mardi 29 septembre 2009

SYRAH, WINEMAKER’S RESERVE, 2005, ALTO MAIPO, VINA CARMEN


Voici une rare nouveauté chilienne à la SAQ, surtout dans cette catégorie de prix (36$). Ce vin provient d’une région réputée pour ses excellents Cabernets, et en fait, ce vin est un assemblage à forte dominante Syrah, mais qui contient tout de même 13% de ce fameux Cabernet Sauvignon. Le titre alcoolique est modéré pour la région à 13.8%. Ce vin a reçu de bons commentaires de Jay Miller du Wine Advocate qui lui a octroyé un 91. J’ai de très bon souvenir de la Syrah, Réserve, de ce producteur, et le Syrah/Cabernet, Réserve, 2005, offert à la SAQ m’avait aussi beaucoup plu. J’ai donc de bonnes attentes envers ce vin. Voyons ce que ça donne dans le verre.

La robe est opaque et très sombre. Le nez est d’expression modérée et dégage de beaux arômes de fruits noirs, incluant le fameux cassis qui trahit la présence du Cabernet, ainsi qu’un peu de fruits rouges. Des notes de bois de cèdre, d’épices douces et de torréfaction viennent compléter l’ensemble. Un beau nez, riche et profond, mais qui n’évoque pas vraiment le profil classique du cépage. Dans ce cas-ci, et à ce stade, le terroir semble parler plus fort. Ceci dit, c’est tout de même très agréable. En bouche, le vin est ample et montre un bel équilibre entre la douceur du fruit et l’amertume. Les saveurs fruitées sont intenses, entremêlées à des notes d’épices douces et de torréfaction. Cela produit une belle combinaison qui se transporte en milieu de bouche, sans faiblir, et où l’on peut jauger le niveau de concentration supérieur de ce vin. Cette richesse demeure toutefois sous contrôle, avec une structure quand même assez compacte, compte tenu du style. La texture de son côté se montre veloutée, ce qui permet au vin de glisser sans ambages vers une finale en crescendo où les saveurs se fondent avec harmonie, malgré l’amertume torréfiée qui gagne un peu de terrain sur la toute fin. La longueur est digne d’un très bon vin.

Verdict? On a affaire à un très bon vin, un vin qui vaut son prix et qui n’aurait pas à rougir face à des vins du même prix et des mêmes cépages, venant d’ailleurs dans le monde. Toutefois, face à la compétition féroce de son propre pays, il est facilement 10$ trop cher. Contrairement à ce que certains pourraient penser en me lisant, je ne pense pas que les vins du Chili sont les meilleurs au monde. Je pense toutefois qu’ils sont ceux qui, en général, offre le meilleur RQP sous la barre des 40$. On peut y retrouver des aubaines, à mon sens, vraiment extraordinaires, et c’est avec celles-ci que j’essaie de me monter un beau cellier. Malheureusement, dans le cas de ce “Winemaker’s Reserve”, même sil le vin est de belle qualité, il ne passe pas mon test au niveau du RQP. Je comprends que cette approche strictement axée sur le RQP est réductrice, parce que ce faisant, j’écarte une variété de très bons vins. J’écarte aussi tout l’aspect historique, traditionnel et prestigieux associé au monde du vin, et l’imaginaire y étant associé, que plusieurs amateurs apprécient. Pour moi ce qui compte d’abord et avant tout, c’est la qualité que je perçois dans le verre par rapport au prix payé. Ce n’est pas une question d’origine. Je content tout de même d’avoir essayé ce vin, ce n’était pas une arnaque, mais il ne se retrouvera pas dans mon cellier. Dans cette catégorie, j’ai des alternatives plus intéressantes.

dimanche 27 septembre 2009

CHARDONNAY, WILD FERMENT, 2008, CASABLANCA, ERRAZURIZ





Cette cuvée “Wild Ferment” est en réelle progression depuis quelques millésimes. Il semble que Errazuriz maîtrise mieux l’élaboration délicate de ce vin qui sort de la règle générale par l’utilisation des levures indigènes pour la fermentation alcoolique. Le 2007 de ce vin était vraiment superbe et s’était mérité plusieurs commentaires élogieux. Bonne nouvelle pour la version 2008, le prix est sensiblement à la baisse de 2.80$, à 19.95$. En espérant que la qualité, elle, ne soit pas aussi à la baisse. Voyons ce qu'il en est.

La robe est d’une belle teinte dorée, assez soutenue. Le nez s’exprime avec une intensité bien calibrée, et exhale d’affriolants arômes de pêche, complétés sur le plan fruité par un peu de pomme et un léger trait citronné. Pour compléter la palette aromatique, on retrouve des notes de miel, de beurre, d’amandes grillées, ainsi qu’une subtile touche florale. Ce nez est déjà complexe et surtout très agréable. En bouche, l’attaque est intense, ample et bien équilibrée par une saine dose d’acidité. Les saveurs sont d’une belle richesse et reflètent assez fidèlement ce qui était perçu au nez. Le milieu de bouche est soutenu, et exhibe une concentration de matière de très bon calibre, sur une texture légèrement onctueuse et un bon volume. La finale est harmonieuse, les saveurs s’y fondent agréablement, sur un très léger fond d’amertume, et persistent un long moment.

Ceux qui me lisent régulièrement savent que je déplore la faiblesse relative de l’offre de vins chiliens à la SAQ. Toutefois, ce Chardonnay, “Wild Ferment” est clairement pour moi une des étoiles de cette sélection perfectible. Ce vin est clairement de très grande qualité, et son prix en fait clairement une aubaine à ne pas manquer. Si le prix est à la baisse, la qualité, elle, à tout le moins, se maintient. Selon moi, ce vin est un prétendant très sérieux au titre de meilleur Chardonnay, sous la barre des 30$, disponibles à la SAQ. J’aimerais le déguster en parallèle avec une de mes référence en cette matière, soit le Chardonnay, Kumeu River de Nouvelle-Zélande (27.95$). Toutefois, la SAQ offre le millésime 2006 du Kumeu, ça pourrait peut-être fausser un peu la comparaison. Toujours est-il que je recommande très chaudement ce “Wild Ferment”, je profiterai sûrement de la prochaine promo pour faire le plein à 18$ et ainsi en mettre de côté pour voir comme il peut évoluer. Très beau vin.

jeudi 24 septembre 2009

CHARDONNAY, RESERVA, 2008, LEYDA, VINA LEYDA


Une autre bouteille de ce superbe vin toujours fidèle à ce que j'en disais dans le CR qui suit.


Leyda est une sous-appellation de la plus vaste région côtière de San Antonio. Vina Leyda a été le pionnier de cette nouvelle région en y plantant les premières vignes en 1998. La première récolte eut lieu en 2001, et depuis, plusieurs autres producteurs se sont implantés dans cette région. Ce mouvement vers la fraîcheur de la côte est l’événement majeur des 15 dernières années dans le monde du vin au Chili. La qualité des premiers vins issus de cette région a fait prendre conscience à plusieurs du potentiel de diversité inexploité que possédait ce pays. Ce potentiel est toujours largement sous-exploité, il faut y mettre le temps, mais San Antonio/Leyda a donné l’impulsion à une recherche de fraîcheur au Chili, une fraîcheur dans le climat d’abord et qui se reflète ensuite dans les vins issus des ces régions plus fraîches.

La robe est d’une belle teinte or pâle. Le nez est modéré, mais on y détecte facilement en dominante des arômes de citron associés à un aspect minéral, le tout complété par de subtiles notes de pêche et de noisette, ainsi que par un très léger aspect d’herbes aromatiques difficile à définir. En bouche, l’attaque est vive et intense. On a droit à un vin éclatant, montrant un très bon niveau de concentration. Cette relative richesse en matière permet l’obtention d’un équilibre heureux avec cette acidité minérale qui marque tout du long le vin de son empreinte. En finale, les saveurs citronnées s’élèvent pour marquer le coup, avant de décliner lentement, en laissant filtrer un soupçon d’amertume.

