lundi 30 novembre 2009

CHARDONNAY/PINOT BLANC/PINOT GRIS, TRIO, 2008, CASABLANCA, CONCHA Y TORO


Concha Y Toro est à mon avis le meilleur producteur du Chili, malgré le fait qu’il soit de loin le plus gros. Cette maison réussit, année après année, le tour de force d’allier forts volumes et qualité, et ce sur une gamme de vins très vaste, issus de cépages et de terroirs variés, et ce à plusieurs niveaux de prix. La gamme TRIO est orientée sur la production de vins d’assemblage à prix abordables.

La robe est d’une belle teinte dorée assez foncé. Le nez est bien agréable, dominé par l’aspect fruité, exhalant des arômes de pêche, de citron, d’ananas et de banane, complétés par un aspect floral et un côté miellé. En bouche, l’attaque est d’une belle ampleur, le vin est rond et légèrement onctueux, sur une belle intensité fruitée. Bon volume en milieu de bouche et acidité modérée. La finale est harmonieuse avec une bonne persistance.

L’assemblage est moins courant en blanc qu’en rouge, et c’est bien dommage. Ce vin en est un bel exemple. Ça permet l’obtention de vins plus complexes et plus complets, même pour des vins abordables comme celui-ci. Au lieu d’un autre Chardonnay de Casablanca un peu stéréotypé, on obtient un vin plus original et de très belle qualité compte tenu de son modique prix. Comme je ne note pas les vins, certains pourraient être intéressés de savoir que Jay Miller de Wine Advocate a octroyé un 90 à ce vin. Bien sûr ce n’est qu’un chiffre, et personnellement je suis en désaccord avec le procédé. Je préfère y voir le fait qu’il a bien aimé la qualité de ce vin. Pour 14.95$ à la SAQ, c’est à mon avis un très bon achat.

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jeudi 26 novembre 2009

CABERNET SAUVIGNON, INTRIGA, 2006, MAIPO, VINA INTRIGA



Vina Intriga fait partie du groupe Montgras qui possède quatre propriétés distinctes au Chili. D’abord dans la vallée de Colchagua, Il y a l’opération de base sous étiquette Montgras, et l’opération plus haut de gamme, Ninquén. Ensuite, il y a Amaral, établi dans la région côtière de Leyda, pour la production de vins blancs de qualité, et finalement, Intriga dans la vallée de Maipo qui se concentre sur la production d’un unique vin rouge, élaboré à partir de Cabernet Sauvignon. Ce vin, malgré son prix abordable (21.55$), un peu comme la cuvée Ninquén dans Colchagua, a droit à un traitement ambitieux pour son élaboration. D’abord, les raisins proviennent de vignes de 10 à 50 ans d’âge, certaines menées selon le système classique d’espalier, mais d’autres selon le système de pergola, moins commun pour la production de vins de qualité. Le vin est élevé en barrique de chêne (85% français, 15% américain et neuf à 85%) pour une période de 17 mois. La méthode Paul Hobbs, déjà appliquée au Ninquén, est utilisée aussi pour cette cuvée. Le vin titre à 14.6% d’alcool, et le producteur parle d’un potentiel de garde de 15 ans.

La robe est d’encre, totalement opaque. Le nez d’intensité modérée dégage de riches arômes de fruits noirs évoquant la confiture de cassis, complétés par des note d’épices douces, entre autres la vanille, par une touche de terre humide, un soupçon de menthol et un très léger aspect torréfié. En bouche, on retrouve un vin ample et généreux, aux saveurs très intenses. Le fruité est doux, mais bien balancé par une juste dose d’amertume. Le milieu de bouche permet de bien saisir le haut niveau de concentration et la riche matière de ce vin volumineux aux tanins souples, mais bien présents. C’est un vin qui en met plein la bouche et démontre beaucoup de présence. La finale est explosive, avec le riche mélange de saveurs qui gagne encore en intensité, avant de décliner lentement sur très bonne allonge aux relents d’amertume cacaotés.

L’élaboration de ce vin laissait présager un vin ambitieux, malgré son prix somme toute modeste. C’est bel et bien le cas, et cela se sent et se goûte. C’est un vin très démonstratif en bouche, où à ce stade s’est un peu le feu d’artifice. La maturité du fruit de ce vin me porte à croire qu’il provient du plancher de la vallée de Maipo, qui en est la partie la plus chaude. En terme de concentration, de longueur et de richesse, c’est un vin qui rivalise, et dépasse même, des exemples chiliens pas mal plus chers. Ça demeure un vin très jeune, surtout si on tient compte de son style. Le producteur parle d’un potentiel de garde de 15 ans, et ça me semble parfaitement justifié. Pour mon goût, il manque actuellement de finesse. Il est tellement riche qu’il a besoin de temps pour s’affiner en bouteille, et je pense bien qu’il y parviendra. Il me fait penser, en plus long et plus concentré, au Cabernet, Gran Reseva, ou Etiquetta Negra, de Tarapaca. Des vins provenant eux aussi du plancher de la vallée de Maipo, et qui vieillissent admirablement, avec ce fruité très mature, un peu confit, qui les distinguent de leurs cousins plus frais de l’Alto Maipo. Un bel achat pour la garde.

