant les excès de puissance et d’extraction qu’on retrouve souvent dans les vins ambitieux. Dans ce cas-ci, on a plutôt misé sur le qualité des saveurs et la finesse de la texture. Ceci dit, il s’agit tout de même d’un vin d’une belle richesse de matière, avec de la présence, et qui ne manque en rien de concentration. On a juste évité de pousser les choses trop loin dans le strict but d’impressionner. Ce qui fait qu’on se retrouve avec un vin déjà facile à boire, malgré sa jeunesse. La finale est très agréable, avec des notes chocolatées amères qui s’accentuent, sur une longueur de bon niveau.

Comme je le mentionnais en intro, le producteur de ce vin dit que celui-ci peut rivaliser avec des super-premiums chiliens, mais à un tiers du prix. En terme de qualité et de plaisir que le vin peut donner, je pense que cette affirmation est vraie. Mais en mode comparatif direct, celui-ci serait désavantagé, car il n’a pas le niveau très élevé de concentration de ces super-vins conçus pour obtenir des grosses notes des magazines américains. Miser sur l’élégance et la finesse est rarement un pari payant dans ces circonstances. Toutefois, pour celui qui recherche ces qualités dans les vins qu’il consomme, ce Quinta Generacion représente une superbe occasion. Plus j’évolue dans le monde du vin, et plus je sais ce que je préfère. Heureusement pour moi, les vins que je favorise ne sont pas les vins très concentrés, boisés et extraits. J’aime les vins d’équilibre, qui ont assez de tout et ne manquent de rien. Et bien ce vin de Casa Silva cadre parfaitement avec cette description. C’est un vin qui pour moi est fidèle à sa vallée d'origine, et qui même s’il est déjà abordable, possède un très beau potentiel d’évolution pour au moins les 15 prochaines années. Un vin qui de par son prix raisonnable (24.95$), ne vise pas l’amateur qui associe nécessairement la grande qualité à un prix élevé. Dans ce cas-ci, le producteur a pris le pari que la qualité pouvait parler d’elle-même, au-delà du prix. C’est un pari plus audacieux qu’il n’y paraît à première vue, mais un pari qu’avec moi il a gagné.


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dimanche 5 décembre 2010

2010: Un point tournant pour le Chili vinicole?

Je ne sais pas si c’est une impression de blogueur monomaniaque, mais j’ai l’impression que 2010 aura été une année pivot pour le Chili en général et pour ses vins en particulier. Il semble qu’avec l’épisode très médiatisé du sauvetage des mineurs, ce pays ait enfin réussi à briser une image négative qui lui collait à la peau depuis les années de dictature de Pinochet. Comme si le monde venait de réaliser les changements profonds qui se sont opérés dans ce pays depuis la fin de cette période malheureuse. On réalise maintenant que le Chili est sorti de sa période de grande noirceur, et qu’il s’agit maintenant d’une démocratie moderne et en nette progression dans une foule de domaines.

Côté vinicole, comme je le mentionnais à la fin de mon CR du Côt, 2008, de Perez Cruz, ce pays est sur la voie rapide pour s’élever au rang des grands pays vinicoles. Il en possède tous les atouts, et commence juste à le réaliser. Cette prise de conscience amène une évolution des mentalités, qui alliée aux nombreux efforts et investissement consentis, ne pourront que donner des résultats de plus en plus probants. Le dynamisme, la diversification et la quête qualitative du Chili commencent à être reconnus dans la presse vinicole mondiale. Un changement de perception est en train de s’opérer, trop lentement à mon goût, mais sûrement. En ce sens, je lisais hier les prédictions vinicoles de James Molesworth du Wine Spectator. Celui-ci voit le Chili gagner du “momentum” en 2011 (voir lien). Aujourd’hui, c’est au tour du britannique Jaimie Goode de se montrer enthousiaste à propos des perspectives chiliennes, lui qui avait toujours été un des commentateurs britanniques les plus sceptiques sur le potentiel chilien. Dans son texte d’aujourd’hui, il fait même l’éloge d’une certaine verdeur dans les vins chiliens!!! Il n’y a pas à dire, le changement de tendance semble bien réel.

Bien sûr, on est encore loin d’un engouement général. Le Chili a encore du chemin à faire dans l'opinion pour être une origine recherchée par l’amateur passionné. À cet égard, son capital de prestige est encore proche de zéro. Toutefois, son image commence à changer chez les leaders d’opinion. De plus en plus, on y voit une histoire variée et intéressante à suivre, avec les bons vins qui viennent avec. C’est une histoire que je m’efforce de rendre ici au mieux, compte tenu du peu de moyens dont je dispose.
 
 
http://www.winesofchile.org/news-press/forecasting-2011-chile-gains-momentum/
 
http://www.wineanorak.com/wineblog/chile/some-thoughts-on-chile

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samedi 4 décembre 2010

CÔT, RESERVA, LIMITED EDITION, 2008, ALTO MAIPO, VINA PEREZ CRUZ



German Lyon



Le Malbec est la carte cachée de l’offre chilienne en rouge. Un cépage que le pays semble mal à l’aise de mettre de l’avant, tellement celui-ci semble identifié à son voisin et rival argentin. D’ailleurs, lors de la dernière dégustation “Vin du Chili”, j’ai eu la chance de discuter avec German Lyon, l’oenologue en chef de la maison Perez Cruz, qui s’exprime parfaitement en français. Nous avons discuté de plusieurs sujets, mais celui-ci a insisté sur sa volonté de refléter dans ses vins le terroir de l’Alto Maipo. Il a d’ailleurs spécifié que l’appellation Côt choisie pour ce vin, malgré le fait qu’elle réfère à l’origine française du cépage, était motivée par une volonté claire de se démarquer de ses contreparties argentines. C’est quand même un peu ironique quand on pense que certains producteurs de Cahors apposent maintenant le mot Malbec sur leurs étiquettes, pour tenter de profiter de la vague positive entourant ce cépage. Pour ce qui est de ce Côt, 2008, tout ce que je sais sur son élaboration, c’est qu’il est assemblé avec de petites quantités de Carmenère et de Petit Verdot.

La robe est bien foncée et opaque. Le nez est d’une expression bien dosée et exhale d’invitants arômes de fruits noirs qui pour moi sont typiques de ce cépage, complétés par des notes terreuses et doucement épicées, ainsi que par un léger aspect de fleurs fanées. Beau nez de jeune vin avec une bonne profondeur. Cela se poursuit en bouche de très belle façon, avec un vin équilibré d’entrée. C’est intense, sans être exubérant, avec des saveurs de grande qualité, bien soutenues par ce qu’il faut d’acidité et d’amertume. La palette de saveurs montre bien qu’on a affaire à un Malbec sud-américain. Le milieu de bouche est concentré et permet de mieux apprécier l’aspect épicé bien mesuré qui complète admirablement le fruit. Les proportions sont bien ajustées, ce qui donne un vin assez compact, mais avec quand même du volume, et une structure tannique raffinée. Un vin qui évite les excès donc, ce qui le rend facile et agréable à boire. La finale se déploie sous le signe de l’harmonie, avec un beau fondu de saveurs sur une allonge de bon niveau.

J’ai été ravi par ce vin. En même temps, j’ai été surpris qu’il soit aussi abordable à un si jeune âge. Rien n’accroche, et ça coule sans efforts. Malgré la décision de Perez Cruz de le nommer Côt, au lieu de Malbec, ce vin m’est apparu fidèle à ce qu’on peut attendre d’un très bon vin sud-américain de ce cépage. En le dégustant, je ne pouvais m’empêcher de penser que son niveau qualitatif rejoignait celui d’un Catena, Alta, du double du prix. Vous aurez donc compris qu’il s’agit pour moi d’un fort RQP. Même s’il est déjà très agréable dans sa livrée de jeunesse, ce vin possède à mon avis un bon potentiel d’évolution. Le Chili doit continuer de diversifier son offre et le Côt/Malbec me semble un atout incontournable de la nouvelle donne chilienne. Ce pays doit éviter d’être identifié à un seul cépage, comme c’est un peu le cas avec le Malbec en Argentine. Il doit plutôt être synonyme de diversité, comme c’est le cas de tous les grands pays vinicoles, et à n’en pas douter, le Chili est en train de se transformer en grand pays vinicole. C’est un “work in progress” intéressant à suivre, tout en étant abordable et agréable à goûter. La SAQ offrira bientôt le Cabernet Sauvignon, Reserva de cette maison, ainsi que les deux cuvées de luxe de la maison, le Liguai (50$) et le Quelen (65$). J’ai eu la chance de goûter ces deux vins et ils sont très bons. Le Quelen m’est apparu comme très original, probablement à cause de sa très forte proportion de Petit Verdot (45%). À suivre.



