jeudi 31 décembre 2009

Bonne et Heureuse Année 2010!!!!








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CARMENÈRE/CABERNET SAUVIGNON, ENVERO, GRAN RESERVA, 2007, APALTA, COLCHAGUA, APALTAGUA





Beaucoup d’étrangers investissent dans le potentiel vinicole du Chili. Miguel Torres fut le premier à montrer la voie dans les années 80 en s’installant dans la vallée de Curico. Edward Tutunjian, un américain tombé amoureux du Chili a suivi le même chemin il y a un peu plus de dix ans en achetant des vignobles dans cette même vallée de Curico et y créant des vins sous une étiquette portant son nom. Depuis, il a étendu ses activités dans Colchagua, où il a racheté Apaltagua. Et dernièrement, il a entrepris de créer son propre vignoble en plantant du Cabernet Sauvignon et de la Syrah près de Pirque dans l’Alto Maipo. De plus, autre geste montrant le sérieux du bonhomme, il a engagé le réputé Alvaro Espinoza comme consultant. Le vin dont il est question ici, le Envero, est un assemblage à forte dominante de Carmenère (90%), qui provient de la réputée sous-région de Apalta, située au coeur de la vallée de Colchagua. Il est issu de vieilles vignes de 60 ans d’âge, et a été élevé en barriques de chêne pour 8 à 12 mois. Le vin titre à 14% d’alcool.

La robe est bien foncée et opaque. Le nez est d’intensité modérée, et exprime de beaux arômes de fruits rouges et noirs, mâtinés de notes doucement épicées et d’une touche d’herbes aromatiques, ainsi que d’un trait de poivron rouge grillé. Un léger caractère chocolaté vient compléter ce très agréable ensemble qui sait éviter le caractère parfois trop végétal du Carmenère. En bouche, l’attaque est pleine et équilibrée, la structure est assez compacte et évite les débordements. Le fruité est éclatant et bien balancé par une juste dose d’amertume. Comme au nez, les notes d’épices douces et d’herbes aromatiques viennent agrémenter l’effet gustatif d’ensemble. Le milieu de bouche ne fléchit pas, sur un bon niveau de concentration et une texture tannique veloutée. Le finale ne dévie pas, gardant le cap, en se montrant harmonieuse et intense, sur une longueur de bon calibre.

Tout amateur de vins chiliens puis-je être, le Carmenère n’est pas mon cépage favori. Je le préfère de loin comme élément minoritaire d’un assemblage, qu’il peut alors complexifier et enrichir. C’est un cépage difficile à maîtriser, et lorsqu’il joue les premiers rôles, c’est une boîte à surprises, tellement les résultats peuvent être variables. Dans ce cas-ci, la surprise a été plus que bonne. J’ai vraiment beaucoup aimé ce vin que j’ai trouvé bien équilibré, avec une bonne matière et déjà agréable à boire. Ce vin s’est mérité les chaleureux éloges de la revue britannique Decanter et ça me semble parfaitement mérité. J’ai payé cette bouteille la modique somme de 15.95$. À ce prix, il va sans dire que c’est un RQP de haut niveau, et Apaltagua est un producteur à surveiller.


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lundi 28 décembre 2009

RIESLING, HANLIN HILL, 2008, CLARE VALLEY, PETALUMA



Après avoir lu à propos de Brian Croser, qui a fondé Petaluma il y a environ 30 ans, et sur cette maison et la qualité de ses vins aujourd’hui. J’ai eu le goût d’ essayer un de leur vin, soit ce Riesling. C’est le moins cher de la gamme, et pourtant ce vin reçoit beaucoup de commentaires très élogieux et possède un historique de garde impressionnant pour un vin de prix si abordable (22.45$). Le premier millésime issu du vignoble de Hanlin Hill a été produit en 1979. La région de Clare Valley, comme bien d'autres en Australie, est touchée par la sécheresse depuis quelques millésimes, et ce 2008 n’y échappe pas. La floraison fût très hâtive, et les raisins furent cueillis un mois plus tôt que la norme historique. Ce faisant, ils ont évité le pire de la vague de chaleur qui a touché cette région en 2008. La fermentation a lieu à basse température (10-13°C) et c’est étendue sur une longue période de six à sept semaines, jusqu’à épuisement des sucres. Le vin titre à 12.5% d’alcool.

La robe est d’une teinte jaune plutôt pâle. Le nez est de bonne intensité et dégage des arômes marqués de citron, complétés par des notes de poire et une pointe de fruits exotique. À cela s’ajoute une trace d’hydrocarbure et un caractère minéral crayeux bien en évidence. En bouche, l’attaque porte bien son nom, avec une acidité vive et un aspect minéral soutenu. Cela donne au vin un caractère assez austère, avec un fruité citronné sur la retenue. Le milieu de bouche est intense et concentré, mais toujours marqué par l’acidité et l’aspect minéral. Cela se poursuit en finale, sur une très bonne longueur.