Carmenère et cuisine indienne

Pour les amateurs d'accords mets et vins. Voici le lien vers un article récent et intéressant qui présente le Carmenère, et son profil particulier, comme étant une solution possible pour l'accord difficile du vin avec la cuisine indienne.

http://www.winesofchile.org/wp/wp-content/uploads/2009/11/curry-and-carmenere2-imbibe-2009.pdf

lundi 23 novembre 2009

ARNALDO B., GRAN RESERVA, 2005, CAFAYATE, BODEGAS ETCHART



Pour continuer dans la veine argentine des derniers temps sur ce blogue, et pour continuer avec un producteur que j’aime bien. J’ai décidé d’ouvrir un autre vin de la région de Cafayate, un rouge celui-là, de la maison Etchart qui est maintenant propriété de la française Pernod Ricard. Ce vin est un assemblage de Malbec (65%), complété par du Cabernet Sauvignon (25%) et du Tannat (15%). Le vin est élevé pendant 15 mois sous chêne français et américain. Le producteur parle d’un potentiel de garde de 8 à 10 ans.

La robe est très foncée et d’une totale opacité. Le nez est contenu en intensité et exhale un heureux mélange d’arômes fruités, épicés et boisés. Aux arômes dominants de fruits rouges et noirs, s’ajoutent des notes de vanille, de noix de coco, de café, de fumée et de cacao. Un beau nez charmeur où l’influence du bois est palpable, tout en demeurant sous contrôle, et en formant un heureux mariage avec le richesse et la maturité du fruit. En bouche, on retrouve dès le départ cette richesse et cette maturité de fruit. Cela se traduit par une bonne amplitude et des saveurs intenses. Le mariage fruité/boisé évoqué au nez se transpose avec succès en bouche. Le vin est enveloppant, avec un bon volume, et une masse tannique souple, mais tout de même assez imposante. C’est un vin costaud, mais pas lourdaud. Toute cette matière a du tonus et se tient très bien. La finale est harmonieuse et très intense, les saveurs se fondent bien avant de décliner un long moment sur une amertume qui gagne en importance, tout comme le coté épicé.

Très bon vin élaboré avec succès dans un style mûr, riche et boisé, mais surtout, équilibré. On a affaire ici à un vin assurément moderne, mais c’est loin d’être une bombe de fruits confits et sur-boisée. Sur ces deux critères, la juste mesure a été trouvée, et le vin a l’acidité nécessaire pour maintenir ce qu’il faut de tonus. Il faut reconnaître la sagesse de Etchart qui a gardé ce vin en bouteille un an avant sa mise en marché. C’est là un exemple que plus de producteurs sud-américains, et d’ailleurs, devraient suivre. Au moment où les 2007 et même des 2008, commencent à apparaître sur le marché. Il est bon de voir un vin qui a eu le temps de se faire un peu en bouteille. Cela dit, même s’il est déjà très bon. Je suis convaincu que quelques années supplémentaires le rendront encore meilleur. Au prix demandé par la SAQ pour ce vin (17.95$), il est clair que le RQP de celui-ci est plus qu’avantageux. Je n’aurais pas peur de mettre ce vin à l’aveugle dans une vague de bons vins de 30 à 40$ de diverses origines. Il tiendrait son bout. Il en reste peu en tablettes à la SAQ. J’ai profité de la promo du week-end pour en acheter quatre bouteilles. Toutefois, j’ai goûté au 2006 dernièrement, lors d’une dégustation sur les vins d’Argentine, et le niveau qualitatif m’a semblé similaire à celui-ci. Il devrait être disponible plus tard à la SAQ. À surveiller donc.

dimanche 22 novembre 2009

DÉGUSTATION: VINS DE L'ARGENTINE


Le 11 novembre dernier j’ai eu la chance de participer à une dégustation thématique sur les vins de l’Argentine à l’hôtel Le Windsor à Montréal. Je n’ai pas eu beaucoup de temps pour écrire sur le vin dernièrement. C’est donc avec un peu de retard que je transmets mes impressions générales sur cette dégustation. J’ai goûté une soixantaine de vins sur une période de 3 heures. C’est beaucoup, en fait c’est trop, mais dans ce genre d’événement on veut toujours profiter de l’occasion pour essayer le plus de produits. Dans ces circonstances, je n’ai pas de notes très détaillées pour chaque vins. Je me contenterai de donner mon impression générale et de nommer les vins ou producteurs que j’ai particulièrement appréciés.


D’abord, au niveau des vins blancs, j’ai aimé le caractère distinctif des vins de Torrontès, que ce soit en sec, en vendanges tardives, et même en mousseux. Je trouve que ce cépage représente le point fort de ce pays en blanc. Sinon, il y a bien quelques bons Chardonnay, comme ceux de Catena venant de vignobles frais situés en altitude. Mais somme toute, l’offre n’est pas très relevée. Il faut donc se tourner vers les rouges pour espérer trouver son compte. Mon impression générale des rouges argentins est que le terroir transcende le cépage, ceci sans compter que l’usage appuyé du bois est assez généralisé, ce qui a aussi pour effet de masquer les particularités dans ces vins tous très jeunes. Donc, peu importe le cépage, on avait souvent l’impression d’avoir affaire à des vins assez similaires. Cette homogénéité générale s’explique selon moi par le fait que la grande majorité des rouges proviennent de la même région, c’est-à-dire Mendoza. Toutefois, si on aime les vins généreux, au fruité bien mûr. Ce n’est pas le choix qui manque.



Voici quelques producteurs qui ont retenus mon attention:

Catena: Bien sûr. Un producteur que je connais bien et que j’apprécie beaucoup. Les vins de la gamme de base sont toujours aussi bons et de RQP très avantageux. Toutefois, j’ai été déçu par les cuvées plus chères. Le Cab, Alta, 2005 et le Malbec, Alta, 2006. Pas que ce soit de mauvais vins, mais le gain qualitatif m’a semblé marginal par rapport à la gamme régulière. J’ai aussi pu goûter pour la première fois à la grande cuvée de ce producteur, soit l’assemblage Nicolas Catena Zapata, 2005. Là aussi un très bon vin, mais pas de “wow factor”. Et je ne peux pas blâmer la saturation de mon palais, car j’ai goûté ces vins dès le début. Bien sûr, le contexte n’était pas le meilleur, mais c’est ainsi pour tous les vins dégustés.