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mardi 30 novembre 2010

Importation privée de vins chiliens

Comme on me l’a demandé il y a quelque temps. Voici les références que je possède en ce qui concerne l’achat de vins chiliens au Québec par le biais de l’importation privée. Si vous en possédez d'autres, faites-les moi parvenir. Je les ajouterai à la liste. Bien sûr, l'importation privée ajoute à l'offre de vins chiliens disponibles au Québec, mais il faut acheter à la caisse de 12 pour la majorité des vins offerts à prix abordables, ou de 6 pour certains vins plus coûteux. Cela n'est bien sûr pas très pratique, et on doit être assez sûr d'aimer le vin qu'on achetera de cette façon. Aussi, il est bon de savoir que le prix de ces vins est généralement plus cher que s'ils étaient offerts en succursales avec un plus large volume.


Italvine: Vina Anakena

LBV International: Vina Casa Silva

Authentic vins et spiritueux: Vina Cono Sur

Vins Balthazard: Vina De Martino

Trialto Wine Group: Geo Wines: (Chono), Antiyal, Kuyen

Vin Etc: Vina J. Bouchon, Vina Neyen de Apalta

Société de vins fins: Montgras Properties (Ninquén, Amaral)

LCC vins: Vina Chocalan

Select Wines: Vina Maipo

Charton Hobbs: Vina Perez Cruz

Vignome: Vina Santa Alicia

Univin: Vina Ventisquero

Les Vins La Rochelle: Vina Emiliana

Le marchand de vin: Vina Viu Manent

Maison Invino: Vina Casa Tamaya


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samedi 27 novembre 2010

Et si le phylloxéra disparaissait demain...

Il existe un courant de pensée à la mode en ce moment dans le monde du vin fin voulant que ce qui est naturel est meilleur. Ce serait le terroir qui ferait le vin de haute qualité, en autant que l’homme interfère le moins possible dans les processus vertueux de la nature bienveillante. Certains incluent même le cosmos dans cet ordre naturel à respecter, si on veut atteindre le summum de la qualité au travers de vins dits authentiques.

J’ai toujours pensé que cette vision des choses relevait surtout de l’idéologie. En même temps, c’est un bel outil de marketing pour vendre des bouteilles à ceux qui veulent du rêve dans leur verre, en plus du vin. Ceci dit, pour moi le tendon d’Achille de tous les défenseurs de ce type de vision naturaliste est l’usage des porte-greffes imposé un peu partout au monde depuis environ un siècle par le phylloxéra. Je me demande ce qui se passerait aujourd’hui si le phylloxéra n’existait pas. Si toutes les vignes Vitis vinifera étaient toujours plantées sur leurs propres racines et que quelqu’un suggérerait d’adopter la technique de greffage sur des racines d’une autre espèce de vigne dans le but d’obtenir, dans bien des cas, de meilleurs vins. J’imagine déjà les arguments enflammés de nos amants du naturel. On pousserait les hauts cris en dénonçant une violation pure et simple du sacro-saint terroir, de l’odre naturel seul garant de la qualité réelle. Des vins issus de vignes greffées ne sauraient être meilleurs que ce que la nature a voulu, et surtout, ils ne seraient pas authentiques. On y verrait un traficotage inacceptable, une dérive scientifique!!!

C’est drôle, car en tant qu’amateur de vins chiliens. Je devrais être un de ceux qui chante les vertus des vignes franches de pied. Le vignoble chilien est non greffé à plus de 90%. Je pourrais prôner la supériorité des vins chiliens en vantant leur naturel et leur authenticité. Ce n’est pourtant pas le cas. En tant qu’amateur de vins du Chili, l’influence de l’absence de greffage m’a toujours intéressé. Je me suis toujours demandé si la fameuse “typicité” chilienne n’était pas due en partie à l’absence de greffage de la plupart des vignes. J’ai déjà traité de cette question sur ce blogue, et je suis tombé récemment sur un article intéressant sur le sujet (voir liens). Plus je lis à ce propos, et plus je suis convaincu que le greffage est en général un apport positif à la viticulture. Un apport survenu par la force des choses, par une nature qui a montré qu’elle n’est pas toujours bonne, mais un apport qui au bout du compte aura permis le développement d’une viticulture plus flexible. Une viticulture ayant une plus grande capacité d’adaptation aux conditions de culture (nature des sols, climat). J’en suis aussi venu à penser que l’absence de greffage représentait, de manière générale, un handicap pour la viticulture chilienne. Le Chili est un pays aux nombreux atouts en matière de culture de la vigne, mais ceux-ci étaient vraiment mal exploités. On plantait franc de pied, du matériel végétal de qualité souvent douteuse, parfois mal identifié (Carmenère-Merlot, Sauvignon Vert-Sauvignon Blanc), sur des terroirs rarement appropriés, et avec un système racinaire souvent inadapté. Les vignes plantées sur leur propres racines sont plus vigoureuses, que les vignes plantées sur un porte-greffe adapté. Quand on pense qu’au Chili on a longtemps planté la majorité des vignes sur le plancher très fertile de la chaude vallée centrale, on comprend mieux la réputation de verdeur qui encore aujourd’hui est associée aux vins de ce pays. Vignes vigoureuses, sols fertiles et hauts rendements sont la recette idéale pour l’obtention de mauvais vins au caractère végétal vert marqué. Heureusement, depuis environ une quinzaine d’années, le Chili a entrepris un virage drastique pour corriger ce qui nuisait à sa viticulture. On a vu l’émergence de nombreux terroirs aux climats plus frais et aux sols beaucoup moins fertiles. On plante maintenant les bons cépages aux bons endroits. On a aussi importé du matériel végétal de meilleure qualité. De nombreux producteurs plantent maintenant leurs vignes sur des porte-greffes adaptés au cépage et aux conditions de culture du lieu. Toutefois, de nombreux producteurs continuent de croire que les vignes franches de pied sont supérieures et plus authentiques. Le mouvement vers le greffage est donc incomplet. C’est peut-être une bonne chose dans certains cas. Je ne suis pas viticulteur, mais j’aurais tendance à croire que quand le mariage est parfait avec le sol et le climat, la vigne franche de pied bien conduite est encore ce qu’il y a de mieux et de plus souhaitable et durable. Mais pour quelques mariages bien réussis, combien d’autres seront boiteux? Difficile à dire.

Les producteurs chiliens font face à un dilemme que n’ont pas la grande majorité des producteurs d’ailleurs dans le monde. Il ont la possibilité de planter franc de pied ou de greffer. Ils ont le choix d’y aller avec la solution la plus naturelle, la plus facile et la plus économique, ou bien d’y aller avec le greffage plus compliqué et plus coûteux et non naturel. Dans ces conditions choisir le greffage semble contre intuitif. Mais si le greffage était vraiment la meilleure solution? Une chose est sûre, cette question, seuls les chiliens peuvent actuellement se la poser. J’aimerais toutefois voir ce qui se passerait dans le reste du monde vinicole si demain matin on trouvait une façon d’éradiquer le phylloxéra. Verrait-on un large mouvement de replantation pour passer à des vignes franches de pied? Je pense que nos amants de la nature auraient de la difficulté à résister.

http://www.sommelierjournal.com/articles/article.aspx?year=2010&month=6&articlenum=61

http://levinauxantipodes.blogspot.com/2010/08/vins-issus-de-vignes-greffees-et-non.html



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mardi 23 novembre 2010

GRAN RESERVA BLEND, 2007, MAIPO COSTA, VINA CHOCALAN


Ce 2007 n’est que le quatrième millésime de cette cuvée, et pour avoir goûté les trois premiers, il s’agit déjà d’un de mes rouges chiliens favoris. Ceci dit, lors de la dégustation “Vins du Chili”, tenue en septembre dernier. J’avais pu goûter à ce vin, et il m’avait alors laissé perplexe. En fait, il avait plutôt mal paru en me laissant une impression de verdeur inquiétante en bouche. J’ai donc décidé d’en acheter une seule bouteille pour me faire une meilleure idée de sa qualité et pour savoir si ce serait une bonne idée d’en acheter plusieurs autres. Encore une fois avec ce 2007, le vin est un assemblage dans toute la force du terme. Il est composé de pas moins de six cépages où la Syrah (21%) vient d’une certaine façon remplacer le Merlot dans ce mélange comprenant tout le reste de l’arsenal bordelais: Cabernet Franc (22%), Cabernet Sauvignon (20%), Malbec (20%), Carmenère (11%) et Petit Verdot (6%). Il est intéressant de noter l’ordre dans lequel ces différents cépages ont été vendangés. D’abord le Malbec au début d’avril, suivi de la Syrah, du Cabernet Sauvignon, du Cabernet Franc, du Carmenère dans la deuxième semaine de mai, et finalement le Petit Verdot. L’élevage a lieu en barriques de chêne français et américain pendant 16 mois. Le titre alcoolique est sous contrôle à 14%, pour un faible pH de 3.53.