Aucun artifice dans ce vin, seulement l’expression pure de la combinaison cépage/terroir. Le niveau qualitatif est simplement formidable, compte tenu du prix (13.95$ LCBO). D’ailleurs, ce vin n’a pas traîné sur les tablettes du monopole ontarien, deux semaines après sa mise en marché, les stocks sont déjà presque écoulés. J’ai bu le vin sur deux jours, et la deuxième journée l’acidité était plus intégrée et le vin avait gagné un brin de rondeur, mais ça demeurait bien vif. Personnellement, cette version non boisée du Chardonnay m’a fait découvrir une facette peu exploitée de ce cépage, et qui a peu à voir avec les nombreux exemples beurrés et boisés que l’on rencontre le plus souvent avec les vins de ce cépage. Toutefois, je pense que pour que ça fonctionne, il faut vraiment un Chardonnay de climat frais, comme celui-ci, à l’acidité naturelle marquée. Ce vin offre la structure et la texture d’un Sauvignon Blanc de la même région, sur une palette aromatique différente. Bien heureux d’avoir fait bonne provision.

mardi 22 septembre 2009

CARMENÈRE, RESERVA, 2007, MAULE, VINA CALINA

Ce vin de Carmenère, produit de l’opération chilienne de l’américain Kendall-Jackson, est en fait un assemblage contenant 13% de Cabernet Sauvignon. Il est élevé pendant 9 mois en barriques de chêne français (70%) et américain (30%), dont moins de 10% sont neuves. Le vin est bouché avec un liège synthétique, ce qui laisse supposer un vin qui, malgré son appellation “Reserva”, a été conçu pour consommation assez rapide.

La robe est foncée et très légèrement translucide. Le nez trahit l’identité du cépage dès le premier abord, avec un beau mélange d’arômes de fruits et de poivrons rouges. Une touche de fruit noirs est aussi présente, ainsi que des notes d’herbes aromatique et d’épices douces, telle la vanille. Un léger aspect chocolaté complète cet ensemble au profil jeune et bien agréable. En bouche, on retrouve de juteuses saveurs de fruits rouges, mâtinées comme au nez de poivron rouge et d’herbes aromatiques. Le vin est de structure assez compacte, bien ferme, et offre une texture tannique plutôt légère, mais tissée bien serré. La concentration de matière est modérée, mais sans carence. Le vin joue clairement la carte de la “buvabilité” et de l’expression aromatique du cépage. La finale complète bien cette démonstration “Carmenère 101", sur un beau fondu de saveurs, sur une persistance plus qu’honorable.

Après le 2005, c’est le deuxième millésime de ce vin que je déguste. Dans les deux cas le but est atteint à la perfection. C’est-à-dire offrir un vin agréable, plutôt facile à boire et qui mise d’abord et avant tout sur l’expression des caractéristiques aromatiques de base du cépage Carmenère. Pas de grandes ambitions ici, ni de RQP époustouflant. Juste un vin de très belle qualité qui atteint sa cible à la perfection. Ce vin représente selon moi une introduction idéale pour qui veut découvrir le Carmenère “modèle de base”. Toutefois, il ne faudrait pas goûter ce vin et penser par la suite que c’est tout ce que ce cépage peut offrir. Beaucoup de variantes plus étoffées sont possibles et existent. Mais pour une première prise de contact, ou juste pour boire un joli vin agréable sans se casser la tête, ce Calina, Reserva est idéal.

lundi 21 septembre 2009

CABERNET SAUVIGNON, FAMILY RESERVA, 2005, MOLINA, CURICO, VINA ECHEVERRIA


La vallée de Curico est située juste au sud de Colchagua et au nord de Maule. Avec Maule, je dirais que c’est la région vinicole du Chili la moins réputée. Ce sont des régions anciennes qui n’ont pas l’attrait de la nouveauté. Ces régions ont une tradition de production de vins de masse à fort volume. Aussi, aucun des vins le plus réputés du pays n’y sont produits, à part peut-être le Manso de Velasco de Torres, qui vient lui aussi de Curico. Toutefois, les choses changent aussi dans ces régions. Il existe beaucoup de vieux vignobles et des producteurs décidés à prendre le virage qualitatif, tout en conservant un aspect traditionnel. Vina Echevarria est l’un de ces producteurs. Ce 100% Cabernet Sauvignon provient d’un vignoble unique situé près du village de Molina. De l’aveu même du producteur, la concentration est recherchée pour cette cuvée. Pour ce faire on ne retient que les raisins les plus matures provenant de parcelles à faible rendement. Cette sélection qualitative se poursuit au chai, avec des vinifications séparées en petits réservoirs et un élevage de 18 mois en barriques de chêne français. Seuls les meilleurs lots sont inclus dans l’assemblage final du vin. Cela semble prometteur. Voyons ce que ça donne dans le verre.

La robe est sombre et impénétrable. Le nez est très beau et évoque beaucoup plus l’ancien monde que le nouveau. Il dégage des arômes de fruits noirs, de cerises, mais sans le fameux cassis qu’on retrouve souvent dans la palette aromatique des Cabs de ce pays. En plus, on y retrouve des notes de bois de cèdre, de terre humide, et de feuilles de thé. Beau nez qui se démarque de l’archétype chilien. En bouche, ce qui surprend au départ, c’est l’acidité bien marquée de ce vin qui donne du tonus à l’ensemble et de l’éclat aux saveurs de fruits noirs qui dominent le profil gustatif. Une juste dose d’amertume contribue à l’équilibre global de ce vin à la structure compacte et à la texture tannique solide. Les notes terreuse perçues au nez ressortent un peu plus en milieu de bouche, où l’on peut constater toute la densité de matière qu’offre ce solide nectar. La finale poursuit dans la même veine, avec un mariage heureux des saveurs, sur un sursaut d’intensité et des tanins qui montrent la fermeté de leur poigne sur une bonne allonge aux relents d’amertume.

Voici un autre exemple de vin pour déculotter ceux qui pensent savoir ce qu’est LE vin chilien. Celui-ci est à l’opposé du stéréotype, d’abord par son acidité marquée, mais aussi par la fermeté de sa structure et le relief de sa texture. Ce vin montre un mélange de finesse aromatique et de rusticité structurelle. Un vin qui me semble l’antithèse du vin moderne et crémeux à la Michel Rolland, où rien n’accroche. Bien sûr, il est encore très jeune, mais ses qualités aromatiques sont indéniables, tout comme la richesse de sa robuste matière. Pour ce qui est de l’aspect tactile en bouche, c’est sûr qu’il est actuellement un peu déstabilisant. Pour ma part, j’ai bien aimé son caractère et son originalité. C’est un vin qui se fait remarquer. Maintenant, comment évoluera-t-il dans le temps? Difficile à dire pour moi, car je suis peu habitué à ce genre de vin. Est-ce que l’acidité s’adoucira avec le temps, et est-ce que les tannins se poliront? Voilà une bonne question. Le producteur pour sa part parle d’une garde d’au moins huit ans. Il me reste quatre bouteilles. J’ai bien l’intention de le suivre, car je suis vraiment curieux de goûter les résultats. Une chose est sûre, ce vin semble cadrer avec un style propre au sud de la vallée centrale (Curico et Maule). Il me rappelle un Cabernet Franc de Botalcura, lui aussi de Curico, et dégusté plus tôt cette année, et qui était lui aussi marqué par une franche acidité. Ce style à l’acidité franche semble aussi correspondre au profil des vins de Gillmore, un producteur de Maule que j’évoquais dans un des premiers message de ce blogue. Aussi, j’ai trouvé que le style de ce vin ressemblait, en plus acide, à celui d’un jeune Manso de Velasco, vin phare de Curico que j’évoquais en introduction. Ce vin est toujours offert à la LCBO pour 19.95$. Je pense vraiment que c’est un très bel achat à ce prix, et une bonne façon d’élargir sa conception des rouges chiliens.

vendredi 18 septembre 2009

VIOGNIER, 2008, COLCHAGUA, VINA CONO SUR


Ce blogue ne se veut pas élitiste. Donc, je tâcherai parfois de parler de vins vraiment pas chers. C'est le cas avec ce Viognier qui est mon RQP favori comme petit vin de semaine. Il est vendu à la LCBO pour le prix ridicule de 9.95$. Un pur Viognier n'ayant pas vu de bois.