Dominio Del Plata: Un autre producteur solide. Les vins d’entrée de gamme Crios, Susana Balbo, sont toujours des aubaines. Mon favori demeure le Torrontès. Il y avait aussi deux assemblages haut de gamme, Expressivo, Ben Marco, 2007 (37$) et Brioso, Susana Balbo, 2006 (35$). Deux vins très jeunes, mais de belle qualité offerts à des prix justifiés.

Finca Flichman: Je me suis concentré sur les vins plus haut de gamme de ce producteur. Paisaje de Barrancas, 2006 (22$), Paisaje de Tupngato, 2006 (22$) et Dedicado, 2006 (36$). Le style est riche et le boisé est appuyé, les vins sont très jeunes, mais la qualité est là et les prix plus qu’honnêtes.

Familia Zuccardi: Un autre de mes producteurs argentins favoris. Ils connaissent un succès monstre avec les vins de la gamme Fuzion. Des vins dont certains snobinards aiment rire, mais qui demeurent des tours de force pour le prix demandé. Heureusement, Zuccardi est capable de reproduire le phénomène dans ses gammes supérieures. J’ai goûté les trois rouges de la gamme Q, soit le Malbec, le Cab et le Tempranillo. Pour 19$, c’est excellent, et des vins dont j’ai testé le potentiel de garde et qui évoluent très bien. J’ai aussi pu goûter leur top cuvée, appelée Zeta. On gagne en concentration et en puissance. Très bien dans le style et de qualité comparable à bien des supers cuvées de ce pays.

Bodegas Etchart: Mon producteur favori en Argentine pour des vins de prix très abordables. Deux Torrontès, un sec et un vendanges tardives, dont j’ai parlé hier, étaient offerts. Deux vins de très bon RQP. Il y avait aussi l’assemblage, Arnaldo B., 2006 (18$). Ce vin vaut d’autres cuvées de ce pays se vendant pour le double du prix. Un RQP exceptionnel selon moi.

Bodegas Pascual Toso: Un autre très bon producteur qui offre une gamme de vins très solides du bas vers le haut. Difficile pour le prix demandé (13$) de battre les cuvées régulières de Syrah et de Malbec. J’ai aussi pu goûter les cuvées supérieures de ce producteur, offertes en I.P.. Là aussi les vins sont très bons. Il y avait un Cab, 2007 et un Malbec, 2008 de la gamme Reserva (23$) et un Malbec, 2007 et une Syrah, 2007 de la gamme Alta (40$). On gagne en concentration avec la gamme Alta. Ce sont de bons jeunes vins au boisé toujours bien appuyé. La qualité est là, mais ils sont difficile à juger à ce stade et dans ce contexte.

Finalement, ma découverte fut la maison MonteQuieto. Ce producteur de la région de Agrelo dans Mendoza offrait trois vins qui m’ont semblé équilibrés et élégants, jouant plus sur la finesse aromatique que sur la puissance, avec un usage modéré du bois. Ces vins ne sont malheureusement pas disponibles pour le moment. À titre indicatif, il y avait un Malbec, 2008, de base (19$), et deux vins d’assemblage, le Quieto, 2006 (22$) et le Quieto, Reserva, 2006 (32$). Un nom à retenir si jamais ces vins apparaissent un jour sur nos tablettes à la SAQ.

Cette dégustation était loin de comprendre tous les meilleurs producteurs de l’Argentine. Toutefois, elle m’a permis de confirmer l’idée générale que j’avais de ce pays au plan vinicole. C’est-à-dire un pays à l’offre limitée en blanc, mais qui excelle dans les rouges riches et généreux. Le pays peine aussi en terme de diversité de styles, et cela semble le reflet du manque de diversité au niveau des terroirs.

samedi 21 novembre 2009

TORRONTES, VENDANGES TARDIVES, 2007, CAFAYATE, BODEGAS ETCHART



Une nouveauté argentine sur les tablettes de la SAQ que ce vin de vendanges tardives issu du cépage blanc emblématique de ce pays, soit le Torrontès. Produit par la maison Etchart que j’ai toujours aimée pour ses vins issus de la région de Cafayate qui offrent toujours un bon RQP. Ce vin titre à 11% d’alcool, avec environ 80 g/L de sucres résiduels, il a été élaboré sans inflence du bois de chêne. Le producteur parle d’une garde possible de 5 ans pour ce vin.

La robe est d’une belle teinte dorée. Le nez est d’une expression bien calibrée, avec de jolis arômes de citron, de pêche et d’orange, complétés par un agréable aspect floral, une touche doucement épicée et un trait légèrement amer de zeste d’agrume. Voilà un nez très agréable et d’une surprenante complexité. En bouche, le vin est bien rond, assez ample avec une bonne concentration de matière, avec un niveau de sucre modéré et ce qu’il faut d’acidité pour bien tenir le tout. Ce n’est pas un liquoreux, ou encore un sirop, comme c’est le cas avec certains vins de glace. On est bien sur une vendange tardive aux belles proportions. Le vin coule bien et est très facile à boire. La finale tombe un peu rapidement en volume, mais les saveurs persistent quand même un bon moment.

Très joli vin de vendanges tardives montrant le caractère original du cépage Torrontès. Il vient offrir une bonne compétition, pour ce type de vin, à ses contreparties chiliennes (Errazuriz et Concha y Toro). Il est un peu moins sucré et moins riche que ceux-ci, mais offre un bel équilibre et un aspect aromatique séduisant et distinctif. J’ai pu goûté le millésime 2008 dernièrement lors d’une dégustation thématique sur les vins d’Argentine, et celui-ci m’a semblé aussi bon, sinon meilleur. Un vin de belle qualité et d’un excellent RQP à 12.95$ pour 500 ml. À ne pas manquer.