La robe est d’encre, d’une parfaite opacité. Le nez est marqué de l’empreinte de jeunesse d’un fruité aux notes végétales fraîches (cassis, groseille, menthol). À cela s’ajoute de la cerise, des épices douces, de la violette, du tabac, ainsi qu’une légère touche de poivron vert et un brin de torréfaction. Très beau nez de très jeune vin, complexe, avec une superbe qualité d’arômes. En bouche, on retrouve un vin très intense, aux saveurs fruitées vives, à la structure ferme et assez compacte. Un trait d’amertume sous-jacent parvient à absorber un peu de l’intensité fruitée. Le boisé de jeunesse est bien présent et un peu appuyé à ce stade précoce de développement. En milieu de bouche, la puissance des saveurs ne se dément pas, le niveau de concentration est élevé, mais le tout ne paraît jamais lourd. Les tanins sont denses, et gagnent en poigne à mesure qu’on se rapproche de la finale longue et explosive.

Superbe jeune vin où je n’ai pas retrouvé de caractère vert affirmé. Honnêtement, je ne vois pas ce que ce vin a à envier aux gros noms chiliens décorés de grosses notes des revues américaines et vendus trois à quatre fois son prix. Pour bien juger ce vin, il faut tenter d’oublier qu’il est vendu pour seulement 26.75$. Il faut aussi tenter de s’imaginer ce qu’il sera dans 10 ans. Je pense en connaître un peu sur le potentiel d’évolution des rouges chiliens, et celui-ci me semble rempli des plus belles promesses. Un candidat de premier plan à la métamorphose gracieuse. J’ai donc profité de la promo “carte cadeau” du week-end dernier pour en acheter une bonne quantité. Toutefois, ce ne fut pas sans mal. À la première succursale visitée, les 12 bouteilles en inventaire étaient toutes réservées. C’est là une pratique très frustrante. J’ai tenté ma chance dans une autre succursale, pour finalement me rendre compte que le conseiller gardait le vin dans l’arrière-boutique. Il ne semblait d’ailleurs pas très content que je décime son inventaire. Pourquoi ce jeu de cachette lors d’une promo?



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vendredi 19 novembre 2010

MALBEC/SYRAH, LAS LOMAS, 2007, CAUQUENES, MAULE, VINA LOMAS DE CAUQUENES



Lomas de Cauquenes est un producteur qui opère selon un modèle rare au Chili, soit celui de la coopérative. Il s’agit donc d’un regroupement de 246 petits vignerons qui n’ont généralement pas que la viticulture comme activité agricole. La région de Cauquenes est située au sud-ouest de la large vallée de Maule, à 35 km de l’océan Pacifique dont elle est séparée par la cordillère côtière. Les précipitations annuelles dans cette région sont suffisantes pour éviter l’irrigation. Les raisins ayant servis à l’élaboration de ce vin sont certifiés comme issus de l’agriculture biologique et proviennent de vignes de 5 à 20 ans d’âges. Le vin est aussi certifié comme conforme aux pratiques du commerce équitable. Il s’agit d’un assemblage à parts égales de Syrah et de Malbec. Le titre alcoolique est modéré à 13.5%.

La robe est foncée et très légèrement translucide. Le nez est bien dégourdi et exhale un heureux mélange d’arômes, avec les fruits rouges à l’avant-plan, complétés par des notes de poivre noir d’anis étoilée, d’épices douces et d’herbes aromatique. Le caractère épicé est vraiment complexe et agréable et se marie très bien au fruit. En bouche, l’attaque est fraîche, la structure assez ferme, et le fruité d’un bel éclat. C’est un vin de corps moyen, montrant un bon niveau de concentration, et des tanins fins, biens présents. Le mariage entre le fruité et l’aspect épicé est une réelle réussite et le vin est facile à boire. La finale est harmonieuse, avec le côté épicé qui gagne du terrain et qui s’allie à un léger trait d’amertume chocolatée. Bonne longueur.

Ce vin est vraiment de très belle qualité, mais en le dégustant, l’adjectif qui me venait en tête était vertueux. Vertueux à cause bien sûr qu’il s’agit d’un vin biologique et de commerce équitable, mais je le trouvais aussi vertueux du strict point de vue vinicole, car il est vraiment très différent du rouge chilien moyen dans cette gamme de prix. Et pour moi, l’originalité, lorsqu’alliée à la qualité, est une vertu. En pure aveugle, j’aurais assurément opté pour un vin du sud de l’Europe à dominante Syrah. Le caractère Syrah du vin domine vraiment le côté Malbec, ce qui me semble logique, car la Syrah de climat frais m’est toujours apparue comme plus démonstrative au niveau aromatique que le Malbec. Pour moi, ce vin est une autre preuve de la diversité grandissante de l’offre chilienne. Je donne d’ailleurs crédit à la SAQ d’offrir un tel vin à si bon prix (15.50$), ce qui en fait une réelle aubaine et fait penser qu’en un sens il n’est pas si équitable car le consommateur me semble sortir gagnant de la transaction. Ceci dit, un si beau vin est un rappel de l’absence déplorable sur les tablettes de la SAQ de certains des meilleurs vins de la vallée de Maule. Il existe un réel renouveau dans cette région où l’on redécouvre un riche patrimoine de vieilles vignes de Carignan, de Malbec, de Carmenère et de Païs. J’ai pu goûter certains de ces vins lors de la dégustation “Vins du Chili” à la fin septembre, en particulier ceux de De Martino, et ces vins étaient vraiment distinctifs et de très belle qualité. Pour ce qui est du Las Lomas, tant au point de vue des valeurs que de la valeur, c’est un vin que je recommande fortement. Une façon abordable de découvrir un autre visage du Chili.


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mardi 16 novembre 2010

MALBEC, ÉDITION LIMITÉE, 2007, COLCHAGUA, VINA KANKURA


Vina Kankura est un domaine situé près de Palmilla au coeur de la vallée de Colchagua. Le vignoble compte pour le moment 73 hectares, comprenant du Chardonnay, du Cabernet Sauvignon, de la Syrah et seulement 4.5 hectares du Malbec qui entre dans la composition du vin dont il est question ici. Kankura dit être le premier producteur à avoir planté de la Syrah au Chili, en 1990. Jusqu’à maintenant, j’avais toujours pensé que Errazuriz avait été les premiers à planter ce cépage en 1993. J’ai peu d’information sur le Malbec dont il est question ici, sinon que la gamme “Édition Limitée”, selon le producteur, est conçue pour la garde. Les moyens mis en oeuvre semblent confirmer cette ambition, puisque le rendement des vignes pour cette cuvée est minuscule, à seulement 15 hl/ha, et que le vin est élevé 10 mois en barriques de chêne français neuves, avant un embouteillage sans filtration. La production est limitée à seulement 9000 bouteilles. Le faible rendement des vignes pour ce vin est comparable à certaines des plus grandes cuvées de Malbec au monde comme celles de vignobles uniques d’Achaval Ferrer à Mendoza, ou de la cuvée “Le Pigeonnier” du Château Lagrezette à Cahors. L’ambition semble être au rendez-vous, voyons ce que ça donne à ce stade au niveau du résultat.