La robe est d’une belle teinte dorée. Le nez est de belle intensité et dégage de jolis arômes de pêche, d’orange et de de miel, ainsi qu’un aspect floral. En bouche, c'est frais, l’amplitude et la matière sont vraiment surprenantes. Les saveurs sont intenses et l’ensemble montre un bon équilibre. En finale, les saveurs se fondent bien sur une longueur de bon calibre.

Oubliez le prix de ce vin pour le juger, mais souvenez-vous en lors de votre prochain passage en Ontario. C’est vraiment un achat extraordinaire à ce prix. Vous savez. J’ai tendance à dire parfois que certains vins chiliens en valent d’autres du double du prix. C’est une vilaine manie de ma part. Je ne le dirai donc pas, mais me contenterai de citer Josh Raynolds de IWC. Un autre qui a cette manie condamnable.... Deux rêveurs faut croire.


Light yellow. Textbook Viognier aromas of white peach, pear, flowers and anise. Fleshy and smooth, showing gently sweet melon and pit fruit flavours, with gentle floral and spice qualities. An outstanding value, with the clarity and complexity of many Viogniers costing three or four times as much. Josh Raynolds/ International Wine Cellar Mar-Apr. 2009/USA

Nicolas Catena nommé homme de l'année par Decanter

Un bel honneur et une reconnaissance bien méritée pour ce pionnier du virage qualitatif en Argentine. La maison Catena demeure mon producteur argentin favori. Bravo!

http://www.decanter.com/news/289524.html

jeudi 17 septembre 2009

Dégustation Chili: Mes impressions

Retour final sur cette dégustation chilienne pour donner mes impressions et commentaires personnels.






Riesling, Winemaker’s lot, 2007, Bio Bio, Concha y Toro

Choisi pour avoir un vin de l’extrémité sud du pays, et aussi pour avoir un vin qui saurait surprendre les participants. Très beau vin de Riesling bien typé avec un fruité de belle intensité et des arômes de pétrole. En bouche, le vin montrait une belle présence, de la fraîcheur et une bonne matière. Je pense qu’il montrait un léger sucre résiduel, mais c’était bien marié au style généreux du vin. Pour 14.95$, c’est vraiment excellent.



Première vague


1- Cabernet Sauvignon, Reserva de Famillia, 1997, Maipo, Santa Carolina

Superbe vin de Cabernet au profil évolué typique de ce que peuvent donner avec la garde les bons Cabernet de Maipo de catégorie “Reserva” (18-25$). J’avais choisi ce vin pour en faire la démonstration, et il ne m’a pas déçu. Achetez ce type de vin aujourd’hui, oubliez le profil de jeunesse s’il ne vous plaît pas et ne voulez pas tentez de l’apprivoiser, et mettez ça de côté pour sept à quinze ans, et même plus.

2-Pinot Noir, Cartagena, 2005, San Antonio, Casa Marin

Le mal aimé de la dégustation. Je l’avais choisi pour montrer la diversité grandissante de l’offre en rouge au Chili. Je voulais aussi un vin de San Antonio qui pour moi est une des régions les plus excitantes de Chili. Moi, j’aime bien ce vin. Le style lorgne plus du côté de la Californie. Je pense que la composition de la vague ne l’a pas aidé. J’aimerais lui redonner une chance dans une dégustation de Pinot du Nouveau-Monde. Le Pinot est toujours un “work in early progress” au Chili, mais le potentiel est vraiment là. Il faut aussi dire que Casa Marin fait des vins qui déstabilisent par leur caractère affirmé et distinctif.

3- Merlot, La Capitana, 2003, Cachapoal, Vina La Rosa

J’avais mis ce vin dans l’alignement parce qu’il était pour moi l’archétype du vin chilien que certains aiment rabaisser en le jugeant rapidement sur son profil de prime jeunesse. Pourtant, hormis une faible note de verdeur chilienne qui peut déplaire, ce vin avait beaucoup d’autres attributs positifs. Un bel équilibre, encore beaucoup de fruit, de la rondeur, un boisé qui s’intègre tranquillement et une belle texture soyeuse. Peu de vins de ce prix peuvent être dans un si bel état à cet âge. Ceci sans compter qu’il peut encore évoluer pour facilement cinq autres années.


Deuxième vague


1-Assemblage, Gran Reserva, 2005, Maipo Costa, Vina Chocalan

J’ai choisi ce vin car c’est un de mes préférés de la dernière année. Aussi parce qu’il vient d’une nouvelle partie de la vallée de Maipo. Encore parce que c’est un vrai vin d’assemblage, une manière de faire qui selon moi donne les vins les plus complets. Ce vin est vraiment superbe, d’un équilibre exemplaire, souple, intense, charmeur et complexe. Un RQP exceptionnel.

2- Cabernet Sauvignon, Don Melchor, 2003, Puente Alto, Alto Maipo, Concha y Toro

J’avais de grandes attentes et ce vin m’a un peu déçu. Ça demeure un superbe vin de Cabernet, mais je m’attendais à plus de sa part. Une idée préconçue à cause de son prix et de sa réputation, bien sûr. Je m’attendais à ce qu’il survole la dégustation, et ce ne fut pas le cas. Autour de 50$, ça pouvait toujours passé, sans être un RQP, mais à 80$ pour le 2006, ce vin vient de tomber dans l’excès, comme bien d’autres.

3- Assemblage, House of Morandé, 2001, Medio Maipo, Vina Morandé

Choisi pour ajouter un vin plus âgé toujours disponible, et pour compléter une trilogie Maipo couvrant ses trois sous-régions. Ce vin m’a pas mal déçu. Pourtant, goûté préalablement en isolé, je l’avais bien apprécié. Il faut dire que cette bouteille avait une très légère touche de brett. Dans mon cas, c’est sûr que ça ne l’a pas aidé. Hormis la brett, je dirais que ça demeure quand même un beau vin au profil évolué et une rare possibilité d’acheter un bon vin chilien avec déjà de l’âge. Mais pour qui est prévoyant, et patient, vaut mieux acheter de bons Reservas autour de 20$ et les garder.


Troisième vague


1-Syrah, Reserva, 2007, Limari, Vina Tabali

Choisi à cause de sa qualité et pour montrer ce que la nouvelle région de Limari peut donner. J’ai racheté une caisse de ce vin, hier, pour porter mon total à 18 bouteilles. C’est vous dire comment j’apprécie ce vin et son RQP formidable. Déjà très bon sur son profil de prime jeunesse, ce vin a tout ce qu’il faut pour une bonne garde et une évolution intéressante et harmonieuse. Beau profil Rhône nord moderne.

2- Syrah, Reserva, 2007, Elqui, Chono

Un vin d’importation privée choisi lui aussi pour sa très belle qualité et pour compléter avec Elqui le duo des nouvelles régions du nord. J’écrirai un CR bientôt sur ce vin qui lui aussi évoque à sa façon une Syrah du Rhône nord.