Je déguste actuellement le Torrontes, 2009, sec, de la maison Etchart. C'est un très bon vin pour le prix régulier demandé (13.40$), mais il est en promotion jusqu'à dimanche à 1$ de rabais, et avec la promo générale de week-end, on peut se le procurer pour environ 11$, ce qui en fait une superbe aubaine. Le Torrontes de El Provenir dont j'ai parlé dernièrement et la dégustation des vins de l'Argentine à laquelle j'ai participé la semaine passée m'ont fait redécouvrir le cépage Torrontès. J'ai donc profité de la promo du week-end pour aussi acheter le Torrontès, Don David, de Michel Torino aussi originaire de Cafayate, ainsi que le Torrontes, Infinitus qui vient de la Patagonie. Je vous reviendrai donc avec mon appréciation de ces vins qui apportent de la variété à la gamme de blancs que je consomme. J'aime bien le Chardonnay et le Sauvignon, mais ça devient redondant à la longue. Le Torrontès montre un profil muscaté qui le rapproche du Viognier, mais dans un style plus léger, plus floral et plus frais. Le Torrontès est vraiment le point fort de l'offre argentine en blanc, qui autrement est généralement plutôt faible.

mardi 17 novembre 2009

Pourquoi j'aime le Chili (petite suite)

Je reviens brièvement sur le sujet simplement pour mentionner qu'il n'y a pas que des chroniqueurs américains qui voient le Chili comme le meilleur pays au niveau du RQP. C'est le constat qui est fait dans "Le Guide du Vin 2009" de Michel Phaneuf et Nadia Fournier. D'ailleurs, Nadia y va d'un bon texte sur ce pays où elle parle de nouveaux horizons, donnant en exemple la vallée de Limari située au nord du pays. C'est bien de voir du sang neuf dans le domaine de l'écriture vinicole au Québec. Bravo Nadia!

Parlant de RQP chiliens. J'en déguste un en ce moment. Soit le Cabernet Sauvignon, Santa Digna, 2007, Curico, Torres. Un vin que j'ai redécouvert avec bonheur sur le millésime 2006, et dont la qualité est vraiment splendide en 2007.

lundi 16 novembre 2009

RQP et garde du vin

Combien de fois en lisant des notes de dégustation lit-on que le vin était bon, mais bien trop jeune, et qu'il sera bien meilleur dans quelques années. Le mot infanticide est un mot à la mode dans le petit monde des amateurs de vin. C'est un mot souvent employé, car c'est un mot qui reflète une réalité. L'amateur boit surtout des vins jeunes. Il y a une bonne raison pour cela, la grande majorité des vins mis en marché sont des vins jeunes. Souvent trop jeunes. Personnellement, à force d'expérience, je me suis aperçu que je préférais les vins qui avaient eu le temps de se développer un peu en bouteille. Je ne parle pas de vins très vieux, mais de vins qui ont eu le temps de développer de nouveaux arômes et de polir certains angles. En fait, je préfère tellement ce type de vins, que c'est ce que j'aimerais ouvrir la plupart du temps. Actuellement, j'aimerais surtout ouvrir des vins de la fin des années 90, ou du début des années 2000. Mais pour surtout boire ce type de vins, il faut s'être constitué une forte réserve, et il faut avoir été patient. Présentement, je suis en train de me constituer cette réserve. J'achète beaucoup plus que je ne bois, et ça explique aussi en partie pourquoi je suis encore très axé sur la notion de rapport qualité/prix.

Garder du vin coûte de l'argent. Les sommes investies ne profitent pas ailleurs. Pour l'amateur aux moyens relativement limités, le seul moyen de se constituer une forte réserve est de miser sur des vins de prix plutôt abordables montrant un très bon RQP. Aussi, j'aime bien mettre de côté des cuvées plus modestes, moins concentrées. Ces vins sont plus faciles à boire, procurent souvent plus de plaisir, et ont une courbe d'évolution généralement plus rapide. La grosse cuvée très concentrée et bien boisée coûtera beaucoup plus cher à l’achat, et prendra beaucoup plus de temps à se développer, ce qui aura pour effet, à terme, d’en augmenter encore plus le prix. Ceci sans compter qu’en matière de garde, l'évolution heureuse ne peut qu'être espérée, car rien n'est certain en cette matière, même si des vins ont un historique bien établi.

Enfin, tout cela pour dire que mon approche RQP inclus le facteur garde, et mon désir de pouvoir boire ce genre de vin sur une base très régulière. Entre l'infanticide régulier de grosses cuvées et le plaisir que peut offrir un vin en apparence plus modeste, mais bien développé en bouteille. Pour moi le choix est fait et il a été facile. D'ici quelques années, je pourrai cesser de me plaindre que les vins que j'ouvre sont trop jeunes. Ceci sans compter le plaisir qu'il y a à ouvrir une bouteille qu'on a eu la patience de garder. C'est comme si de par notre patience et notre acte de foi dans une bouteille donnée, le vin qu'elle contient devenait un peu notre création. Si le résultat est positif, on se félicite et en plus du plaisir sensoriel, on en tire aussi un brin de fierté. Cela est d'autant plus vrai lorsqu'on a misé sur des vins peu renommés, en se basant sur notre évaluation des qualités du vin.