La robe est d’une teinte violacée très intense et parfaitement opaque. Je n’ai pas souvenir d’avoir vu un vin d’une teinte aussi dense et violacée. Ça tache le verre. Au nez, on se croirait devant un Malbec argentin de très fort calibre. C’est profond et riche, avec des arômes de cerises, de figues séchées, de muscade et de terre humide, complétés par un aspect floral et une très légère touche torréfiée. Superbe nez de très jeune vin où la qualité supérieure est évidente. En bouche, le vin est ferme et droit au niveau de la structure, alors que la texture tannique est imposante, mais à la fois fine et serrée. Le fruit noir très intense domine la palette des saveurs, bien appuyé sur une solide base d’amertume. Je n’irais pas jusqu’à dire que ce vin est austère, mais il montre assurément un profil sérieux et viril. Le niveau de concentration est digne d’un grand vin, tout comme la persistance en finale.

Je disais en introduction qu’on semblait avoir affaire à un vin ambitieux conçu pour la garde, et bien je confirme que c’est bel et bien la cas. Je pense connaître assez bien les vins chiliens, mais ce pays arrive encore à me surprendre. En pure aveugle avec ce vin, je n’aurais jamais misé sur le Chili, et encore moins sur le coeur de la vallée de Colchagua. J’aurais plutôt penser à un vin argentin très sérieux et ambitieux. Je savais déjà que le Malbec pouvait donner de très beaux vins au Chili, avec des producteurs comme Loma Larga, Chocalan, Perez Cruz et Viu Manent. Je savais aussi que c’est un cépage qui y est sous-exploité. Mais avec un vin comme celui-ci, je me dis que le Chili devrait oublier sa rivalité trans-andine et adopter de manière plus large le Malbec. Il faut dire que le cas de cette cuvée, avec les conditions d’élaboration décrites en introduction, on a affaire à quelque chose de vraiment très ambitieux. J’ai payé ce vin 25.95$, et à ce prix c’est un RQP tout simplement formidable, voire incroyable. Je l’ai dit, et je le répète, le Chili compte beaucoup de nouveaux producteurs vraiment dédiés à la qualité, mais qui sont encore mal connus, tout comme leurs vins. Des vins qui n’ont pas encore reçu de très grosses notes des magazines américains, et que l’on peut encore se procurer à des prix défiant toute compétition. Franchement, je ne vois pas ce que ce vin a à envier aux top cuvées argentines vendues trois à quatre fois son prix. Ceci dit, il est clair que ce vin n’est absolument pas prêt à boire. Le seul intérêt à ouvrir une bouteille maintenant est de satisfaire sa curiosité et de voir à quoi ressemble le point de départ. Quand même, pour un tant soit peu apprécier ce vin en ce moment, un très long passage en carafe est recommandé. Il était à son meilleur 12 heures après l’ouverture de la bouteille. C’est donc un vin très jeune, trop jeune, mais avec un très fort potentiel de garde et offert à un prix ridiculement bas.


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dimanche 14 novembre 2010

GRANDE RÉSERVE, 2008, COLCHAGUA, VINA LOS VASCOS



Après le premier vin de la maison, Le Dix de Los Vascos, 2004, offert il y a deux ans à la SAQ. Voilà que celle-ci rapplique avec le deuxième vin de ce producteur appelé “Grande Réserve” ce qui souligne bien l’influence hexagonale sur la maison, puisque celle-ci est propriété de la firme “Les Barons de Rothschild” qui possède, entre autres, la Château Lafite-Rothschild à Bordeaux. Je n’ai pu trouver la composition précise de ce 2008, mais il est généralement dominé par le Cabernet Sauvignon (75 à 80%), complété par du Carmenère, de la Syrah et du Malbec. Le vin est élevé en barriques de chêne français dont la moitié sont neuves. Le vin titre à 14% d’alcool, et est bien sûr très jeune. L’aération lui a d’ailleurs fait le plus grand bien. La note de dégustation qui suit est basée sur mes perceptions environ huit heures après l’ouverture.

La robe est foncée bien que très légèrement translucide. Le nez est un peu retenu, mais on peut quand même y détecter des arômes de fruits noirs et de terre humide, ainsi qu’un aspect floral et une touche de poivron rouge. De très fines notes doucement épicée et torréfiées viennent compléter cet ensemble raffiné. En bouche, l’attaque est équilibrée, et malgré l’influence bordelaise indéniable, le terroir regagne ses droits avec un fruité doux et éclatant. Ce fruité et l’ensemble demeurent toutefois sous contrôle et on reste loin de la bombe fruitée, expansive. Au contraire, le milieu de bouche permet de découvrir un vin élégant et de belle tenue, aux tanins souples et veloutés, avec un niveau de concentration de très bon niveau. La finale est simplement superbe, avec une fine amertume qui y culmine en se fondant au doux fruité pour produire un effet gustatif des plus réussi. La persistance est digne d’un très bon vin.

Que dire de plus? Sinon que ce vin est simplement excellent. On sent que l’on a pas tenté de faire du Bordeaux au Chili, mais en même temps, on peut sentir l’influence bordelaise dans l’expression que l’on a obtenu du terroir de Colchagua. Ce vin ne semble pas forcé. On y a privilégié l’équilibre et la finesse, tout en ne reniant pas la caractère généreux du terroir. On s’est adapté au lieu, plutôt que l’inverse. Selon mes lectures, il a fallu du temps aux français délégués sur place en vagues successives pour comprendre cela. Ils y sont finalement arrivés en écoutant et en faisant confiance aux chiliens. La combinaison des deux mondes donne vraiment aujourd’hui un résultat des plus heureux. Encore une fois, soyez bien avisés que ce vin a actuellement besoin d’une longue période d’aération pour se présenter à son mieux, même si l’idéal me semble être une garde de cinq à quinze ans. Au prix demandé par la SAQ (19.65$), il s’agit d’un fort RQP, surtout qu’il pourra être acheté pour seulement 17$ le week-end prochain. Je chiale souvent contre la SAQ, mais cette fois je dois saluer la justesse de cet ajout, surtout que dans ce vin, la France et le Chili se rejoignent pour le mieux. Cela devrait donc aussi faire plaisir à nos nombreux francocentristes!!!


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samedi 13 novembre 2010

En matière de vin, le Québec est-il vraiment francocentriste?

J’ai lu cette question ailleurs... et comme j’ai mentionné quelques fois ici sur ce blogue que selon moi le Québec était effectivement francocentriste en matière de vin. J’aimerais clarifier ma pensée sur cette question. Pour moi le caractère francocentriste du Québec n’est pas relié aux chiffres de vente, surtout pas au niveau des produits de prix abordables, disons à moins de 20$. Non. Pour moi, le caractère francocentriste québécois se manifeste au niveau de ce qu’on pourrait appeler de manière large le vin fin et dans l’offre de produits qui y est reliée dans la province (SAQ + I.P.). Cette offre de produits totalement débalancée est en lien direct avec le discours et la mentalité francocentristes des professionnels du vin au Québec, que ce soit les journalistes, les sommeliers, ou les conseillers de la SAQ. Pour eux, de façon générale, la France est le centre du monde vinicole, le point de vue à partir duquel tout est analysé. Cela ne veut pas dire que l’on ne boira que du vin français, mais même lorsque l’on boit autre chose, on l’analyse par rapport aux références françaises.

Pour moi, le problème se situe donc dans la faible capacité au Québec d’aborder le vin avec une grille d’analyse autonome. Se détacher du pôle français, c’est accepter que d’autres canons esthétiques puissent légitimement exister. C’est aborder le vin avec un état d’esprit plus libre. C’est apprécier le vin pour ce qu’il est, et non pour ce qu’il n’est pas ou devrait être. Au-delà de cela, les goûts et préférences personnelles continueront d’exister, mais en abordant le vin d’une manière plus détachée, on peut se permettre d’avoir des goûts plus variés. Des goûts qui pourront s’exprimer selon le contexte et notre état d’esprit. En matière de vin, la France c’est le classicisme, personne ne peut nier cela ni en diminuer la valeur. Toutefois, le classicisme devrait être une base permettant d’élargir ses horizons, plutôt qu’un modèle établi comme forcément supérieur parce qu’il était là en premier et a tracé la voie pour ce qui a suivi.

Bien sûr, ce que j’évoque plus haut est une généralisation. La France évolue elle aussi et ne fait pas que du vin de facture classique, et le reste du monde tente aussi souvent de suivre le modèle classique français. Ceci dit, peu importe l’origine, du vin reste du vin, et en ce sens, les comparaisons demeureront inévitables. Moi je plaide pour une mise en contexte sans ancrage déterminé des vins, et pour cela il faut pouvoir se coller, au moins un moment, à l’origine de ceux-ci. Avec cette attitude, on sera plus porté à comprendre et apprécier ce que les vins sont, plutôt que relever ce qu’il ne sont pas. Mais en bout de course, je reconnais à quiconque le droit d’être classico-classique, d’être franco-français. Sur le plan individuel tout est permis. Ce que je souhaite, c’est qu’au niveau collectif, surtout dans une province régie par un monopole, le discours général soit plus ouvert, et que cela se reflète dans une offre de vin plus équilibrée et de meilleure qualité de la part de notre fameux monopole.
 