3-Syrah, Reserva, 1999, Aconcagua, Errazuriz

Déception avec ce vin. Légèrement bretté, au profil évolué et en déficit de fruit. Ne montrait pas la même qualité qu’un 1997 goûté l’an passé. Le millésime 1999 fut très chaud au Chili, et je pense que ce vin en a souffert, surtout que Errazuriz en était à ses premiers pas avec ce troisième millésime de Syrah. Rendez-vous manqué pour démontrer le potentiel de garde de ce cépage dans ce pays, mais croyez-moi, il existe bel et bien. Je suis sûr que les bons vins de Syrah d’aujourd’hui, vont donner de très beaux résultats dans dix ans et plus. Il n’y a aucune raison pour que ces vins ne vieillissent pas aussi bien que le Cabernet de Maipo. Certains pourraient dire qu’il faut faire un acte de foi en mettant ces vins de côté. Si tel est le cas, et bien moi je veux jouer les prophètes. Ma collection de Syrah chiliennes s’élargit avec le temps, et la beauté avec ce cépage au Chili, c’est qu’à cause des nouvelles régions plus fraîches (Elqui, Limari, Casablanca, San Antonio), il y a une belle variété de styles pour compléter ce que la vallée centrale et son climat plus chaud peut offrir.


Il est évident que cette dégustation n’était qu’un survol rapide de ce que le Chili peut offrir. J’ai tenté de montrer un visage du pays qui déborde de ce qu’on retrouve actuellement à la SAQ, avec de nouvelles régions ou cépages, et des vins avec de l’âge. Je pense que la Syrah de Tabali ou l'assemblage de Chocalan sont de beaux exemples du genre de vin chilien que la SAQ devrait offrir en plus grand nombre. Des vins venant de nouveaux producteurs élite, qui offrent encore leurs bons vins à des prix très abordables. Pourtant, il y a beaucoup de ces nouveaux producteurs au Chili, ou de plus anciens qui ont pris le virage qualitatif. Comprenez-moi bien. Il y a de bons vins chiliens à la SAQ, mais l’offre pourrait être tellement meilleure, diversifiée et complète.

lundi 14 septembre 2009

Dégustation Chili ou comment je me suis aveuglé!

Dans l’introduction de mon dernier message, je disais qu’à un moment donné au cours de la soirée j’avais eu l’air fou, et que tous avaient bien rigolé. Ils avaient raison, car c’était bien comique. Toutefois, au delà de la rigolade que j’ai provoqué, j’ai pu expérimenter totalement une chose en laquelle je croyais fermement et que je n’avais pu jusqu’à maintenant qu’effleurer en dégustation.

Depuis que je déguste en groupe, je n’ai jamais encore vu quelqu’un délibérément tromper ses partenaires de manière malhonnête. C’est-à-dire en servant un vin à étiquette découverte, mais en mettant un autre vin dans la bouteille. Celui qui s’y aventurerait aurait assurément de bonnes chances de perdre des amis. Dans le monde du vin où l’ego est important, tenter de faire mal paraître des dégustateurs regroupés, n’est pas une chose à faire. Toutefois, il existe le cas où un dégustateur peut se flouer totalement lui-même. C’est ce qui m’est arrivé samedi soir dernier.

Comme vous avez pu le lire dans le message précédant, j’avais préparé trois vagues de trois vins rouges. Je les avais placés dans une caisse de douze bouteilles, où trois rangées de trois étaient pleines, et une rangée était vide. J’ai sorti la première rangée, à l’extrémité de la boîte, pour la première vague. Ce qui laissait deux rangées vides aux extrémités de la boîte, et deux rangées pleines au milieu. Puis, au moment de sortir ce que j’avais prévu pour être la deuxième vague, j’ai pris la mauvaise rangée de milieu, celle qui devait être la troisième vague. Les vins avaient été transvidés dans des bouteilles transparentes que j’avais marquées en noir en dessous. Donc, tant que la bouteille contenait du vin foncé, il était impossible de voir la marque. Puis, pour chaque vague, je demandais à quelqu’un d’autre de mélanger les bouteilles et de les étiqueter avec un numéro. Donc, en théorie, pour chaque vague j’étais en semi-aveugle. J’étais supposé connaître l’identité des trois vins, mais pas dans quelles bouteilles ils étaient.

Donc, lorsque la deuxième vague fut servie, j’étais convaincu sans l’ombre d’un doute d’avoir devant moi trois vins de Syrah (Tabali, Chono, Errazuriz), que je connaissais très bien. Alors qu’en réalité, j’avais un Cab (Melchor), un assemblage à forte dominante Cab (Morandé), et un assemblage sans cépage très dominant (Chocalan). Je dois aussi dire que lors du transvasage de ces vins, durant l’après-midi, je les avais sentis pour détecter à l’avance un éventuel problème de bouchon. Lors de cet exercice, j’avais noté un très léger caractère bretté dans la Syrah Errazuriz. Toujours est-il que lorsque les vins furent servis. J’étais en pleine confiance. J’avais très facilement identifié les trois vins de la première vague. Je n’ai d’ailleurs même pas regardé mes marques sous les bouteilles tellement c’était clair.

Ensuite, dans la deuxième vague, qui était en fait ce qui devait être la troisième. Je détecte dès le départ un vin légèrement bretté, le Morandé. Dans ma tête, juste sur ce critère, je me dis que c'est le Errazuriz. Les deux autres vins “clean” et plus jeunes sont associés aux deux jeunes Syrah, le Chocalan avec le Tabali, à cause du boisé, et la Melchor avec le Chono, par défaut. Je dis rapidement aux autres que j’ai repéré l’identité de chaque vins. Par après toutefois, je dis que je ne suis plus sûr de l’identité pour deux vins. Les deux vins plus jeunes et non brettés. Mais en aucun moment dans mon esprit je ne remet en doute le fait que j’ai devant moi trois vins de Syrah. Lors du tour de table à la fin, je rigole et m’amuse d’entendre certains dégustateurs me parler de Cabernet Sauvignon! Je souris et dit à tous que certains vont être surpris!!! Je ne croyais pas si bien dire. En réalité, je joue un peu les frondeurs, car même si je suis toujours totalement convaincu d’avoir les trois vins de Syrah devant moi, je ne suis plus sûr de l’identité de deux plus jeunes. Pourtant, ce sont deux vins (Tabali et Chono) que je pense connaître très bien et que j’étais sûr de pouvoir distinguer facilement l’un de l’autre, surtout avec le Errazuriz comme troisième bouteille de la vague. Malgré cela, en aucun moment la lumière rouge ne s’est allumée en moi. J’étais psychologiquement induit. Le fait que j’avais affaire à trois vins de Syrah était pour moi une certitude absolue. J’avais grossièrement détecté deux vins de profils jeunes, plus un vin plus évolué et légèrement bretté. Dans ma tête, c’était en béton, malgré mon indécision sur l’identité de deux d’entre eux, et malgré la réalité, bien sûr.

Finalement, avant de découvrir l’identité des bouteilles, je demande à regarder mes marques sur le fond de celles-ci. Une chance, sinon j’aurais totalement ruiné le caractère aveugle de ma dernière vague de Syrah. Donc, je regarde la fond d’une bouteille, et là c’est la stupéfaction totale!!! Sur le coup je n’y crois pas. Surprise, surprise!!! C’est là, bien entendu, que les autres se bidonnent ferme. Pour ma part, je suis dans la confusion la plus totale. Ça dépasse mon entendement. Je me demande comment j’ai pu ne pas m’apercevoir de cette inversion. Je suis tellement sous le choc, que c’est là aussi que j’inverse le Morandé pour le Melchor, lors du dévoilement.