samedi 14 novembre 2009

Pourquoi j'aime le Chili

Ce blogue traite des vins de l’hémisphère sud, mais parmi ceux-ci, il est clair que mon pays de prédilection demeure le Chili. La raison première de mon attrait pour les vins de ce pays réside dans le rapport qualité/prix. C’est ce qui m’a attiré vers les vins de ce pays il y a dix ans, et c’est encore la base de mon intérêt. Toutefois, en dix ans, les choses ont bien changé. Le paysage vinicole de ce pays s’est complètement transformé. Alors qu’il y a dix ans la qualité se retrouvait presqu’exclusivement dans les rouges de la vallée centrale, surtout des vins de Cabernet Sauvignon. Aujourd’hui, elle s’étend à une beaucoup plus vaste gamme de vins, incluant maintenant les vins blancs, avec une grande variété de cépages et de terroirs. Le Chili allie maintenant qualité et diversité, en offrant son meilleur dans les vins vendus entre 15 et 35$. Comme ailleurs, bien choisir permet de tirer le maximum de valeur des achats effectués, mais le niveau général est très bon, et les arnaques sont rares. Bien sûr, lorsqu’on achète un vin du Chili, on obtient un vin chilien. Je veux dire par là qu’il ne faut pas s’attendre à retrouver dans ces vins des répliques identiques de vins européens ou californiens. Là comme ailleurs, il existe une variété de styles imprimés par l’homme et d’expressions reliées au terroir. La diversité de l'offre est d’ailleurs une force croissante dans ce pays. Un autre point non négligeable est le potentiel de garde de la plupart des rouges chiliens, même dans le cas de vins coûtant moins de 20$. Pour ce qui est des blancs, comme le virage qualitatif relié à des terroirs plus frais est plus récent, la capacité de garde reste à être démontrée.


Ce constat de l’état de l’offre vinicole chilienne n’est pas que le mien. Deux chroniqueurs américains ayant fait partie du jury lors du dernier “Wines of Chile Awards” sont arrivés au même constat.

D’abord Josh Raynolds de International Wine Cellar qui y est allez d’un texte très élogieux: “The best new wines from Chile”, dont voici un court extrait et le lien:

While Chile has been a reliable producer of under-$10 wines for some time, the most interesting activity right now is in the $15 to $20 category, where I found wines that can often compete with examples from Europe or the U.S. selling for twice those prices, or even more.

http://www.mayu.cl/images/The_Best_New_Wines_fron_Chile.pdf


Il y a aussi Linda Murphy de winereviewonline.com qui pointe dans la même direction dans son texte: “Chile wines for the times”. Voici un extrait et le lien:

As difficult as this is for California wineries, it presents an opportunity for mid-priced Chilean wines, some of which have previously fallen between the cracks -- not expensive enough to impress collectors and high rollers, but not inexpensive enough to woo bargain-hunters. For those who appreciate $20 wines that taste like $40, look to Chile, as I did on a recent visit to judge the Wines of Chile Awards in Santiago. Between the competition -- limited to wines priced $30 or less -- and tastings at wineries, I found a number of delicious Chilean wines that are available in the United States and suitable for serious but penny-pinching wine drinkers

http://www.winereviewonline.com/Linda_Murphy_on_Mid_Price_Chile.cfm


Il est intéressant de noter que les deux textes vantent le RQP général des vins chiliens dans un contexte économique difficile. Une façon de dire, si vous voulez continuer de bien boire, en faisant abstraction du prestige et de l’image. Le Chili est là. À noter que plusieurs des vins recommandés par Linda Murphy sont ou seront disponibles à la SAQ ou à la LCBO. Ils sont sur ma liste d’achat et j’en parlerai ici lorsque j’y aurai goûté.

jeudi 12 novembre 2009

DÉGUSTATION CHILI - FOU DU VIN

J’ai longtemps écrit sur le forum Fou du Vin et mardi le 10 novembre, à l’invitation d’un de ses membres, Sylvain (Bordeaux 70), j’ai eu la chance de déguster une série de vins chiliens en compagnie d’autres membres de FDV, Pierrette et Jules (Passéedate et Passédate), Normand (Maxima), et deux amis de Sylvain, André et Luis, qui est d’origine chilienne. Très belle soirée sous le signe de la bonne humeur, de bons vins servis avec un bon repas concocté par Sylvain qui nous a montré ses talents de chef. Merci pour tout Sylvain. Le contexte ne se prêtait pas trop à la prise de notes. Néanmoins, voici de brèves impressions sur les vins dégustés.

On a commencé la dégustation hors thème, en France en plus, avec en apéro un très bon vin, soit le Pinot gris Steinert Pfaffenheim Alsace grand cru 2005. Pas de notes, mais j’ai bien aimé. Merci Normand.





En rouge, on a commencé avec le Cabernet Sauvignon, 1989, Colchagua, Los Vascos, un vin à la robe tuilée qui ne titre qu’à 12% d’alcool, et qui s’est montré encore bien en vie, avec un beau mélange d’arômes évolués typiques des Cabs d’un âge certain, mais toujours avec une bonne dose de fruit et une structure tannique intéressante. Le vin a gagné à l’aération et je suis sûr qu’il aurait créé la surprise dans une dégustation en pure aveugle. Mon plus vieux vin chilien à date. Je ne peux pas dire que j’ai été étonné, car par expérience je connais le potentiel de garde des vins chiliens, même ceux d’entrée de gamme comme ce Los Vascos. Toutefois, cette expérience renforce ma confiance en cette matière. Une bonne chose pour moi avec le grand nombre de fioles chiliennes que j’ai mises à l’ombre.

Les vins jeunes servis par la suite, montraient bien la différence que le temps peut faire. Autant le Los Vascos n’aurait pu être identifié comme chilien à l’aveugle autant les deux vins suivant exprimaient clairement leur origine. En l’occurrence, il s’agissait du Carmenère, Barrica Seleccion, 2007, Santa Carolina et du Merlot, Coleccion, 2007, Colchagua, Casa Silva. L’aspect végétal de certains jeunes rouges chiliens de la vallée centrale était bien notable dans ces vins, ainsi qu’un aspect boisé primaire, tout en douceur, sur les épices douces.