Voilà un vin qui n’est pas pour les coeur sensibles et les amateurs de douceurs onctueuses. Bien typé Riesling et bien sec, ici on est dans la droiture acérée. Dire que ce vin est tranchant serait un euphémisme, surtout trois jours après l’ouverture où il semblait avoir perdu un peu de son fruit. Actuellement, il faut être dans des conditions favorables pour apprécier ce vin tellement il ne fait pas de quartier. Toutefois, sa qualité me semble indéniable et son potentiel de garde évident. Le néologisme “minéralité” me semble souvent galvaudé dans le merveilleux monde vinicole, mais je pense que ce vin permet de constater assez facilement qu’il peut parfois être légitime. Selon mes lectures, ce vin s’assagit avec l’âge et gagne en complexité. Moi qui manque de vins de garde en blanc, et qui ne déteste pas ce style affirmé, je pense bien donner une chance à la garde de ce vin avec quelques bouteilles qui iront dormir tranquillement. Surtout que les blancs de ce prix, ayant un historique de garde éprouvé, sont plutôt rares. Un vin pouvant mettre à mal tous les préjugés à propos des vins australiens. Je pense vraiment que pour la garde c’est une véritable aubaine au prix demandé.


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vendredi 25 décembre 2009

CABERNET SAUVIGNON, RESERVA, DOMAINE DON MAXIMIANO, 1998, ACONCAGUA, ERRAZURIZ


Une petite vieiilerie pour fêter Noêl. Le nom de ce vin trahit son âge. C’était avant qu’on rebaptise cette cuvée sous le nom plus commun de “Max Reserva”. 1998, c’est l’année où le phénomène “El Nino” a frappé le plus fort au Chili, avec de la pluie et des températures plus fraîches. En fait, c’est le dernier millésime déclaré comme carrément mauvais dans ce pays. Toutefois, là comme ailleurs, il faut se méfier de ce genre de jugement général. Le Chili est un vaste pays vinicole, et là aussi les décisions humaines peuvent jouer un grand rôle sur le niveau qualitatif final. Pour le reste, j'ai peu d'informations sur ce vin. Sinon qu’il titre à 14% d’alcool, et de mémoire, qu’il a été élevé en barriques de chêne français et américain, dont une certaine proportion était neuves.

La robe est passablement translucide, de teinte brique au pourtour orangé, montre des signes clairs d’évolution. Le nez est bien présent, mais là aussi l’évolution est facilement notable avec des arômes de terre humide, de feuilles mortes et de thé, qui s’entremêlent à des notes de fruits rouges (cerises) et d’épices douces, ainsi qu’à un aspect torréfié intriguant. Très beau nez évolué et complexe, situé à des lieues de son profil de prime jeunesse. En bouche, le vin est d’un bel équilibre où les divers aspects sont bien intégrés. On peut percevoir l’évolution de chaque élément de départ, que ce soit le fruité ou le boisé. Il sont toujours là, mais sous une forme altérée par le temps, et à cela s’ajoutent de nouvelles saveurs qui viennent contribuer à lier l’ensemble. C’est un phénomène difficile à mettre en mots, mais le résultat est vraiment délectable. Ce vin est encore bien expressif, mais évite toute forme d’agression, chose qu’on retrouve souvent dans de très bon jeunes vins. Ici, la matière a eu le temps de se calmer, de se fondre, et ça coule de source, sans effort, comme une caresse. Ce n’est pas très concentré, ni volumineux ou puissant. On est ici dans un autre registre. La finale ne dévie pas de la ligne tracée, et montre une bonne longueur, sans plus, sur des rémanences de chocolat noir.

Compte tenu du millésime, je dois avouer que j’ai été agréablement surpris par ce vin. Il avait encore suffisamment de fruit pour créer un bon équilibre avec les notes tertiaires. Son aspect fondu m’a beaucoup plu. On était loin ici d’un vin spectaculaire qui en mets plein la bouche. C’était un vin modéré, au profil évolué et à la texture veloutée. Facile et agréable à boire, misant sur l’aspect aromatique. Certainement pas un grand vin, pas aussi bon qu’un bon Cab de Maipo, du même prix et du même âge, mais quand même d’un bon niveau qualitatif. Le genre de vin qui me motive à mettre beaucoup de rouges chiliens de cette gamme de prix de côté. Car ce type de vin n’est pas disponible sur le marché. Si on veut en boire sur une base régulière, il faut y voir soi-même.

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jeudi 24 décembre 2009

Joyeux Noël!!!!






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CHARDONNAY, MARQUES DE CASA CONCHA, 2007, PIRQUE, ALTO MAIPO, CONCHA Y TORO



Je poursuis ma série de Chardonnays chiliens en m’éloignant totalement de la côte Pacifique, pour aller complètement à l’opposé, au pied des Andes, dans l’Alto Maipo, près de Pirque. Le vignoble s’appelle Santa Isabel et il est situé dans la partie la plus élevée et la plus fraîche de cette région reconnue pour ses Cabernets. Cette cuvée reçoit année après année les louanges et les gros scores des critiques américains (WA et WS), et pourtant, ce 2007 deviendra une sorte de relique vinicole, car il s’agit du dernier millésime de ce vin produit dans sa forme actuelle. À partir du millésime 2008, cette cuvée est élaborée avec des raisins provenant de la vallée de Limari. En un sens, cela est surprenant, car avec les gros scores que recevait ce vin, on comprend mal pourquoi le producteur a décidé de changer la recette. Toutefois, d’un autre côté, ça en dit beaucoup sur le potentiel que Concha y Toro voit dans la région de Limari. Il faut dire que l’oenologue en charge des vins de la gamme Marques de Casa Concha, Marcelo Papa, croit tellement au potentiel de Limari, qu’il a convaincu ses patrons d’acheter et de planter des vignobles dans cette région, et de créer une nouvelle compagnie, dédiée à ces vins, appelée Maycas del Limari. Donc, avec ce Chardonnay de Maipo, je bois vraiment une partie de l’ancien Chili en voie d’extinction. Je le boirai avec un peu de recueillement donc.... Je l’aimais bien moi ce vin.