Tous ont bien ri, moi inclus, lorsque j’ai repris un peu mes esprits. J’étais déçu car ça brisait l’ordre que j’avais prévu pour la dégustation. Sur le coup, j’étais aussi déçu de moi comme dégustateur. Mais en y repensant comme il faut par la suite, j’ai compris que cette expérience n’avait fait que confirmer ce en quoi je croyais depuis mes débuts en dégustation. C’est-à-dire que l’aspect psychologique est très important dans la perception du vin. Les sens du goût et de l’odorat sont des sens très imprécis et qui peuvent facilement être subjugués par la conviction. Quand je parle de conviction, je parle du fait d’être totalement convaincu de quelque chose. Dans mon cas, je ne pouvais être plus convaincu. C’est moi qui avait tout préparé. Je n’avais aucun soupçon d’un possible piège. J’ai fait une erreur en totale bonne foi, sans passer proche de m’en rendre compte. Pour moi, le fait que j’avais trois vins de Syrah devant moi était une réalité indiscutable. J’aurais eu les étiquettes dévoilées que je n’aurais pas été plus convaincu. De plus, le caractère primaire des vins (deux jeunes, un plus évolué) allait dans ce sens. Donc, aucune analyse fine et un peu objective du caractère aromatique des vins n’était possible pour moi à ce moment, sauf pour le léger caractère bretté du Morandé, car il cadrait avec l’idée que je m’étais faite de la Syrah Errazuriz. En y repensant, ce fut une expérience fascinante. Certains pourraient y voir une tentative de justification de ma part pour expliquer une lacune de dégustateur. À ceux qui pourraient penser cela. Je leur souhaite de vivre une expérience similaire. Ils comprendront. De toute façon, je n’aurais pas partagé cette expérience si je n’avais pas pensé que ça pouvait être intéressant pour plusieurs.

Ah oui! En terminant. J’ai parfaitement reconnu les trois vins de Syrah, par la suite, lors de la troisième vague. Pas difficile vous allez me dire, c’est vrai. Mais quand même, ils présentaient des profils aromatiques totalement différents des trois vins précédents. Incroyable! Vraiment fascinant. Une expérience qui demande toutefois de l’humilité et une certaine capacité d’auto-dérision, mais une expérience que je souhaite à tous pour progresser comme dégustateurs.

dimanche 13 septembre 2009

Soirée découverte du Chili: Les résultats

Soirée spéciale hier pour moi avec une dégustation thématique sur le Chili. Une soirée où j’étais en charge de choisir les vins, où ça se passait en pure aveugle pour tous, sauf pour moi. Une soirée où je devais partager mon expérience des vins de ce pays, et où tous devaient apprendre, sauf moi. Ça, c’était en théorie, car les choses ne se sont pas passées exactement comme prévu. J’ai, à un moment donné, eu l’air très fou, et tous ont bien rigolé. Je suis désolé pour la confusion que cela a entraîné, mais en même temps, cela m’a permis de confirmer par l’expérience un aspect de la dégustation dans lequel je croyais fermement depuis longtemps, mais que je n’avais jamais expérimenté de cette façon. Maintenant je pourrai en parler d’expérience. Je reviendrai dans un message subséquent sur cet épisode rigolo et éducatif, ainsi qu’avec mes commentaires personnels sur la dégustation. Mais d’abord, je vais rapporter une synthèse des impressions de dégustation du groupe sur les dix vins servis, en donnant le classement par vague. (3 points = premier, 2 points = deuxième, 1 point = troisième)




Vin de bienvenue:


Riesling, Winemaker’s lot, 2007, Bio Bio, Concha y Toro

Ce vin fut perçu comme un Sauvignon Blanc par tous ceux qui se sont exprimés au départ. Je pense que tous s’attendaient à ce que j’apporte un blanc de ce cépage, et surtout, personne n’associait Riesling et Chili. C’était un présage de choses à venir sur le même thème... Car malgré cette perception Sauvignon Blanc, ce vin faisait typiquement Riesling avec des arômes de pétrole typiques. Finalement, après que j’aie laissé savoir que ce n’était pas un Sauvignon, Sylvain a détecté le pétrole et nommé le bon cépage. Tous ont bien apprécié le vin et pensait que son prix devait être entre 20-25$. J’ai acheté ce vin à la LCBO pour 14.95$.


Première vague:


1- Cabernet Sauvignon, Reserva de Famillia, 1997, Maipo, Santa Carolina (23 points)

Ce vin fut bien identifié comme un Cabernet évolué, on pensait que le millésime devait se situé entre 2000 et 2004, sauf pour Patrick qui a parlé d’un vin de 10 - 15 ans, comparable à un Bordeaux de 60$ et plus. On l’a aimé pour son élégance et sa complexité, ainsi que pour son profil évolué. Pour ceux qui suivent mes expérience chiliennes, ce vin était très semblable au Cabernet Sauvignon, Medalla Real, 2000, Maipo, Santa Rita, qui avait fait sensation lors de la dégustation Californie-Chili de The Gazette. Un RQP de très haut vol. Malheureusement ma dernière bouteille. Le millésime 2006 est toujours disponible à la LCBO pour 20$. Un vin qui se transforme du tout au tout sur une période de 10 ans.

2- Merlot, La Capitana, 2003, Cachapoal, Vina La Rosa (20 points)

Pour celui-ci, on nomme différents cépages bordelais, certains ont bien vu en nommant le Merlot, mais on a aussi évoqué le Carmenère et le Cabernet Sauvignon. On pensait être sur un millésime 2003 à 2005. On a parlé d’arôme de cassis, d’un léger caractère végétal, d’exubérance alliée à une certaine élégance. J’ai même entendu “Grand vin qui doit vieillir”. Le vin a aussi été vu comme le plus proche du stéréotype chilien de toute la soirée. Celui qu’on aurait “callé” chilien dans une dégustation à l’aveugle ouverte aux vins de toute origine. Très belle surprise pour ce vin d’environ 16$.

3-Pinot Noir, Cartagena, 2005, San Antonio, Casa Marin (11 points)

Dans cette vague, le Nouveau Chili fut battu par l’ancien, avec ce Pinot Noir qui termine troisième et représente le moins bon RQP de la soirée, selon l’opinion générale, même si plusieurs ont insisté pour dire que c’était quand même un bon vin. Il était juste opposé à des vins qu’on a jugés meilleurs, ou il ne cadrait pas avec les préférences stylistiques de certains participants. Il fut bien identifié comme Pinot par certains dégustateurs, on a même évoqué un profil néo-zélandais. Comme autres commentaires, on a parlé d’un aspect floral, de verdure, trop boisé, graisse de garage. Acheté à la LCBO pour 29.95$


Deuxième vague: (À noter pour les participants de la dégustation. J’étais tellement sous le choc après le dévoilement de la deuxième vague, que j’ai trouvé le moyen d’en rajouter en inversant l’identité de deux vins. Soit le House of Morandé et le Don Melchor. Donc, le vin #4 était le Don Melchor et le vin #6 le House of Morandé. Cela ne change rien au niveau du pointage de la vague, puisque les deux ont récolter 14 points et sont ex-eaquo, mais pour votre compréhension personnelle, c’était important de rectifier. Mille fois pardon pour cet autre égarement de ma part, ou comment une bourde peut en entraîner une autre)


1-Assemblage, Gran Reserva, 2005, Maipo Costa, Vina Chocalan (26 points)

Assemblage dans toute la force du terme avec une composition de 35% Cabernet Sauvignon, 18% Carmenère, 18% Syrah, 15% Malbec, 9% Petit Verdot et 5% Merlot. Ce vin a fait la quasi unanimité comme étant le meilleur de cette vague et de la soirée. Un nez tout simplement envoûtant. Superbe. La bouche suit dans la même veine. Comme c’est un assemblage très complexe, personne n’avait d’idée affirmée sur le ou les cépages le composant. Les qualificatifs évoqués étaient: floral, viandé, RENVERSANT, mentholé, équilibré, cacaoté, superbe, fin, élégant, graphite, californien. Au niveau de l’âge, la majorité le voyait dans l’intervalle 2000-2003, sauf un qui a nommé le bon millésime, 2005. Vraiment un grand vin qui s’est vendu de façon quasi confidentielle à la Signature l’hiver dernier, pour seulement 27$ la bouteille. À ce prix, c’était un achat simplement fantastique. Par chance, il m’en reste encore neuf bouteilles.