 
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vendredi 12 novembre 2010

Le vin chilien peut-il vieillir?

Je suis tombé aujourd’hui sur un article intéressant dont le titre pose cette même question (voir lien). Ceux qui lisent régulièrement ce blogue connaissent ma réponse à cette question, surtout en ce qui concerne le vin rouge. Pour les blancs, le développement de terroirs appropriés est trop récent pour affirmer quoi que ce soit avec certitude, mais j’ai confiance et j’expérimente. Dans cet article de la revue “Sommelier Journal”, un passage a particulièrement retenu mon attention. Je traduis librement:

“Cependant, aussi impressionnants certains vins (chiliens) puissent-ils être, il y a souvent de la réticence à accepter le Chili comme un égal des régions vinicoles classiques, dont l’histoire et le prestige sont si bien établis que nous pensons naturellement à elles lorsque l’on est à la recherche de vins pouvant bien vieillir...”

L’auteur soulève ensuite le coût généralement abordable des vins chiliens comme un avantage de ceux-ci. Aussi, et avec beaucoup de justesse, il pointe une des grandes faiblesses du Chili, soit la très faible disponibilité sur le marché de vins chiliens ayant de l’âge. Tellement, que l’auteur a dû se rendre chez les producteurs au Chili pour pouvoir goûter des millésimes plus anciens, et là aussi il a eu de la difficulté à en trouver. Il note que plusieurs producteurs chiliens ne gardent même pas leurs vins à titre de référence. Dans ces conditions, il est facile de comprendre pourquoi il est si difficile de trouver des vins chiliens avec un peu d’âge sur le marché. Le Chili fait de grands efforts pour développer de nouveaux terroirs mieux adaptés aux différents cépages, et pour diversifier sa gamme stylistique, mais en même temps il néglige se qui pourrait être une de ses grandes forces, soit le potentiel de garde de ses vins rouges. De plus, cet atout pourrait l’aider à améliorer son image de producteur sérieux. Quiconque à déjà dégusté un bon rouge chilien de 10-15 ans d’âge comprend ce que je veux dire.

http://www.sommelierjournal.com/articles/article.aspx?year=2009&month=6&articlenum=62


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dimanche 7 novembre 2010

Sucre omniprésent dans les vins de Nouvelle-Zélande???

Je suis tombé aujourd'hui sur un article consternant sur le site Rue Frontenac à propos d'une dégustation de vins néo-zélandais. En plein le genre d'article qui me choque à propos des vins du Nouveau-Monde. La fixation de l'auteur à propos du sucre est une vraie farce. Il débute son article avec ça, et en fait son leitmotiv. Je serais très curieux de connaître le nombre de vins dans cette dégustation qui étaient vraiment sucrés. À le lire, on dirait un gars qui s'est pointé là avec une attitude condescendante, la tête remplie de préjugés, et son article le reflète très bien. Ces références aux confrères, en introduction et en conclusion, me rappellent des expériences déjà vécues. Il y en a un du groupe qui y va de commentaires méprisants pour ouvrir le bal, et les autres suivent, et on continue de se convaincre par la suite. Vive les dégustations à l'aveugle comme celles de la revue CELLIER de la SAQ pour remettre les pendules à l'heure. Les vins du Nouveau-Monde font vraiment face à un barrage de préjugés difficile à briser dans notre beau Québec francocentriste. La dégustation en pure aveugle devrait être obligatoire. Ainsi on lirait moins de conneries.


http://www.ruefrontenac.com/detente/vins/29880-bande-des-vins


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vendredi 5 novembre 2010

Le Nouveau-Chili, c'est aussi du vin de plus en plus féminin

Pour décrire les changements rapides qui sont intervenus dans le Chili vinicole des 15 dernières années, j'aime souvent référer à ce que j'appelle le Nouveau-Chili. Toutefois, un aspect moins connu de cette évolution rapide, est le rôle de plus en plus important tenu par les femmes dans ce pays qu'on imagine macho. Cette image, comme bien d'autres négatives à propos de ce pays est de moins en moins vraie, et relève maintenant du cliché. Depuis la chute de Pinochet il y 20 ans, le Chili semble vivre sa révolution tranquille, l'éléction de Michelle Bachelet à la tête du pays en était un bon exemple. La réalité, c'est qu'aujourd'hui au Chili, un tiers des "winemakers" sont des femmes. C'est probablement plus que dans bien d'autres pays. C'est un changement assez récent, mais rapide, comme l'évolution du monde vinicole chilien. Je joins le lien vers un intéressant article de la revue américaine "Wine Enthusiast" sur l'émergence des femmes sur la scène vinicole chilienne,

http://www.winemag.com/Wine-Enthusiast-Magazine/Web-2010/Women-Winemakers/


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mercredi 3 novembre 2010

CHARDONNAY, MARQUES DE CASA CONCHA, 2008, LIMARI, CONCHA Y TORO



Concha y Toro est un géant. C’est de très loin le plus important producteur de vin au Chili, et un des plus importants producteurs et exportateurs de vin au monde. Dans le petit monde des amateurs passionnés de vin, un tel statut est souvent perçu négativement d’emblée. Tout de suite on pense vin industriel, vin sans identité, vin désincarné. Bien sûr, une telle façon de penser manque de nuance et relève plus de l’idéologie plus que de n’importe quoi d’autre. Concha y Toro produit sans l’ombre d’un doute des vins que l’on peut qualifier d’industriels, mais en même temps, c’est une compagnie hautement innovatrice et une réelle locomotive pour le secteur vinicole chilien. C’est une compagnie qui possède une masse critique incomparable, ce qui permet d’accumuler et de transmettre le savoir-faire d’une façon inaccessible aux petits opérateurs. C’est aussi une compagnie qui de par ses nombreuses gammes de produits, multipliés par un nombre considérable de filiales produit une très grande diversité de vins. Le vin dont il est question ici est à mon sens un bon exemple du souci d’innovation et de la constante quête qualitative de ce géant, et du rôle important qui est laissé aux employés sur le terrain pour être les moteurs de cette quête qualitative.

Marcelo Papa, l’oenologue en charge de la gamme “Marques de Casa Concha” est celui qui au début des années 2000, a poussé très fort au sein de la compagnie pour qu’elle s’intéresse au potentiel de la vallée de Limari. Il a su être convaincant car il y a quatre ans, Concha yToro a décidé de créer une filiale à part entière appelée “Maycas de Limari”, totalement dédiée aux vins de cette région. Ce Marcelo Papa doit être très persuasif, car il a ensuite réussi à faire changer l’origine des raisins pour cette cuvée “Marques de Casa Concha”, de Maipo à Limari. Ce n’est pas rien, car cette cuvée, lorsqu’issue de raisins de Maipo se méritait années après années des gros scores des revues américaines, ce qui en faisait un très bon vendeur. Mais Papa est convaincu de la supériorité de la fraîche Limari pour les vins de Chardonnay, et malgré le succès de l’ancienne cuvée, il a réussi à faire accepter le changement à ses patrons. Ce n’est là qu’un exemple, mais à mon avis, cela montre bien qu’une grosse compagnie ne pense pas nécessairement qu’au profit facile. Les employés passionnés, innovateurs, convaincus et convaincants peuvent y faire entendre leur voix. Tout cela est bien beau, mais qu’en est-il du vin?

La robe est d’une belle teinte dorée. Le nez est assez réservé, mais tout de même assez dégourdi pour qu’on puisse y humer des arômes fruités de citron, de pêche, et de poire, complétés par de fines notes de noix et de fumée. Très beau nez tout en subtilité, où la qualité des arômes est évidente. La bouche pour sa part est plus loquace, et simplement superbe. On y retrouve un vin ample et caressant, alliant élégance et intensité des saveurs fruitées, bien supportées par un apport boisé modéré et de belle qualité. Le vin est bien équilibré et possède un niveau de concentration rare pour un vin de ce prix. Heureusement, cette concentration élevée ne se paie jamais au prix de la lourdeur, comme c’est le cas des vins bien constitués. Le milieu de bouche permet aussi d'apprécier une légère onctuosité, alliée à un bon volume. Cela ajoute à la présence du vin, et lui permet de bien couler vers une finale intense et harmonieuse d'une très bonne longueur.