La robe arbore une teinte dorée. Le nez est bien calibré avec des arômes de pêches bien mûres, de citron, d’orange et de mangue, le tout étant complété par des notes de miel et d’épices douces, ainsi qu’une touche de caramel. Très beau nez sur le fruit bien mature et au boisé bien dosé. À la fois jeune et complexe. En bouche, l’attaque équilibrée, avec un brin de rondeur et une belle intensité fruitée qui se marie bien à l’aspect boisé de qualité. Le milieu de bouche montre un vin de bon volume et bien concentré, mais sans lourdeur. Ça coule facilement vers une belle finale intense, où les saveurs se fondent et persistent un long moment.

Fidèle au style mûr et savamment boisé de cette cuvée. Un vin très agréable, facile à boire. Beau dernier tour de piste. Je serais curieux de savoir ce que fait maintenant Concha y Toro avec ces vignes de Chardonnay??? Recalées dans une gamme inférieure, ou bien greffées avec du Viognier ou un cépage rouge aimant un peu de fraîcheur, comme la Syrah, le Cabernet Franc, ou le Malbec??? Une chose est sûre, l’abandon de ce vin à succès montre bien la détermination du Chili à aller de l’avant, sans trop s’émouvoir de ce qu’il laisse derrière.

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mardi 22 décembre 2009

Petites précisions sur mes notes de dégustation

J’aimerais préciser certaines choses par rapport à ce que j’écris sur ce blogue. La première étant que j’ai rarement le temps ou l’envie d’écrire sur des vins que je n’ai pas aimés. Ce qui fait que je peux avoir l’air de tout aimer, tout le temps. Il faut dire que n’étant qu’un amateur, les vins dont je parle sont, la plupart du temps, des vins que j’ai achetés, et que comme amateur je n’achète pas à l’aveuglette. Je fais presque toujours une recherche avant d’acheter un vin. Je connais aussi très bien mes goûts. Cela limite beaucoup les erreurs. Aussi, mon intérêt particulier pour le Chili limite encore plus mes mauvais achats de ce côté. Ça ne les élimine pas totalement toutefois. À preuve, dernièrement, le Carmenère/Cabernet Sauvignon, 1810, 2006, Maule, Casa Donoso. Un vin totalement ruiné par les bretts, ou bien le Chardonnay, Reserve, 2008, Casablanca, Vina Carmen, un vin très quelconque qui a fini son existence dans la sauce au fromage. Ou encore une dégustation des produits D’Arenberg à laquelle j’ai participé dernièrement. Je n’ai vraiment pas aimé la plupart de ces vins dominés par l’impression sucrée du fruit. Ça prend déjà assez de temps et de motivation pour écrire sur les vins que j’ai aimés. Je n’ai pas ce temps ni cette motivation pour le faire négativement. Voilà.

Un autre point est celui des notes. Je ne donne pas de notes aux vins dont je parle. Plus je progresse dans le monde du vin et plus je trouve ridicules les notes chiffrées et précises. Cela ne veut pas dire que je n’ai aucune idée du niveau qualitatif d’un vin donné, mais les mots permettent de mieux préciser cette appréciation qualitative, de la mettre en contexte, et surtout, d’inclure la notion de plaisir dans l’équation. Par exemple, je trouve que la plupart des vins rouges sont mis en marché bien trop jeunes. Actuellement, j’ouvre des 2007 par curiosité, et la plupart sont bien trop jeunes et donneront bien plus de plaisir dans quelques années. La qualité est là, on peut la constater, mais le vrai plaisir est à venir. Comment peut-on intégrer cette opposition dans un seul chiffre? C’est à mon avis impossible, et s’il faut lire le commentaire pour bien comprendre, alors le chiffre est inutile. Aussi, il y a toute la question des critères à la base de l’évaluation. Par exemple, un critère de plus en plus important pour moi, et relié à la notion de plaisir, est la fameuse “buvabilité”. Cette notion est très variable dans le temps pour un vin donné, et n’est généralement pas primordiale dans l’attribution de notes par les professionnels. Selon mon expérience, ceux-ci privilégient la plupart du temps la concentration, la puissance et la longueur. Autre problème pour moi avec les notes, et celui-ci est bien personnel, c’est que j’ignore ce qu’est un vin parfait. Alors même selon mes critères qualitatifs personnels, sans limite supérieure bien établie, il me serait difficile d’établir une échelle de notation valable. À l’encontre des notes précises, il faut bien sûr ajouter les limites du dégustateur. Je suis convaincu qu’il est impossible pour un dégustateur, même le meilleur, d’attribuer à l’aveugle la même note au même vin de façon répétée. Les sens du goût et de l’odorat n’ont juste pas cette précision, et quelqu’un qui veut écrire sérieusement sur le vin devrait avoir l’humilité de le reconnaître.