Les deux vins qui suivirent étaient plus âgés et m’ont bien plu. D’abord, il y a eu Luis qui a offert le Merlot, Marquès de Casa Concha, 2002, Rapel, Concha y Toro. Une bouteille qu’il avait rapportée du Chili avant que ce vin ne soit offert par la SAQ, depuis le millésime 2005. Ce vin fut pour moi un autre bel exemple de ce que le temps peut faire à un bon vin rouge chilien. J’avais essayé ce Merlot dans le millésime 2005, malgré sa qualité évidente, son profil de jeunesse m’avait laissé songeur, si bien que je n’en ai pas racheté. Ce 2002 montre bien que le temps sait transformer les choses. Le vin est encore riche et généreux, mais sans aucune trace de boisé trop appuyé. Le focus est mis sur le fruit noir et sur les premières notes d’évolution qui commencent à poindre. Le Merlot n’a pas été jusqu’à maintenant le point fort du Chili, à cause de la chaleur de la vallée centrale, mais ce Marques est un des mieux coté, et ce 2002 montrait bien pourquoi. L’autre vin était le House of Morandé, 2001, Maipo, Vina Morandé. Ce vin que j’ai déjà commenté sur ce blogue a été fidèle à l’idée que j’en avais. Un beau vin à mi-chemin dans son évolution, mais montrant malheureusement une pointe d’arômes brettés. Ce fut la favori de la majorité, moi j’ai préféré le Los Vascos.




Pour compléter la soirée en rouge, on a eu droit au Clos Apalta, 2001, Colchagua, Casa Lapostolle. Une première pour moi avec ce fleuron de la viticulture chilienne. Probablement le vin chilien le plus long et le plus concentré qu’il m’ait été donné de goûter jusqu’à maintenant. La qualité et le potentiel sont indéniables. Pour le moment toutefois, le nez est bien timide et plutôt simple, et en bouche bien que la puissance impressionne, l’équilibre optimal n’est pas encore atteint. Belle expérience quand même qui me permet d’améliorer ma perspective du paysage vinicole chilien.




Pour ce qui était supposé être la conclusion, on est retourné en France avec un vin de très haute qualité, soit le Château de Fargues, 2002, Sauternes. Vraiment un superbe vin liquoreux, riche, opulent, avec un bel équilibre, sucré, bien sûr, mais tout en sachant éviter la lourdeur, sur une texture onctueuse. Une véritable caresse pour le palais.

En prolongation, Sylvain a ajouté un Chardonnay, Medalla Real, 2007, Casablanca, Santa Rita. Un chardonnay typique de la région, mais sur le mode de la finesse plus que de la puissance. C’est sûr qu’après un vin riche comme le Fargues, il y avait un contraste, mais j’ai quand même bien apprécié.

Merci à tous les participants pour la soirée, pour votre bonne humeur, et spécialement à Sylvain pour les vins, la bouffe et l’accueil.

mardi 10 novembre 2009

CHARDONNAY, 2008, CASABLANCA, VINA ARBOLEDA




Vina Arboleda est une création de Eduardo Chadwick. Celle-ci est présentée comme une “boutique winery”, mais ses activités se confondent un peu avec celles de Vina Errazuriz. Les deux sont centrés sur des vins de la vallée de l’Aconcagua pour les rouges et Casablanca pour les blancs. De plus, Francsco Baettig est le “winemaker” en chef pour les deux étiquettes. Finalement, les raisins pour ce vin proviennent du même vignoble que ceux servant à élaborer la cuvée “Wild Ferment” de Errazuriz. Donc, beaucoup de similarités, mais deux vins du même cépage passablement différents, à tout le moins, selon ma perception à quelques semaines d’intervalle. La preuve à mon avis que si le bon vin se fait au vignoble, ce sont les décisions de l’homme qui impriment le style. Dans le cas de ce vin, 45% du moût a été fermenté avec des levures indigènes, alors que le reste a été fermenté avec des levures sélectionnées. De façon surprenante, ce vin voit moins de bois neuf (8%) que le “Wild Ferment” (21%). La contre-étiquette du Arboleda parle d’un vin robuste, c’était très vrai la journée de l’ouverture, où le vin était tout d’un bloc et avait l’air massif. Toutefois, le lendemain, il m’a semblé moins “rentre dedans”, plus subtil, même si ça demeurait un vin volontaire. Le CR qui suit représente mes impressions du deuxième jour où le vin me semblait vraiment à son mieux.

La robe est d’une belle teinte or pâle. Le nez s’exprime avec une certaine modération sur des arômes de pêche, d’orange et d’ananas, complétés par de subtiles notes boisées, une touche de maïs en grains et un léger côté rappelant la noisette grillée. En bouche, l’attaque est équilibrée, dans un style rond et assez volumineux. Les saveurs fruitées sont éclatantes et de très bonne intensité, avec un léger côté boisé/épicé qui vient agrémenter l’ensemble. Le milieu de bouche permet de prendre la mesure du niveau de concentration élevé de ce vin. C’est très intense et riche, mais le vin possède une onctuosité qui permet d’amortir un peu cette énergie gustative. La finale poursuit dans la même veine d’intensité et de richesse, avec un beau fondu de saveurs et une longueur de bon calibre.