J’ai écrit cette note de dégustation après ma quatrième bouteille de ce vin. Après deux superbes bouteilles, j’avais décidé d’inclure une bouteille de ce vin dans une dégustation de vins du Chili qu’on m’a demandé d’organiser la semaine passée. À ma grande surprise, ce vin a très mal paru lors de cette dégustation, finissant bon dernier de la soirée. Cela m’avait laissé très perplexe, car j’avais été très impressionné par les deux premières bouteilles qui m’avaient semblé bien meilleures. Et bien cette quatrième bouteille me confirme la grande qualité de ce vin, et il est clair dans mon esprit que la bouteille que j’avais apporté à la dégustation était différente, et passablement en retrait par rapport aux trois autres. Lors de la dégustation des deux premières bouteilles, je trouvais une ressemblance à ce vin avec la cuvée de base de Kumeu River de Nouvelle-Zélande. Je me disais que le niveau qualitatif était similaire, et que cela faisait de ce “Marquès de Casa Concha”, acheté pour 18$, un RQP de haut vol, car le Kumeu représentait déjà pour moi un bon achat à un peu plus de 30$. Je ne tente pas de justifier un vin qui a moins bien performé lors de cette dégustation. J’ai rapidement ouvert une autre bouteille pour vérifier, et si le vin n’avait pas été bon, je n’en aurais simplement pas parlé, comme c’est la cas des mauvais vins qu’il m’arrive de goûter.


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mardi 2 novembre 2010

CABERNET SAUVIGNON, ANTIGUAS RESERVAS, 1989, ALTO MAIPO, COUSINO MACUL



Vendredi soir passé, à l’invitation de mes amis Pierrette et Jules, j’ai participé à une dégustation de vins du Chili tenus avec leur fille et des amis de dégustation de St-Jean-sur-Richelieu. Leur salle de dégustation est un superbe endroit pour déguster, et comme toujours avec eux, tout s’est passé sous le signe du plaisir, de la convivialité et de la simplicité. Je reviendrai plus tard avec mes impressions complètes de cette très belle soirée. Toutefois, j’avais gardé ce qu’il restait des vins après la dégustation, environ le quart des volumes originaux. Depuis vendredi, je revisite ces vins par curiosité, et aujourd’hui, c’était au tour du plus vieux du lot. Je n’avais pas de grandes attentes pour un vin si vieux exposé à l’air au fond d’une bouteille depuis quatre jours. Même si à mon avis ce vin n’avait pas obtenu tout le crédit qu’il méritait vendredi passé, à cause d’une légère composante d’acidité volatile (acide acétique, vinaigre), qui rappelait le ketchup au nez. Mais la bouche pour moi était déjà belle. Toujours est-il que ces jours d’exposition à l’air on fait disparaître cette acidité volatile, et le vin m’est aujourd’hui apparu sous un jour des plus favorable. Cela m’a beaucoup surpris, car j’ai toujours peur de l’effet de l’oxygène sur les vins d’un certain âge. C’est pourquoi j’avais jugé qu’il valait mieux ne pas le passer en carafe avant le service lors de la dégustation officielle, et encore moins l’ouvrir quatre jours avant le service avec une bonne exposition à l’air. Voici donc mes impressions de ce vin en ce bel après-midi d’automne où j’ai la chance d’être en congé après une période intense au travail.

La robe est de couleur encore assez soutenue, même si bien translucide et légèrement tuilée. Le nez est tout en retenue et en finesse, et montre clairement un profil évolué, même si on y retrouve encore une bonne dose de fruit. Ce fruit transformé par le temps est accompagné de notes de thé, de bois de cèdre, et d’épices exotiques. En bouche, l’attaque est encore bien soutenue, harmonieuse et suave, avec un bel équilibre d’ensemble. Le fruit évolué domine la palette des saveurs, bien soutenu par une douce acidité et un fin trait d’amertume. En milieu de bouche le vin est simplement superbe, tout en subtilité et en nuance, mais avec tout de même une belle tenue. C’est un vin fin et délicat, au profil évolué, qui coule sans effort, tout en procurant ce plaisir particulier que seuls les vins qui ont bien vieilli peuvent donner. La finale maintient le cap, avec des saveurs qui s’y fondent à merveille, sur une persistance de bon niveau.

Quand on pense en connaître un peu sur le vin, celui-ci semble toujours trouver un moyen de nous surprendre. Il semble toujours trouver le moyen de défaire nos idées toutes faites, en nous montrant son caractère unique et évolutif. C’est en plein ce que cet “Antiguas Reservas” a réussi à faire pour moi. Dépouillé de son acidité volatile, tout en conservant le reste de son profil. Il s’est révélé à mes sens sous un jour encore meilleur. C’est un très beau vin dans l’absolu, mais quand on pense qu’il a été payé autour de 10$ la bouteille, cette qualité est simplement renversante. D’ailleurs, je remercie ici son propriétaire, un certain Jaco, pour l’offrande qu’il nous a permis d’ouvrir malgré le fait qu’il ne pouvait être présent pour la dégustation. J’ai acheté huit bouteilles de la cuvée 2008 de ce vin lors de la dernière promo 10% sur les vins du Chili. Avec un rabais supplémentaire de 2.50$ au col des bouteilles, j’ai payé un peu moins de 14$ l'unité. Même si le Antiguas d’aujourd’hui n’est pas le même que celui d’il y a 20 ans, j’ai confiance pour la suite des choses. De toute façon, la plupart des vins élaborés aujourd’hui le sont d’une manière différente de ce qui prévalait il a 20 ans. Ceci dit, l’expérience que m’a donné cette bouteille de 1989 me convainc d’être encore patient avec mes deux bouteilles de 1996 que j’avais achetées à mes tout débuts comme amateur de vin un peu plus sérieux. Je dis bien un peu plus sérieux, car encore aujourd’hui je ne suis pas un amateur de vin vraiment sérieux, c’est probablement pourquoi je continue de mettre des “Antiguas Reservas” de côté, malgré tout...



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dimanche 31 octobre 2010

DON RECA, LIMITED RELEASE, 2007, CACHAPOAL, VINA LA ROSA



Vina La Rosa représente très bien pour moi le producteur traditionnel chilien de la vallée centrale qui a décidé il y a une dizaine d’années de prendre un virage qualitatif marqué tout en continuant de produire des vins typiques des parties chaudes de la vallée centrale chilienne. Cet assemblage est dominé par le Merlot (52%), complété par du Cabernet Sauvignon (25%), de la Syrah (18%) et du Carmenère (5%). Le vin a été élevé pendant neuf mois en barriques neuves de chêne français.

La robe est très foncée et parfaitement opaque. Le nez cadre avec le profil classique des rouges de l’ancien Chili, celui des parties chaudes de la vallée centrale, avec un mélange de fruit généreux et de notes boisées et végétales diverses. On y retrouve des arômes de cassis, de prune, de menthol, d’eucalyptus, de poivron vert, d’herbes aromatiques, d’épices douces et de chocolat noir. C’est très complexe et multidimensionnel comme nez avec le fruit qui domine, complété par des notes végétales fraîches (menthol, eucalyptus, cassis), boisées/épicées, et un soupçon de végétal vert (pyrazines). En bouche, l’attaque est équilibrée, riche, pleine, et veloutée. L’amalgame de saveurs est intense et riche, reflétant bien la variété d’arômes perçue au nez. Le fruit montre une certaine douceur épicée qui est bien balancée par une solide trame d’amertume. En milieu de bouche, le vin a beaucoup de présence, aidé en cela par un niveau de concentration de fort calibre, un bon volume et une présence tannique à la fois souple et imposante. La finale poursuit en droite ligne, sur une bonne persistance aux relents de chocolat noir.