lundi 21 décembre 2009

CHARDONNAY, WINEMAKER’S LOT 14, 2008, CASABLANCA, CONCHA Y TORO


La gamme “Winemaker’s Lot” de Concha y Toro est plutôt obscure. Elle n’est pas référencée sur le site du producteur, probablement car elle est hétérogène et sans continuité dans le temps. Les vins de cette gamme sont axés sur des parcelles particulières de vignobles de cette grande maison, et vinifiés par un “winemaker” à l’emploi de celle-ci. Dans le cas de ce Chardonnay, l’oenologue en charge est Carlos Halaby. Les raisins proviennent de la parcelle 14 du vignoble “El Triangulo”, situé dans la vallée de Casablanca. Ce vignoble donne aussi les raisins pour les deux cuvées les plus ambitieuses en matière de cépages bourguignons, soit le Chardonnay Amelia, et le Pinot Noir Occio, de la filiale Cono Sur. Concha y Toro étant une très grosse entreprise produisant de très forts volumes sur la majorité de ses vins, cette gamme particulière semble vouloir privilégier la vision d’un homme, avec un cépage, sur un terroir précis, et ce, pour des vins de prix abordables.

La robe est de teinte or pâle. Le nez est d’intensité modérée avec le citron comme arôme principal, mais aussi des notes de poire et de pêche, ainsi qu’une touche doucement épicée. En bouche, l’attaque est d’un très bel équilibre, les saveurs reflètent assez bien ce qui était perçu au nez, avec toujours le citron en majeure. Ces saveurs sont intenses et de très belle qualité, mais en même temps sans excès et avec une certaine élégance. Le milieu de bouche est un pur plaisir, où tous les éléments semblent montrer de justes proportions. Au risque de me répéter, ce vin joue vraiment la carte de l’équilibre, avec une belle fraîcheur et cette fameuse “buvabilité” tant recherchée. Aucun excès dans ce vin donc, mais rien ne manque. Cela se transpose en finale où une agréable impression d’harmonie se dégage, sur une persistance de très bon niveau.

Après San Antonio et Limari, voilà un beau vin de Chardonnay de Casablanca au profil qui le distingue de ses trois prédécesseurs. Son caractère citronné le rapproche d’un vin de Sauvignon Blanc, mais sans l’aspect végétal, et avec une légère influence boisé qui apporte un subtil caractère épicé et qui contribue à la rondeur. Avec le Tabali, c’est clairement le vin le plus facile à boire. Il faut se restreindre pour ne pas vider la bouteille trop rapidement. Vraiment un vin des plus agréables et un RQP très appréciable (17.95$). Ce vin et les trois autres dégustés auparavant sont une belle illustration des progrès rapides effectués par la Chili avec le cépage Chardonnay. La qualité est là, et la diversité de style aussi. Pour l’amateur averti, il maintenant possible de boire de très bons Chardonnays chiliens, et ce, pour des prix imbattables. Et comme la plupart des vignobles sont très jeunes, et que l’on continue de développer de nouveaux terroirs de climats frais, le meilleur est encore à venir.

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vendredi 18 décembre 2009

CHARDONNAY, AMAYNA, 2006, LEYDA, SAN ANTONIO, VINA GARCES SILVA





Je continue sur ma lancée de Chardonnays chiliens avec un vin venant d’un autre de ces nouveaux producteurs ayant comme point de mire d’élaborer des vins de terroir et de qualité. Dans ce cas-ci, le terroir est celui de Leyda, une petite sous-région de l’appellation côtière plus large de San Antonio. Comme plusieurs de ces nouveaux producteurs chiliens axés sur la qualité, Garces Silva est doté d’un chai de vinification par gravité des plus modernes, et d’une salle d’élevage à température et humidité contrôlée. Pour ce qui est de ce Chardonnay, il est fermenté en barriques de chêne français Taransaud, dont la moitié sont neuves, et élevé dans celles-ci pendant un an.

La robe est d’une belle teinte or. Le nez est intense et offre des arômes de pêche, de mangue, de citron, de maïs, de noix et d’épices douces, le tout étant complété par un aspect minéral me rappelant l’eau de source fraîchement récoltée. En bouche, l’attaque est très intense, les saveurs irradient de toutes parts, avec une belle ampleur et une texture légèrement onctueuse. La matière est concentrée et intense, sur un bon volume. Les saveurs sont de très belle qualité et bien intégrées. La finale est fondue et harmonieuse, avec une allonge de fort calibre.

Des trois Chardonnays chiliens dégustés dernièrement, avec le Tabali et le Chocalan, ce Amayna est clairement le plus distinctif. C’est le plus puissant, le plus concentré et le plus expressif, tant au nez qu’en bouche. C’est un vin de caractère, avec un petit côté sauvage difficile à décrire. En ce sens, il me fait penser aux Sauvignons de Casa Marin, avec une empreinte du terroir bien affirmée, mais qui pourrait en déconcerter certains recherchant un profil plus classique. Ceci dit, pour moi, ce caractère particulier est positif, et nul doute que ce vin est de très grande qualité. Je ne connais pas de Chardonnay de ce prix (24$) qui offre autant de matière. Pour boucler la boucle de ce trio de vins. Je vais citer encore une fois Jay Miller du Wine Advocate, qui après deux 91 aux Chocalan et Tabali, a octroyé un 93 à ce vin, y voyant une ressemblance frappante avec un Grand Cru de Bourgogne, et le classant comme un des meilleurs du Chili. Comme les Grands Crus de Bourgogne ne sont pas mon ordinaire, j’avoue ne pas pouvoir juger de la justesse de la comparaison de M. Miller. Mais encore une fois, je ne référence ce commentaire qu’à titre indicatif. Pour montrer qu’il a apprécié, et non pour la note elle-même. Toujours est-il que pour moi il est clair que ce vin est de qualité supérieure et qu’il complète avec brio un fort trio de Chardonnays chiliens montrant les progrès qualitatifs rapides de ce cépage au Chili, et offrant des RQP de très haut calibre. Le millésime 2007 de ce vin devrait arriver bientôt à la SAQ. Gardez l’oeil et l’esprit ouverts.