2- Cabernet Sauvignon, Don Melchor, 2003, Puente Alto, Alto Maipo, Concha y Toro

Aucune note de première place (quatre deuxièmes et quatre dernières) pour ce vin qui, en théorie, aurait dû être le roi de la dégustation. Il n’a pas été clairement identifié comme Cabernet, sauf par un participant. Sinon, on a parlé de Syrah, Merlot, Carmenère, ou des assemblages de ces cépages. Du côté des arômes, on a évoqué le fruit noir, l’encre noire, le pneu brûlé, la viande, la fourrure mouillée. Au niveau de l’âge, on a évoqué 2002 à 2005 comme millésime possible. Merci à Patrick pour la contribution de ce vin. Décevant un peu quand même, compte tenu de sa réputation, des gros scores et du prix. C’était un bon vin pour mettre la qualité et surtout le RQP de certains autres en perspective.

2- Assemblage, House of Morandé, 2001, Medio Maipo, Vina Morandé (14 points)

Ce vin est un assemblage de 68% Cabernet Sauvignon, 19% Cabernet Franc, 6% de Carignan de la vallée de Maule, 4% Merlot de la vallée de Casablanca et 3% Carmenère. Au niveau de l’identification des cépages, on a surtout évoqué le Cabernet Sauvignon. Au niveau des qualificatifs pour le décrire, on notait: Beau nez, beau cassis, boisé, minéral, viandé, champignons, moins expressif, tertiaire. Certains l’ont bien placé comme plus âgé, alors que d’autres y voyaient un 2004 ou un 2006. Il a obtenu un vote de première place pour briser l’hégémonie du Chocalan. Acheté il y a quelques semaines pour 39$ à la LCBO, le prix est correct compte tenu de son âge. Touche de brett pour moi.

Il est intéressant de noter que dans cette vague, il y avait trois vins de Maipo, mais provenant des trois parties distinctes de cette région, aux terroirs différents que sont, Alto Maipo, Medio Maipo et Maipo Costa.


Troisième vague:


1- Syrah, Reserva, 2007, Limari, Vina Tabali (22 points)

Premier rang pour ce très beau vin de Syrah, identifié comme tel par certains, Sylvain a même nommé le producteur. Bravo! Voici ce que j’ai noté comme commentaires: fruits noirs, fruits rouges, mûre, cassis, tabac, vanille, champignons, végétal, pyrazine, souple, équilibré, assez exubérant, belle évolution, sleeper, le meilleur est à venir. Pour ce qui est du millésime du vin, on le voyait plus vieux que son âge, avec un intervalle de 2002 à 2006. Très bel achat à 18$ et très bon potentiel de garde

2- Syrah, Reserva, 2007, Elqui, Chono (18 points)

Première Syrah pour moi de la très septentrionale vallée de Elqui et que j'ai dû acheter en importation privée. Donc, obligation d'acheter une caisse à 18$ la bouteille, sans avoir pu goûter au préalable. Faut vraiment vouloir découvrir ce pays. Toutefois, je n’ai vraiment pas de regret à propos de cet achat. Ce qui ressortait à la quasi unanimité comme caractéristique première de ce vin était son aspect poivré intense et très clair. Comme autres commentaires, j’ai noté: épicé, vanille, réglisse verte, cassis, suie, lichen, guimauve brûlée, poivron pourri, caoutchouc, très expressif. Un dégustateur y voyait une expression Rhône nord bien claire. Je suis entièrement d’accord. Toutefois, Ce vin a donné des résultats très partagés entre les dégustateurs, sur neuf votes, ce fut, 3 x 1, 3 x 2, 3 x3.

3-Syrah, Reserva, 1999, Aconcagua, Errazuriz (14 points)

J’ai apporté ce vin pour compléter une vague Syrah et montrer son potentiel de garde. Malheureusement, ce 1999 n’était pas à la hauteur de 1997 bu il y a un an environ. Je pense que la cause première est une acidité trop faible du vin (pH de 3.90!!!). Cela a sûrement contribué au caractère bretté que j’ai perçu dans ce vin et aussi à ce qui m’a semblé une perte un peu prématurée de fruit. Quand même, je dis ça, mais le vin a tout de même obtenu un vote de première place. Plusieurs l’ont bien identifié comme Syrah et le voyait quand même un peu plus jeune que son âge réel (2003-2005). Au niveau des qualificatifs, on mentionnait: cassis, confituré, fruits rouges, maïs, concentré, pas tellement sur la finesse, unidimensionnel, évolué, assez jeune, pétrole. Probablement le vin où ça tirait le plus dans toutes les directions.

Vin de dessert

Château Ladesvignes, 2003, Monbazillac

Pour conlure, nos hôtes ont gracieusement offert ce beau vin liquoreux français. Un très beau RQP que ce vin, qui offre ce qu'on attends de ce type de vins. Bel équilibre, pas trop sucré, avec de beaux arômes de pêches confites et d'amandes. J'ai bien aimé. Merci.


Voilà, comme on peut le voir, les impressions peuvent être assez variées entre neuf dégustateurs. Les participants m’ont dit avoir bien apprécié, j’en suis bien content. Merci à Pascale pour avoir apporter un sac de feulles de plants de tomate. Je pense que tous ont pu constater que cette histoire très québécoise d'arômes de plants de tomates dans les rouges chiliens était une légende. Je ne dis pas qu'il n'y a pas parfois des arômes verts de type pyrazines, le Merlot La Capitana en avait une touche, mais ce n'était clairement pas du plant de tomate. C'est même pas proche. Merci à tous pour votre présence et votre implication, c'était très vivant comme dégustation. Finalement, merci spécial à Sylvain et Bianca pour l’accueil toujours impeccable. Pour ma part, je reviendrai plus tard avec mes commentaires personnels sur les vins et sur la soirée en général et sur ce que j'en tire. Une soirée qui fut un peu cahotique pour moi par moments.

samedi 12 septembre 2009

Dégustation thématique sur le Chili

Ce soir avec un groupe d'amateur de vin, je participerai à une dégustation thématique sur le Chili. Dégustation où je suis en charge de choisir les vins. J'ai tenté dans ma sélection de choisir des vins qui pourraient faire découvrir différents aspects du Chili vinicole, autant l'ancien que le nouveau, tout en essayant de refléter la diversité de ses différents terroirs. Tout ça en seulement dix vins, un blanc et neuf rouges. Bien sûr, c'est une mission impossible à réaliser, surtout en blanc. Néanmoins, je pense qu'il y aura une sélection intéressante de vins, qui seront servis en pure aveugle aux participants. Le seul facteur connu de chacun étant que tous les vins servis proviennent du Chili. Pour moi ce sera en semi-aveugle, bien sûr. J'ai bien hâte de voir comment ses vins seront appréciés. Les détails suivront plus tard sur ce blogue. Stay tuned!

vendredi 11 septembre 2009

CHARDONNAY, 20 BARRELS, 2007, CASABLANCA, VINA CONO SUR


Cono Sur est un des pionniers de la viticulture biologique et durable au Chili. C’est aussi le précurseur dans la culture du Pinot Noir et des blancs aromatiques. Personnellement, j’ai eu des expériences mitigées avec leurs vins rouges, mais j’ai toujours trouvé que leurs blancs étaient de très bon calibre. La SAQ offre d’ailleurs un Viognier de très belle qualité. Pour ce qui est de ce Chardonnay, il est offert à la LCBO pour 24.95$. Il s’agit du Chardonnay le plus cher dans la gamme Cono Sur. Le vin a été élevé un an en barriques de chêne et montre un titre alcoolique modéré de 13.3%, probablement le reflet de la relative fraîcheur du millésime 2007 au Chili.