Très bon jeune vin, au profil distinctif, avec lequel on ne joue pas la carte de la finesse, mais celle d’une certaine puissance intégrant complexité et “typicité”. Ce vin affiche ses origines sans retenue. C’est un vin au caractère sauvage qu’il faut, selon moi, renoncer à apprivoiser. Il faut le prendre comme il est. Ce n’est donc pas un vin pour amateur de “bon goût” et de profil civilisé. Avec ce vin, il faut avoir un peu le goût de l’aventure. Il faut avoir envie de sortir des sentiers battus. Ce faisant, il faut pouvoir s’ouvrir à une esthétique un peu différente. C’est un vin du nouveau monde dans le meilleur sens du terme. À une époque où on aime dénoncer une supposée uniformisation du goût, ce vin expose fièrement sa différence. Ceci dit, comme la plupart des bons rouges chiliens, je pense que ce vin possède ce qu’il faut pour bien évoluer sur une vingtaine d’années. C’est un superbe achat pour les 21.75$ qu’en demande la SAQ.


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mercredi 27 octobre 2010

Les attentes influencent l'expérience sensorielle lors de la dégustation du vin

Ceux qui me lisent avec régularité se diront que je reviens avec une de mes marottes, que je tape encore sur un de mes clous favoris. C'est vrai. Mais à chaque fois que je rencontre une information sur le sujet, j'aime la partager. Dans ce cas-ci, je suis très en retard. Cette nouvelle date de plus d'un an. Quand même, ça demeure selon moi intéressant, surtout que ça implique un vin qui déjà fait beaucoup parler ici au Québec. Il s'agit de chercheurs suisses qui ont mené une étude de dégustation impliquant le vin argentin de Michel Rolland, Clos de Los Siete, 2006. Ce vin s'était mérité une note de 92 de Jay Miller du Wine Advocate. Lors de l'étude, les 163 dégustateurs étaient divisés en 5 groupes. On informait dès le départ le premier groupe de la note de 92 reçue par le vin. On mentait au deuxième groupe en disant que le vin s'était plutôt mérité une note de 72. Pour les deux groupes suivants, les notes étaient révélées seulement après la dégustation du vin, mais avant que les dégustateurs n'émette leur jugement sur celui-ci. Alors qu'au cinquième groupe on ne disait rien du tout sur le vin.

Les résultats montrent que le groupe qui a le plus apprécié le vin était celui qui savait dès le départ que le vin avait reçu 92 points, et c'était aussi le groupe qui aurait été prêt à payer le plus pour ce vin. Pour moi cela confirme ce que je pense depuis longtemps, c'est-à-dire que ce que l'on sait et pense d'un vin avant de le déguster influence notre perception de celui-ci. Ça me confirme aussi que le système de notation de Parker a un effet de renforcement positif chez le consommateur qui achète un vin en se basant sur ce critère. La bonne note aidera l'acheteur à apprécier le vin, et finalement à être en accord avec le critique. Ce qui donnera au critique de la légitimité à ses yeux. Ce faisant, il aura tendance à acheter d'autres vins bien cotés par ce même critique, et ainsi, la roue positive continuera de tourner. Ce qui est vrai pour les notes à la Parker est aussi vrai pour le prix plus élevé, la renommée du producteur, le prestige de l'appellation et ainsi de suite. Plus le dégustateur sera convaincu de la qualité du vin avant d'y goûter, plus grande pourra être l'influence sur la perception mentale de celui-ci. Conclusion? Si vous voulez mieux apprécier les vins que vous achetez, assurez-vous d'être convaincus d'avance de leur qualité!!!

http://huehueteotl.wordpress.com/2009/09/16/praised-wine-tastes-better/

http://www.psychomedia.qc.ca/pn/modules.php?name=News&file=article&sid=7143


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vendredi 22 octobre 2010

Sous-représentation des vins chiliens au Canada: l'exemple britanno-colombien


Ceux qui suivent de près ce qui s'écrit sur ce blogue ont sûrement lu l'échange que j'ai eu avec un intervenant, dans la rubrique « L'exemple britannique », sur la place trop limitée qu'occupe les vins chiliens à la SAQ, surtout en ce qui a trait aux vins de spécialité. Parfois je me sens un peu seul avec cette vision des choses. C'est donc avec le soulagement de celui qui rencontre une opinion convergente que j'ai lu la chronique d'Anthony Gismondi du Vancouver Sun à propos de la place beaucoup trop limitée des vins de qualité chiliens en Colombie-Britannique. Le chroniqueur s'interroge à savoir pourquoi les vins intéressants des nouvelles régions de ce pays sont si peu représentés sur les tablettes du monopole provincial, et il ne trouve pas de réponse. Pourtant il se vend plus de bouteilles de vins chiliens en Colombie-Britannique, que de bouteilles de vins français, et en terme de valeur, les deux pays sont à égalité. Pourtant, le monopole de la province offre 1130 vins d'origine française, contre un très maigre 158 vins pour le Chili. Dans ces conditions, la performance de vente chilienne est incroyable. Malheureusement, le revers de cette médaille, c'est que ça confine presque totalement le pays dans le créneau et dans l'image de producteur de vin à bas prix. Je joins le lien vers l'article. À lire.
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mardi 19 octobre 2010

SAUVIGNON BLANC, 2008, SAN ANTONIO, MATETIC VINEYARDS



Matetic est un des producteurs qui mènent le mouvement de renouveau et de diversité au Chili. Ces vins sont certifiés bio et proviennent de la nouvelle région côtière et fraîche de San Antonio. En plus de ce Sauvignon Bllanc, on en produit une cuvée “côtière”, provenant de vignobles situés encore plus près de la côte. Il serait intéressant d’avoir les deux cuvées pour pouvoir comparer. En ce qui concerne la cuvée dont il est question ici, les raisins proviennent de trois parcelles distinctes situées à flancs de collines et ayant des expositions différentes. La fermentation a lieu en petits résevoir d’inox de seulement 330 litres, et selon les réservoirs, 4 types de levures différentes sont utilisées pour la fermentation. Le but étant de favoriser la complexité aromatique du vin. Le vin titre à 14.5% d’alcool, pour un pH de 3.1, et seulement 2.1g/L de sucres résiduels, ce qui confirme qu’il s’agit d’un vin bien sec.

La robe est pâle, de teinte verdâtre. Le nez, juste à l’ouverture, montre des arômes de pamplemousse et de zeste de pamplemousse qui s’estompent rapidement. Ensuite, le tout se recentre sur des arômes de citron, complétés par des notes florales et minérales, une très légère pointe de poivron vert, ainsi qu’une touche de conifère qui lui donne un peu des airs de Riesling. En bouche, l’attaque révèle un vin de belle amplitude, aux saveurs citronnées intenses, vivifiées par une bonne acidité, et relevées par un trait d’amertume. Le niveau de concentration est très bon, ce qui contribue à la présence affirmée du vin en milieu de bouche. La finale est réussie, avec un bel équilibre et l’intensité des saveurs qui monte d’un cran, avant de décliner sur une bonne persistance où l’amertume gagne un peu en importance.

Avec toute la controverse qu’il y a eu autour de ce vin, et avec le nombre de dégustateurs qui l’ont goûté. Je suis vraiment étonné qu’après aération du vin, personne n’ait noté une certaine similarité avec un vin de Riesling. En fait, seul le très léger poivron peut indiquer un Sauvignon Blanc. Pour ce qui est du citron, c’est une caractéristique possible avec trop de cépages blancs pour pouvoir penser Sauvignon en se basant sur ce seul critère. Dans une vraie dégustation en pure aveugle de ce vin, après aération de celui-ci, j’aurais assurément opté pour un vin de Riesling, et en aucun cas je n’aurais pu dire qu’il venait du Chili. Ceci étant dit, au-delà de ce manque relatif de “typicité” par rapport à son cépage d’origine, j’ai trouvé que c’était un vin de grande qualité, bien équilibré, parfaitement sec, à l’alcool très bien intégré, et avec une belle matière intense et généreuse. Une qualité comparable à celle de nombreux vins du double du prix à n’en pas douter, même si dans le cas de ce 2008, la comparaison Sancerroise ne tient pas vraiment. Fait à noter aussi, contrairement au 2007 qui était à l’origine de mes commentaires controversés, ce 2008 est embouteillé sous capsule à vis.

P.S.: Je me suis servi ce soir un dernier verre de ce vin, venant du fond de la bouteille gardée au frigo, et le vin a retrouvé un peu d’airs de Sauvignon Blanc. Les notes conifères qui alliées au citron me faisait penser Riesling sont maintenant complètement disparues, et le poivron, quant à lui, semble juste un peu plus présent. Au-delà de cela, c’est toujours le caractère citronné qui domine, et le vin dans son ensemble se tient toujours très bien.