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mercredi 16 décembre 2009

CHARDONNAY, RESERVA ESPECIAL, 2007, LIMARI, VINA TABALI




La dernière année a marqué une évolution dans mon profil de consommateur de vin. Moi qui buvait surtout du rouge, j’augmente graduellement ma consommation de blanc. Une des raisons est que je préfère maintenant mes rouges avec un certain âge, ce qui leur procure plus de “buvabilité”. Toutefois, je n’ai pas encore la réserve requise de ce type de vin pour en boire régulièrement. Je stocke donc les jeunes rouges, et j’ouvre plus de jeunes blancs, qui eux se boivent très bien, malgré leur jeunesse. Une autre raison de ma dérive relative vers les blancs, étant donné mon intérêt pour les vins du Chili, est l’augmentation marquée du niveau qualitatif des blancs issus de ce pays, avec le développement de nouvelles régions plus fraîches et mieux adaptées à la culture des cépages blancs en général. En ce sens, je continue ma revue de quelques Chardonnays issus de ces nouvelles régions chiliennes, avec une offrande de Vina Tabali, issue de la vallée de Limari. Ce vin provient d’un vignoble aux sols à haute teneur en calcaire, sous influence directe du Pacifique, qui est situé à 25 km. Le fermentation a eu lieu en barriques de chêne français, suivie d’un élevage de 10 mois dans celles-ci.

La robe arbore une teinte dorée assez pâle. Le nez est quelque peu retenu, mais tout de même bien agréable, exhalant des arômes de pêche, de citron, de noix, et de miel. Beau nez fin et délicat. En bouche, le vin se montre pas mal plus démonstratif, avec une attaque superbement équilibrée, ronde et souple, presque onctueuse. Le vin est d’une texture caressante, et le fruité est d’une pureté exemplaire, amalgamé à de légères notes doucement épicées. Le milieu de bouche est lui aussi sous le signe de l’équilibre, la matière est bonne, sans excès d’aucune sorte. Les proportions sont idéales. Le vin coule sans effort et le niveau de la bouteille baisse trop rapidement. La finale garde le cap sans fléchir, avec toujours cette impression d’équilibre presque idéal, sur une allonge de bon niveau.

Si la “buvabilité” doit être un critère primordial dans l’évaluation d’un vin, et bien cette “Réserve Spéciale” de Vina Tabali marque un point indéniable. Ce vin est dangereusement bon. Pourtant, il n’a aucune particularité spectaculaire. Mais l’ensemble est une réussite totale. L’exemple parfait illustrant que parfois, la somme peut être supérieure à l’ensemble des parties. Ça coule sans effort en caressant le palais, sur un spectre gustatif irréprochable. Très beau vin de Chardonnay, subtil et élégant, à l’apport boisé finement dosé. Aucune lourdeur dans ce vin, que du plaisir. Franchement. J’adore. Et comme toujours avec moi, quand je pense au prix (18.95$), j’ai tendance à le trouver encore meilleur. Je ne suis pas le seul. Jay Miller de Wine Advocate a donné un 91 à ce vin, comparant son profil élégant à celui d’un Côte de Beaune. Vraiment superbe vin à l’excellent RQP, qui montre que le Chili fait de grands et rapides progrès avec le cépage Chardonnay, de Malleco au sud, jusqu'à Limari au nord.

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lundi 14 décembre 2009

CHARDONNAY, MALVILLA, 2008, SAN ANTONIO, VINA CHOCALAN


Chocolan est un de mes producteurs chilien favori. C’est un membre de cette nouvelle vague de producteurs totalement axés sur la production de vins de qualité. Jusqu’à présent, je n’avais goûté qu’à leurs vins rouges, issus de la partie ouest de la vallée de Maipo, sous région appelée Maipo Costa. Malgré le nom évoquant la côte, cette région ne donne pas directement sur celle-ci, étant protégée du Pacifique par la cordillère côtière. Toutefois, de l’autre côté de cette cordillère, on retrouve la région de San Antonio, qui elle donne directement sur le Pacifique. C’est là, près du village de Malvilla, que Chocalan a étendu ses activités il y a cinq ans, en plantant un vignoble à seulement 4 km de l’océan, rivalisant ainsi avec Casa Marin pour le titre de vignoble le plus maritime du Chili. Ce nouveau vignoble est surtout axé sur la production de vins blancs (Chardonnay, Sauvignon Blanc, Riesling et Gewurztraminer), complétés en rouge par le Pinot Noir. Les premières vignes ont été plantées en 2005. Ce Chardonnay est donc issu de la première récolte effectuée sur des vignes de trois ans d’âge. Seulement 20% du vin est fermenté en barrique de chêne neuves, et élevé sur lies pendant huit mois dans celles-ci.