En matière de vin, quoi qu’on en dise, quand la qualité est au rendez-vous, le suite est affaire de style. Certains ne prêcheront que par la finesse, c’est légitime. Toutefois, ceux qui adoptent cette position restrictive semblent bouder de possibles plaisirs pour des raisons qui semble parfois étrangères au vin lui-même, lorsqu’il est de qualité. Disons les choses clairement, ce vin n’est pas un parangon de finesse. Toutefois, il brille autrement, par sa richesse et son intensité, par la générosité de sa matière, tout en sachant demeurer un vin équilibré dans son style. Je pense que si un blogue comme celui-ci dédié aux vins de l’hémisphère sud a un sens, il ne peut faire autrement mettre de l’avant ce genre de vin et proférer leur légitimité. La beauté du vin réside dans la diversité, et un vin comme ce Chardonnay, par sa palette aromatique et par son énergie contribue à enrichir cette diversité. Ici, on est très loin du prototype bourguignon, et c’est tant mieux ainsi. Ça montre une facette nouvelle de ce que le cépage Chardonnay peut donner, ni meilleure ni pire, simplement différente, pourvu que le vin soit de qualité, et il l’est. Si mon propos vous rejoint le moindrement, n’hésitez pas à faire l’essai de ce vin. Je recommande toutefois un passage en carafe de quelques heures, suivi d’une remise en bouteille pour consommation le lendemain. Fait intéressant, la LCBO vient de mettre sur le marché le millésime 2007 de ce vin. Si j’en ai la chance, je vais l’acheter et vous en reparlerai ici, histoire de voir un peu, même si ce n’est pas le même vin, ce que le temps en bouteille peut apporter à cette cuvée.

samedi 7 novembre 2009

CHENIN BLANC, 2008, WESTERN CAPE, KEN FORRESTER



J’ai déjà eu la chance de discuter avec Ken Forrester lors d’un salon des vins de l’Afrique du sud. Il m’est apparu comme un homme très sympathique et passionné par son métier. J’avais alors eu la chance de déguster sa gamme de vins, dont le GSM, “The Gypsy” et son Chenin haut de gamme “FMC”. Deux excellents vins commandant toutefois des prix autour de 60$. J’avais alors goûté à son vin de Chenin régulier du millésime 2006, si ma mémoire est bonne. J’avais bien aimé. Le prix (18.70$) est trois fois moindre, mais bien sûr, le vin n’était pas trois fois moins bon. Ce vin est issu de vignes non irriguées de 35 ans d’âge et est élevé 9 mois sur lies en barriques de chêne français.

Le nez est délicat et dégage de subtils arômes de citron, de melon et un soupçon de poire. À cela s’ajoute des notes de florales et de miel, ainsi qu’un très léger aspect doucement épicé. En bouche, l’attaque est bien ronde et le vin déploie de belle saveurs fidèles à ce qui était perçu au nez. Le milieu de bouche montre un vin de bonne concentration, avec du volume et laissant une superbe impression tactile. La finale est frappée au sceau de l’harmonie avec de saveurs qui se fondent admirablement, sur une longueur de bon calibre.

Très beau vin de Chenin Blanc, fidèle à l’idée que j’ai de ce cépage. Le Chenin Blanc est vraiment un cépage distinctif et sous-exploité. Il est malheureusement dans l’ombre des Chardonnay et Sauvignon Blanc associés à des région françaises plus prestigieuses. Dans le cas de cette interprétation de Ken Forrester, on a le côté citronné du Sauvignon et la rondeur boisée souvent associée au Chardonnay, avec en plus un aspect miellé typique de ce cépage qui est difficile à mettre en mot, et qui lui donne son caractère original. L’Afrique du Sud est le spécialiste de ce cépage dans le Nouveau-Monde, mais je pense que d’autres pays possédant des climats frais auraient avantage à le planter pour diversifier leur offre de vins blancs. Une chose est sûre toutefois, cette version sud-africaine est une réelle réussite et un achat avantageux.

vendredi 6 novembre 2009

MALBEC, SELECCION, ALAMOS, 2007, MENDOZA, CATENA


J’ai acheté ce vin un peu par hasard, intrigué de voir ce que ce “super” Alamos pouvait donner en terme qualitatif par rapport au Malbec Catena que je connais bien. Son prix (17.40$) est situé à peu près entre celui du Alamos régulier et celui du Catena. Pour le reste, je n’ai pas trouvé d’informations sur ce qui distingue ce vin, sinon qu’il vient de la sous-région de La Consulta, plus fraîche car située à une altitude plus élevée. J’ai bu ce vin sur trois jours, et il a fort bien tenu.

La robe est bien colorée et presque opaque. Le nez est bien démonstratif et exhale des arômes de cerises et de mûres, d’épices douces comme la vanille, de goudron et de torréfaction. Beau nez bien agréable et assez complexe, avec de l’éclat, mais sachant éviter l’excès boisé. La bouche est équilibrée dès l’attaque et déploie d’intenses arômes fruités bien complétés par un aspect épicé/boisé bien dosé. Le milieu de bouche montre un vin de corps moyen, juste assez concentré, à la structure compacte et à la fine texture tannique. Le caractère épicé et goudronné s’impose un peu plus en finale sur une longueur de bon calibre.

J’ai vraiment bien apprécié ce vin. Son profil m’a semblé assez différent de celui du Catena, moins rond, moins typé Malbec argentin. En fait, ce vin me faisait plutôt penser à un bon Cab californien de milieu de gamme, du genre Beringer “Knight’s Valley”. Ce n’est qu’une impression, mais omme on peut le voir sur la photo, ce vin s’est mérité un 90 du Wine Spectator. Je ne crois pas aux notes, mais si on peut traduire ce chiffre par très bon vin, alors je suis bien d’accord. Bien sûr, un très bon vin offert au prix de 17.40$ représente une formidable aubaine. Malheureusement, Catena a décidé de boucher la bouteille avec un liège aggloméré. Ce n’est donc pas un vin à garder très longtemps, mais je pense quand même qu’il pourrait être intéressant à suivre au cours des trois à cinq prochaines années. La SAQ annonce le 2008, mais il sûrement de ce 2007 en tablettes.