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dimanche 17 octobre 2010

CABERNET SAUVIGNON, MAX RESERVA, 2003, ACONCAGUA, ERRAZURIZ


Après l'expérience particulière vécue avec le Cabernet Sauvignon, 2008, de Arboleda. J'ai eu envie d'ouvrir un Cab de la même région avec un peu d'âge pour voir de quoi il en retournait. Il faut préciser que Errazuriz et Arboleda partagent un savoir-faire commun, appartenant toutes deux à Eduardo Chadwick. Ce Max Reserva, 2003, provient d'une année très chaude, et il contient 3% de Petit Verdot et 2% de Cabernet Franc. Il a été élevé pendant 15 mois en barriques de chêne français (66%) et américain (34%), dont 24% étaient neuves. Ce vin marquait l'arrivée d'un nouveau « winemaker » chez Errazuriz, en Francisco Baettig, et cela c'était traduit par un changement vers plus de maturité dans le style. Mon souvenir de ce vin en prime jeunesse est celui d'un vin velouté et assez volumineux, qui séduisait avec ses arômes de pâtisserie et de cerises au chocolat. J'ai bien hâte de voir où il en est cinq ans plus tard.

La robe montre toujours une teinte bien soutenue, bien qu'elle soit légèrement translucide. Le nez est très discret à l'ouverture, mais se dégourdi un peu avec le temps, en laissant échapper des arômes évolués de cerise, d'épices exotiques et de bois de cèdre, complétés par des notes de feuilles mortes et quelques subtiles traces de sa jeunesse chocolatée. En bouche, le vin se montre passablement plus expressif, avec une belle attaque bien ferme qui permet de découvrir un vin compact et frais. Le fruité est encore bien présent, mais n'a plus sa douceur de jeunesse, aidé en cela par une bonne dose d'amertume qui contribue à lui donné un air plus sérieux. Des notes épicées et d'évolution s'entremêlent au fruité pour ajouter à l'ensemble ce cachet qu'on ne peut retrouver dans les vins très jeunes. Les tanins sont fins et tissés serrés, ce qui contribue au profil compact du vin. La finale est harmonieuse et fondue, avec une bonne persistance. Un dépôt assez important se retrouve sur les parois de la bouteille.

Certains dégustateurs n'ont pas la métamorphose facile, pour le meilleur ou pour le pire... Toutefois, de ne pas trop changer comme dégustateur me semble un avantage pour constater la métamorphose du vin avec le temps. Dans le cas de ce Cabernet Sauvignon, je pense vraiment que le mot métamorphose n'est pas trop fort. En fait, c'est comme si le temps avait dépouillé le vin des amples et voyants habits dont on l'avait affublé au départ, pour le ramener plus près de sa nature de base. Personnellement, je n'ai rien contre le spectacle et les costumes. Lorsque la situation s'y prête, ça peut avoir son charme. Ceci dit, s'y j'ai à choisir, je préfèrerai le plupart du temps les vins qui s'en tiennent plus à l'essentiel. C'est d'ailleurs ce pourquoi j'aime garder du vin. Parce qu'il n'y a pas de substitut au temps pour permettre au vin de se révéler d'une façon plus fondamentale. Pourtant, je suis quelqu'un qui en matière de vin a le mot authenticité en horreur. Je trouve que c'est un mot galvaudé. Le vin authentique pour moi ça n'existe pas, parce que ça présuppose une vérité de départ, liée à un point d'arrivée incontournable. Ce qui existe toutefois, c'est le vin qui évolue, et dans ce processus on ne peut pas faire abstraction du parcours entier. Je veux dire par là qu'un vin à un moment précis est ce qu'il est à cause de tout ce qu'il a été durant son parcours. Malgré tout, une chose est sûre pour moi, c'est que cinq ans plus tard, ce vin n'a maintenant que très peu à voir avec ce qu'il était au départ. Comme quoi les vins qu'on peut qualifier de racoleurs en jeunesse, peuvent se transformer en vins beaucoup plus sérieux avec le temps. C'est d'ailleurs une des beautés reliées à la garde du vin. Cela ajoute une dimension supplémentaire à l'expérience d'ensemble. Ce Cabernet, Max Reserva, 2003, est maintenant à un point très intéressant de son évolution, mais il n'a pas encore tout dit. Heureusement, j'ai encore cinq bouteilles de ce nectar pour suivre le reste de cette histoire qui en cours de route, jusqu'à maintenant, m'aura procuré des plaisirs multiformes.


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samedi 16 octobre 2010

CABERNET SAUVIGNON, 2008, ACONCAGUA, ARBOLEDA




À la fin d'août dernier j'ai parlé du Cabernet Sauvignon, 2001, de Arboleda. En 2001, c'était les début de Arboleda, et ce vin provenait de la vallée de Maipo, ce qui était temporaire. Maintenant le Cabernet Sauvignon de cette « boutique winery » provient de son propre vignoble planté en 1999 et 2000 dans le milieu de la vallée de l'Aconcagua. Ce vin est en fait un assemblage comprenant 15% de Cabernet Franc. L'année 2008 fut fraîche dans cette région, ce qui a repoussé les vendanges jusqu'à la première semaine de mai. Cela explique probablement le titre alcoolique relativement modéré de 14% qu'il affiche, ainsi que le bas pH de 3.48. Le vin a été élevé un an en barriques de chêne français (88%) et américain (12%), dont 44% étaient neuves. J'ai dégusté ce vin sur deux jours, en conservant la deuxième moitié en bouteille de 375 ml pleine. Le vin a beaucoup changé en 24 heures. Le jour de l'ouverture, il était assez marqué par l'apport boisé doucement épicé et vanillé, alors que le lendemain, cet aspect avait pratiquement disparu pour laisser les caractéristiques de base du vin s'exprimer, c'est-à-dire ce que donne ce cépage sur ce terroir.

La robe est sombre et opaque. Le nez de base exhale des arômes de cerises, de cassis, de bois de cèdre et de menthol, complétés par de légères notes terreuses et florales. Le premier jour, un aspect d'épices douces, incluant la vanille, s'ajoutait et marquait le profil d'ensemble. J'ai aimé les deux versions, même si la deuxième était plus sérieuse... En bouche, le vin montre un bel équilibre et de belles proportions. Il a une bonne matière, mais ne joue pas la carte de l'extraction poussée et de la très grande concentration. Le premier jour, le boisé semblait arrondir les angles, tout en ajoutant de la douceur au niveau gustatif, alors que le lendemain, le vin montrait un aspect un peu plus sec et rude, même si dans l'absolu ça demeure un vin d'une belle souplesse. C'est juste que le vin avait juste perdu son côté impeccablement lisse. D'autre part, le fruit est de belle qualité, avec de la fraîcheur, et est soutenu par une juste dose d'amertume. La finale est un peu sévère, et de bonne persistance, avec l'amertume de chocolat noir qui gagne un peu en importance plus la fin approche.

Si j'avais totalement vidé cette bouteille la première journée, je serais passé à côté d'une expérience étonnante et très intéressante. Je n'ai pas souvenir d'un vin ayant vu son aspect boisé s'atténuer et se transformer en si peu de temps. J'avais bu sur trois jours un Carmenère, Terrunyo, 2007, Cachapoal, Concha y Toro, le week-end dernier. Ce vin était une bête boisée à l'ouverture, et c'est resté ainsi pendant les trois jours. Dans le cas de ce Cabernet, il était bien plus équilibré dès le départ, avec un boisé moins imposant, même si bien présent. J'ignore ce qui peut expliquer ce phénomène. Toujours est-il que c'est un vin que j'ai bien apprécié. Un vin qui montre les proportions que j'aime tant dans ce type de vin chilien. Le producteur parle d'un bon potentiel de garde pour celui-ci, et j'ai tendance à croire que c'est bien vu. Ce vin est présentement réduit de 18.95$ à 16.45$ dans la circulaire actuelle de la SAQ, et aujourd'hui en ce samedi, on pourra l'acheter avec un rabais additionnel de 10% qui portera son prix à 14.80$. À ce prix, c'est un RQP carrément imbattable. Dans l'article de Jancis Robinson que je référençais hier, elle recommandait ce vin, tout comme le Terrunyo que j'évoquais plus haut. En Grande-Bretagne, ces deux vins se vendent presque pour le même prix, alors qu'ici, le Arboleda est beaucoup moins cher, et sera encore beaucoup moins cher demain. Environ la moitié du prix suggéré en Grande-Bretagne. Pour une fois que la balance penche de notre côté, c'est une bonne occasion d'en profiter.

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