La robe brille d’une superbe teinte dorée. Le nez est étincelant avec un superbe mélange d’arômes de pêche, de poire, de citron, de banane, d’orange, et de miel, le tout complété par une très légère touche de vanille et un léger aspect floral. Très beau nez montrant une belle complexité, particulièrement au niveau fruité. En bouche, l’attaque est équilibrée, avec une bonne amplitude, une certaine rondeur et une saine acidité. Les arômes perçus au nez se reflètent assez fidèlement au niveau gustatif. Les saveurs sont intenses et éclatantes, avec un léger apport boisé déjà bien intégré. Ce vin est bien expressif, mais il n’y a rien d’excessif dans celui-ci. En fait, il montre une belle finesse. Ce n’est pas un vin très concentré, et cela sied bien au style préconisé, axé sur l’élégance et la qualité aromatique. La finale est harmonieuse, avec des saveurs qui se fondent très bien, sur une longueur de bon calibre.

Que dire de plus à propos de ce très beau vin? Un Chardonnay jouant la carte de la finesse et de l’élégance, c’est encore rare au Chili, mais ce vin est la preuve que c’est maintenant possible. Bien sûr, la fraîcheur du terroir semble être ici la clef. Il faut aussi se rappeler que ce vin est issu de vignes de seulement trois ans d’âge. Dans ce contexte, le niveau qualitatif est proprement renversant. Il ne manque qu’un peu de profondeur pour se rapprocher du haut calibre. Toutefois, il est évident que le potentiel est là et que ce n’est qu’une question de temps avant qu’il ne se reflète complètement. Offert pour 22.10$ à la SAQ, c’est un bel achat et une belle occasion de constater à quel point Vina Chocalan est un producteur sérieux.

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vendredi 11 décembre 2009

MALBEC, 2007, CASABLANCA, LOMA LARGA


La région de Casablanca a été la première région dite de climat frais développée au Chili, sous l’impulsion de Pablo Morandé à la fin des années 80. Depuis ce temps, plusieurs producteurs s’y sont installés pour y produire leurs vins blancs, et parfois du Pinot Noir. C’est donc une région reconnue pour ses vins blancs. En fait, tous les producteurs de la région produisent en majorité des vins blancs, sauf un Loma Larga, dont la production de vins rouges est majoritaire. Bien sûr ils ont planté du Pinot, mais aussi du Merlot et un tout petit peu de Cabernet Sauvignon. Mais fait notable, ils furent les premiers à planter dans Casablanca les cépages Cabernet Franc, Malbec, et Syrah. Cinq années d’analyses climatologiques et de sol ont précédé les premières plantations, en 1999, pour bien déterminer les parcelles les mieux adaptées à chaque cépage. Un chai de vinification spectaculaire, à la fine pointe de la technologie, utilisant l’écoulement par gravité, a été construit. Toutefois, la philosophie de vinification de la maison, menée par l’oenologue français, Emeric Genevière-Montignac, en est une alliant hygiène stricte et intervention minimale, ainsi qu’un usage modéré du bois neuf.

Pour ce qui est de cette cuvée de Malbec, c’est en fait un assemblage de 95% de Malbec, complété par de la Syrah. Le vin est élevé un an en barriques de chêne français, dont seulement 10% sont neuves, le reste étant de deuxième et troisième usages. De façon très étonnante pour un rouge venant d’une région dite fraîche, le vin titre à 14.8% d’alcool. Il faut croire que les analyses climatiques ont porté fruit, et qu’il existe des micro-climats dans cette partie spécifique de la région. Voyons maintenant ce que ça donne une fois dans le verre.

La robe est dense, sombre et opaque. Le nez s’exprime avec une certaine retenue sur de très beaux arômes de fruits noirs, complétés par des notes d’humus, de bois de cèdre, d’épices douces, ainsi qu’un léger aspect floral. Beau nez, pas le plus complexe pour le moment, mais il possède une belle qualité d’arômes. En bouche, le vin se montre intense et compact, ferme, mais en même temps riche, avec un fruité noir très dense et de superbe qualité. Une fine amertume bien marquée donne un aspect un peu viril et permet l’obtention d’un bel équilibre d’ensemble. En milieu de bouche le vin fait montre de son fort niveau de concentration, tout en sachant éviter la lourdeur. Le vin est à la fois svelte et puissant, sur une trame tannique serrée et satinée. La finale continue dans la même veine, avec un sursaut d’intensité, une très bonne allonge qui voit l’amertume prendre graduellement le dessus.

Je pense connaître assez bien le vin chilien, mais au gré de mes explorations, il arrive encore à me surprendre et à me montrer un visage inédit. Dans le cas de ce Malbec, je n’avais jusqu’à présent rien rencontré de tel au Chili. Ce vin transcende l’idée que j’avais du cépage, qu’il soit d’origine argentine, cadurcienne ou même chilienne. Dès le premier abord, ce vin m’a fait penser à des vins espagnols modernes, à la fois fermes, riches et intenses, comme ceux du Priorat. J’ai vraiment beaucoup aimé ce vin. Il est encore très jeune, et le temps ne pourra que lui être bénéfique. Au prix demandé (19$) sur la boutique en ligne de la LCBO, c’est vraiment un excellent achat. La qualité est indéniable, et pour moi il était intéressant de découvrir un autre visage maintenant possible du vin chilien.