mardi 3 novembre 2009

TORRONTES, LABORUM, 2007, CAFAYATE, BODEGAS EL PROVENIR DE LOS ANDES



Quand on pense vin et Argentine, généralement on se retrouve dans la région de Mendoza, mais l’Argentine ne se limite pas à cette région, même si elle demeure de loin la plus importante. La région de Cafayate, située plus au nord, se démarque par ses vignobles en altitude, les plus élevés au monde. Ici au Québec, cette région est connue avec des producteurs comme Etchart, Michel Torino, ou bien le vin haut de gamme de Michel Rolland, Yacochuya. El Provenir est un autre producteur axé sur la qualité qui opère dans cette région. Cette maison fondée en 1890 a été reprise en 1999, et a depuis entrepris un virage qualitatif. Pour en juger, nous avons ici un blanc élaboré avec le cépage blanc emblématique du pays, le Torrontès. Les vignes de 40 ans d’âge sont menées selon le système ancien de pergolas, avec toutefois des rendements contrôlés à 45 Hl/ha. Le vin est élaboré totalement en inox et est ainsi une pure expression du cépage.

Le nez est bien expressif et fait penser à un vin alsacien de Gewurztraminer, avec des arômes de poire et de pêche, un caractère légèrement miellé et épicé, ainsi que des notes florales bien marquées. Très beau nez, bien aromatique et très agréable, auquel on revient souvent. En bouche, l’attaque est équilibrée, et montre une bonne amplitude. Comparativement au nez, les saveurs fruitées gagnent en importance, avec toujours cette touche doucement épicée et unléger trait d’amertume, alors que l’aspect floral est un peu plus en retrait. Bonne concentration en milieu de bouche, sur une belle tenue avec un peu de gras pour étoffer l’ensemble. La finale est harmonieuse et de bonne longueur sur de légers relents d’amertume.

J’ai vraiment bien aimé ce vin qui est un des meilleurs Torrontès que j’ai eu l’occasion de déguster. J’aime ce cépage pour son profil aromatique complexe, mais les vins issu de celui-ci manque généralement de tenue et de matière en bouche. Ce n’est heureusement pas le cas avec ce Laborum, un vin de très belle qualité. Je n’avais qu’une bouteille de ce vin, achetée il y a presqu’un an en Ontario pour 19.99$. Il reste des bouteilles au prix réduit de 16.45$. Si j’en avais la chance, je n’hésiterais pas à en racheter. Compte tenu de la qualité de ce vin, j’aimerais bien goûter les rouges de ce producteur. Je vais garder l’oeil ouvert.

dimanche 1 novembre 2009

CHARDONNAY, RESERVE, 2007, STELLENBOSH, VERGELEGEN



Vergelegen est une maison historique d’Afrique du Sud dont la fondation remonte à l’année 1700. Rachetée en 1987 par le groupe minier Anglo-American, les vignobles furent replantés après une analyse des sols et du climat, et aujourd’hui à cause de problèmes de virus affectant certaines vignes, le vignoble doit déjà être en partie restauré. Néanmoins, Vergelegen est reconnu comme étant un des meilleurs producteurs de vin du pays. Un chai de vinification sur trois étages, utilisant la gravité pour l’élaboration des vins a été construit, de plus, le plan à long terme est de se convertir à la biodynamie, une idée à la mode chez les producteurs ayant de hautes visées qualitatives. Ce vin est fermenté avec les levures indigènes. Il est élevé pendant 12 mois en barriques de chêne français, dont la moitié sont neuve et l’autre moitié de second usage.

La robe est d’une teinte dorée assez pâle. Le nez s’exprime librement sur des arômes de citron, d’ananas, de pêche, de noix et de caramel. En bouche, l’attaque est très ample, mais parfaitement équilibrée, avec un mélange de saveurs intenses reflétant très bien ce qui était perçu au nez. Le vin est gras, presque onctueux, mais il y a suffisamment d’acidité pour préserver une nécessaire fraîcheur. Le milieu de bouche permet de jauger le très bon niveau de concentration et la richesse de la matière contenue dans ce nectar caressant. Le vin, malgré son bon volume, coule facilement et en douceur, pour mener vers une finale qui ne dévie pas, continuant dans la droite ligne harmonieuse et agréable déjà tracée par ce Chardonnay séducteur. La longueur est très bonne, sur de légers relents amers en toute fin de bouche et un retour caramélisé.

Les vins du Nouveau-Monde sont souvent méprisés par certains puristes comme étant trop ceci ou trop cela. Moi je dis une chance que le Nouveau-Monde existe et qu’il peut produire ce genre de vin caressant et séducteur. Le monde du vin serait plus pauvre si ce genre de vin n’existait pas. Celui-ci est rond, son fruité est doux et son boisé est généreux, mais tout est fait avec mesure et le résultat est harmonieux et très bien réussi. On sait éviter les excès, mais on n’essaie pas d’imiter vainement le prototype bourguignon. Ce vin assume son origine et son terroir. L’homme qui l’a conçu sait y faire, car il a pris les bonnes décision pour tirer le meilleur de sa matière, en choisissant bien le style de ce vin qui selon moi est une réussite exemplaire. Vous aurez compris que j’ai adoré ce vin. Il est de très grande qualité. Il montre qu’élégance et style séducteur peuvent aller de paire. Il montre que le boisé, lorsque bien maîtrisé, est un atout pour ce style de vin. Il en reste quelques bouteilles dans le réseau de la SAQ. Si votre vision de ce que peut être un bon vin de Chardonnay n’est pas limitée et si ma description vous inspire, faites-vous plaisir, car pour les 26.35$ demandés, ce vin est un excellent achat.