La robe est d’une belle teinte or pâle. Le nez est bien calibré, rendant un version très classique du cépage avec ses arômes de pêche et de poire, soulignés d’un léger trait citronné, le tout allié à des notes de noisettes, de beurre, de miel et de maïs. Un nez subtil, complexe et très délicat. Très bien. En bouche, le vin joue là aussi la carte de la finesse et de la délicatesse. L’équilibre est très réussi. Le fruit est de très belle qualité, l’apport boisé est subtil et bien intégré, avec juste ce qu’il faut de gras, le tout soutenu par une fraîche et saine acidité. Le vin tient parfaitement en milieu de bouche, avec ce qu’il faut d’intensité, mais sans lourdeur aucune. Ce vin aérien plane, donc, vers une finale où il se pose avec douceur avec sa traînée de saveurs qui prennent un bon moment à se dissiper.

Superbe vin! Je l’ai dégusté sur deux jours et le vin était à son mieux le deuxième jour. Ce vin pour moi est un bel exemple des progrès majeurs qu’a fait le Chili ces dernières années avec le cépage Chardonnay. Celui-ci est un des plus beaux exemples qu’il m’ait été donné de goûter. Ce n’est pas le vin le plus puissant, mais en un sens, c’est ce que j’ai aimé. Comme si on avait compris que la finesse peut impressionner autant que la force. Pour le prix demandé, c’est vraiment un très bel achat. Un vin qui donne ce qu’on attends d’un très bon vin de ce cépage. Bravo Cono Sur!

Viticulture et sélection clonale au Chili

Autant je pense que le Chili est un pays vinicole qui a un grand avenir, de par sa très grande diversité de terroirs. Autant je pense que c’est le meilleur pays actuellement, de manière générale, en terme de RQP pour les vins de 35$ et moins. Et bien, autant je suis conscient que c’est un pays qui a encore beaucoup d’aspects à améliorer. Sa courbe d’apprentissage est loin d’être complétée et beaucoup reste à faire. Une des grandes faiblesses du Chili est la qualité générale de la génétique de ses vignes. L’importation de vignes y est très difficile, à cause de la peur d’importer le phylloxéra ou autres maladies de la vigne. Aussi, il n’y a pas une très forte tradition de sélection clonale au Chili, ni une expertise pointue de la vigne. Il faut se rappeler que c’est le pays qui a longtemps confondu le Sauvignon Vert (Friulano) pour du Sauvignon Blanc, et le Carmenère pour du Merlot, mais les choses changent rapidement. Malgré tout, certains voient l’absence de sélection clonale comme un élément de diversité, un rempart contre la prétendue homogénéisation du vin. Mais la réalité, c’est que dans cette diversité, il y a beaucoup de mauvais matériel génétique. Une meilleure sélection de clones permettrait de planter des vignes mieux adaptées à certains terroirs, ou micro-terroirs. Si vous préférez, on pourrait planter différents clones dans un même vignoble, mais en adaptant chacun à des parcelles particulières. La diversité serait toujours présente et les résultats sûrement meilleurs. Cet ajustement fin de la viticulture au Chili est en route, mais a quand même encore beaucoup de chemin à faire. C’est important, surtout si on tient compte du fait que le greffage n’est toujours pas la norme dans ce pays. On plante encore franc de pied, cela a l’avantage de donner des vignes plus saines, mais le désavantage de diminuer l’adaptabilité de la vigne avec le type de sol où elle est plantée. C’est un peu le “one size fits all” de la viticulture. Néanmoins, les choses progressent, malgré la lenteur du processus, on importe de plus en plus de clones sélectionnés de vignes, avec une plus grande variété de cépages. Aussi, on fait des études de sélection clonale, comme actuellement à l’université de Talca, où on espère sélectionner de meilleurs clones de Carmenère. Je joins d’ailleurs un lien sur le sujet. (Merci à Luc pour le lien)

http://www.decanter.com/news/289025.html

jeudi 10 septembre 2009

CABERNET SAUVIGNON, MARQUES DE CASA CONCHA, 2007, PUENTE ALTO, MAIPO, CONCHA Y TORO


J’ai acheté une caisse de ce vin lors de la dernière promo à la SAQ, pour la garde, mais j’ai jugé sage d’en ouvrir une bouteille pour voir. Au delà de la sagesse, y goûter en prime jeunesse est une façon de mieux apprendre à juger ce type de vin. Ce Cabernet, Marques de Casa Concha, est vraiment un de mes vins favoris du Chili, de par son RQP formidable. C’est un vin qui provient du meilleur terroir pour le Cabernet au Chili. Il faut savoir qu’il provient du même vignoble de Puente Alto que le réputé Don Melchor, et que les vignobles voisins sont ceux d’Almaviva et Vinedo Chadwick. On a déjà vu pire voisinage. Le but ici n’est bien sûr pas de dire que ce vin est l’équivalent des vins précédemment mentionnés, mais il n’en est pas si loin, et pour qui préfère parfois des vins moins concentrés, ce qui est mon cas, ce vin fera des merveilles après une dizaine d’années de bouteille. D’ailleurs, ce vin nécessite un passage en carafe d’au moins trois heures à ce stade pour être bien apprécié. L’idéal étant de passer en carafe quelques heures, de remettre en bouteille et de servir le lendemain. À l’ouverture de la bouteille hier, j’ai craint la catastrophe. Le vin avait un arôme piquant et dérangeant au nez, et montrait un manque d’harmonie en bouche. Le CR qui suit décrit donc mes impressions le deuxième jour où le vin était pour moi bien meilleur.

La robe est bien foncée et opaque. Le nez “textbook” Maipo, avec de très beau arômes de cerises, de cassis, de bois de cèdre, de terre humide, de menthol, de vanille et autres épices douces, le tout complété par une touche torréfiée subtile. Superbe nez déjà très complexe et qui se déploie avec juste ce qu’il faut d’intensité. Le genre de nez qui fait que le Cabernet demeure mon cépage favori. En bouche, le vin montre un profil sérieux et assez viril. On a affaire à un jeune Cabernet qui affirme sa présence avec fermeté. Le vin n’est pas une bombe de concentration, mais la structure est compacte et la texture fine et serrée. Le fruit noir domine, bien appuyé sur une solide base d’amertume, et mâtiné de notes finement épicées. Le vin coule avec aisance en milieu de bouche, pour mener vers une finale intense, mais où la sévérité de l’ensemble ne se dément pas, avec l’amertume chocolatée qui prend le dessus.

Je suis rassuré sur la qualité de ce vin qui est à mon avis excellente. Toutefois, je dirais qu’à ce stade-ci, c’est un vin pour amateur de très jeune Cabernet. En fait, le nez est déjà très agréable, et pour mon goût, vaut presque le prix de la bouteille, pourvu que l’aspect olfactif soit important dans l’évaluation d’un vin. Vraiment un superbe nez! Pour ce qui est de la bouche, la sévérité actuelle du vin ne ferait sûrement pas l’unanimité dans un panel de dégustation, mais moi j’aime bien. Comme je l’ai mentionné, j’adore le Cabernet. Toutefois, je suis convaincu du fort potentiel de garde de ce vin. À mon avis, ce vin pourra évoluer sur une période de 20 ans, sans aucun problème. Si vous aimez les Cabernets avec de l’âge, ce vin, pour les 18-20$ demandés, est à mon avis un formidable achat pour la garde. Je serais tenté de dire que ça vaut des Cabernets californiens de trois fois le prix, mais je ne le dirai pas!!! Anyways. Who cares about California wines??!!!