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mercredi 9 décembre 2009

La Syrah au Chili

Voici le lien vers un article intéressant de Liz Caskey, une américaine établie au Chili, à propos de ce qu'elle appelle les "Rhône Rangers" chiliens, ces producteurs lancés dans la production de vins de Syrah au Chili. Plusieurs d'entre eux le font dans des régions de climat frais pour produire des vins étonnants. Sans surprise, aucun des vins mentionnés dans l'article n'est disponible au Québec. Seul Tabali est présent ici avec sa cuvée de base de Syrah. Toutefois, l'Ontario fait meilleure figure et offre la Syrah, 2007, de Amayna, ainsi que la Syrah, Coralillo, 2007 de Matetic. On peut aussi trouver actuellement la cuvée Rapsodia, 2007, de Loma Larga. Un assemblage composé de 70 % de Syrah, complété par du Malbec et du Cabernet Franc. On peut aussi trouver les Malbec et Cabernet Franc de Loma Larga.



http://www.epicopia.com/blog/52-chiles-rhone-rangers-the-new-syrahs

mardi 8 décembre 2009

SAUVIGNON BLANC, LAUREL VINEYARD, 2005, SAN ANTONIO, CASA MARIN



Pour faire suite au Sauvignon Blanc de Errazuriz, je continue avec un autre Sauvignon Blanc issu de très jeunes vignes, quatre ans dans ce cas-ci, mais avec trois ans de plus en bouteille. Je commence à garder quelques blancs des nouvelles régions fraîches du Chili. Pour commencer, j’ai choisi le précurseur dans le domaine, Casa Marin et ses vins controversés. Il est intéressant de suivre en parallèle l’évolution des deux cuvées de Sauvignon Blanc. Après le “Cipreses Vineyard” il y a quelque temps, j’y vais cette fois avec la cuvée soeur, “Laurel Vineyard”. Nul besoin de rappeler tout le bien que je pense de ce producteur visionnaire au Chili, à qui l’on doit le tournant marquant vers la côte, initié il y a maintenant une décennie.

La robe est d’une belle teinte jaune encore bien pâle. Le nez est maintenant beaucoup plus modéré qu’en prime jeunesse. L’aspect végétal est en déclin marqué, disparus les arômes d’asperges, le citron et l’aspect minéral un peu salin occupent maintenant l’avant scène. En bouche toutefois, le vin est encore très vigoureux, avec toujours cette matière riche, dense et intense. Les saveurs de citron sont concentrées et profondes, étant soutenues par une acidité qui ne se dément pas. Un léger aspect végétal toujours présent vient complexifier la palette gustative. La finale est intense et très longue.

Pas de doute pour moi que Casa Marin fait du grand Sauvignon Blanc. Désolé pour ceux que ça fait paniquer, mais comme dans le cas des bons Cabs de Maipo, avec l’âge ce vin perd son côté distinctif et se rapproche d’un profil classique français. Ce vin était seulement le deuxième millésime produit. À ce sujet, je joins un lien vers un article très récent relatant une dégustation des vins de Casa Marin, dont les Sauvignons du millésime 2009. À la lecture vous verrez que je ne suis pas le seul à voir ces vins dans l’élite mondiale pour ce cépage. Reverrons-nous jamais ces vins à la SAQ? Il le faudrait bien.

samedi 5 décembre 2009

SAUVIGNON BLANC, SINGLE VINEYARD, 2008, ACONCAGUA COSTA, ERRAZURIZ



Comme je l’écrivais dans un message précédant. Une des raisons pour lesquelles j’aime le Chili vinicole est la possibilité de suivre une histoire en plein développement. Ce pays a résolument pris le virage terroir et il est stimulant de pouvoir goûter certains des premiers vins issus de ces nouveaux vignobles, plantés dans des endroits jusqu’ici inexploités pour la viticulture. Même les producteurs historiques du pays prennent ce virage. C’est le cas de la maison Errazuriz. Elle avait déjà amorcé ce mouvement, il y a une quinzaine d’années, en plantant dans la fraîche région de Casablanca pour la production de ses vins blancs et de Pinot Noir. En 2005, elle a décidé de pousser plus loin cette logique en plantant les premières vignes de ce qui allait devenir le domaine Manzanar, situé dans la partie côtière de la vallée de l’Aconcagua, à seulement 14 km de l’océan Pacifique. En plus du Sauvignon, on y a aussi planté du Chardonnay, du Pinot Noir, du Merlot et de la Syrah. En développant ce nouveau domaine côtier, Errazuriz prend clairement exemple sur le succès de la région de San Antonio/Leyda, située un peu plus au sud. D’ailleurs, Errazuriz n’est pas le seul à étendre le vignoble chilien vers la côte. Montes s'est établi lui aussi sur la côte, un peu au nord de Errazuriz, à Zapallar, qui est la portion côtière de la petite vallée de Choapa. Plus au sud, Concha y Toro développe actuellement un nouveau domaine ambitieux près de l’embouchure du fleuve Rapel, dans ce qui pourrait être appelé Cachapoal Costa, et Casa Silva fait la même chose, encore un peu plus au sud, dans l’extension côtière de la vallée de Colchagua.