Faire du neuf avec du vieux

Entre autres choses que je compte faire ici, une qui me tient à coeur est de parler de ce que j’appelle le “Nouveau Chili”. Ceux qui me lisaient déjà sur FDV savent de quoi il s’agit. Le Nouveau Chili, c’est bien entendu tous ces nouveaux producteurs installés dans de nouvelles régions fraîches non développées il y a à peine dix ans, ou dans des secteurs plus frais de la vallée centrale, que ce soit au pied des Andes ou bien dans l’extension côtière de ces régions. Toutefois, ce concept de Nouveau Chili peut aussi prendre une tournure inattendue. On pourrait appeler ça: Comment faire du neuf avec du vieux. La région où cette idée est surtout mise en oeuvre est la plus grande région vinicole du Chili, que ce soit en superficie ou en volume, et j’ai nommé la vallée de Maule (prononcez Mao-lé). Cette région a été et demeure le moteur de la production de vin de masse à faible prix au Chili. Le royaume historique du vin “cheap” si on peut dire. Ceci dit, c’est une région qui possède autant de potentiel que les autres, il fallait juste que des producteurs s’y installent avec l’idée d’y faire de la qualité. Parmi les caractères distinctifs de Maule, il y a le fait qu’une bonne partie de la région, du côté de la côte, peut permettre la culture de la vigne sans irrigation. C’est la norme en Europe, mais une exception au Chili. Un autre aspect distinctif est la présence de nombreux vignobles très âgés, certains plus que centenaires qui peuvent être restaurés. Plusieurs l’ont été pour la production de vins qu’ont dit étonnants à partir du cépage Carignan.

Toutefois, la majorité des très vieux vignobles sont plantés avec les cépages Païs ou Mission, qui sont les premiers cépages Vitis Vinifera importés au 16 ième siècle par les missionnaires espagnols, pour la production de vins de messe. Malheureusement, le niveau qualitatif de ces cépages n’est pas très élevé, et il est impossible, même en bridant beaucoup les rendements, d’en tirer des vins très intéressants. Comme c’est la norme au Chili, il faut se souvenir que tous ces vieux plants de vignes sont francs de pied, du pur Vitis Vinifera, sans greffage. Pas de greffage donc dans ces contrées toujours épargnées par le Phylloxéra, jusqu’au jour où quelqu’un a pensé à greffer sur ces vénérables pieds de vignes des cépages plus qualitatifs. On profite du profond enracinement des très vieilles vignes de Mission et on y greffe des cépages bordelais, ou de la Syrah. C’est ce que j’appelle faire du neuf avec du vieux et c’est ce que fait Gillmore, un pionnier dans cette façon de faire au Chili, et un producteur à la réputation croissante. En plus de la restauration par greffage de vieux vignobles de Mission, la culture de ceux-ci est menée sans irrigation, ce qui, selon ce que j’ai pu en lire, donne des vins étonnants, aux titre alcooliques modérés et à l’acidité naturelle élevée. En fait, les pH de ces vins rouges montrent des valeurs normalement associées à des vins blancs. Bien entendu, aucun de ces vins n’est actuellement disponible au Québec ou en Ontario. Je vais cependant garder un oeil ouvert, au cas où ces cuvées particulières nous arriveraient un jour. Pour plus de détails je joins le lien du site de Gillmore, et celui d’un article de la blogueuse Liz Caskey qui m’a aiguillé sur cette autre façon de renouveler la viticulture au Chili.


http://eatwineblog.com/2009/08/25/happy-gillmore/

http://www.gillmore.cl/

mercredi 9 septembre 2009

ALTAIR, 2004, ALTO CACHAPOAL, VINA ALTAIR

Vina Altaïr est une propriété du géant chilien San Pedro, mieux connu au Québec pour les vins de marque "Gato Negro" et "Castillo de Molina". En plus de Altaïr, San Pedro et son actionnaire principal, la famille Luksic, sont propriétaires de petites opérations autonomes de pointe, comme Vina Tabali et Vina Leyda. Le projet Altaïr fut originalement fondé en 2004 avec la riche famille française Dassault (Château Dassault), mais en 2007, San Pedro rachetait les parts de son éphémère associé français. Néanmoins, l’ambition originale de produire un grand cru à la bordelaise au Chili est demeurée. Pour ce faire, la région de l’alto Cachapoal a été choisie, avec un vignoble situé sur les pentes aux pieds des Andes. Cela donne, comme dans l’alto Maipo situé juste un peu plus au nord, des conditions de grande amplitude thermique entre le jour et la nuit, avec des variations allant jusqu’à 25 C. L’Altaîr est un vin d’assemblage à dominante de Cabernet Sauvignon (73%), complété par le Carmenère (11%), le Cabernet Franc (1%), et la Syrah (15%) qui vient secouer un peu les fondements bordelais. Le vin est élevé pour 15 à 18 mois en barriques de chêne français neuves.

La robe est très sombre et parfaitement opaque. Le nez s’exprime avec modération et profondeur sur des arômes de fruits noirs et rouges de grande qualité. En complément, on retrouve de notes de figues séchées, de bois de cèdre et d’épices douces raffinées. Le boisé semble jouer la carte doucement épicée, plutôt que celle plus commune de la torréfaction. En bouche, l’attaque est ample et veloutée, avec un fruité plus profond qu’intense. Pas un vin extroverti qui vient vers vous d’emblée, mais un vin d’une grande richesse vers lequel il faut un peu aller. Une impression de matière dense, généreuse et tranquille se dégage de ce vin qui montre aussi classe et harmonie. Le niveau de concentration et la longueur en bouche sont clairement de haut calibre.

Je ne peux pas dire que ce vin est une belle surprise, car j’avais des attentes élevées. Toutefois, mes attentes n’ont pas été déçues. Ce Altaïr joue sans l’ombre d’un doute dans les ligues majeures. Je l’ai trouvé déjà accessible, pour qui aime le vin sur un profil de jeunesse. Ceci dit, il me semble clair que le profil optimal, selon mes goûts, est encore à venir. Le temps permettra au vin de perdre un peu de son enveloppe duveteuse actuelle, et de développer un profil aromatique plus complexe. Tous les éléments sont là pour que ça arrive. Aussi, pour le prix payé, 53$ à la LCBO, je trouve que le vin vaut son prix. Ce n’est pas une aubaine, selon mes standards, mais quand même, ce prix demeure raisonnable et sait éviter les excès de prix pratiqués par d’autres super-premiums chiliens. Ce vin a été encensé par la critique américaine (WA 94, IWC 93, WS93). Plus près de nous, la sommelière Véronique Rivest en a parlé dans sa chronique du Droit comme d'un très grand vin.

 

http://www.cyberpresse.ca/le-droit/week-end/vins/200908/13/01-892229-a-la-decouverte-des-cachets-viticoles-du-chili.php
Bienvenue à tous. Ceci est mon premier message sur ce que j’appelle pour le moment une tentative de blogue. Je dis tentative car je trouve l’exercice un peu prétentieux pour le simple amateur que je suis., En plus, je dois dire que pour le moment je suis loin d’être convaincu qu’il y aura un lectorat suffisant pour justifier le temps que je devrai y investir. Quand même, je vais prendre la chance et essayer sincèrement.

Comme le titre l’indique, je vais surtout parler des vins de l’hémisphère sud, en particulier du Chili, qui est mon pays vinicole de prédilection. Comme le titre l’indique aussi, dans un autre sens, je vais parler du vin d’une manière personnelle, parfois à l’opposé du discours généralement accepté. Je vais aussi rendre compte des lectures qui auront suscité mon intérêt, le plus souvent en donnant les liens internet. Il y a aussi la section "commentaires" où je publierai toute réaction que je jugerai respectueuse et constructive. Donc voilà. Une tentative de blogue pour parler à ma manière du vin, en toute liberté, avec l'accent mis sur les vins du Nouveau-Monde, un secteur que je juge négligé dans le paysage vinicole québécois.