Pour ce qui est de ce Sauvignon Blanc, il s’agit du premier vin issu du Domaine Manzanar, où quatre clones du cépage ont été plantés (1, 107, 242, 376). J’ignore pourquoi, mais il semble que les jeunes vignes de Sauvignon Blanc soient prêtes plus rapidement que d’autres cépages à donner un premier vin. Dans ce cas-ci, après seulement trois ans. Il est donc clair que ce vin n’est qu’un premier pas, et que le plein potentiel reste à développer. Ce Sauvignon a été élaboré en inox, à basse température de fermentation (12-15° C), en minimisant le contact avec l’oxygène, pour préserver au maximum les arômes variétaux soufrés, facilement oxydables. Le vin n’a pas subit de fermentation malo-lactique, pour conserver le plus possible de fraîcheur. Voyons maintenant le résultat de ce coup de départ.

La robe est de teinte jaune, aux reflet verdâtres, tout de même assez foncée pour un jeune vin de ce cépage. Le nez montre beaucoup de fraîcheur et une belle justesse d’expression, exhalant des arômes de citron, de zeste de pamplemousse, d’herbe coupée, de poivron vert, ainsi qu’un très léger aspect évoquant les fruits tropicaux en arrière-plan. Très beau nez de Sauvignon, d’une étonnante profondeur, complexe, et à l’équilibre réussi entre l’aspect fruité et le caractère végétal. En bouche, le vin surprend par la richesse de sa matière, ainsi que par son amplitude et sa rondeur en attaque. L’acidité est bien présente pour soutenir l’ensemble, et apporter la fraîcheur nécessaire, mais elle n’est pas tranchante. Le milieu de bouche permet de confirmer les impressions initiales, de constater l’aspect minéral du vin, et de se convaincre de son excellent niveau de concentration, sur un bon volume et un bon équilibre. Le finale fraîche et harmonieuse, rehausse le caractère minéral, sur une longueur de bon calibre.

Ce vin est un premier essai très réussi. En fait, je demeure étonné qu’un si bon vin, avec autant de richesse et de matière puisse être élaboré à partir de si jeunes vignes, même si ce n’est pas la première fois que je constate le phénomène. Une chose est sûre, si l’âge des vignes est vraiment un facteur qualitatif déterminant, les vins de ce domaine seront vraiment formidables dans quelques années. Le terroir semble vraiment s’exprimer dans ce vin. L’aspect côtier se révèle, et en ce sens, je l’ai trouvé plus près des vins de Sauvignon de San Antonio/Leyda, que de ceux de Casablanca. C’est vraiment un superbe effort de la part d’Errazuriz, l’occasion de goûter le fruit d’un pays vinicole résolument en marche vers la diversité et encore plus de qualité. Le plus beau, c’est que ce premier né est offert pour aussi peu que 15.95$ à la LCBO, ce qui en fait un RQP de tout premier ordre.

mardi 1 décembre 2009

LE GOÛT: UNE QUESTION DE CHOIX?

Peut-on choisir son goût? Voilà une question qui peut sembler singulière. Pourtant, depuis que je m’intéresse au monde du vin, c’est une question que je me pose avec de plus en plus d’insistance. Le goût est-il quelque chose d’indépendant de notre volonté, ou est-ce le résultat d’un choix? Je lisais hier un message publié par le journaliste et blogueur vinicole britannique Jaimie Goode, et cette question m’est revenue avec beaucoup d’acuité. Voici ma traduction du premier paragraphe de son court texte sur les vins de Nebbiolo:

“J’ai décidé que j’aimais le Nebbiolo. C’est tellement non commercial, donnant des vins de couleur pâle, brutalement tannique, à l’acidité élevée, aux saveurs complexes, et difficiles à se procurer.”
http://www.wineanorak.com/blog/2009/11/nebbiolo-what-crazy-wonderful-grape.html#links


Je respecte Jaimie Goode, et apprécie bien, en général, ce qu’il écrit. C’est un vrai passionné du vin, mais ce petit paragraphe m’a jeté par terre. Pour moi, ça représente en bonne partie ce que je n’aime pas dans le monde du vin. En aucun moment il ne parle de plaisir. Son “amour” semble plus philosophique que motivé par ses sens. Il semble avoir décidé d’aimer les vins de ce cépage parce que de manière générale ça correspond avec ses principes. Rendu à ce point, peut-on dire qu’il aime vraiment? Il me semble que l’affinité réelle ne se choisit pas. Elle s’impose d’elle-même, et dans le cas du vin, elle doit relever du plaisir, d’abord et avant tout.

Quand je lis des choses semblables, je ne peux m’empêcher de penser que le choix du goût est quelque chose d’assez répandu chez l’amateur de vin, dit sérieux, même si c’est rarement exprimé de manière aussi directe. Et qui dit choix, dit adhésion, mais aussi rejet. De plus, si pour plusieurs ce qu’on appelle le goût, dans le sens de bon goût ou mauvais goût, est affaire de choix. Cela veut dire que ce type de goût affecté est une construction de l’esprit qui au bout du processus n’a que peu à voir avec les sensations que procure un vin donné. Ça devient une question de concordance par rapport à des critères prédéterminés.

Je pense qu’il faut se méfier lorsqu’on progresse dans le monde du vin du danger de choisir son goût, surtout si c’est pour le corriger. Ça ne veut pas dire qu’il ne faille pas évoluer, apprendre et découvrir. Pour moi, ne pas choisir, ça veut surtout dire ne pas rationaliser le plaisir, rester fidèle à ses perceptions, demeurer honnête avec soi-même, et éviter de se conformer à des idées toutes faites, même si elles sont du côté du classicisme, du bon goût, d’une mouvance philosophique en matière d’élaboration, ou bien de la dernière tendance branchée.